Punchlines du 14 janvier 2024

Le site (Antoine) /

  • Cette même année, on signalera un étonnant retour de hype autour de trois billets plus anciens : 30 albums pour aimer le métal, le papier le plus lu dans l’histoire du présent site, la chronique assumée de La madone de Stockholm, mon premier SAS, et celle d’Un endroit où aller de Robert Penn Warren qui remontera la cote de 130livres.com auprès des amoureux des belles lettres.
  • L’année du blog fut également marquée par des Punchlines quasi hebdomadaires et désormais écrites à quatre mains, avec des rubriques cinéma et MMA. Notons que l’édition la plus lue de leur nouvelle formule date du 21 mai dernier. Il y était question des accusations de plagiat frappant Michel Houellebecq, de l’annonce du départ de Jérôme Garcin du Masque et la Plume, d’une analyse par le magazine Forbes des budgets pharaoniques des blockbusters hollywoodiens, de l’épisode 10 de la saga Fast & Furious, du controversé Devin Haney vs Vasyl Lomachenko et de la signature de Francis Ngannou au PFL. Reste à savoir pourquoi.
2023, l’entrée en concurrence frontale avec les Cahiers du cinéma.

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /

  • J’évoquais la semaine dernière l’adaptation sur Netflix de La chute de la maison Usher, que l’on dira diversement appréciée mais devant laquelle je n’ai pas boudé mon plaisir. Son mérite premier, disais-je, était d’inciter à lire ou relire Edgar Allan Poe. Mon début d’année 2024 aura donc baigné dans le halo blafard des Contes extraordinaires, rare recueil illustré de six fameuses nouvelles traduites par Charles Baudelaire, d’habitude présentées séparément dans d’autres ouvrages — on pense par exemple aux quasi homonymes Histoires extraordinaires. J’ai déjà raconté ici comment j’avais pioché ce livre si particulier en vidant la bibliothèque de mes parents, et combien ses somptueuses gravures protégées par du papier de soie avaient nourri mes cauchemars de gamin longtemps avant que j’eusse osé tenter de les lire. C’est donc fait. La préface admirablement écrite de Guy Rotter rappelle les similitudes entre les contemporains Poe et Baudelaire, tous deux quadragénaires au temps de leur décès. Il est ensuite question dans ces Contes extraordinaires, pour l’essentiel, d’hommes narrant leurs infortunes à la première personne ; romantisme oblige, le propos n’est pas tout à fait sobre, qu’on parle d’amour, de folie, de tristesse ou d’effroi, mais enfin le lecteur y trouvera plus de panache que chez votre voisin de bureau narrant la dernière fois qu’il dut changer un pneu — Poe traduit par Baudelaire, quoi. Chaque nouvelle vous aspire dans son contexte particulier sans détails ou circonvolutions inutiles. Le Chat Noir suscitera l’identification de quiconque déteste ces bêtes-là et partage avec l’auteur un rapport parfois problématique à la bouteille, autant dire que j’étais conquis. Une descente dans le Maelstrom saisit par la puissance déraisonnable des descriptions de ladite descente, effectuée par un bateau de pêche. Le Puits et le Pendule consiste en une longue scène de torture d’un raffinement achevé, non dénuée d’un certain suspense. Le Scarabée d’or nous entraîne dans une complexe chasse au trésor dont on peut douter de la santé mentale de l’instigateur. Ligeia m’a hanté presque autant que la mémoire de la défunte éponyme tourmente son mari. La description somptueuse de cette femme vénérée n’a pas d’équivalent dans mes souvenirs de lecteur. Chef d’œuvre. Le Corbeau, qui conclut le recueil, finit à coups de talon quiconque aura conservé deux sous d’espoir jusque-là. « Jamais plus ! » Ceux qui savent, savent. On restera un peu en deçà de la réalité en qualifiant d’incontournable cette lecture-là.
Comme un lundi.
  • Livres Hebdo nous apprend que l’Association pour l’écologie du livre appelle à une trêve de nouveautés en librairie pour sauver la planète. Si le débat n’est pas complètement illégitime, j’en connais un certain nombre qui préfèreront se mettre au pipi sous la douche.
