Le site (A.F.) /
- @gants2boxe, un jeune acolyte rencontré sur Instagram, fait ses premières armes de blogueur pugilistique à l’adresse www.gants2boxe.wordpress.com et il aura pour ligne éditoriale d’ouvrir ses colonnes à des plumes amies. Ce sera par exemple l’occasion de lire des billets de Vincent Sarlat, que les habitués de la chaîne Youtube du Cap’tain Crochet connaissent sous le surnom de « Vincent l’historien ». Pour marquer le coup j’ai écrit pour ce site un papier consacré à un boxeur que vous savez cher à mon coeur, Marvelous Marvin Hagler. Le sujet n’est pas tout à fait nouveau pour les habitués de 130livres.com : on trouve ici un article en deux volets consacré au temps où le divin chauve ferrailla avec les terreurs de Philadelphie et un hommage écrit deux jours après son décès, l’émotion à peine retombée. J’ai adopté cette fois un angle différent en m’attachant à la relation très particulière qui unissait le champion unifié des poids moyens à ses manager et entraîneur Pat et Goody Petronelli. Allez donc y jeter un œil, ainsi qu’au reste du site, le web francophone des amateurs de boxe a tout à gagner à diversifier ses adresses.

- Ah, oui, à part ça pas de nouveau papier sur le site cette semaine (air connu).
Il est temps de rallumer la littérature (A.F.) /
- On achète moins de livres en 2023 qu’en 2022 : le constat est partagé par l’Observatoire de la Librairie (-2,75% en volume) et Edistat (-0,75%). Le phénomène serait imputable au climat social, à l’inflation et à la guerre en Ukraine. Notons cependant que les prix des livres ont augmenté, répercutant notamment la hausse du prix des matières premières, et que le même marché a augmenté en valeur selon les deux organismes, respectivement de 0,1 et 2,9%. Les clients des librairies sont des gens formidables.
- La chaîne Youtube Told in stone affirme que seule une part minime de l’œuvre des auteurs antiques est parvenue jusqu’à nous. En cause, l’incendie (involontaire) de la Bibliothèque d’Alexandrie par les troupes de Jules César lors de la guerre l’opposant à Pompée et surtout le caractère éminemment périssable des rouleaux de papyrus. Si ça tombe, Virgile, Aristophane, Homère et Pétrone étaient les Musso, Levy, Grimaldi et Dicker de leur époque. Avouez que ce serait rigolo.

- Selon Le Figaro, la SCAM (pour Société Civile des Auteurs Multimédia, formidable sigle pour les anglophones) et la SGDL (Société des Gens de Lettres) ont révélé cette semaine l’actuel niveau de rémunération des auteurs de littérature générale rapporté au montant auquel un livre est vendu. Il s’agit en moyenne de 8,2% pour un livre papier et 11% pour le format numérique, sachant que les cas où les intéressés doivent insister pour percevoir ladite rémunération ne sont pas rares (46% déclarent avoir rencontré des difficultés pour se faire payer). De quoi se plaignent-ils, d’ailleurs ? C’est pire côté BD (7% du prix de vente) ou livre jeunesse (6%). Et pour plus de la moitié des auteurs (53%), des programmes de parution surchargés auront justifié des retards dans la publication de leurs écrits. Heureusement que 67% d’entre eux déclarent exercer une autre profession. On respire.
- Le 5 avril prochain, Grasset publiera Vivre nu, de Margaux Cassan. « Le cœur du naturisme, c’est toujours la Nature. C’est elle qu’on vient rencontrer, toucher, sentir. Les pieds nus qui s’abîment sur les rochers. L’herbe jaunie qui griffe les chevilles. Le soleil brûlant qui tombe sur le nombril à midi. L’eau qui file sur les seins et suit les lignes de l’aine que le moustique viendra piquer dans la nuit. La brise du soir qui sèche les cheveux encore humides et caresse le dos.
J’ai choisi, comme 2,5 millions de Français, d’adopter un mode de vie différent. »
- D’après le Laboratoire d’innovation des humanités numériques de l’Université nationale d’enseignement à distance espagnole, entre 2001 à 2021 le Colombien Gabriel García Márquez est devenu l’auteur de langue espagnole le plus traduit au monde devant sa majesté Miguel de Cervantes. Une occasion de rappeler ici que j’ai échoué à lire Cent ans de solitude jusqu’à la fin.
- Sensitivity reading, suite : le Telegraph confirme que la maison Harper Collins a fait modifier les textes d’Agatha Christie publiés depuis 2020, Hercule Poirot et Miss Marple en tête, visant principalement les descriptions, insultes et références ethniques. Je crois qu’on arrive à court de blagues sur le sujet alors que la purge n’en est qu’à son début.
