Le site (A.F.) /
- Le papier consacré au dîner avec trois fêlés des Beatles intitulé « Trois messieurs dans le vent » a enregistré 579 clics à date. C’est plus que la plupart des recensions du site. Autant dire que vous n’êtes pas à l’abri d’un deuxième round : si a priori aucun des trois n’est crypto-harrsionien, ils n’ont même pas encore dévoilé qui était plutôt John et qui était #TeamPaul ! J’en ris encore.

Il est temps de rallumer la littérature (A.F.) /
- Initiative municipale à saluer, Les Lundis du Livre rassemblent chaque premier lundi du mois à 19 heures un aréopage d’écrivains devant quiconque se sera inscrit par email sur le site internet de la mairie du Ve arrondissement de Paris, qui accueille la manifestation. Pull de ski contre veston pied-de-poule, le poète Matthias Vincenot et l’écrivain touche-à-tout Éric Poindron animent les soirées, dont la dernière édition comptait parmi ses invités l’amie Thael Boost ; j’ai déjà évoqué sur le présent blog les mérites de son essai La mère à côté, paru il y a un an. Elle y évoque la collision entre la mémoire défaillante d’une maman rendue petite fille par la maladie d’Alzheimer et ses propres souvenirs d’enfance. Auprès d’elle ce soir-là, Charlotte Saliou présentait son premier recueil de poésies Et vivre, ma folle vagabonde, Claude Mutafian, auteur de Jérusalem et les Arméniens, évoqua l’héritage fort méconnu de ce peuple du Caucase dans la ville trois fois sainte, et le poète charentais David Sire narra guitare à la main sa rencontre avec un drôle de reclus, objet de Bégayer l’obscur. On peut s’interroger sur la cohérence fondamentale d’un tel plateau et souligner le fait qu’il ne fit pas tout à fait salle comble. On peut surtout se féliciter que de telles rencontres gratuites satisfassent les esprits curieux. Je sais désormais que le coin supérieur droit de la Méditerranée fut appelé Royaume arménien de Cicilie et que le mot « audace » est l’anagramme de « cadeau ». Étonnant, non ?

- « Mon père, qui était un grand lecteur, collectionnait les livres anciens, je me souviens de leur odeur… Il ne fallait surtout pas y toucher. » Ainsi se confie au Figaro Romain Sardou, fils de Michel. On tient une info. Éric Poindron est très fan dudit Michel, ce qui en constitue une seconde.
- Chouette soirée mercredi à la librairie Nord Est sise non loin de la Gare du Nord : l’auteur-interprète Joseph d’Anvers y dédicaçait son troisième roman Un garçon ordinaire, parfaitement lisible et brièvement évoqué ici. Le bougre était en classe avec l’un de mes employeurs dans un lycée bourguignon, il honore de sa présence les concerts parisiens d’un de mes propres copains de collège en banlieue ouest, et les DJs en charge d’ambiancer les lieux, vêtus des surchemises à carreaux et Tshirts de rock indé raccord avec le thème très grunge du bouquin, étaient de ma promo de grande école. Après quoi je me rends compte que j’incarne aujourd’hui un entre-soi parisien tout à fait odieux. Pouah.
- Christian Authier, du Figaro, a aimé Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, de Frédéric Beigbeder, « récit ironique, grinçant, touchant d’un anachronisme paradoxal ». Nelly Kapriélian, des Inrocks, beaucoup moins : elle trouve le livre « souvent naïf et complaisant, pas très réfléchi ». Je suis scié.
- Milan Kundera a fêté ses 94 ans le 1er avril dernier. C’est aussi à cette date précise que s’est ouverte dans sa ville natale de Brno une bibliothèque au fonds alimenté par la collection personnelle de l’auteur. L’idée, selon sa femme Vera Kunderova, lui aurait été soufflée en rêve par son éminent confrère Philip Roth. On y trouve quantité de pièces uniques, dont des dessins de l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être et un original de Montaigne à la couverture en vélin authentique – on désignait ainsi la peau de veau mort-né en des temps antérieurs aux premiers cartons d’édition de la série One Piece.