  • En parlant de sorties, le nouveau Joel Dicker est attendu pour le 27 février. La maison d’édition fondée par Joël Dicker pour publier Joël Dicker nous apprend que « Avec Un Animal Sauvage, Joël Dicker signe un polar doublé d’un thriller psychologique au suspense haletant, qui nous rappelle pourquoi, depuis La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, il est devenu un phénomène éditorial dans le monde entier, avec plus de vingt millions de lecteurs. » Dont acte.
  • Spécialiste de l’autoédition, Librinova annonce s’associer avec Label Création humaine, « entreprise lancée en 2023 visant à certifier des œuvres écrites, audiovisuelles ou musicales » selon Libération. Ce partenariat vise à restreindre l’utilisation des IA dans l’écriture de textes destinés à la publication via Librinova. Le premier principe de cette certification consiste précisément à demander à une IA si elle trouve « logique » l’agencement des mots qu’on lui propose. Moins c’est le cas et plus les chances d’avoir affaire à un auteur humain sont élevées. Un autre levier consiste à traquer les erreurs factuelles, telle une citation de Marc Aurèle (121-180) appelant à «cultiver une relation saine avec les écrans» piochée dans Stoïcisme : les 10 secrets de la spiritualité antique pour mieux vivre la vie moderne. Face à la multiplication de livres autoédités proposés sur Amazon, la plateforme impose désormais de signaler l’utilisation de ChatGPT pour leur écriture et restreint la mise en ligne de nouveaux textes à… 3 par jour et par auteur. Même Balzac eût peiné à tenir ce rythme-là.
  • Toujours selon Livres Hebdo, on qualifiera de « mitigé » l’accueil dans le monde du livre de la nomination de Rachida Dati au Ministère de la Culture. Spoiler : l’enthousiasme est souvent fonction des affinités politiques. D’aucuns louent l’intérêt d’avoir nommé rue de Valois une personnalité connue des Français et dont la voix porte, d’autres sont plus cruels sur le calcul politique à trois bandes dont il fut question, voire sur les affinités réelles de la ministre avec le champ de ses nouvelles responsabilités. On se bornera ici à signaler qu’elle est la quatorzième à occuper ce poste au vingt-et-unième siècle, et que ça fait quand même pas mal beaucoup.
  • Sans entrer ici dans le détail du propos, je recommande chaudement la lecture d’un dossier d’Acualitté sur les librairies indépendantes du 93, département au taux d’équipement le plus bas en la matière. Ce business compliqué aux marges riquiquis n’y est certes pas plus simple qu’ailleurs, et les entrepreneurs dont il est question méritent qu’on s’intéresse à eux.

Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /

  • Parlons cinéma, parlons de… Tom Cruise. Ben oui, ça faisait longtemps, et on ne va pas bouder notre plaisir de voir le M. CINÉMA avec un grand C et un très grand-écran de l’industrie US revenir sur le devant de la scène. Surtout depuis le semi-bide et petite déception de Mission Impossible : Dead Reckoning. Cruise a en effet annoncé la conclusion d’un partenariat – sans exclusivité- avec Warner Bros pour développer des films, franchises originales. L’acteur et son équipe auront leur bureau et rond de serviette au sein même des locaux de la major, et un pouvoir créatif que l’on imagine âprement négocié en amont. Pourquoi c’est une excellente nouvelle ?
  • D’abord parce que la star, en bon démiurge autodidacte et monomaniaque de sa destinée, dispose d’un boulevard pour se façonner un troisième acte de carrière qui commence à se faire désirer. Ensuite parce que Tom Cruise, c’est une appellation d’origine contrôlée, qui ne transige pas avec ses principes ni devant les notes des exécutifs titulaires d’un MBA. Des exigences et des standards qu’on se plaint à juste titre de ne plus retrouver dans la majorité des blockbusters actuels. Excepté… les films avec Tom Cruise. Et comme ils ne se séparent plus depuis 15 ans, on subodore que son Pygmalion Christopher McQuarrie ne se tiendra pas trop loin des affaires. Hollywood qui redonne le pouvoir aux artistes qui aiment le cinéma en lettres de grandeurs et pas en petits caractères au bas d’un exercice fiscal annuel: c’était l’un des souhaits maintes fois formulés au sein de cette rubrique l’année précédente. On est ravis de constater qu’il s’agit maintenant d’une résolution 2024. Wait and See comment ça se traduira en pratique et dans la réalité. Cruise réussira t-il à redonner un peu de son lustre à la Warner, passablement entamé par une année difficile et la direction catastrophique de David Zaslav ? Les paris sont ouverts.
