Punchlines du 5 juin 2022

Le site /

  • N’en déplaise aux amateurs de livres ou de pugilats aux tympans délicats, la fébrilité qui me gagne à l’approche du Hellfest ne pouvait aboutir à autre chose qu’un nouveau papier sur le métal. Les plus courageux pourront donc désormais consulter une liste de 30 albums raisonnablement représentatifs du genre pour se déniaiser. Je me suis peigné d’insérer des liens vers les clips Youtube tout plein de chansons. Faites-moi plaisir : faudrait que ça serve au moins un peu.
  • Tout en se calmant un chouïa, l’étrange regain de clics sur 130livres.com persiste (cf. figure ci-après), toujours en provenance majoritaire de WordPress pour Android. Je fais finir par croire que des jeunes me lisent, un phénomène qui m’étonnerait quand même un peu.
Je ne suis pas statisticien, toutefois…

Les auteurs /

  • Crack littéraire, la suite. Voici quelques semaines j’avais fait état d’un risque sanitaire majeur associé à un produit diffusé en libraire de manière scandaleusement irresponsable, le roman-feuilleton Blackwater de Michael McDowell. Il semblerait que les chiffres corroborent la réalité de l’épidémie que s’emploient toujours à taire nos médias nationaux stipendiés. Jugez plutôt sur les ventes des 7 derniers jours en littérature générale, poches et grands formats confondus : le tome 5 (La Fortune) est n°4, le tome 1 (La Crue) est n°6, le tome 4 (La Guerre) est n°15, le tome 2 (La Digue) est n°19 et le tome 3 (La Maison) est n°23. Pour ajouter à l’ampleur de la catastrophe, imaginez que le dernier volet n’est même pas encore diffusé. De sorte que le temps n’est plus à se voiler la face : il faut agir. Nous sachons.
  • J’ai vu récemment passer une rare allusion à l’écrivain Deszö Kosztolányi sur les réseaux sociaux, l’occasion de revenir ici sur ce que je connais de son œuvre. Né en Serbie en 1885 à l’époque de l’empire austro-hongrois, c’est à Budapest qu’il fit ses études, fonda une revue littéraire et exerça son art de journaliste, romancier, poète et traducteur. Le cancer l’emporta en 1936, non sans qu’il eût eu le temps de se faire quantité d’ennemis en bon adepte de la nuance dans l’engagement politique. Ma découverte de Kosztolányi débuta par un malentendu : Le traducteur cleptomane, considéré aujourd’hui comme un recueil de nouvelles, est à l’origine un roman dont le protagoniste Kornél Esti vit une succession d’aventures humoristiques et volontiers fantastiques qui interrogent la forme romanesque : il s’aperçoit qu’un traducteur ne peut s’empêcher de barboter des objets dans les textes sur lesquels il travaille – deux chandeliers deviennent un seul après traduction , entretient toute une nuit passée dans un train une discussion abracadabrantesque avec un contrôleur bulgare dont il ne comprend pas la langue, constate avec effroi que l’entourage d’un homme qui s’autorise à fuguer de sa vie à Budapest préfère largement s’en tenir à la version du suicide qu’ils jugent autrement plus digne… Cette première expérience appelait la découverte de ses romans Alouette et Anna la douce. Le premier est une comédie grinçante où une vieille fille impossible à marier vivant chez ses parents les laisse seuls une semaine, l’occasion pour eux de revivre enfin et de s’avouer à quel point elle est un pitoyable fardeau auquel ils sont accoutumés. Le second relève de la tragédie à l’arrière-plan social profond mais jamais didactique, des décennies avant La cérémonie de Claude Chabrol et Chanson douce de Leila Slimani : un couple bourgeois de Budapest recrute une bonne, compétente à l’extrême, qui finira par les occire sans fournir la moindre explication à son geste. Dans l’un et l’autre cas Kosztolányi démonte des mécanismes historiques et sociaux tout en reconnaissant aux individus leur part de mystère. De la dentelle. Enfin, j’ai récemment lu sur la plage Portraits, recueil de croquis littéraires formidablement éloquents, illustrant à quel point le talent de romancier est fondé sur celui de portraitiste. Je doute que le nom de Deszö Kosztolányi soit aussi mentionné que celui de Michael McDowell dans un futur proche, et pas seulement pour des questions d’orthographe. Un ou deux néo-convertis suffiraient néanmoins à mon bonheur.