- Le hasard aura voulu que Jean-Paul Capitani, fondateur d’Actes Sud, décède d’une absurde chute de vélo la semaine de Pâques dans sa ville d’Arles alors que je viens, comme chaque année, y bambocher pour la feria. Tout porte à croire que la fête sera bonne. Il sera néanmoins difficile de faire complètement abstraction du deuil municipal ; j’avais d’ailleurs prévu une nouvelle visite au lieu si particulier qu’est le passage du Méjan. J’ai peiné à rentrer dans plus d’un bouquin édité chez Actes Sud, la faute à un lyrisme ou une poésie parfois hors de ma portée, mais je dois à cette maison quelques vraies émotions de lecteur – la dernière en date vint d’Oh, Canada, l’ultime roman de Russell Banks. Nier le caractère aussi louable qu’exceptionnel de l’aventure Actes Sud n’aurait à peu près aucun sens, après quoi je dédierai sans doute l’un des nombreux canons du week-end à la mémoire de Monsieur Capitani, débordant d’idées nouvelles jusqu’au bout.
Le cinéma est mort, la preuve : il respire encore (G.M.) /
- Les récentes indiscrétions faites au Point par les techniciens français ayant bossé sur le tournage parisien de John Wick 4 nous donnent une formidable occasion de nous adonner au sport préféré de l’Hexagone : « Les yankees sont des cons, surtout quand ils font des films de merde ». On aurait d’autant plus tort de s’en priver que les faits se rangent du côté de notre mauvais esprit. Manque de préparation totale de l’équipe ricaine, repérages faits au dernier moment, réalisateur girouette qui change de décors comme de chemise… C’est beau comme du Abdellatif Kechiche faisant subir son « processus créatif » aux forçats des plateaux de tournage (les techniciens quoi, tout le monde n’a pas la chance d’être artiste). Bref, tout ce qui peut contribuer à transformer le quotidien d’une production à 100 millions de budget en lendemain de gueule de bois à la Very Bad Trip semble avoir été réuni, multiplié par 10. Car John Wick n’est ni le premier, ni le dernier blockbuster U.S à dilapider son pognon et les points de vie de son équipe technique dans un tournage guérilla (on a eu l’exemple de Marvel récemment). Mais la spécificité de celui-là ajoute au dossier de l’accusation. Le timing, les lumières, les marques des comédiens… TOUT dans John Wick est minuté et millimétré avec le rigorisme d’un ordinateur qui calculerait la mise en place de ses chorégraphies outrancièrement complexes en temps réel. Bref, un cauchemar de techniciens made in 87 Eleven, la team de cascadeurs du réalisateur Chad Stathelski, qui filme en plan long et large histoire de bien montrer au public qu’il n’y a rien à cacher. Mais bon tout va bien quand on a Keanu Reeves, élu meilleur humain de l’histoire du monde par Internet, pour offrir des rolex à son équipe de cascadeurs à la fin des prises de vues, photos à l’appui. Keanu, le Panda qui se laisse caresser par les enfants et les ienclis de la culture pop pendant que la direction du zoo fabrique des manteaux de fourrures avec les membres de sa tribu.

- Les trous commencent à pulluler dans la raquette du streaming. Toujours selon le même article et à l’instar ses concurrents, Amazon accuse de plus en plus de failles dans une cuirasse encore invulnérable il y a peu. Trop d’argent, pas assez de résultats, une courbe d’abonnés qui ne bouge plus (ou marginalement), et des choix de production litigieux fondées sur la compilation de données et l’analyse clientèle. Ou, pour le dire avec un exemple : il n’y a pas assez de spectateurs et spectatrices LGBT qui regardent des shows LGBT parce qu’il s’agit de show LGBT pour permettre de renouveler les dits shows LGBT sur la longueur. La remarque s’applique évidemment pour toutes les projets produits sur la base de ce genre de profiling communautaire. Bref, comme le disait Dave Chappelle « Fuck Twitter, ce n’est même pas un vrai monde ». Le public s’essentialise beaucoup moins que ne le fait l’algorithme et ceux et celles qui ont le nez dessus, et c’est une autre excellente nouvelle.
