Le site /
- Semaine américaine sur 130 livres, avec des papiers sur Doctor Sleep, l’adaptation casse-gueule et raisonnablement réussie de la suite de The Shining, et La frontière, de Don Winslow, ultime volet d’un triptyque monumental consacré aux cartels des narcotrafiquants mexicains.
- Rien à ajouter de particulier, ce coup-ci. N’insistez pas, je suis fatigué.
Les auteurs /
- Point n’est besoin de s’étendre à nouveau sur le sujet : la soirée de remise du Prix Polar des blogueurs prévue le 31/10 fut annulée suite aux événements que l’on sait – je m’adresse ici aux 3 lecteurs réguliers du présent site. Il était injuste que l’on fût ainsi privé d’un digne prétexte pour aller boire des coups ; aussi une poignée de résistants convint-elle d’organiser un contre-événement ce soir-là. Lequel eut lieu chez Jean-Claude, rue Vandamme, preuve que l’on peut concilier l’amour des belles lettres avec celui des plus éminents philosophes wallons. À vrai dire, il ne fut pas question que de littérature au sein de la joyeuse bande, puisque la vertu d’un aimable barman pubescent baptisé « Le gamin » se retrouva rapidement au centre des préoccupations. Précision utile : ma contribution principale au rassemblement fut l’apport de l’unique chromosome Y de la tablée. De quoi tenter de me faire tout petit et bien tendre l’oreille, tel l’anthropologue sous couverture. Le résultat fut édifiant : souvent dépeintes comme des amatrices de chats, thé vert et bougies parfumées, ces dames savent rigoler, quand bien même aucune d’entre elles ne connaissait déjà plus de la moitié de l’assistance. Question lettres, on partagea deux ou trois histoires d’alcôves au sein du landerneau germanopratin qui manquèrent de me faire tomber de ma chaise. Du juteux. Je fus aussi gratifié du passionnant témoignage d’une ancienne élève du cerveau derrière les éditions Monsieur Toussaint Louverture, personnage aussi hermétique que fascinant. Qu’importe s’il ne vient pas multiplier les hi-five au Salon du livre, tant que ses textes et traductions restent d’un niveau à ce point stratosphérique. Je suis et resterai une groupie du Monsieur. À propos de groupies, Nicolas Mathieu semblait jouir d’une popularité certaine parmi les participantes. Qu’il soit remercié pour le regain de réputation dont bénéficient grâce à lui les quadras barbus à lunettes – je dis ça, c’est pour un ami.
- Une majorité des présent(e)s salua son succès au Goncourt 2018, attendu que Le lambeau avait été écarté de la sélection pour des motifs estimés, à juste raison, rigoureusement imbitables (et ce, quoiqu’en eût dit la punk de la bande). Quel opus mériterait de succéder à Leurs enfants après eux, s’interrogea-t-on ? Le ghetto intérieur, de Santiago Amigorena, absent de la dernière liste au grand dam de bien des blogueurs estimables, tenait ici la corde en dépit de son thème plutôt conventionnel. Mais deux plaidoyers convaincants pour À la ligne, de Joseph Pontus, et La Maison, d’Emma Becker, méritent également une mention. Hors catégorie, on cita aussi Le chant de l’assassin, du britannique RJ Ellory, dont il faut rappeler qu’il fut privé, aux côtés de Mattias Köping pour la France, de la remise du prix Polar « étranger » prévu ce soir-là. De mon côté, je glissai discrètement que j’aurais voté Sérotonine (#Thuglife). Amigorena aurait mérité ce Goncourt 2019, soit. Mais qui l’emportera ? Pour tout le monde, le Caterpillar marketing au service de Soif, d’Amélie Nothomb, devrait tout balayer sur son passage. Seul le Jean-Paul Dubois ferait figure de challenger crédible. L’hypermnésique à chapeau serait-elle alors une vainqueure estimable ? Une partipante facétieuse prit un plaisir non feint à scander une phrase choisie du texte favori, au sens incertain, mais où il était indéniablement question de pipi. J’héritai de son exemplaire de l’ouvrage, et pourrai ainsi me faire une idée plus large de la cohérence du bazar. On se sépara à une heure raisonnable, et raisonnablement imbibés. Le rôle de – grosse – petite souris observant un tel gynécée ne m’avait pas déplu. Et puis, plutôt que chats, thé vert et bougies parfumées, j’ai aussi pu causer heavy metal. Bref : la soirée a un goût de revenez-y. J’espère que ma couverture n’est pas grillée : j’ai dit à tout le monde que je m’appelais Patricia.
