Le site /
- Un nouvel article depuis la dernière édition, une récension du très profond et méconnu La plage de Scheveningen de Paul Gadenne, qui m’a valu depuis de rencontrer Stéphane Bernard, le fondateur des Éditions des instants. Parmi les dix premières publications de sa maison fondée l’an passée, le premier tome des Carnets de Gadenne, entamés pour ses vingt ans, l’occasion de constater qu’il fut un talent précoce en plus d’un authentique graphomane – au moins quatre autres tomes devraient s’ajouter à ces premières 485 pages.

Les auteurs /
- Reporté pour cause de Covid, le festival biennal America dédié à la littérature deS AmériqueS s’est bien tenu cette année à Vincennes, et j’ai pu y passer une tête vendredi. L’occasion de gonfler sa pile à lire de nouveaux parpaings ricains, de boire des coups avec d’autres amoureux des belles lettres d’outre-Atlantique, d’obtenir une dédicace de ses auteurs favoris du Nouveau Monde et parfois même de prêter attention au contenu des nombreuses conférences, masterclasses et tables rondes. Un must. Je garderai un excellent souvenir de la séquence intitulée Narco-America, au titre suffisamment évocateur, l’occasion d’entendre s’exprimer l’auteur de Six Jours Ryan Gattis, dont le dernier opus Le Système démonte un par un les rouages d’un système judiciaire inique au possible. J’avoue cependant avoir encore préféré la conférence suivante, intitulée « Noir mais pas trop » où il fut question de l’identité afro-américaine. Si aucun des auteurs présents, dont le lauréat du National Book Award 2021 Jason Mott, n’éluda le sujet central, chacun s’appliqua avec plus d’humour que de colère à raccrocher l’expérience de son protagoniste à des thématiques plus universelles que différencialistes comme la création artistique, la réussite individuelle ou la face toxique de l’amitié. Ce que je pris, un peu naïvement peut-être, pour un signe d’apaisement.

- Réjouissons-nous des festivals de l’automne comme on danse sur un volcan : le prix du papier devrait bientôt faire du livre un authentique produit de luxe. Alors que Monsieur Toussaint Louverture a d’ores et déjà annoncé que les réimpressions de La Maison des Feuilles seraient facturées plus cher qu’a l’origine, le groupe sud-africain Sappi a annoncé de nouvelles augmentations pour octobre. On parle de 6 à 9%. Oui, j’ai moi aussi appris l’existence dudit groupe cette semaine, et oui, l’affaire est un brin angoissante vu qu’on parle d’environ un quart du coût de fabrication d’un livre. Bah, vu comme ils se gavent aujourd’hui on pourra toujours rogner sur la part des auteurs (*soupir*).
- Amnesty International soutiendra très officiellement l’équipe du Danemark contre celle de la France lors du match les opposant ce soir à Copenhague. Raison invoquée : le peu d’empressement des stars tricolores à dénoncer les quelques menus manquements à l’éthique dans la préparation de la Coupe du Monde à venir. Quel rapport avec les bouquins, me demanderez-vous (à raison) ? Et bien il me tarde qu’une ONG me dise quels bouquins acheter en fonction de l’enthousiasme de leurs auteurs à affirmer que la guerre, c’est mal, et la faim dans le monde, c’est pas bien. À nul doute, de tels conseils éclaireraient mon existence de lecteur… le pire étant qu’on y va tout droit.
- Délai de fabrication du journal oblige, il m’arrive de devoir lire des bouquins au format .pdf adressé par les éditeurs, en particulier lorsqu’ils n’ont pas encore été imprimés. Le vieil iPad souffreteux qui me faisait office de liseuse ayant rendu son dernier souffle, je me suis renseigné sur la compatibilité des eBooks disponibles à ce format. Apparemment, même en convertissant les fichiers en question à d’autres standards (l’application Calibre recueille beaucoup de suffrages), le résultat n’est guère convaincant. Je vais donc continuer à me brûler les rétines sur tablette. Ça craint. Merci de votre attention.
Les puncheurs /
- Il va falloir commencer à prendre en considération les chances qu’a l’Anglais Joe Joyce de se hisser au firmament des poids lourds. Certes le garçon n’est pas tout à fait une ballerine ni un feu follet, et sa propension à avaler consciencieusement les droites adverses doit faire très peur à ses proches. Mais Joyce a pour lui les 120 kg qu’il met dans ses frappes, une propulsion de sous-marin atomique – comptez sur lui pour rester très actif 12 rounds durant – et un menton jamais vu depuis George Chuvalo. Le Néo-zélandais Joseph Parker, ex-champion WBO jamais mis KO jusque-là, en fit les frais hier soir à Manchester. Il boxa constamment sur le pied arrière, tentant d’échapper aux assauts mécaniques de son massif adversaire, et s’usa la main droite en contres plongeants qui éraflèrent à peine la pommette de Joyce. Pendant 11 rounds, le valeureux Parker pris une fameuse dérouillée, jusqu’au crochet gauche au timing parfait qui fit de sa mise hors d’état de nuire un candidat crédible au titre de KO de l’année. Qui battra Joe Joyce, désormais invaincu en 15 combats professionnels ? Sans doute Olexander Usyk et Tyson Fury ont-ils les armes techniques pour lui danser autour tout en marquant des points, quant à Deontay Wilder le choc inévitable entre da droite de forgeron et le crâne inhumainement dense du « Juggernaut » est peut-être l’expérience la plus intrigante que pourrait proposer la boxe contemporaine.