- Ça gronde chez Amazon. Le géant du streaming et de la vente de données de ses utilisateurs vient de se faire exposer par la poussière qu’il faisait en sorte de garder sous le tapis. Premier scud, et pas des moindres : The Rings of power, l’adaptation « Chat J’ai-pété approved » des écrits de J.R.R Tolkien à 450 millions de dollars la saison, se révèle un bide cinglant. Seuls 37% des spectateurs des premiers épisodes ont poursuivi l’aventure après le premier épisode. On appelle ça une douche froide pour le studio, et une lueur d’espoir pour l’humanité. Ça signifie que la plupart des gens ont estimé qu’ils avaient mieux à faire de leurs temps de cerveau disponible que de le perdre devant cette tranche de fantasy pasteurisée à l’algorithme, et ça c’est une excellente nouvelle.
- Un dernier clou dans le cercueil du clientélisme woke : les deux gros cartons qui ressortent du catalogue pléthorique d’Amazon l’année dernière se nomment Reacher ou Terminal List. Soit des bons gros trucs de mecs hétéros cisgenres qui portent leurs couilles et leurs flingues pour défendre la veuve et l’orphelin et casser les os de leurs bourreaux comme des biscottes. On prend une minute pour savourer l’ironie de la situation.
- Retour en grâce d’un autre mâle blanc cisgenre armé et dangereux cher à notre petit cœur. Sylvester Stallone, puisqu’il s’agit de lui ne cherche plus à faire autre chose que du lui-même à 75 ans, mais ça ne l’empêche pas de se transcender avec Tulsa King, dont le dernier épisode a été diffusé dimanche dernier sur Paramount +. Il ne faut pas s’y tromper :l’affiche a beau scander fièrement les noms de Taylor Sheridan et Terrence Winter, la série doit tout à Sly, ses défauts comme ses qualités. Dwight Manfredi a l’âge de son interprète, et sort d’un séjour de 25 ans en prison. En « récompense », ses boss l’envoient de New-York à Tulsa en Arizona pour planter le drapeau de la famille sur un territoire vierge et aride. Pour le mafieux fatigué mais pimpant, c’est le double effet Kiss-Cool du choc culturel multiplié par le décalage chronologique. Le même que celui éprouvé par John Spartan, ultime übermensch cop d’un XXème siècle post-apo cryogénisé à tort, quand il se réveillait dans un XXIème siècle déconstruit à la tétine dans Demolition Man. Vous l’aurez compris : avec Tulsa King, on n’est pas là pour regarder de la grande télévision, tant formellement que scénaristiquement. Il s’agit avant tout de savourer un condensé des tropes de son interprète et préparés aux petits poils du cul de l’Étalon Italien Après Rocky Balboa et John Rambo, Sly ajoute ainsi un troisième personnage mythique à son écurie qui ne pourrait tenir si ce n’était lui. Dwight Manfredi impose sa loi aux plus faibles que lui avec bienveillance, donne des leçons de vie prises et retenues par ceux qui ne reconnaissent plus la leur par sa faute, trouve sa place dans une époque et un environnement dans lequel il n’a rien à faire… Bref, du pur Stallone, seul capable de donner des baffes avec autant d’amour pour le spectateur et de donner raison par sa seule présence aux raisons que la raison ignore. Un « multiplicateur de forces » hors-normes qui ne ressent pas le besoin de s’entourer d’une équipe créative susceptible de donner l’heure à sa place. C’est le revers de la médaille du mythe stallonien, et ça contribue au charme irrésistible de l’ensemble. Alors oui, ça a parfois un petit goût de Walker Texas Rangers, mais tout comme le poulet-frites de mamie le dimanche midi. Tulsa King, c’est le mec qui se fait inviter à s’asseoir à table après avoir défoncé la porte à coup de pompes. Du pur Stallone, qui ne fait pas semblant de ne pas être aussi anachronique en 2023 qu’il l’a finalement toujours été. Bref, on se sent comme à la maison.