Guess who’s back ?
  • Anatomie d’une chute remporte deux Golden Globes, dont celui de meilleur scénario original. On va mettre ça sur le compte des relents d’un Nouvel an trop arrosé.
  • Bradley Cooper repart bredouille pour Maestro, et sa réaction à la victoire de Cillian Murphy pour la statue du meilleur acteur devient immédiatement virale. Rien de spectaculaire ici, juste une poker face dans la détresse et un flegme qui lutte gaillardement contre le KO technique. Être une personne publique, c’est aussi savoir faire semblant dans la surexposition pour protéger son jardin secret de l’intrusion du regard d’autrui. Mais ici, les fenêtres semblent s’ouvrir aux quatre vents, et derrière le sourire de Cooper, il y a Tobey Maguire qui essaie de retenir un train dans Spiderman 2.  Hail to him néanmoins : le grand acteur américain sous-estimé des années 2010 fait partie de ces comédiens qui ne jouent pas pour se faire remarquer en train de jouer. Ça lui coûtera probablement d’autres revers de la part d’une industrie trop focalisée sur le doigt pour lui décerner la lune, mais à 130 livres on le sait et on l’écrit : Bradley, c’est notre gars.
Quand tu te retiens devant les caméras…
  • Sans grande surprise, Oppenheimer de Christopher Nolan fait carton plein aux Golden Globes, et se place en pole position pour la cérémonie des oscars qui se déroulera en mars prochain. Autant d’égards pour un film qui se serait mieux porté avec une heure de moins, ça fait beaucoup. Mais d’un autre côté, 2 heures de (très très bon) cinéma sur 3, c’est déjà un bon ratio au vu du palmarès des éditions précédentes. Allez, vendu.
  • A propos d’oscars, Ricky Gervais aimerait présenter la cérémonie en duo avec Dave Chappelle. Un rêve de sale gosse, mais quel rêve.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • « Size matters ». La taille, ça compte, et l’adage vaut aussi pour les rings de boxe. À l’œil, celui qu’Eye of the Tiger Management avait fait dresser au Centre Viéotron hier soir à Montréal pour ses bagarreurs maison avait la superficie d’un placard à balais ; on s’étonne presque qu’Eddie Hearn ait accepté de livrer son poulain Callum Smith au malaxage breveté du triple champion du monde des mi-lourds Artur Beterbiev dans des conditions pareilles. Le patron de Matchroom Boxing avait certes claironné pendant tout l’avant-combat que « Mundo » Smith choquerait le monde entier en mettant KO l’invaincu Beterbiev, mais la mine sombre qu’il affichait à l’entrée des hommes sur le ring exigu disait tout le contraire. Il faut reconnaître à Smith qu’il se montra plus entreprenant que face à Saul « Canelo » Alvarez, très actif par séquences, posant ses appuis pour distribuer jabs et droites au corps, tentant de placer son crochet gauche létal et parvenant à défaut à marquer d’un fort joli uppercut droit juste avant la cloche du 4e round. En bref, malgré la réputation de tueur du natif du Daghestan, malgré aussi son manque de repères à 175 livres et une quinzaine de mois d’inactivité, Smith a essayé. C’est ainsi qu’il aida Beterbiev a démontrer une fois de plus son appartenance au gratin de la boxe mondiale. Plus petit, le Montréalais d’adoption imposa pourtant très tôt la supériorité de son jab lourd et précis au timing parfait. Ce direct-là fait plus mal que bien des bras