Le site /
- Après une édition un peu particulière le week-end passé, dédiée à la scandaleuse annulation d’une remise de prix littéraire en 2019, voici un rappel des publications des deux dernières semaines sur 130 livres : l’inauguration d’une nouvelle rubrique, consacrée aux coups de coeur de la librairie La Page 189, un diptyque tentant d’expliciter la problématique délicate du juste pointage des scores en boxe anglaise, et le compte-rendu d’une soirée d’hommage à Gabriel Matzneff riche d’emphase et d’empoignades à l’ancienne. Y’a de la mâche.
Les auteurs /
- Je n’ai pas plus d’avis sur le double Nobel de littérature que sur l’état actuel des listes des prix de cet automne, n’ayant lu aucun des bouquins concernés. Ni contrariété, ni stress, ni espoir. Du repos. On vante trop peu les vertus apaisantes de l’ignorance crasse – elles ne sautent certes pas aux yeux après un tour sur les réseaux sociaux.
- Enfin, en parlant des belles lettres, un truc me taraude malgré tout : la parfaite décorrélation entre la quantité de travail que représente un article sur le sujet – dont la satisfaction de l’auteur sera fonction – et le nombre de vues qu’il obtiendra sur la toile. J’assume le fait d’écrire souvent des papiers longs, plus ou moins raccord avec les habitudes du lectorat en ligne. Ce sont, avant tout, des articles destinés à me plaire à moi. Les plus ésotériques et copieux d’entre eux attirent littéralement deux pelés et trois tondus du web ; ainsi soit-il, je l’ai bien cherché. Dans certains cas, j’espère malgré tout faire connaître, voire lire, des romans dont j’imagine le potentiel auprès d’un public large, et patatras : bien des fois, seuls les mêmes pelés et tondus semblent honorer de leurs clics la chronique en question. J’ai cru passionner mon monde ? Vanitas vanitatum, omnia vanitas, ma gueule. Rien qui ne s’assume. Non, la vraie demi-surprise, c’est le (raisonnable) déluge de connexions obtenu en comparaison pour un coup de gueule poussé entre le déjeuner dominical et la sieste – l’injustice faite à Köping – ou le résumé d’une soirée littéraire confidentielle composé sur iPhone le temps de deux bières, du haut d’un tabouret de bar – la fête au controversé Matzneff. Deux papiers devenus respectivement les quatrième et troisième – bientôt mieux – les plus lus du site, derrière une chronique boxe et une qui cause… tennis. Il en irait ainsi de la littérature comme de la télé-réalité : l’odeur du clash attirerait plus sûrement le chaland que la promesse d’un travail appliqué. Et bien soit. Vivement le prochain Angot.
- À part ça, je cale sur le prochain papier. Il causera de l’excellent bouquin d’un romancier aussi fameux que prolifique, mais sur lequel je doute d’avoir quoi que ce soit de neuf ou d’intéressant à raconter. Avouez que j’ai le sens du teasing. Et le mec s’étonne des bides qu’il ramasse, à l’occasion.
Les puncheurs /
- Un troisième boxeur est mort cette année, en lien avec l’exercice de son art : le super welter américain Patrick Day, mis KO à l’ultime reprise de son championnat des États-Unis contre Charles Conwell. C’est épouvantable. Raviver les polémiques n’aura guère d’intérêt : en pareil cas, comme rappelé dans la chronique sur la mort de Davey Moore, chantée par Bob Dylan, fautes et responsabilités sont diffuses. Quant à la sécurité des boxeurs, si elle fut améliorée par quantité d’aménagements des règles du marquis de Queensberry, elle reste fondamentalement antinomique avec la pratique de ce sport, dont l’interdiction, comme celle de tant d’activités dangereuses pour l’Homme, n’est pas pour demain. Espérons juste que le prochain Patrick Day ne tirera pas sa révérence avant longtemps.
- La boxe, heureusement, réserve quantité de drames d’une moindre gravité. Ainsi, le moment précis d’un combat où l’on sent la rupture inéluctable, et que l’un des protagonistes ne se bat plus que pour différer l’arrêt de l’arbitre, voire le KO qui vient. Cette nuit à Philadelphie, on sut à la neuvième reprise que l’Ukrainien Olexandr Gvozdyk succomberait à l’implacable travail de sape d’Artur Beterviev. Les invaincus champions WBC et IBF des mi-lourds avaient jusque là récité une partition digne de leur standing. Un combat intense entre trentenaires talentueux, aux styles opposés. Gvozdyk tournait sur sa droite et veillait à faire prévaloir son allonge, tandis que le Tchétchène imposait le pressing. La surprise vint de la maîtrise de Beterbiev, connu comme équarisseur à faciès de gorille dans James Bond, mais en net progrès technique et tactique. Loin de se jeter, il contrôlait la distance, déroutait « The nail » par ses feintes incessantes, contrait efficacement les une-deux, et opérait une judicieuse sélection de ses frappes puissantes, économisant son énergie. Si les coups portés à la tête furent également répartis, c’est le terrible travail au corps de Beterbiev qui finir par payer, après une première moitié de combat équlibrée : il priva Gvozdyk de ses jambes, accélérant la curée. Courageux, le vaincu se releva deux fois du tapis au round suivant, en pure perte. Le KO technique prononcé, son visage, pourtant peu marqué par les coups, était celui d’un homme brisé. De quoi faire réfléchir les adversaires potentiels du Montréalais d’adoption Beterbiev, désormais vainqueur de ses 15 combats professionnels avant la limite, en vue de la poursuite de la réunification des ceintures mondiales de la catégorie. La mécanique froide, puissante et précise aperçue hier soir devrait causer des cauchemars au champion WBA Dmitri Bivol, ainsi qu’à Sergey Kovalev et Saul « Canelo » Alvarez, qui se disputeront le titre WBO le 2 novembre prochain.
Salut Antoine
Une remarque concernant ton analyse des stats de lecture : je lis tes chroniques via les mails que je reçois dans le cadre de mon abonnement (cf ci-dessous) donc sans me connecter… je ne sais pas ce dont tu disposes comme indicateurs mais si d’autres fans inconditionnels ont font autant, les stats sur le nb de vues ne sont probablement pas très fiables. Pas la peine de te faire des noeuds au cerveau : tes critiques sont top et la qualité ne se mesure pas à la quantité de vues 😉
Bises Florence
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C’est bien aimable ! Je pense que tu comptes dans les vues et les visiteurs recensés par WordPress quand tu vas lire les textes… Disons qu’après presque 20 ans du métier qui fut le mien j’aime bien éplucher les stats 🙂 Les papiers sur les bouquins ne sont pas les plus lus. Pas de quoi en faire une maladie, c’est juste un constat !
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