Ce qui reste de la boxe anglaise (A.F.) /
- Pour cause de mise sous presse anticipée, la présente édition des Punchlines ne reviendra pas sur la soirée d’hier. Histoire de prendre une ou deux tomates a posteriori, on se contentera d’émettre quelques pronostics sur les combats dignes d’intérêt de samedi :
- Le jour viendra où l’absence de défense de l’interminable super welter Sebastian « La Tour Infernale » Fundora lui vaudra de se faire sécher par un gros puncheur de la catégorie. Malgré un honnête ratio de victoires par KO Brian Mendoza ne sera probablement pas celui-là. Le titre WBC par Intérim devrait revenir à Fundora après un tabassage en règle de 9 ou 10 rounds. (Résultat : et bien si, c’était lui. Lol.)
- En sous-carte de Fundora le super léger Brandun Lee devrait régaler le public de Carson City d’un nouveau KO spectaculaire qu’on se repassera tout plein de fois sur Youtube. Une fois de plus, son combat contre Pedro Campa semble programmé pour ça. On attend d’ailleurs de la part de PBC que le Californien déjà vainqueur de 27 combats professionnels affronte enfin un boxeur qu’il ne soit pas censé fumer comme un saumon. (Résultat : Lee a gagné, mais par décision et sans briller)
- On attendait que Kenshiro « The Amazing Boy » Teraji tente d’ajouter à ses titres WBA super et WBC des mi-mouches la ceinture WBO détenue par Jonathan Gonzalez. Las, le Portoricain est forfait pour une pneumonie, ce qui donne une chance mondiale incroyablement précoce à l’Américain Anthony Olascuaga, dont l’improbable surnom est « La Princesse », vainqueur de ses 6 combats professionnels à date. Le mur devrait s’avérer trop haut et Teraji livrer un nouveau récital offensif en s’imposant vers la mi-combat. (Résultat : KO9, on n’était pas loin.)
- Le double champion super plume Shakur Stevenson monte chez les légers. Bien qu’invaincu, son premier adversaire en légers Shuichiro Yoshino devrait lui permettre une acclimatation tranquille. Si Stevenson décide d’abréger les débats il devrait s’en avérer capable ; je mets une pièce sur un succès aux alentours du 8e round sans exclure qu’il remporte les 12 reprises d’un combat guère passionnant. (Résultat: Shakur a payé de sa personne et bouclé l’affaire en 6 rounds)
- Enfin, après une année 2022 dédiée à faire visiter le tapis à des glorieux vétérans super mouches (Carlos Cuadras et Srisaket Sor Rungvisai, rien que ça), le môme américain Jesse « Bam » Rodriguez redescend en mouches pour tenter de s’emparer du titre vacant WBO. On sait peu de choses de son adversaire Christian « Chicharito » Gonzalez et l’expérience a appris à se méfier des boxeurs mexicains inconnus, cela dit le gaucher Bam est l’un des plus purs talents de la boxe mondiale et devrait le prouver une nouvelle fois avant la limite. (Résultat : décision et mâchoire cassée pour Bam.)
- Rubrique « Alléluia » : quantité d’observateurs autorisés affirment que l’unification des 4 titres majeurs en welters aura lieu le 17 juin prochain. On parle bien sûr d’un combat opposant les Américains invaincus Errol Spence Jr et Terence Crawford, qui auront accompli le tour de force de nous laisser mariner presque aussi longtemps que Floyd Mayweather Jr et Manny Pacquiao avant eux. Crawford a déjà émis un tweet ambigu, reléguant la rumeur au rang de poisson d’avril. Toujours est-il que son camarade chez Golden Boy Promotions Alexis Rocha, souvent cité comme son prochain challenger, boxera finalement Anthony Young le 27 mai. L’autre argument accréditant l’hypothèse d’un combat le 17 juin est que la date tombe en plein Hellfest, ce qui me rendra rigoureusement incapable de voir le combat en direct. Forcément. Tout reste possible dans ce sketch à répétition, cela dit les colporteurs de la nouvelle affirment également qu’elle devrait être officialisée le 22 avril prochain à l’occasion de Gervonta Davis vs Ryan Garcia. Si c’est bien le cas, je n’y croirai définitivement qu’une fois les deux hommes sur le ring et les premiers marrons échangés. Il est donc bien trop tôt pour émettre le moindre pronostic.

