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Tous les cinq ans, la résurrection médiatique de Nicolas Dupont-Aignan nous rappelle l’existence de l’Essonne, sans que l’on soit guère capable de placer Yerres ou Longjumeau sur une carte pour autant. Et que dire de son sud profond, une terre sise au bout du RER C, ni complètement Île-de-France ni déjà la province, plus tout à fait urbaine sans être vraiment rurale ? De sa sous-préfecture Étampes, « aux confins de l’agglomération parisienne et des grandes plaines de Beauce » selon Wikipédia, on ricane moins que de Versailles et ses royalistes en Barbour ou de Melun immortalisée par Chevallier et Laspalès. Personne ne parle d’Étampes, à vrai dire. Sauf Abel Quentin. C’est donc sans surprise qu’on aura appris l’attribution du volontiers subversif Prix de Flore à son second roman Le voyant d’Étampes : en avoir fait mention dans son titre relève en soi de la subversion pure. Et que dire du rapprochement entre le nom de cette cité tranquille, que Victor Hugo résuma à une « grosse tour entrevue à droite dans le crépuscule au-dessus des toits d’une longue rue », et le scandale secouant l’intelligentsia hexagonale dont il est question dans le roman ? Carrément punk, oui.
Goguenardise blasée contre enthousiasme juvénile
Un qualificatif qui ne sied plus vraiment à Jean Roscoff, comme lui-même en conviendrait, bien qu’il reste désespérément fan de Motörhead. Plus que tout, le bonhomme se sent largué. C’est que ce professeur d’Histoire alcoolique de 65 ans fait désormais beaucoup pipi et rêve de reconquérir Agnès, l’épouse consultante en stratégie qui finit par le larguer. Roscoff vit coincé entre ses souvenirs flatteurs de progressiste des années 80 et les assauts rhétoriques de jeunes woke très sûrs d’eux qui le considèrent comme un antagoniste fossile. Dont Jeanne, patronne de start-up, la nouvelle compagne de sa fille Léonie. Cette dernière conserve un enthousiasme juvénile aux antipodes de la goguenardise blasée de son daron malgré une identique propension à l’échec – imaginez que son bullshit job du moment la contraint à habiter Pontoise.
Jeanne n’avait pas marché.
Ce que signifiait sa colère rentrée, je ne le comprendrais que plus tard, après l’Affaire. Ce que Jeanne voulait dire en m’accusant de « confisquer la voix » de ceux que nous défendions, je le sais aujourd’hui, à présent que je suis éveillé (woke, comme ils disent) : elle en avait marre des alliés qui demandaient des médailles, elle en avait marre de la componction des mâles blancs autosatisfaits, elle en avait marre des hommes qui voulaient être félicités parce qu’ils n’attrapent pas les femmes par la chatte, qui voudraient être applaudis parce qu’ils ont battu le pavé avec un ami noir il y a trente ans de cela, elle en avait marre de la masculinité toxique des vieux soixante-huitards, elle en avait marre du paternalisme de gauche, elle en avait marre des filles à papa et peut-être en avait-elle déjà marre de Léonie, qui me regardait comme si j’étais Gilles Deleuze ou Roland Barthes alors que j’étais un vieux soiffard guignolesque.
Retraité de fraîche date, Jean reprend son projet de biographie du poète américain Robert Willow, qui mourut encastré dans un platane en bord de départementale essonnienne au début des Sixties. Jazzman à ses heures, Willow avait été chassé des États-Unis par un maccarthysme prompt à flairer le crypto-bolchévique puis désavoué par les communistes germanopratins zélateurs de Jean-Paul Sartre ( « les normaliens de la rue Bonaparte« ) pour son obstination à dénoncer leur sectarisme et préférer écrire des vers d’inspiration médiévale que dénoncer les méfaits du capitalisme. Loin du Quartier Latin, Willow choisit donc de se retirer dans un pavillon à Étampes, « petite ville sillonnée de canaux, assoupie depuis un demi-millénaire ». Roscoff s’y rend dans le cadre de ses recherches : une agence Stéphane Plaza proposant ladite demeure à la vente, il peut ainsi la visiter.
