Le site /
- Cette semaine de rentrée, deux publications sur 130 livres : la présentation d’un podcast consacré à Miguel Cotto auquel participa votre serviteur, et la célébration des 30 ans du colossal live à Seattle de Metallica.
- J’arrive à un moment critique de la vie de ce blog, puisque la mémoire disponible sur WordPress à mon niveau d’abonnement est quasi épuisée. Les fichiers audio des chroniques occupent l’essentiel des gigas impartis. Bien que je prenne un certain plaisir à les enregistrer, je reste assez convaincu que peu de monde en fait usage, et aucune statistique ne m’est fournie là-dessus. Ceux qui souhaitent continuer à écouter les choniques sont invités à se manifester. Sinon, il est probable que je lâche ma prometteuse carrière d’ingénieur du son autodidacte.
Les auteurs /
- À la surprise des connaisseurs de la collection, le symbolique numéro 1000 publié chez Rivages noir fut un premier roman, Gravesend, de William Boyle, témoignage du goût jamais démenti du patron historique François Guérif pour la découverte de nouvelles pépites. Publié en 2003, Gravesend est le témoignage mélancolique d’un auteur originaire de Brooklyn et désireux de révéler les pans de son borough toujours préservés de la gentrification galopante. Depuis Gravesend, quartier d’immigrés italiens puis russes de la lower middle class, Manhattan n’est pas loin. Les coins branchés de Park Slope ou Bushwick, non plus. Mais ses habitants partagent un même fatalisme, la certitude qu’ils sont voués à y revenir ou y rester, proche de « l’effroyable douceur d’appartenir » évoquée par Nicolas Mathieu dans Leurs enfants après eux. Conway est d’autant plus piégé dans le quotidien de Gravesend que ses rêves ont cessé à l’adolescence, le jour où son grand frère Duncan fut percuté par une voiture en tentant d’échapper à ses harceleurs. Une bande de petites frappes homophobes cornaquées par Ray Boy, lequel finit d’ailleurs les 16 ans de cabane qu’il récolta alors pour homicide. Le désir de vengeance consume Conway ; seule la mort de Ray Boy pourra l’appaiser. Mais Gravesend s’avère tout sauf un western à l’ancienne : Conway n’a rien d’un tueur à sang froid, alors que Ray Boy, lui, est hanté par ce qu’il a commis et n’envisage que la mort pour l’expier. Autant dire que ces deux-là constituent un attelage de roman noir atypique à souhait. Parmi les ombres familières que croisent les deux protagonistes, l’amour de jeunesse de Conway, Alessandra, a dû interrompre une carrière de second rôle à Hollywood pour s’occuper de son père mourant. Stephanie, l’ancienne copine de lycée d’Alessandra, est restée vierge et engluée dans le cocon gris de Gravesend. Et Eugene, gamin boiteux qui a grandi dans le culte de son taulard d’oncle Ray Boy, rêve de prouver lui aussi qu’il est un dur de dur. En pareil contexte, le happy end est incertain. Au-delà du tango hésitant entre revanche et rédemption, le roman donne une voix au lieu anachronique qu’est devenu Gravesend, où le temps ne s’écoule plus, et à ceux qui le peuplent. À force de phrases sèches, il nimbe son lecteur d’une jolie tristesse froide. Une réussite, donc.
Les puncheurs /
- Attention les yeux : ce soir à l’O2 Arena de Londres, le virtuose ukrainien Vasyl Lomachenko remettra en jeu ses titres mondiaux WBA et WBO des légers et tentera d’y ajouter la ceinture vacante WBC contre l’anglais Luke Campbell. En termes de vitesse et de technique, la marge du gaucher Lomachenko est conséquente. Gageons qu’il prendra tout de même l’anglais au sérieux : Campbell disposera d’un net avantage de taille et d’allonge, et son punch est correct. Si Linares a pu envoyer Lomachenko sur le derrière dans un moment d’inattention de ce dernier, Campbell en a les moyens. En supposant qu’il évite une surprise désagréable, « Hi-tech » sera ensuite renvoyé à la triste réalité de son statut, celle d’un champion largement admiré mais en mal d’adversaire valable pour un authentique superfight, alors qu’il ne rajeunit pas… On imagine que Gervonta Davis ou Mikey Garcia s’intéresseront enfin à lui s’il montre ce soir des signes de déclin.
- En sous-carte de Lomachenko vs Campbell, un duel de lourds en forme de quitte ou double au niveau mondial : le cousin de Tyson Hughie Fury affronte le vétéran russe Alexandr Povetkin. Le vainqueur se positionnera favorablement pour un championnat du monde à venir. Si le quadra Povatkin a encore assez de jus et d’envie, l’affrontement peut en valoir la peine. Fury manque probablement du punch requis pour l’arrêter rapidement, alors que le Russe sera un danger constant tant que ses vieilles jambes le porteront. N’étant pas un inconditionel des dopés récidivistes, je serai clairement pour l’Anglais.
- N’oubliez pas non plus le duel de super-welters pour le titre WBA entre Erislandy Lara et Ramon Alvarez, évoqué la semaine dernière à l’occasion de ma rencontre inopinée avec Michel Soro. En espérant que le vainqueur ne se défile pas à l’heure d’accorder sa chance au champion français… On suivra particulièrement l’état de forme de Lara, qui devrait s’imposer sans trop de difficultés.