- Le dernier succès de Tim Tszyu sur Tony Harrison fut assez convaincant pour rendre franchement intéressant sur le papier un combat de l’Australien face au champion incontesté des 154 livres Jermell Charlo, dont la date prévisionnelle était estimée avant l’été. Las, après Fulton vs Inoue, Teraji vs Gonzalez et Ortiz vs Stanionis (pour ne rien dire du comique navrant de Fury vs Usyk) la mode est définitivement aux reports : l’Américain aura besoin d’un délai supplémentaire pour soigner sa main et l’on évoque désormais le mois de septembre pour sa défense de titres contre le fils du « Thunder fron Down Under » Kostya Tszyu.
- L’Anglais Amir Khan est le prototype du boxeur dont la carrière fut respectable alors que sa personnalité et certaines circonstances rendirent le public particulièrement sévère à son égard. En super légers, le vice-champion olympique d’Athènes vainquit le fantôme de Marco Antonio Barrera puis l’expérimenté Andrey Kotelnik pour le titre WBA, défit Paulie Malignaggi à New York, remporta une formidable guerre contre Marcos Maidana et empocha une seconde ceinture contre Zab Judah. En welters, s’il échoua à conquérir un titre mondial, il accrocha à son tableau de chasse le bagarreur Julio Diaz, le toujours coriace Luis Collazo et un Chris Algieri guère battu que par Pacquiao avant lui. Rien d’indigne dit ainsi, pourtant le public garde essentiellement en tête ses violentes rencontres de pantin désarticulé avec le tapis lorsque le crochet gauche d’un Danny Garcia dominé jusque-là ou les droites mahousses de Breidis Prescott et Canelo Alvarez – il avait monté de deux catégories pour le défier – brisèrent son menton en porcelaine de Chine. On lui reprocha aussi d’avoir manifestement cherché la sortie contre Terence Crawford, oubliant le courage dont il avait su faire preuve contre Maidana, et montré des limites techniques contre Lamont Peterson, certes illégalement chargé à la testostérone, dès lors qu’on l’empêchait de tourner en utilisant sa vitesse de bras. Mais le pire du dossier à charge contre « King Khan » était à chercher dans ses incessantes déclarations à la presse une fois monté à 147 livres, s’estimant mériter un superfight contre Floyd Mayweather ou Manny Pacquiao sans l’avoir démontré sur le ring, un refrain vite devenu aussi prévisible que fatigant. L’ultime chapitre de sa carrière risque fort de faire définitivement basculer le regard des fans : on ne parle même plus de la parodie de baston à l’EHPAD que fut son ultime combat perdu contre Kell Brook mais des résultats des tests antidopage réalisés dans la foulée. Khan a reconnu avoir été contrôlé positif à l’ostarine. Il n’est certes pas le premier de sa génération à finir rattrapé par la patrouille. Chez les seuls boxeurs britanniques, on notera les noms de Tyson et Hughie Fury (nandrolone), Kell Brook (cocaïne), Conor Benn (clomiphene), Dillian Whyte (dianabol) et Billy Joe Saunders (oxilofrine), soit au total une fameuse armoire à pharmacie. Mais dans le cas d’Amir Khan on tient sans doute ici la cerise sur le gâteau : l’Histoire ne sera guère clémente avec lui.
- Minute « fanboy » : mon chouchou toutes catégories confondues Subriel Matias étrennerait son titre IBF des super légers à domicile. En sous-carte, son compatriote portoricain Emmanuel Rodriguez tenterait de reprendre le titre IBF des coqs abandonné par Naoya Inoue contre le Nicaraguayen Melvin Lopez. Une chose est certaine, il faudra une copieuse paire de cojones pour défier Matias à San Juan.