Vers l’hégémonie culturelle à la sauce Canal Plus
Autour de lui, on l’encourage. Agnès, tout en froideur pragmatique et appliquée à « réussir son divorce ». Son meilleur copain Marc, connu au régiment à Montélimar, devenu cadre du PS et avocat presque aussi honteux que fortuné. Son éditeur Paulin Michel, qui publie à perte avec un soin maniaque des essais sur la poésie. Son père, nonagénaire à l’ancienne expert des joutes nautiques de Sète. Nicole, la secrétaire dévouée de son département à Paris VIII, admirable phare dans la tempête qu’est l’inexorable clochardisation de l’université. Tous portent un regard bienveillant sur le nouveau travail de Roscoff, n’ignorant pas qu’il dut supporter durant un quart de siècle le fardeau d’un ratage aussi cruel que spectaculaire. Censé le consacrer comme éminent spécialiste du communisme nord-américain, le livre qu’il écrivit en défense des époux Rosenberg fut publié juste avant qu’on établît définitivement leur culpabilité… La biographie de Willow a ainsi valeur d’exorcisme.
Je poussais jusqu’à l’Hôtel de Ville, regardais les danseurs de rue. Je fixais, plus longtemps qu’il est raisonnable, un type qui faisait des bulles géantes : il remballa son matos, vaguement mal à l’aise. L’air était bien entamé, Paris une fournaise malodorante. Je reluquais un peu les filles ; le va-et-vient du marteau-piqueur m’avait un peu dérangé l’esprit. Le demi-siècle qui s’était écoulé n’avait pas complètement tué en moi le collégien priapique. Il lui arrivait de bouger encore. Depuis quelque temps, j’avais développé une prédilection pour les touristes japonaises en mode cyberpunk, avec minishirts en vinyl, rangers et cheveux verts. Elles me rappelaient les filles de l’espace qui me faisaient triquer, ado, dans les premiers numéros de Métal Hurlant. J’imaginais coucher avec une de ces Martiennes : ce devait être une expérience unique. Comment les aborder ? Certes, j’étais seul, et totalement libre. Du temps de mon mariage, combien de fois m’étais-je représenté le carton que je ne manquerais pas de faire si on relâchait le tigre ? À présent que j’avais toute latitude pour multiplier les partenaires, je dus faire face à une réalité moins enchanteresse. Le jeune dandy à crinière n’était plus. Quelques vestiges perpétuaient son souvenir : lippe charnue, sourcils épais et regard bleu horizon. Pour le reste, je ne me faisais pas d’illusions. J’étais un sexagénaire aux jambes maigres, avec une bedaine ; morphologiquement, je ressemblais à un poulet-bicyclette. Il ne me restait guère plus qu’une niche, celle des étudiantes en lettres modernes désireuses de scandaliser leur monde en se mettant à la colle avec un vieux, voire de se laisser prendre au charme sophistiqués d’un cheval de retour aux airs de droopy neurasthénique (le genre qui en pincent pour Woody Allen).
Comme le laissait imaginer l’ésotérisme de son sujet, le bouquin fait un flop. Mais au soir de sa présentation dans un repère parisien des belles lettres progressistes, un participant lui reproche d’avoir occulté la couleur de peau de l’Afro-américain Robert Willow. Roscoff rétorque que le fait d’être noir ne l’a pas structuré comme individu et qu’il a justement rejeté l’injonction sartrienne de raconter sa négritude. D’autres parmi les gens de gauche ne seront pas de son avis, qui considèrent Willow comme un racisé avant tout. Ainsi, l’auteur d’un papier de blog au succès inattendu, sérieux sur la forme et manipulateur sur le fond, qui l’accuse d’appropriation culturelle. Jeanne, toujours compagne de sa fille, embraye inévitablement. Autant de réactions qui provoquent chez Roscoff une introspection approfondie à propos de son antique engagement dans l’antiracisme, mélange de réaction au discours de son père, de foi sincère en l’égalité et d’aspiration à un confort – voire un magistère – moral. Mais aussi une envie d’appartenance à un mouvement étudiant aussi avide de baise que de de justice sociale, et une certaine forme d’opportunisme. Bien vite, l’antiracisme deviendra en effet un levier efficace d’ascension en politique sur fond d’hégémonie culturelle à la sauce Canal Plus.