arrières, comme l’attesta rapidement l’état de la pommette droite de l’Anglais. Beterviev choisissait ses moments pour enchaîner de près, glissait facilement à l’extérieur du jab adverse pour mettre des droites aux allures de coups de trique, veillait à neutraliser le crochet gauche de Smith, et avançait ou reculait toujours dans le bon tempo, porté par des jambes de jeune homme à bientôt 39 ans — il les aura dans une semaine. Le fameux uppercut de la 4e reprise leva pour de bon la dernière incertitude : Smith ne pouvait l’emporter sur un coup parfait. Qu’il craque était dès lors une simple question de temps. L’arrêt survint opportunément au 7e round, lorsque le coach de Smith James « Buddy » McGirt estima en avoir vu assez après deux knockdowns sur autant de séries brutales. Lorsqu’il combat, Beterbiev a le calme inquiétant des bourreaux vétérans. Quand il gagne, cependant, ses célébrations exubérantes laissent entendre le respect infini qu’il accorde à son sport. C’est mauvais signe pour les prochains adversaires du bientôt quadragénaire. Seul Dmitry Bivol, détenteur de la dernière breloque échappant à Beterbiev dans la catégorie, présenterait encore un défi intéressant. On semble l’avoir bien compris du côté de Riyad, et y monter enfin l’un des combats les plus attendus des fans ferait taire pas mal de sceptiques quant à l’utilité du récent tsunami de pétrodollars submergeant le plus beau des sports.
Star du combat, le bras avant de Beterbiev.
  • Christian Mbilli ne pouvait pas non plus se plaindre d’évoluer sur un ring Playmobil, taillé pour sa boxe de harceleur frénétique. Le massif Rohan Murdock n’avait pas plus d’issues de secours que Callum Smith face à Beterbiev ; il faut cependant mettre à son actif un courage et un menton rappelant ceux des meilleures têtes de bois australiennes, dont un certain Jeff Harding. « Solide » Mbilli ne surprend jamais, il avance et tabasse des deux mains, du corps à la face, sur un tempo de marteau-piqueur. Que Murdock ait tenu 6 rounds à un tel régime sans finir à terre ni défiguré interroge sur le venin que recèlent les frappes répétées du Français, qui offre toujours en contrepartie de bien inquiétantes opportunités de contres — on se rappelle ainsi les terribles uppercuts gauches encaissés lors du combat épique de l’an passé l’opposant à Carlos Gongora. Après que Murdoch fut sagement resté dans son coin à l’appel de la 7e reprise, Mbilli se montra prompt à réclamer, comme tout super moyen classé mondialement aujourd’hui, d’attraper la queue du Mickey : être le prochain à toucher le super banco promis aux adversaires de Canelo Alvarez. Sans faire injure à Mbilli, trop de questions restent posées sur son potentiel face à l’élite de la catégorie pour le considérer dans le peloton de tête des prétendants aux côtés de David Benavidez, David Morrell voire Jaime Munguia. On peut se repasser les 8 minutes 19 de la victoire du divin rouquin sur James Kirkland pour se faire une idée de ce que pourrait donner un Canelo fight en mai prochain. Ne boudons pas notre plaisir : Solide aura en revanche renforcé hier soir son appréciable réputation de crowd pleaser, et une telle aura lui vaudra sans doute de figurer sur d’autres sous-cartes de premier plan… voire de monter sur des rings moins étroits qu’à Montréal.