- Réjouissons-nous, mes frères et soeurs, le grand méchant Vincent Bolloré vend Editis. L’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky est entré en négociations exclusives avec Vivendi. Tiens, ce dernier vient de porter à 25% sa participation au capital de Fnac-Darty, le plus grand réseau de ventes de livres en France. Jusqu’où ira l’amour du pluralisme et des belles lettres ?
- Le festival Quais du Polar s’achève aujourd’hui à Lyon. Cette 19e édition aura eu ceci de remarquable qu’une fois encore je n’y aurai pas participé.
Le cinéma est mort, la preuve : il respire encore (G.M.) /
- On ne juge pas un livre à sa couverture : ça s’applique partout, y compris au cinéma. Sur la devanture, Je verrai toujours vos visages aligne tous les motifs de provoquer une pluie de tomates sur le porche du CNC. Comment ça ?! Un film sur la justice restaurative (concept consistant à faire dialoguer victimes et auteurs d’une infraction pour restaurer le lien social) réalisé par la fille de Julien Clerc et Miou-Miou et sponsorisé par France Inter ? Ça sent le truc d’islamo-gauchiste/caviar produit avec l’argent de nos impôts pour extorquer l’avance sur recettes. Sauf que non, ma bonne dame. Jeanne Herry n’est pas là pour donner des raisons d’avoir tort à Pierre Bourdieu, mais pour faire du cinéma, du vrai. Comme Pupille avec le milieu des assistantes sociales et des familles d’accueil, elle filme ses auxiliaires de justice comme d’autres mettent en scène des flics ou des militaires. A savoir des gens qui font quelque chose d’important, et qui réunissent des compétences très spécifiques pour le faire bien. En l’occurrence, l’art de créer les conditions d’un dialogue salvateur entre deux catégories de population habitués depuis à se regarder en chien de faïence. L’enjeu de la justice restaurative devient un problème de cinéma à part entière : comment créer à l’écran le dispositif d’un échange qui encourage personnages et spectateurs à mettre de côté les automatismes d’une justice coercitive ? A l’exception d’une conclusion un chouia trop pressée de courir dans l’utopie de son concept, Je verrai toujours vos visages ne verse ni dans l’angélisme ni dans la facilité ; et encore moins dans le prêt-à-filmer documentaire plus soucieux de faire « vrai » que de faire du cinéma. Herry instaure un espace de parole sacré et salvateur dans lequel le public est invité à revoir ses certitudes pour panser ses plaies avec les personnages. Pour créer de nouvelles formes narratives, il faut ouvrir son regard sur les choses. En cela, Je verrai toujours vos visages renvoie au récent Pour la France de Rachid Hami, qui cassait lui aussi le cercle de la vengeance pour déblayer les horizons d’un être-ensemble sortant l’espèce de son impasse. On vit quand même une époque formidable, pour peu qu’on ne s’attarde pas que sur ce qui était mieux avant.

- Une pétition signée par Elon Musk et autres têtes de gondoles de la Silicon Valley appelle à un moratoire de six mois sur le développement des Intelligences Artificielles. Leur argument : elles évoluent trop vite pour nos petites capacités à l’absorber, il faut appuyer sur la pédale de frein avant que la situation ne nous échappe. Si on est en droit de soupçonner la part d’opportunisme inhérente aux pyromanes qui sortent la lance à incendie après avoir mis le feu au voisinage, on ne boudera pas notre satisfaction ici. C’est un fait, le cerveau du chasseur-cueilleur n’a évolué que de façon très marginale depuis une dizaine de millions d’années, soit une vitesse sensiblement plus réduite que celle des IA qui ne veulent pas encore notre mort. Même Tom Cruise l’a dit : l’époque est ralentissement, et Top Gun : Maverick ne peut pas avoir tort. Sauf erreur, ça serait bien la première fois que l’humanité tombe d’accord pour faire mentir le dicton et arrêter le progrès. Objectivement, la démarche a autant de chances d’aboutir en l’état que Terrence Crawford vs Errol Spence jr, mais le fait même de mettre la question sur la table a quelque chose de rassurant.
