Le site /
- Pas de papier cette semaine. Que dalle. Que tchi. Nada. Un concentré de honte pure.
- La question de la semaine : pensez-vous qu’une échelle d’appréciation des bouquins chroniqués ici – à base d’étoiles, smileys ou autres emojis rigolos – aurait un quelconque intérêt ? Je me tâte.
Les auteurs /
- Le Grand prix des blogueurs littéraires n’en finit pas d’innover. Après le Grand prix lui-même et le concours « l’Été en poche », l’association inaugure cette année le Prix Polar des blogueurs, qui comptera deux tours de scrutin pour autant de lauréats, l’un pour le domaine français et l’autre pour l’étranger. Ayant tendance à lire de l’ancien, en tout cas du vieux de plus d’un an, mes choix promettaient d’être faciles. Il n’en fut rien. Côté France, en tout cas. J’ai d’abord songé à voter pour Une flèche dans la tête, formidable de trouvailles langagières, du vétéran du roman noir Michel Embareck. Las, mon vague fond d’honnêteté intellectuelle m’oblige à reconnaître que ce bouquin-là ne coche pas vraiment la case « polar ». C’est ballot. J’aurais alors pu virer punk de droite et choisir Le manufacturier, dont l’auteur Mattias Köping m’avait fort obligeamment accordé une interview. Un livre qui sonne comme un coup de boule en pleine arrête nasale. Seulement voilà, pour efficace qu’il soit, le parti-pris de ne s’intéresser peu ou prou qu’à des ordures finies maintient une certaine distance avec le lecteur prisant l’empathie. Un sentiment dont il est question dans une autre belle réussite des Éditions Joelle Losfeld – avec Une flèche dans la tête -, le déroutant Cherokee de Richard Morgiève, vrai-faux archétype de roman noir américain revisité par un auteur inclassable, car rétif à toute convention littéraire. Vainqueur, évidemment ? Non, mais de peu. Dans la dernière ligne droite, j’ai préféré une suite, celle du brillant L’homme aux yeux de saphir, d’Hervé Le Corre. Il s’agit de Dans l’ombre du brasier, peinture puissante et engagée de la Semaine sanglante qui mit fin à la Commune de Paris, sur fond de poursuite d’un kidnappeur psychopathe. Si un polar est un livre, et qu’un grand livre est bien écrit, alors un grand polar doit l’être. Dans le cas précis, c’est rien de le dire.
- Dans le domaine étranger, la tempête sous un crâne dura moins longtemps. Faute de combattants, certes, mais aussi parce que l’immense James Lee Burke eut le bon goût de nous donner des nouvelles de son héros le plus populaire dans Robicheaux. La droiture, la sagesse et l’humanisme du vieil adjoint au shérif d’Iberia restent vivaces. Ses démons et sa relation d’amour-haine avec la fameuse fosse à purin qu’est devenue la Louisiane, aussi.
- Et non, je n’ai toujours pas d’actions chez Rivages Noir. Fichez-moi la paix.
Les puncheurs /
- Quand Michael Jordan est devenu la star planétaire que l’on sait, quantité de gamins se sont mis à jouer au basket en tirant la langue. Imiter les tics du divin chauve punaisé sur les murs de leur chambre était un indiscutable gage de sérieux. Depuis que Floyd Mayweather Jr a atteint le statut de sportif le mieux payé du monde, bien des jeunes boxeurs imitent son attitude, parfois jusque sur le ring. « Don’t try this at home », diraient les Américains, tant le style de boxe de « Money » requiert des qualités et un apprentissage particuliers, en particulier sa défense en Philly shell, menton enfoui dans l’épaule avant, main droite protégeant l’autre côté de la tête, bras gauche replié sur l’abdomen. Un professionnel de 20 ans, comptant déjà 23 combats pour autant de succès, boxe comme Floyd sans donner pour autant l’impression de le singer poussivement. Il se nomme Devin Haney, et a la boxe dans le sang, comme en témoigne sa démonstration d’hier contre l’infortuné Zaur Abdullaev, sagement arrêté sur blessure à l’appel du 5eme round. La précision, la vitesse et le punch de Haney rappellent ceux de son aîné glorieux, lorsqu’il boxait en dessous des 140 livres et ne craignait pas de se fracturer des mains devenues fragiles. Haney travaille derrière un jab extrêmement autoritaire, dont il use comme d’une arme plutôt que d’un repère… Celui que savait donner le jeune Floyd avant de se concentrer sur les cross, crochets et uppercuts de contreur. On peut aussi mettre au crédit de la nouvelle star des poids légers de savoir varier les plaisirs : ainsi, ses crochets au corps sont de toute beauté. À l’évidence, la comparaison avec Mayweather n’aura vraiment de sens que lorsque Haney montrera un brio identique contre des adversaires de niveau mondial, mais il offre déjà de quoi se régaler franchement.
- Amusons-nous avec les poids lourds, la suite. La terre entière retient son souffle : cette nuit à Vegas, Tyson Fury vaincra-t-il le Suédois Otto Wailin, aussi dénué de références solides en pro que d’un punch susceptible de menacer l’Anglais ? Les tambours roulent, et le suspense est à son comble.
Pas un mot sur Canelo vs Kovalev ?
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J’en parlais la semaine dernière, alors qu’il était en instance de confirmation… Il est vrai que la signature officielle est une info en soi. Il sera bien sûr intéressant d’avoir les détails complémentaires, comme les éventuels catchweight et clause de réhydratation. Pour le matchup lui-même, sans nier les chances de Kovalev je pense que sa trajectoire descendante et les atouts spécifiques de Canelo font du Mexicain le favori en dépit de la différence de gabarit.
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