Les puncheurs /

  • L’ère des 4 fédérations majeures en boxe anglaise compte un nouveau champion du monde unifié, le patron des poids légers Devin Haney. Le gamin a su gérer l’environnement particulier d’un grand stade acquis à son adversaire pour s’imposer nettement aux points. Face à lui, George Kambosos a bien plus rappelé le boxeur moyennement convaincant qu’il fut face à Bey ou Shelby que le vainqueur surprise de Teofimo Lopez. Peut-être aura-t-il l’homme d’un combat et un seul, toujours est-il que l’Australien n’a guère convaincu tactiquement contre un adversaire fuyant, prompt à s’accrocher et très sûr de son jab. On attendait un champion WBA, IBF et WBO agressif et soucieux de casser la distance pour imposer un dog fight au styliste Haney, or il se montra à fois soumis au schéma tactique dicté par l’Américain et très attentiste, misant presque exclusivement sur un crochet gauche téléphoné. Et lorsqu’il toucha Haney de façon nette, ce dernier sembla récupérer bien plus facilement qu’à la fin de son combat contre Jorge Linares. Si la victoire du nouveau roi des 135 livres ne souffre aucune contestation, force est de reconnaître qu’elle n’aura guère enthousiasmé les foules, alors que menace une clause de revanche immédiate… De « plus prometteuse division de la boxe professionnelle », un peu vite bombardée rivale des welters sous Leonard, Duran et Hearns, la promotion des Lomachenko, Davis, Lopez et Haney à 135 livres est en passe de rétrograder au rang de « sacré gâchis ». Merci à Kambosos d’avoir jailli de nulle part pour taper un Teofimo installé à Cavaillon. La boxe, quoi.
  • Aux antipodes de Kambosos vs Haney dans tous les sens du terme, Ogawa vs Cordina nous aura offert en 5 minutes un candidat sérieux au titre de KO de l’année. Comme le premier round l’aura démontré, le Gallois Joe Cordina n’a rien d’un feu follet insaisissable bien qu’il soit vif sur ses appuis : Kenichi Ogawa l’a touché plusieurs fois en lisant bien son timing. Mais le nouveau champion IBF des super plumes est très, très rapide de bras, et sa droite assénée en première intention a cueilli le Japonais comme un fruit déjà blet. Détenteur des titres WBC et WBO, l’Americain Shakur Stevenson semble bien plus complet que Cordina, mais avec le champion EBU Zelfa Barett et un Kid Galahad monté des plumes les bons combats 100% britanniques à faire dans la catégorie ne manquent pas.
  • Entre les Américains Stephen Fulton et David Roman, on s’attendait à un combat disputé, mais le champion WBC-WBO des super coqs a signé une performance de choix et remporté au moins 11 rounds. Son manque de punch coûte à Fulton une médiatisation digne de son talent. La perspective de le voir un jour affronter un Naoya Inoue en quête d’une quatrième catégorie à conquérir ne saurait déplaire aux aficionados. En sous-carte, on notera la nouvelle victoire expéditive de l’actuel titulaire de la ceinture WBA « carton » David Morrell. Le gaucher cubain semble très mûr pour un boxeur à 7 combats pros ; on imagine son potentiel avec 3 ou 4 succès de plus…
  • Un digne Cocorico pour finir puisque la soirée de boxe organisée au Zénith de Nantes aura tenu ses promesses. Au détriment d’Elie Konki, tout d’abord, puisque la revanche accordée au Loirétain Loïc Tajan a viré au cauchemar pour représentant de la Team Solide de Rio. Konki lève plus les mains qu’en amateurs, ce qui ne l’empêcha pas de subir en reculant une paire de crochets fulgurants donnés des deux mains et de finir allongé pour le compte. Pas facile de se remettre d’un KO pareil, surtout après avoir autant dénigré son adversaire… Du combat vedette opposant les super welters tricolores David Papot et Ahmed El Moussaoui, on retiendra autant la maîtrise tactique du premier, vainqueur par décision partagée après 12 rounds d’un travail intelligent et soutenu en appui arrière, que son fair-play : il n’hésita pas à affirmer que son adversaire méritait la victoire. Nul doute qu’une revanche franco-française de cette tenue ferait du bien à la boxe hexagonale.

2 commentaires sur “Punchlines du 5 juin 2022

  1. Envore une decouverte à faire . Je n’ai plus le temps de m’intéresser aux sorties récentes et aux classiques. 😁. Quant au Metal ou au hard rock, ça n’a jamais ete trop ma tasse de thé, je suis plutôt folk-rock /songwriters. Mon fils aîné est fan de Black Metal, les gars de Norvège qui brûlent les églises en bois et s’entretuent. J’ai quand même dans ma discothèque Paranoid et les 3 premiers BOC. Curieusement zuvun Motorhead alors que j’aime beaucoup Lemmy.

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    1. Les premiers Sabbath sont cultes, je pense que quiconque les apprécie peut essayer sans crainte Heaven & Hell du même groupe avec Ronnie James Dio au chant. Quant à Motörhead Overkill, Bomber, Ace of Spades ou 1916 méritent une petite place sur étagère 🙂

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