Ce qui reste de la boxe anglaise (A.F.) /
- La nouvelle est tombée un 1er avril et n’a hélas rien d’une (mauvaise) blague : Ken Buchanan n’est plus. Âgé de 77 ans et frappé par la démence du boxeur, il avait fait la fierté de ses compatriotes, lui l’enfant d’Edimbourg, dans une Écosse où la capitale de la boxe est Glasgow. Tordant le cou aux stéréotypes locaux, « The fighting carpenter » fut un poids léger élégant et technique ; il ne renia cependant jamais son identité, arborant sur les rings un short à carreaux écossais traditionnels comme un Josh Taylor après lui. Buchanan voyagea beaucoup en carrière et affronta pléthore d’adversaires de talent, champion du monde à Puerto Rico en battant le favori et futur membre du Hall of Fame Ismael Laguna, vainqueur de la revanche face au Panaméen au Madison Square Garden, défait par le jeune compatriote de Laguna Roberto Duran neuf mois plus tard au même endroit, certes après un un indiscutable coup bas, envoyant à la retraite la légende portoricaine Carlos Ortiz, toujours à New York, espérant en vain que Duran honore sa promesse d’une revanche puis reprenant le titre britannique au futur champion du monde Jim Watt à Glasgow, remportant et défendant la ceinture européenne en Italie, en France et au Danemark, et battu d’une courte tête au Japon par Guts Ishimatsu en tentant de récupérer la ceinture WBC. Statufié à Edimbourg et chevalier de l’Empire Britannique, il fut intronisé au Hall of Fame en 2000.
- À propos de la chaîne du Cap’tain Crochet, j’y ai dit hier soir en direct que je comprenais la démarche d’Anthony Joshua de choisir un adversaire accessible après ses deux revers contre Olexandr Usyk, en l’occurrence l’Américain Jermaine Franklin, mais que je ne regarderais pas le combat. Pour connaître un peu les deux sujets, les promesses des fans de boxe ont tout de celles des ivrognes : je me suis bien connecté à DAZN à l’heure du main event de la soirée proposée à l’O2 Arena de Londres. J’avais gardé une tendresse particulière pour Anthony Joshua de la formidable soirée vécue en 2017 grâce à mon épouse dans le Stade de Wembley, lorsqu’il se releva du tapis au 6e round pour arrêter le vigoureux revenant Wlad Klitschko au 11e. « Et si ce combat-là était un nouveau départ ? » me dis-je. Et si le choix d’un nouvel entraîneur, Derrick James, était l’occasion de faire table rase des traumatismes vécus face à Ruiz et Usyk ? Et si l’attentisme de Joshua dans les premiers rounds résultait d’un choix tactique plutôt que d’une franche timidité ? Et si c’était moi et moi seul qui lui trouvait un regard perdu pendant les minutes de repos ? Et si sa raideur et la facilité avec laquelle le plus court Franklin parvenait à le toucher correspondait juste à une rouille bien compréhensible ? Et si la faculté de Franklin à encaisser les droites d’AJ à partir de la mi-combat était due à un menton formidable plutôt qu’à un refus d’AJ de bien poser ses appuis ? Et si l’Anglais était moins fautif que Franklin dans tous les accrochages qui encombrèrent la fin du combat, malgré les coups irréguliers qu’il passa en lui tenant la tête ? Et s’il avait eu une bonne raison de chercher des crosses à son adversaire lors du sketch navrant d’après l’ultime coup de gong ? Euh… et s’il ressemblait de plus en plus à Frank Bruno après ses premiers KOs subis en carrière, finalement ? Et si j’étais quand même un tout petit peu benêt ?

- Une fois annoncée sa victoire par décision unanime, Anthony Joshua défia donc le champion WBC Tyson Fury, pour un combat qui aurait eu une formidable signification historique quand ils détenaient à eux deux les 4 ceintures majeures des poids lourds. À supposer que Fury s’empresse de signer un combat contre la version d’hier soir d’Anthony Joshua plutôt que contre Olexandr Usyk, je ne sais pas qui du fou rire ou du chagrin m’emmènera aux Urgences hospitalières les plus proches.
- Plus enthousiasmante que la sortie d’Anthony Joshua, la démonstration du nouveau champion WBO des plumes Robeisy Ramirez eut de quoi emballer le public de Tulsa (Oklahoma). Le double médaillé d’orolympique cubain n’avait pas exactement entamé sa carrière professionnelle en fanfare, concédant une défaite aux points à un premier adversaire anonyme. On avait ricané. 12 combats plus tard, plus personne ne rigole : la fausse garde Ramirez a fini par ajuster sa virtuosité de boxeur amateur à sa plus rêche opposition d’aujourd’hui. Contre le bagarreur galonné Isaac Dogboe, la gestuelle d’apparence décontractée du Cubain eut de quoi dérouter, mais la vitesse de ses contres du gauche données en cross ou en uppercut lui valut d’inscrire un knockdown dès la deuxième reprise contre un adversaire en déséquilibre. Le jeu de jambes de Ramirez est un bonheur de puriste, sa vitesse de bras un motif d’admiration. On l’imaginait contrarié par la pression du Ghanéen et embarqué dans un combat de ruelle obscure. Las, Dogboe ne sait pas vraiment couper le ring et il fut surclassé dans l’essentiel des échanges. Les trois autres champions du monde à 126 livres Mauricio Lara, Rey Vargas et Luis Alberto Lopez sont mexicains partagent un goût certain pour la castagne (l’Américain Brandon Figueroa qui détient la ceinture WBC par intérim également), et Ramirez affirme aujourd’hui être partant pour les défier tous. Alors que Mauricio Lara accordera sa revanche à Leigh Wood pour le titre WBA en juin prochain (« Timbeeer ! », peut-on crier d’avance), la catégorie des plumes redeviendra peut-être sous peu l’une des plus excitantes qui soient.