La poésie de Charles Péguy chargeant les éoliennes beauceronnes
Aussi perplexe que désemparé, Roscoff choisit de ne pas se défendre, mais les usages modernes d’internet font pléthore de petits au premier papier de blog. Point d’orgue de la promotion de son livre, un colloque à Paris VIII est annulé. Dérogeant (mal) à sa stratégie, Jean se procure des soutiens douteux, tel une sorte de Gilbert Collard très actif sur Twitter. La mécanique est implacable : dans sa supposée famille politique, on l’accuse illico d’être un fasciste. Exilé loin de la controverse et sans internet dans la maison de campagne de Marc, il réfléchit à une mise en contexte de son livre. Pendant ce temps-là, la polémique enfle dans les médias. On profère autant de contre-vérités sur lui que sur Willow, voire sur son traducteur… blanc. Roscoff décide de rompre son isolement. Les pendants fictionnels d’Alain Badiou et Rockaya Diallo se prononcent immanquablement sur l’affaire, y plaquant leurs schémas préférentiels inadaptés. Arrive le jour où l’on tague la boîte aux lettres de notre plus-si-paisible retraité.
Après tout, les dernières décennies de mon existence seraient peut-être les plus réussies. J’avais pris goût à l’écriture et me sentais les capacités de m’engager hardiment dans la création littéraire. Après ce livre, j’écrirais un roman noir avec un personnage de détective maigre et paranoïaque, inspiré de l’archiviste du Havre. Il y aurait des filles qui passeraient leur temps à se plaindre de la chaleur et des poursuites en grosses cylindrées. Bientôt débarrassé de la question sexuelle (j’ai dit que j’étais, de ce point de vue, engagé sur la voie d’un déclin lent mais irréversible), je partagerais mon temps entre la littérature et une passion artisanale, la cuisine peut-être, mon corps et mon esprit seraient enfin réunis dans une harmonie paisible, je serais un vieillard chic avec des chemises à col Mao en cotonnade et des pantalons en lin, le type vieux libertaire rayonnant, à qui les rides vont bien parce qu’elles lui donnent un air de vieux pirate, un vieux libertaire qui semble accueillir chaque nouvelle étape de l’existence dans un grand éclat de rire, peut-être même que je ne serais pas totalement débarrassé de la question sexuelle et que je baisouillerais, de temps à autre, avec une compagne. Il n’est pas exclu que j’aie été, pendant ces quelques semaines d’écriture, heureux.
Abel Quentin rend compte de ses déboires d’une plume élégante, souple et rythmée comme il faut. Le monsieur a lu son Houellebecq : l’expression du héros de son Voyant d’Étampes est truffée de « un peu », « assez », « raisonnablement », « enfin », il envisage sans guère d’effroi d’être « débarrassé de la question sexuelle », sa recherche du bon mot est une constante, il n’hésite guère à placer des noms de marques, etc. On pourrait évoquer un Houellebecq revivifié par l’énergie du jeune auteur mais privé de sa profondeur mélancolique, encore que l’image saugrenue d’un Charles Péguy chargeant des éoliennes beauceronnes recèle une indéniable poésie. Abel Quentin procède à quantité d’énumérations pour qualifier un groupe, une ambiance, une époque ou un lieu donné. Il restitue fort bien la teneur des commentaires en ligne ordinaires qui nourrissent les polémiques d’aujourd’hui. On peut toutefois regretter le trop grand nombre de coquilles, la faute incombant plutôt à son éditeur (place « handicapée », « socle » de charrue, parquet « pointe » de Hongrie, « toute » le bureau parisien, « binouse » avec un s…), un problème peut-être résolu à la faveur des réimpressions.