Le MMA va bien, merci pour lui (G.M.) /
- Francis N’Gannou dans l’impasse. Le géant camerounais rencontre quelques déconvenues depuis sa sortie fracassante du roaster de l’UFC. Le boss de l’organisation Dana White lui avait pourtant préparé un contrat en or, mais qui refusait notamment à N’Gannou la possibilité de se tester en boxe anglaise. Après des mois de tergiversation, l’UFC a pris la décision de se libérer de son contrat le plus grand poids lourd de l’histoire, quitte à se priver du choc pourtant annoncé contre le GOAT Jon Jones. Mais depuis, ça se complique pour le Spartacus du MMA, qui voit ses chances de monter sur un ring d’anglaise se réduire à peau de chagrin à mesure que ses adversaires potentiels lui tournent le dos. Le lunatique Tyson Fury a transformé leur projet commun d’un combat hybride mi-boxe anglaise/mi MMA en poisson d’avril, l’annonce d’un choc potentiel avec Deontay Wilder sur le territoire africain n’a pas dépassé le quart d’heure d’agitation sur les réseaux sociaux, et on ne voit pas ce qu’aurait actuellement à gagner un Anthony Joshua ou un Oleksander Usyk à se frotter au punch terrifiant du Predator. Chez les poids-lourds, un seul coup peut mettre fin aux débats, et il ne faut pas sous-estimer la pusillanimité des promoteurs du noble art quand il s’agit de procéder au calcul coûts/avantages. Selon toutes vraisemblances, une signature au PFL, l’organisation qui monte mais encore plusieurs longueurs de bassins derrière l’UFC, devrait-être la prochaine étape pour lui. Pas l’issue la plus bandulatoire du monde donc pour N’Gannou, et Internet ne se prive pas de lui rappeler depuis quelques semaines, après avoir plutôt suivi sa démarche. Un retour de hype qui serait orchestré par l’UFC que ça serait pas surprenant : Dana White ne prend pas un non pour une réponse, et il aurait tout à gagner à faire revenir N’Gannou par la petite porte. Pour mémoire, N’Gannou avait aussi demandé en échange de son renouvellement de contrat l’instauration d’une assurance maladie pour les combattants de l’UFC, ainsi que l’augmentation de salaire pour l’ensemble du roaster. Disons-le clairement, c’est plus important qu’un combat contre Jon Jones. La gauche est en manque d’hommes forts, en voici un. N’Gannou président.
- Séquence « Antoine passe une tête » : Les Américains appellent ça « avoir le numéro d’un adversaire », ce qui signifie savoir lire son style et disposer des parfaits outils pour en venir à bout, peu importe qu’on soit réputé moins complet sur le papier, et jusqu’à hier soir c’est bien ce qui semblait caractériser le fort peu expressif Brésilien Alex Pereira à l’heure d’affronter sa victime favorite, le Néozélandais d’origine nigériane Israel Adesanya. Que ce fût sur un ring de pieds-poings ou dans l’octogone de l’UFC, « Poatan » se faisait une joie de briser de ses pesantes patounes les espérances du « Stylebender ». Quantité d’exemples comparables piochés dans la riche histoire des sports de combat prouvent qu’il est foutrement difficile de se défaire de l’emprise technique et psychologique que crée une série de défaites contre un même adversaire. N’est pas Juan Manuel Marquez qui veut – on se rappelle comment il se vengea enfin de son tourmenteur philippin Manny Pacquiao, certes jamais vainqueur par KO. « Styles make fights ». Le regretté Vernon Forrest savait pertinemment qu’il était 100 fois meilleur boxeur que son némésis Ricardo Mayorga – lequel n’en était pas moins au courant quand il lui colla deux grosses têtes. Bref, le scénario de cette revanche au format MMA était écrit : une fois de plus, Adesanya brillerait de mille feux avant de se faire cueillir par la faucheuse de São Bernardo do Campo plus sûrement que l’entrepreneur candide par les