Punchlines du 16/11/19

Le site /

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Les auteurs /

  • Suite et fin du commentaire des prix littéraires 2019, avec une seconde semaine présentant deux caractéristiques remarquables : d’une part, elle rétablit pour partie la parité parmi les auteurs sacrés cette année, et d’autre part elle récompensa deux bouquins que je n’ai pas plus lus que les lauréats de la précédente. Au risque de me répéter, bénie soit cette complète absence d’investissement émotionnel dans les annonces en question.
  • Le Prix de Flore, réputé subversif, fut ainsi attribué à Sofia Aouine pour sa Rhapsodie des oubliés, dont j’ai appris l’existence à l’occasion de cette annonce. Pour l’essentiel, la nouvelle m’inspire une unique remarque : encore un(e) auteur(e) primé(e) plus jeune que moi. Elle succède à Raphael Ruppert, qui eut le mérite de bien m’avoir fait ricaner avec Anatomie de l’amant de ma femme – mention à la « boule de bowling », ceux qui ont lu savent.
  • Mais la grande gagnante de ces derniers jours est bien Karine Tuil, pour Les Choses Humaines, lauréate coup sur coup de l’Interallié et du Goncourt des lycéens. Plusieurs fois finaliste malheureuse, elle prend ainsi une revanche éclatante. Santiago Amigorena ne pourra certes pas en dire autant. Tous les auteurs ne sont pas récompensés de la même façon.
  • Le double succès de Karine Tuil m’inspira quantité de calembours foireux à base de toiture que je vous épargnerai dans le présent billet. Il suscita en revanche un débat, autrement plus digne d’intérêt, entre ceux qui lui reprochèrent de surfer sur l’actualité et d’en faire opportunément publier l’écume en Collection blanche, et ses défenseurs sincères, arguant d’un authentique et convaincant travail d’écrivain. Des gens estimables de part et d’autre, qui semblent aujourd’hui difficiles à réconcilier. De quoi me faire, une fois encore, me féliciter de n’avoir pas lu l’objet de leur diatribe. Ah, si, tout de même, il me faut préciser la chose suivante : je suis plus jeune que Karine Tuil. Louée soit-elle, donc.

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Les puncheurs /

  • Hier soir, la boxe anglaise a fait son grand retour à Paris Bercy. J’étais du dernier grand gala organisé dans cette même salle, en 2006, lorsque Brahim Asloum était – hélas pour lui, en l’occurence – sur le ring et pas encore promoteur. Qu’il fut plaisant de voir la désormais « Accor Hotel Arena » repeuplée de ce mélange unique de gitans du 93, gars des cités de l’Oise, parigots encanaillés, bad boys endimanchés et enfants de la dispora arménienne. Notons que Cyril Hanouna y remporta un net succès à l’applaudimètre face à Édouard Philippe. 10000 personnes se massèrent donc dans l’édifice à mes côtés, pour une soirée dont la thématique aurait pu être « Fuck le matchmaking« . Une précision s’impose ici : l’art difficile de la promotion pugilistique – en particulier du matchmaking, soit la sélection des binômes d’adversaires – consiste à proposer des combats suffisamment disputés pour susciter l’enthousiasme des spectateurs, tout en protégeant les intérêts des poulains les plus prometteurs. Force est de constater que ce dernier objectif fut largement privilégié hier : tous les favoris français l’emportèrent avant la limite, sans guère de suspense, faute d’une opposition sérieuse. Et question organisation, que dire de la vision surréaliste d’un Carlos Takam refoulé à l’entrée des coulisses par un vigile visiblement peu au courant du statut de son imposant interlocuteur…
  • En lever de rideau, le super-welter Ahmed El Mousaoui, ancien adversaire de Jeff Horn, imposa la rigueur de son style d’école à un Biellorusse gaucher remuant mais inoffensif. Le Franco-marocain maîtrise les fondamentaux, mais manque sans doute un peu de vitesse et de punch pour percer au niveau mondial. Dans la même catégorie, Dylan Charrat disposa en deux rounds d’un Vénézuélien péroxydé et manifestement hors de forme. Ce qui explique sans doute son rapide naufrage face à un Français appliqué, mais pas franchement réputé pour sa puissance. Mention à la formidable entrée du gamin Charrat sur This is a man’s world plutôt que sur une Nième rodomontade à base de gangsta rap. Canal Plus Sport prit ensuite l’antenne pour le combat du super-moyen Louis Toutin. L’efficacité du style de tractopelle de l’homme de Noisy-le-sec ne fait pas débat ; en revanche, la  gestion défaillante de son cardio, à l’origine de sa surprenante première défaite en carrière l’an passé, appelait à la prudence. Son adversaire mexicain eut l’amabilité de sombrer dès la première reprise, épargnant à Toutin d’avoir à gérer ses efforts. Tout juste aura-t-on pu noter ses nets progrès en jab, coup net et abrasif qui trouva toujours sa cible.

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  • Ce fut enfin l’heure de l’affrontement franco-français de la soirée, objet d’une promotion gourmande à base de défis et invectives divers entre ses deux protagonistes : la remise en jeu du titre WBA Gold de Michel Soro contre Cédric Vitu. Ce dernier choisit d’apparaître sur Living in America, vêtu aux couleurs de l’Oncle Sam, occultant sans doute le terrible sort d’Apollo Creed dans Rocky IV. Mal lui en pris : le gaucher picard, usé par ses cinquante combats professionnels, ne fit pas illusion plus d’un round. Il s’efforça de tourner face à un adversaire supérieur en puissance et en précision, mais ne fit que retarder l’inéluctable. Michel Soro est un boxeur posé et réfléchi, économisant son énergie et faisant visiblement mal à chaque coup porté. Après ce succès à sens unique acquis en moins de cinq rounds, la place du protégé d’Abel Sanchez est sur un ring américain, face à l’un des autres cadors de la catégorie – sans doute le champion WBA Erislandy Lara.

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  • L’ultime combat de la soirée opposa le super champion WBA Arsen Goulamirian à l’obscur challenger australien Kane Watts. Comme les infortunés adversaires de Charrat et Toutin, Watts donna la pénible impression d’être venu subir une dérouillée et un important décalage horaire dans l’unique objectif de toucher un maigre chèque. Le Franco-arménien n’avait pas boxé depuis un an, et donna quelque peu l’impression de jouer avec sa nourriture, mais le splendide KO au foie qu’il scora au 3eme round valut franchement le coup d’oeil. Il reste à croiser les doigts pour que l’événement ait un goût de revenez-y auprès de ses diffuseurs et promoteurs. En soignant peut-être un peu plus le matchmaking, cette fois-ci.

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