  • Le Vénézuélien Ismael Barroso est encore plus âgé qu’Artur Beterbiev, et il eut le douteux privilège d’être l’attributaire du 130 livres Boxing Award du vol de l’année 2023 lorsque Tony Weeks l’arrêta sans guère de raison alors qu’il dominait Rolly Romero pour la ceinture WBA vacante des 140 livres. En résumé : une putain de farce. Preuve que la boxe réserve aussi d’heureuses surprises, il remontait sur le ring le 6 janvier à Las Vegas, et l’on imagine que l’idée des promoteurs était de relancer l’Anglais Ohara « Two Tanks » Davies, dont les seuls vainqueurs en carrière à date étaient les estimés compatriotes Josh Taylor et Jack Catterall. Évoquant à l’indicatif sa future chance mondiale face à Romero, Davies se déclarait « concentré » mais « pas inquiet » à l’idée d’affronter le gaucher installé à Miami. Seulement voilà : avec sa gueule de quinqua passée à la sableuse, Barroso n’a plus de temps à perdre en bullshit, il a toujours tapé dur et comme disait le penseur Tony « Duke » Evers, coach d’Apollo Creed puis Rocky Balboa, « le punch, c’est ce qui part en dernier ». Il lui aura suffi d’un round et deux crochets gauche de brute des cavernes pour régler la question de son avenir chez les super légers : il existe. Si la belle histoire n’avait pas suffi, Davies a attendu une petite semaine à ruminer son humiliation avant de nous servir une excuse niveau ceinture noire de chez Bouglione : il logeait au casino, là où les chambres sont surventilées en oxygène pour inciter les clients à jouer plus longtemps (*jingle*). Trop de bonheur d’un coup, à peine terni par la tête d’affiche de cette soirée mémorable, l’occasion pour… Tony Weeks de se rappeler au bon souvenir des fans en arrêtant bien vite un nouveau boxeur, cette fois la victime offerte en sacrifice à Vergil Ortiz Jr pour ses débuts en super welter. Excédé, le public a crié au scandale. Pour sa défense, Weeks a affirmé sur Facebook que les examens d’avant combat du dénommé Frederick Lawson n’avaient révélé rien de moins qu’un anévrisme (!), justifiant une vigilance accrue, ce qui fut démenti dans la foulée par Golden Boy Promotions. Bref : en 2024, nous offrant le meilleur et son exact opposé, la boxe reste la boxe.
  • On connaît enfin le prochain adversaire d’Arsen Goulamirian, seul et unique champion du monde français de ce début d’année 2024. D’abord engagé à affronter Le Cubain Yuniel Dorticos, il affrontera après l’octroi d’une dérogation le gaucher mexicain Gilberto Ramirez le 16 mars prochain au Cosmopolitan de Las Vegas. Compte tenu du rayonnement de « Zurdo » Ramirez, adversaire malheureux de Dmitry Bivol en pay per view voici un peu plus d’an, c’est la promesse d’un chèque convenable en même temps qu’un sacré traquenard. Golden Boy Promotions, qui gère les intérêts de Ramirez, aura sans doute jugé la ceinture WBA de Goulamirian accessible, combattre aux États-Unis n’est jamais une sinécure, et « Feroz » n’a pas boxé depuis novembre 2022 et son succès sur le Russe Alexei Egorov. De son côté, l’ex-super moyen surdimensionné Ramirez a réalisé des débuts satisfaisants à moins de 200 livres, dominant nettement aux points un Joe Smith dépassé techniquement et incapable de passer la seconde. Fausse garde, allonge et boxe propre, telle est l’équation qui sera proposée à Goulamirian. On lui souhaite de parvenir à couper la route du Mexicain et imposer des échanges de près, où sa puissance de cruiserweight « historique » pourrait faire la différence.

Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /

  • Parlons de MMA, parlons de l’UFC. Oui, encore mais la nouvelle justifie le rebond. En effet, notre Benoît Saint-Denis national (numéro 12 de la catégorie lightweight) va affronter notre Dustin Poirier international (numéro 3) le 9 mars, pour une affiche qui promet rien moins que le feu nucléaire.