- Également au programme du week-end, un Shakur Stevenson dépouillé de ses deux ceintures des super plumes faute d’avoir fait les 130 livres a ajouté un nouveau scalp de valeur à son jeune palmarès, celui du champion olympique brésilien Robson Conceicao. Pas réputé comme puncheur, le gaucher américain boxant à domicile a pourtant fait étalage de la précision et du venin contenu dans son bras arrière en pilonnant son adversaire au corps jusqu’à obtenir un knockdown douloureux. Si le garçon n’est pas le plus exemplaire des champions en dehors du ring, sa sûreté technique et sa vitesse de bras en font l’une des attractions du moment. De futures confrontations avec les cadors des poids légers Devin Haney, Gervonta Davis ou Vasyl Lomachenko ont de quoi allécher les fans.
- Toujours ce week-end, le retraité Floyd Mayweather Jr. a mis une grosse tête à un Japonais spécialiste de MMA, ce dont tout amateur de noble art est fondé à se tamponner complètement.
- Pour cause de 20 ans de mariage, j’ai donc loupé Canelo vs GGG III, ce dont j’ai tendance à me féliciter (oui, pour le mariage aussi). Si ce combat apporta aux connaisseurs son lot de satisfactions techniques, son intensité demeura à mille lieues des deux épisodes précédents. Un Gennady Golovkin plus précautionneux qu’à son habitude misa sans succès sur les deniers rounds pour faire la différence ; on peut aussi imaginer que le quadragénaire souhaitait s’éviter un trauma crânien. Quant à Saul Alvarez, il a confirmé que sa boxe avait sensiblement régressé depuis les poids moyens. Habitué à compter ses efforts en avançant sur des adversaires timorés et réciter des enchaînements basiques à base de gauche à la tête et droite au corps, il a perdu sa faculté à surprendre en contre et varier les attaques. Vitesse et punch semblent aussi un tantinet émoussés. Il faut rendre justice au rouquin de Guadalajara, très actif ces dernières années : le corps se remet difficilement d’un tel nombre de camps d’entraînements en si peu de temps. Sa blessure au poignet lui impose une longue coupure. Espérons qu’il en profite pour rouvrir son impressionnante boîte à outils. Sa marge sur l’élite de la concurrence à 168 livres n’est plus aussi criante qu’auparavant, pour ne pas parler des mi-lourds.
Tu m’auras fait découvrir Paul Gadenne.
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Et ça fait ma joie !
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