Punchlines du 4/05/19

Le site /

  • Deux billets publiés cette semaine : le compte-rendu de lecture d’Un homme, de Philip Roth, roman essentiel sur la viellesse d’un héros sans dieu, et l’interview de Catherine Locandro, auteure de la brillante biographie romancée du jeune Muhammad Ali intitulée Cassius, chez Albin Michel Jeunesse.
  • Sans doute est-ce lié au fait de connaître un peu le sujet concerné, mais cet entretien fut pour moi un exercice probant. N’excluons pas de nouvelles tentatives, à supposer que d’autres auteurs aient la même bienveillance. J’en suis certain : j’habiterai bientôt ce rôle-là.

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  • On parle, on parle, et vous avez sous les yeux le 200eme article publié sur #130livres. Vous savez quoi ? Ça me la sculpte.

Les auteurs /

  • La chronique de Cassius tombe à point nommé, puisque les parents qui m’honorent de leur amitié m’interrogent toujours plus souvent sur la problématique suivante : comment diable faire lire un adolescent ? Je suis doublement sous-qualifié pour y répondre. D’une part, n’ayant reconnu aucun descendant à date, je suis affranchi d’un tel questionnement existentiel au quotidien. D’autre part, j’ai moi-même pris de sérieuses pauses dans ma vie de lecteur, en particulier autour de mes 15 ans. C’est précisément l’âge qu’a atteint mon grand filleul, qui porte en bandoulière sa fierté de bouquinophobe. Son truc à lui, c’est les nanas. J’ai pris une revanche facile il y a peu, lorsque l’intéressé, qui s’enorgueillissait de ses 60% d’abonnées filles sur Instagram, constata qu’elles étaient plus nombreuses encore parmi mon lectorat. Et oui, mon garçon, sache que les femmes, ça aime les livres.

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  • Cela étant dit… Comment les intéresser à la lecture, à un âge où l’Education Nationale se fait l’alliée objective des hormones en éruption, via l’administration massive de classiques plus ou moins bien présentés, pour les en détourner ? Je ne peux répondre qu’en mon nom, celui d’un homo sapiens devenu adulte lontemps avant la sacralisation du segment marketing « young adults » en librairie. Pour qui s’était lassé des Jules Verne, il y eut les recommandations des baby-boomers, autant dire les vénérables parchemins intitulés L’attrape-coeur ou Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. Malgré l’universalité de leur propos, le gouffre générationnel avec les fans de PNL est désormais béant. On peut y préférer John Irving. Des pavés, certes, mais avec ce qu’il faut de sujets « adultes » abordés sans fausse pudeur pour captiver les boutonneux, et le fait d’y voir passer les personnages de l’enfance au monde des grands. Je pense en particulier à Une prière pour Owen ou Le monde selon Garp, voire à L’oeuvre de Dieu, la part du diable. Plus moderne ? Ne dénigrons pas les sagas devenues blockbusters, qui doivent leur succès à une narration de grande qualité, tels Harry Potter ou Hunger Games. Leur principale faiblesse est que leurs adaptations cinématographiques en ont divulgâché la fin. Les geeks pourront se retrouver dans Le seigneur des anneaux ou Le trône de fer, pour peu qu’ils n’en aient pas subi les spoilers. Avec dans les deux cas le vrai risque de décrocher avant que l’action ne s’emballe franchement. Hors fantasy, mais toujours au rayon fantastique, Stephen King et son talent d’analyste de la misère adolescente tiennent solidement la corde, que l’on parle de Ça ou de Carrie, pour n’évoquer que les plus évidents. Dans la littérature contemporaine ni fantastique, ni libellée « Ados », ma préférence irait à Eureka Street, merveilleux récit d’amitié basculant sans cesse du rire aux larmes dans le Belfast des 90s, ou aux mémoires de Karl-Ove Knausgaard, dont la relation sans aucun filtre de ses jeunes années peut captiver le lecteur adolescent en mal de mots à plaquer sur ses émotions intimes. Le débat est loin d’être clos : le cas échéant, lâchez vos com’.
  • Je me régale actuellement de l’oeuvre d’un primo-romancier à ne pas recommander à un lectorat jeune, justement. Il faut avoir le cuir fait aux turpitudes et mesquineries bien françaises de la République des Lettres pour en savourer la substance. Vous en saurez bientôt plus, les amis.

