Le site /
- Dans l’édition précédente, j’évoquais deux articles en préparation et suggérais leur imminente publication. Force est de constater que sont bien parus cette semaine des billets sur À ceux qui ont tout perdu, saisissant premier roman d’Avril Bénard, et le très réussi nouveau polar de DOA intitulé Rétiaire(s). J’avoue que je n’étais moi-même pas tout à fait convaincu de ma propre fiabilité.

- Qu’on se rassure toutefois : je n’ai rigoureusement rien dans les tuyaux pour la semaine qui vient.
Les auteurs /
- On a beaucoup comparé les mérites de Michel Houellebecq à ceux d’Annie Ernaux lors des semaines qui précédèrent et suivirent l’attribution du dernier Prix Nobel de littérature. Nous pouvons ajouter au dossier qu’ils auront marqué de manières fort différentes l’histoire du septième art. Si le Houellebecq acteur était connu, en particulier pour ses piges chez Guillaume Nicloux ou Kenvern et Délépine, il semblerait qu’il lorgne désormais vers les accomplissements d’un Rocco Siffredi. On l’annonce ainsi en mars prochain à l’affiche de KIRAC 27, film « semi-porno » hollandais réalisé par Stefan Ruitenbeek. L’auteur d’anéantir y annulerait son projet de voyage de noces au Maroc par “peur qu’il soit kidnappé par des extrémistes musulmans” ; au lieu d’entreprendre la tournée des prostituées du royaume chérifien arrangée par sa femme (sic), il se rabattrait donc sur des volontaires d’Amsterdam. Pour une raison assez confuse, la bande annonce tout à fait dispensable de cet opus suit un accouchement avant d’obliquer vers l’anecdote du voyage de noces, puis de montrer MH au lit en compagnie d’une jeune femme tatouée et ravie d’être là. Les voir se rouler un patin ne met pas spécialement à l’aise (ni en appétit pour s’infliger la version intégrale). Reste l’image passablement rigolote d’un Houellebecq en pyjama. Je m’en contenterai.

- Pour les Oprah Winfrey qui s’ignorent ou se réfrènent, le Ministère de la Culture et le Centre National du Livre mettent en ligne un guide facilitant la création de clubs de lecture. Une règle d’or : « moins le cadre du club sera contraint, plus vous fidéliserez les membres du club ». C’est plus sérieux, d’un coup, non ? Je devais me faire pardonner d’avoir causé film cracra dans un billet consacré à l’actualité des belles lettres.
- Si vous aimez entendre (bien) parler des livres et habitez Paris, gardez donc un oeil sur la programmation des soirées Parcours littéraires au Théâtre L’étoile du nord, animées par Charlotte Milandri. Il était question hier soir d’écriture radicale dans une discussion intitulée « Peut-on écrire sur tout ? ». Ceux qui ont lu les billets du présent site consacrés à l’œuvre de Gabrielle Wittkop peuvent imaginer ce qu’eût été ma réponse ; je fais confiance aux auteurs de talent que sont Julie Estève, Agnès Vannouvong, Nicolas Houguet et Christophe Perruchas pour avoir dit la même chose, mais en mieux. Laissons la parole à l’ami Houguet, auteur de L’Albatros et du très beau blog éponyme, pour vous en convaincre :
On parle d’écriture, on parle de ce qu’elle représente, des points de vue auxquels elle incite à se convertir, à ces autres vies que la nôtre qui nous attendent dans les pages. Aux fous. Aux silences et aux tabous qu’on doit briser. Aux automatismes et aux certitudes que la littérature peut contredire. Aux frontières entre les genres qui deviennent floues. A la vérité qui, souvent, va puiser son courage et son ampleur dans la fiction pour se donner à ressentir. La littérature qui est belle quand elle ose exploser les normes. Quand elle célèbre ceux dont on ne parle pas. Quand elle invente une réalité à la mesure d’une sensibilité. Quand elle réinterprète le monde avec une voix, un style, une musique. Cette envie de tout écrire en interrogeant chacun nos obsessions, la densité de nos vies. La poésie qui surgit là où on ne l’attend pas toujours. Le sourire aussi.
- Actualité des belles lettres toujours : dans le mois qui vient, le Parquet National Financier pourrait reprocher à François Fillon d’avoir payé en tant qu’assistant parlementaire le prête-plume chargé d’écrire Faire, son livre-programme paru en 2015. Non, rien.
Les puncheurs /
- Après le tonitruant Taylor vs Serrano de l’an passé, le Madison Square Garden a vécu hier une nouvelle trépidante soirée principalement consacrée aux dames. Défaite aux points par Taylor dans sa tentative de s’emparer du titre unifié des poids légers, Amanda Serrano s’est consolée en unifiant les quatre titres majeurs chez les plumes, s’imposant par décision contre Erica Cruz. Le combat s’inscrivit dignement dans la grande tradition pugilistique des guerres entre Mexique et Puerto Rico ; bien que dotée d’une technique assez frustre, Cruz montra une énergie et un goût pour les crochets larges rappelant ses homologues mexicains chez les garçons. Elle maintint la pression 12 rounds durant face à une Serrano qu’on aurait attendue un peu plus en contrôle et qui finit marquée. La bonne nouvelle de la soirée est qu’une revanche contre Katie Taylor est désormais programmée pour mai prochain à Dublin : on parle de Croke Park et ses 82000 places… L’histoire de la boxe féminine continue à s’écrire sur le plus beau des papiers.