Le bateau ivre de Paris VIII
Sur le fond, l’auteur dresse un tableau juste et fouillé de l’évolution des idées réputées progressistes depuis 1968, en se concentrant sur les milieux intellectuels. Ni son âge ni ce que l’on devine de sa sensibilité politique n’en font un témoin de première main des phénomènes historiques rapportés par Jean Roscoff, mais son travail ne manque ni de nuance, ni d’une certaine tendresse pour ceux qui voulaient changer le monde voire y aspirent toujours. Ladite tendresse se perçoit en particulier derrière les descriptions acides du bateau ivre qu’est devenu Paris VIII. Abel Quentin redonne au personnage de Julien Dray une importance historique qu’ignorent sans doute ceux pour qui il se résume à un amateur de belles montres et de visioconférences en contreplongée. Succédant au chaos fondateur des années 70, l’aventure de SOS Racisme, triomphante au début des années Mitterrand puis en proie à divers compromissions et loopings idéologiques au nom du « tout sauf les fachos » depuis l’affaire de Creil, est ici fort bien retracée. Devenus des caciques, les ex-jeunes idéalistes de l’époque se sont peu à peu abandonnés au matérialisme tout en redoublant de zèle sur de moins coûteuses questions de société.
L’air sombre, trois étudiants veillaient jalousement sur leur malheur. Je reconnaissais l’un d’eux, militant à la Fédération syndicale étudiante, petit bonhomme acnéique que j’avais eu dans un de mes amphis – un genre de festivalier rennais dont la mise (casquette de marin et keffieh palestinien) trahissait une double allégeance au Hamas et au mouvement autonomiste breton.
– Bonjour, m’sieur Roscoff !
Il m’avait toujours eu à la bonne, persuadé d’avoir affaire à un compatriote finistérien. Je lui faisais un petit signe de la main. J’avais appris d’un ancien collègue qu’une banderole « MORT AUX BLANCS » avait été suspendue à côté du centre de documentation, la semaine dernière, ainsi qu’un très créatif « CALIFAT AUTOGÉRÉ. INTERNATIONALE ISLAMO-SITUATIONNISTE. » Vraisemblablement, ce n’était pas l’œuvre de migrants soudanais. Savaient-ils seulement ce que l’on écrivait en leur nom ? D’un côté, le festivalier et ses copains apportaient à ces hommes qui n’avaient rien une aide indiscutable. De l’autre côté, ils les utilisaient pour régler des comptes avec eux-mêmes : c’était de l’abus de faiblesse.
Ils ont crée une génération de « jeunes commissaires du peuple » qui se retournent désormais contre ceux qu’ils considèrent comme des « vieux jouisseurs duplices ». Dans le panorama de l’antiracisme contemporain livré par Abel Quentin, rien ne nous est épargné du nouveau catéchisme woke ou « éveilliste » : TERF, intersectionnalité, inclusivité, racisme systémique, personnes racisées, privilège blanc, fragilité blanche elle aussi, appropriation culturelle… autant de concepts et néologismes désormais répandus, pas toujours absurdes pris individuellement mais ô combien difficiles à assembler en un tout cohérent. Les paradoxes abondent ; le moindre n’est pas de hiérarchiser les luttes jusqu’à accepter le virilisme et l’homophobie parfois promus chez les racisés. Le jusqu’au-boutisme idéologique de certains justifie aujourd’hui le parallèle avec l’éveil des consciences prôné par les Maoïstes d’autrefois, grisés par la quête périlleuse d’une pureté absolue des idées. Quant à l’universalisme issu des Lumières, il est au mieux considéré avec méfiance dès lors qu’il permet toujours aux vieux mâles blancs et roublards de tenir le crachoir du progressisme. À croire qu’ils font désormais un ennemi plus honni encore que le grand capital lui-même.