URSSAF. Dieu sait qu’en travailleur talentueux et scrupuleux Adesanya avait bossé son sujet. Agressif au cours du premier round, il varia les angles et les frappes, montrant une fois de plus l’étendue de sa palette technique. Côté champion des poids moyens, le plan de vol était clair : entamer de nouveau la mobilité d’Adesanya pour le mettre à portée de frappes lourdes des deux mains. Quantité de low kicks furent ainsi échangés dans les 5 premières minutes. Pereira sembla alors parvenir à ses fins plus rapidement que lors de son succès de novembre dernier, capable dès la seconde reprise de coincer Adesanya dos à la cage. C’est là que l’amateur de boxe anglaise aura noté l’absence totale de souci défensif dans les combos agressifs délivrés à la chaîne par Pereira, tout entier occupé à son entreprise de démolition, les deux pieds bien plantés à mi-distance – soit lui-même en plein champ de tir. N’excluons pas qu’Adesanya ait préparé son affaire : c’est souvent dans les pires zones de turbulences que les meilleurs combattants savent aller saisir les opportunités. Deux bonnes droites de forain plus tard, l’affaire état réglée, Pereira retrouvait les brumes familières de la cachaça et Adesanya pouvait se laisser aller à une célébration pas spécialement sobre : avoir son numéro est une chose, conclure à chaque rencard en est une autre. On imagine une trilogie inévitable, et c’est tant mieux.

- Rubrique « le spécialiste reprend la main » : Israel Adesanya contre Alex Pereira, ça aurait pu faire un très bon film du Jean-Claude Van Damme de la fin des années 80: le héros qui bat tout le monde, sauf le méchant échappé des enfers. Et comme lorsque se rapprochait l’heure de la confrontation finale dans les films de notre Belge aux pieds agiles, on aurait souhaité à Izzy de se trouver ailleurs à l’instant T. On ne parle de physionomie pure ici : Pereira est ÉNORME pour la catégorie des moyens, increvable comme un envoyé de Skynet, et possède des semelles de plombs en guise de mains. Bref, une créature des anciens temps égaré dans notre époque pour pétrifier les gens terrifiants, qui plus est déjà tombeur d’Adesanaya par trois fois. Les deux premières en kickboxing, et la dernière en MMA, avec un KO qui lui a coûté la ceinture il y a 4 mois à peine. Izzy ne partait donc pas vraiment en territoire conquis, mais le Stylebender a choisi de faire exactement l’inverse de ce que l’instinct de survie recommande par avis de tempête. À savoir, prendre le vent de face à couilles rabattues. Adesanya est allé chercher le combat, avançait sur Pereira comme s’il n’avait jamais goûté à son crochet gauche, et ne le laissait jamais prendre de l’espace. Le dernier à avoir fait ça avec Poatan s’appelle Artem Vakhitov, et ça lui avait permis de remporter la décision pour l’ultime combat du brésilien en kickboxing. Adesanaya a manifestement pris des notes, mais fait mieux. Il attend de se retrouver dos à la cage pour mettre son bourreau dans ses petits souliers et lui infliger un violent KO au deuxième round avec deux contres en overhand sans doute bien répétés. Pour Izzy, c’est une soirée historique : non seulement il a terrassé son Minautore, mais en faisant tout ce que la prudence élémentaire lui commandait d’éviter. La preuve qu’il n’y a rien qui ne fasse moins rêver qu’un champion sans défaites : Adesanya n’a pas le palmarès immaculé d’un Khabib, mais vient de cimenter le storytelling le plus excitant du roaster UFC. Quand à Pereira, on lui souhaite de meilleurs lendemains que celui-là, mais on ne se fait bizarrement pas trop de soucis pour lui. L’homme a le mental insubmersible, et il devrait demeurer la cause de nombreuses frayeurs dans la catégorie des mi-lourds, vers laquelle il semble destiné à monter.