- Et puis la bonne passe de la boxe professionnelle tricolore se confirme après les succès la semaine dernière de Christian Mbili et Milan Prat. Le champion de France des poids mi-lourds Daniel Dos Santos est en effet devenu champion de l’Union Européenne en l’emportant par décision face à l’Allemand Tom Dzemski, qui boxait à domicile. S’imposer outre-Rhin dans un vrai pays de boxe n’est jamais une mince affaire, et le Picard dut à une seconde moitié de combat à sens unique d’éteindre le moindre doute dans l’esprit des juges. À 32 ans, le Picard s’est mis en disponibilité de son emploi de chauffeur-livreur pour jouer pleinement sa chance chez les professionnels. Un genre de succès qui ne fait pas les gros titres mais satisfait franchement ceux qui savent la dureté et l’ingratitude de ces choix de vie-là.
Le MMA va bien, merci pour lui (G.M.) /
- Pour Fernand Lopez, coach/manager/promoteur/podcaster/ sapologue émérite, le purgatoire s’aménage de permissions de sortie. Le colonel Moutarde du MMA français s’est vu discerner cette semaine le titre de « Coach de l’année » par La Sueur, média numéro uno du calcio hexagonal des cages octogonales et des mitaines de 4 onces. Média qui, on le rappelle, anime un podcast hebdomadaire avec l’intéressé. Celui-ci s’y est notamment livré à un spectaculaire acte de contrition mode passif/agressif après la défaite de Cyril Gane contre Jon Jones, façon Will Smith recevant son oscar après avoir fait trembler la joue de Chris Rock. Forcément, dans le monde formidablement binaire des réseaux sociaux, les Pour applaudissent en répondant qu’il ne faut pas voir le mal et le conflit d’intérêt partout. Les contre, eux ont purement et simplement décidé d’arrêter le cas -pourtant pas avare de mérite- de Lopez à la déconvenue de son poulain à Las Vegas. Bref, tout cela est aussi futile que tout à fait divertissant, surtout quand le trublion Cédric Doumbé – ancien champion du monde pieds-poings, aspirant de la même chose en MMA et némésis médiatique de Lopez – s’en mêle. C’est quand même vachement plus rigolo que la réforme des retraites et le 49.3.
- La semaine prochaine verra le surdoué Israel Adesanya tenter de récupérer sa ceinture à l’UFC 287 face au Baba-Yaga brésilien Alex Pereira, terreur de la catégorie des poids moyens et bête noire du Kiwi qu’il a déjà battu par trois fois. On dit jamais deux sans trois, et on croise les doigts que la quatrième soit la bonne pour Izzy. Pereira, c’est l’archange aux pieds de plombs qui revient couper les ailes d’Adesanya à chaque fois que l’altitude semble préserver le Stylebender du plancher des vaches. Le Minotaure qui se cache dans les recoins du labyrinthe pour pointer le bout de sa queue quand la route semble dégagée. Le rocher qui refuse à Sisyphe un répit bien mérité au sommet de la montagne. Bref, c’est l’un des arcs narratifs les plus palpitants de tout le roaster UFC, machine à storytelling bien plus efficace que Marvel pour produire du blockbuster qui ne rigole pas avec ses univers étendus. Le corps de Pereira répondant de plus en plus mal au cutting ultra-agressif enduré pour atteindre la limite des -84kg, la montée de catégorie semble de toutes façons aussi imminente qu’inéluctable pour « Poatan ». Un happy-end ne ferait donc (pas trop) de mal à personne.

Message à l’intention de Frédéric Roux que j’ai déjà aperçu dans la section commentaires : Est-il prévu que « Mille et une reprise » reçoive encore des mises à jour ? Je pense notamment à l’absence d’Usyk et Inoue.
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Je lui avais dit toute ma tristesse de ne pas avoir lu d’entrée sur Wilfredo Gomez… mais le bouquin représente 5 années de travail et je crois que pour l’heure c’est une page qu’il veut tourner.
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