Hommage aux renégats
En narrant les mésaventures de Jean Roscoff, Abel Quentin fournit un effort louable pour décortiquer et expliciter le fonctionnement psychologique du militantisme de progrès et la guerre que se livrent aujourd’hui ses Anciens et ses Modernes. Un épisode de plus, en somme, dans la lutte consubstantielle à la gauche « entre les traîtres et les crétins » que théorisa Philippe Val. L’exercice pourrait n’être que didactique, voire un poil longuet, si l’auteur ne prenait pas ses distances vis-à-vis des deux factions pour s’attacher au personnage de Robert Willow. On sent l’admiration sincère qu’il éprouve pour cet homme libre avant tout, qui décida de ses propres combats et refusa chapelles et assignations identitaires de toute sorte, de la doxa de la bourgeoisie noire de Washington D.C. à celle des communistes français de l’après guerre. Pour choisir Étampes, il fallait être un sacré mec. Et derrière la figure fictionnelle de Robert Willow, Abel Quentin rend hommage aux renégats bien réels que furent Jean Cau et James Baldwin, et clame la supériorité de Péguy et Camus sur les purs idéologues de leur temps.
Pour me réchauffer le cœur, Paulin Michel organisa ce qu’il appela pompeusement un « apéro de lancement » au Lézard enragé, un bar militant présenté comme un haut lieu de l’édition alternative. Le rade était situé à deux pas de chez moi, non loin du canal de l’Ourcq. Sur le petit flyer collé sur la vitrine, mon patronyme avait été orthographié avec un seul « f ». J’écartai les grelots du porte-rideau. Le tintement perlé se prolongea quelques secondes après mon passage, le nombre exact de secondes qui furent nécessaires pour opérer une rapide revue des forces en présence : trois tables dépareillées, le double de fauteuils de théâtre défoncés et un zinc éclairé par des ampoules à filament. Il y avait une petite faune louche et mal attifée. Paulin Michel fit les présentations. Thomas fut le premier à me tendre la main. C’était un grand bonhomme efflanqué, avec des yeux ivoire marbrés de veinules rouges. Les dents du haut pourries étaient découvertes par un sourire qui dévoilait une imbécilité complète, irrémédiable, une nuit de l’esprit plus déchirante que la cécité d’un aveugle en ce qu’elle le rendait complètement absent au monde, tout en lui conférant une espèce de noblesse. La deuxième était une naine qui s’appelait Élodie. Perchée sur un tabouret de bar qu’elle avait dû escalader au prix de quelque périlleuse varappe, elle tenait entre ses mains une bière – un peu comme un homme de haute taille eût tenu un seau. Son visage était chiffonné comme un fruit sec. Mounir était une armoire à glace, qui manipulait un torchon sale. Ses mains énormes auraient probablement pu faire éclater la tête de la naine aussi facilement qu’une noix, mais il la couvait du regard avec le regard respectueux et veule d’un gros mastiff. Près de l’unique fenêtre, une dame âgée poussait un Caddie où s’entassaient de vieux classeurs. Emmaillottée dans quatre ou cinq couches de vêtements, elle ressemblait à la Dame Ginette des Visiteurs ; elle se présenta comme une poétesse et précisa crânement qu’elle avait connu bibliquement T.S. Eliot. C’était mon peuple, les miens, pensais-je, légèrement ému et effrayé. J’apprendrais à les aimer.
Au-delà de pointer les dérives du débat public contemporain, Le voyant d’Étampes pose ainsi un regard corrosif mais empathique sur la difficile entreprise de rendre la société meilleure, préférant manifestement les démarches individuelles accomplies aux chausse-trappes des élans collectifs. Ses 379 pages s’avèrent étonnamment digestes par la grâce d’un humour omniprésent – un ou deux passages m’ont littéralement arraché des larmes de rire. Et puis je dois à Abel Quentin LA phrase la plus marquante de la rentrée de septembre 2021 :
Je déjeunai d’une pizza Regina, fébrile.