- Si Alycia Baumgardner s’est imposée dans le co-main event à l’affiche du Garden, la Française Elhem Mekhaled n’a pas à rougir de sa défaite aux points. En faisant abstraction de pointages bien trop larges en sa défaveur, elle aura globalement fait jeu égal avec la désormais championne incontestée des super plumes, ne concédant ce revers logique qu’à cause d’un troisième round qui aurait pu être le dernier : elle y visita le tapis à deux reprises. Le reste du temps, elle montra que sa droite contenait un venin appréciable et que son endurance était largement au niveau d’une championne dans le dur sur la fin. Gageons qu’on reverra la Parisienne Mekhaled au plus haut niveau.
- La poudre a sacrément parlé hier soir à Glendale (Californie), où le Mexicain Emanuel Navarrete affrontait l’Australien Liam Wilson pour le titre WBO vacant des super plumes. Tel son compatriote Daniel Zaragoza opposé à Paul Banke, Navarrete a bien failli se faire surprendre par un adversaire a priori bien inférieur, mais doté d’un méchant crochet gauche. On connaît la générosité de l’ancien champion du monde des super coqs et plumes, fameux pour la profusion d’enchaînements puissants au corps et à la face qu’il distribue à une cadence de M-60. Reste qu’à garder sa main droite aussi basse, il dégusta une bien mauvaise praline au quatrième round, usant de toute son expérience pour faire durer le compte vingt bonnes secondes alors qu’il se relevait péniblement – le bougre s’y entend en cracher de protège-dents… Wilson peut s’estimer floué, toujours est-il qu’il paya comptant son outrance jusqu’à la 9e reprise et un judicieux arrêt de l’arbitre Chris Flores. Un combat de Navarrete n’est JAMAIS ennuyeux, et la confrontation annoncée avec Oscar Valdez ne devrait pas faire exception – je mettrais le cas échéant une pièce ou deux sur le crochet gauche de Valdez…
- Ceux qui suivent les Chroniques du Cap’tain Crochet savent combien le bonhomme est fan d’Arturo « Thunder » Gatti, l’un de ces boxeurs qui donna absolument tout – et sans doute un peu trop – entre les douze cordes. Avec la voix de Canal + Christian Delcourt, il nous a invités pour repasser la carrière de l’Italo-canadien. On y a pris un plaisir certain et j’espère que ce sera votre cas :
- Très contrarié par sa défaite aux Jeux Olympiques, le poids lourd français Mourad « White Lion » Aliev continue à passer ses nerfs sur ses adversaires en professionnels. Pour son 7eme succès en autant de combats, il a triomphé par KO de l’Allemand Ali Kiydin qui boxait à domicile et affichait un palmarès honnête de 16 victoires – certes acquis contre quantité de chauffeurs de taxis d’outre-Rhin – pour une défaite.