  • Car Saint-Denis et Poirier, c’est une confrontation de berserkers qui ont la guerre dans le sang et n’hésitent pas à sacrifier de précieux points de vie pour avoir la main levée par l’arbitre. L’enfer ils appellent ça chez eux, et si le duel va vers un clash de volonté, bien malin sera celui ou celle qui pourra en prédire l’issue. Mais….Si on devait tenter le pronostic, une pièce pour Benoît dans la machine s’il vous plait. Pas pour chauvinisme exacerbé (en ce qui concerne l’auteur de ces lignes, le fight game n’a ni drapeau ni territoire), mais par déduction. Vous connaissez le proverbe du taulier, « le menton est un capital qui se travaille sur la durée ». Or, Saint-Denis est le plus jeune donc le plus « frais » des deux, si l’on considère par le nombre de guerres traversées par Poirier. En outre, il n’est pas interdit de penser que Daniel Woirin, le coach de Saint-Denis, choisisse de tourner le dos au slugfest pour adopter une approche plus stratégique. On en a eu un échantillon dans le combat contre Matt Frevola, où Saint-Denis est apparu beaucoup plus méthodique – et encore plus expéditif dans la démolition dans la démolition du vaisseau adverse. D’ici là à ce que Benoit nous fasse une Justin Gaethje, il n’y a qu’un pas que l’on franchira ou ne franchira pas en mars prochain.
MORTAL KOMBAT !!!
  • Toujours est -il que ça représente un formidable saut de puce dans les classements pour le God of war, qui devrait s’ouvrir une voie royale vers le title shot en cas de victoire avec la manière. Quant à Poirier, il mérite au minimum une haie d’honneur. Car on est quand même en présence d’une légende qui accepte le défi lancé par un adversaire plus jeune, beaucoup moins classé, et dangereux comme 300 Spartiates postés à la porte des Thermopyles. Une leçon de témérité qui en dit long sur la paire de bollocks en titane renforcé du bonhomme.
  • L’UFC faisait sa rentrée hier avec sa première édition sa première Fight Night de 2024. En main-event, Magomed Ankalaev affrontait Johnny Walker pour la seconde fois suite à leur choc avorté à l’UFC 294. Souvenez-vous: un coup illégal dans les parties du second par le premier avait conduit un stagiaire trop vite promu arbitre à arrêter le combat alors même que Walker tenait droit sur ses guiboles. Il fallait donc solder l’ardoise, et assurer le prochain title-shot contre Alex Pereira.
  • Deux combattants, deux styles, deux cycles lunaires complètement différents. Ankalaev, l’efficacité sans éclats d’un lutteur qui s’acharne en striking avant de scorer sur ses points forts, et Walker le showman qui tend à perdre de vue ses priorités lorsqu’il se focalise sur ses highlights au détriment de son adversaire. Sans surprise, la froide détermination slave l’a emporté sur « Johnny je connais le kung-fu », passablement entamé dès le premier round après avoir imposé à son quintal des coups de pied acrobatiques pas toujours bien équilibrés et aussi téléphonés qu’une ligne à haute tension. Ankalaev collait la pression, attendait le moment inévitable où Walker abaisserait le pont-levis à s’échiner à combattre comme Boyka, et mettait son opposant le cul par terre avec un contre du bras arrière à la mâchoire. Un uppercut en plein nez pour terminer le boulot, et BOOM arrêt de l’arbitre au 2nd round, title shot probable pour Ankalaev et possible chirurgie nasale pour Walker. On appelle ça du travail bien fait.
« Il est rigolo, lui ! », à dire avec l’accent russe.
  • La carte avait des allures de jubilé : des vétérans qui n’ont plus rien à prouver sinon qu’ils avaient encore leur place dans la cage se confrontaient pour l’amour de l’art, sans considérations carriériste. En lightweight, Jim Miller a disposé de Gabriel Benítez au 3e round, après une épreuve de force trop intense pour les défenses du Brésilien, passablement sapée par le pressing soutenu du vainqueur du soir. Un enchaînement d’école anglaise/low-kick/takedown/clé de mâchoire met fin au débat aussi sûrement qu’un Khabib contre McGregor. TOUT le MMA en une finition : il y a des séquences comme ça qui méritent une holà.
  • En poids lourds, Andrei Arlovski essayait de ne pas faire ses 44 ans face à Waldo Cortes-Acosta, 32 ans et obligation de passer l’éternel gatekeeper de la catégorie pour monter. Mission accomplie via une décision unanime sur 3 rounds plutôt équilibrés. Arlovski ne s’est pas acharné pour la victoire, mais vendait suffisamment chèrement sa peau pour mériter ses émoluments. Le sens du professionnalisme, ça fait toujours la différence.

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