Les puncheurs /
- La nuit pugilistique du 2 novembre 2019 fut de celles qui auraient fait crier « Timber » aux amateurs de bucheronnage, tant les carcasses s’y abattirent avec fracas. D’abord, en tête d’affiche du meeting de Carson, quand le champion WBC des super-plumes Miguel Berchelt expédia l’infortuné Jason Sosa après 4 rounds d’un tabassage en règle. Le Portoricain en avait tenu 9 contre Vasyl Lomachenko il y a 2 ans et demi, mais il faut croire que Berchelt impose une toute autre violence à ses adversaires. Son allonge, sa frappe précise et puissante des deux mains et sa capacité à enchaîner les combos en font un cauchemar absolu à 130 livres. Las, comme Lomachenko ou Gervonta Davis, il est aujourd’hui sous contrat avec le promoteur Top Rank, ce qui réduit les chances de voir s’affronter ces trois cadors à court terme… Et frustre à l’évidence tout amateur avide d’affiches d’importance. Managé autrement, gageons que le Mexicain serait l’une des stars du noble art contemporain. Contre Lomachenko comme face à Davis, et contrairement à beaucoup, je parierais sur lui.
- En sous-carte de Canelo vs Kovalev, Ryan « The Flash » Garcia, fraîchement libéré de son appareil dentaire, franchissait un cap dans sa jeune carrière en affrontant le dangereux cogneur Philippin Romero Duno. L’idole d’Instagram à gueule d’ange assumerait-il son statut d’étoile montante de la boxe face à un adversaire enfin susceptible de rendre les coups ? En un mot : Oui. Et en 98 secondes, s’il vous plaît. Le temps de contrer Duno à chaque tentative d’approche, du long de sa remarquable allonge de poids léger, puis finir le travail d’un 1-2 d’école, bouclé sur un terrible crochet gauche à la tempe d’un adversaire déséquilibré. Implacable et très, très impressionnant, de la part d’un crédible futur prétendant à une chance mondiale.
- Le main event de la réunion se fit désirer, la faute au choix absurde du diffuseur DAZN d’attendre la fin de l’UFC 244 retransmise en simultané, mais ce combat opposant Canelo Alvarez à Sergey Kovalev tint toutes ses promesses tactiques. Le Russe redoutait le travail au corps du challenger, et s’employa à tourner en distribuant abondamment son jab du gauche, tout en se protégeant le foie du coude droit. De son côté, Canelo gardait les mains hautes, avançant pour palier une allonge inférieure, et se dispensait du jab : seul importaient les coups puissants, souvent donnés seuls, notamment le large crochet gauche expédié par dessus la main droite basse de Kovalev. Il fut très vite évident que « Krusher » cherchait à remporter des rounds en s’exposant le moins possible, sacrifiant la puissance de ses coups à la mobilité. Étrange spectacle que celui du puncheur mi-lourd évitant l’épreuve de force contre un novice dans la catégorie.
- Le temps jouait contre l’homme de 36 ans, marqué par les durs affrontements de ces trois dernières années contre André Ward, Eleider Alvarez et Anthony Yarde. À la mi-combat, ses déplacements se firent moins vifs, alors que Canelo commençait à enchaîner les coups. Kovalev tiendrait-il jusqu’à la décision ? Le round 9, clairement passé en pertes et profits par un Canelo préparant l’assaut final, aurait pu le laisser supposer. Mais il reprit sa froide marche en avant à la reprise suivante. Au 11eme, deux coups au but déstabilisèrent un Kovalev cherchant clairement un second souffle, et un nouveau crochet gauche appuyé le fit valser dans les cordes. Le parfait missile du droit qui s’ensuivit, attrapant la pointe du menton, ne laissa aucun doute à l’arbitre sur la capacité du Russe démantibulé à s’en relever : l’arrêt qui s’ensuivit fut d’une indiscutable sagesse. Après un combat planifié et executé à la perfection, Canelo remporta ainsi une ceinture mondiale dans une 4e catégorie de poids – il en détient toujours aujourd’hui dans 3 d’entre elles. Le patron de la boxe mondiale aurait sûrement plus fort à faire contre les autres champions mi-lourds, voire les super-moyens Callum Smith ou David Benavidez, mais il vient de s’assurer pour de bon une place de choix dans le gotha de son sport.