Les puncheurs /

  • C’est cette nuit sur Bein Sport, et ça promet : le combat d’unification de trois titres mondiaux des poids moyens entre Saul « Canelo » Alvarez et Danny « Miracle man » Jacobs. Ceux qui ont lu les punchlines de la semaine passée ont pu écouter un podcast où il en était question. Aux autres, je dirai ceci : la boxe contemporaine n’a guère mieux à proposer que cet affrontement entre deux vrais bons champions du monde. D’un côté, le patron actuel de son sport, le rouquemoute mexicain Canelo. De l’autre, un américain sérieux dont c’est peut-être la dernière chance de devenir une star. Jacobs a l’allonge, la vitesse et le punch pour rendre le combat intéressant ; il dispose surtout d’un jeu de jambes supérieur à celui de son adversaire. Ce dernier point est crucial, car Alvarez l’a démontré lors de sa revanche contre Gennady Golovkin : quand il pose ses appuis contre quiconque reste face à lui, il est devenu imprenable, usant de ses contres au laser, de ses enchaînements virtuoses au corps et à la face, et de la mobilité de sa tête pour éviter les coups durs. Jacobs aura tout intérêt à frustrer Canelo et chercher des angles d’attaque inattendus en variant coups et déplacements. Il a les moyens de s’imposer s’il produit le combat parfait. Dans le (probable) cas contraire, le mexicain pourra compter sur la traditionnelle mansuétude des juges de Vegas pour s’imposer aux points. Reste que la boxe aurait beaucoup à gagner à un succès de Jacobs, qui ouvrirait la voie à une indécise série de revanches et belles entre Golovkin, Canelo et lui-même pour la suprématie dans la catégorie. Preuve de la tension qui règne à quelques heures du choc, les deux hommes, jusqu’à présent très respectueux l’un de l’autre, se sont chamaillés lors de la pesée. Miam.

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  • On connaît désormais le remplaçant du triple contrôlé positif Jarell Miller pour affronter Anthony Joshua lors de ses débuts sur le sol américain, le 1er juin prochain au Madison Square Garden. Il s’agira du plantureux mexicain Andy Ruiz Jr. Si ce dernier relève d’une blessure et reste sans doute un peu tendre pour le plus haut niveau, c’est une solution alternative de qualité. Ruiz ne s’est incliné que par décision serrée contre Joseph Parker en Nouvelle-Zélande, sur les terres de ce dernier, alors que le même Parker fit bonne figure contre Joshua. Le mexicain sera dominé en taille et en allonge, mais il sait boxer en avançant, et son endurance semble inversement proportionnelle à son tour de taille. L’occasion de voir Joshua peiner dans les échanges, jusqu’à ce qu’il trouve de quoi placer sa droite mahousse vers la mi-combat. Le choc de Ruiz heurtant la toile du ring devrait pouvoir se mesurer jusqu’à Philadelphie.
  • Attention talent : le super-léger américain Regis Prograis avait fait parler la poudre tout au long d’une année 2018 qui le vit devenir champion WBC « Diamant ». Il semble reparti pour une belle série, puisqu’il infligea samedi dernier son premier KO en carrière au biellorusse Kiryl Relikh, pour une unification avec le titre WBA. Prograis est rapide, technique, imprévisible, et frappe fort. Seule une défense encore un rien poreuse me garde de prédire l’éclosion imminente d’une nouvelle superstar, mais le gamin est à suivre, et ne devrait guère rencontrer de difficultés à nettoyer sa catégorie.

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