Le site
- Deux nouveaux papiers depuis samedi dernier : la nécro du génie des rings Pernell « Sweet Pea » Whitaker, sottement disparu à 55 ans, et la première partie d’une manière d’anthologie des groupes qui ont solidement ancré en moi le goût viscéral du rock chevelu et gras.
- Cette semaine fut aussi celle où je me suis pris par la main pour solliciter un éditeur dont j’ai fait l’éloge de pas mal de pavés, histoire d’intéger la petite baronie des prescripteurs auxquels son SP – pour « Service Presse » – envoie les bouquins à l’oeil. Croyez bien que la démarche fut précédée d’une intense tempête sous un crâne, mais si j’en juge par mon amour féroce de leurs livres que j’ai déjà payés, affirmer que je kifferai les suivants ne deverait pas relever d’une trop vile compromission. À suivre, donc.
Les auteurs
- Au pied du mur pour l’inévitable conseil de lecture de plage, 130 livres vous recommande cette année l’oeuvre de l’ancien complice d’Antoine de Caunes, le docteur ès polar et rock n’roll Laurent Chalumeau. Précisions en premier lieu que l’animal est prodigue de conseils de lecture sur Facebook, et qu’il s’y avère plus fiable qu’une grosse berline allemande. En 2019, je lui dois par exemple la découverte de Richard Morgiève et de son inclassable Le Cherokee. Chalumeau a un goût particulier pour la Côte d’Azur et les intrigues inextricables au milieu desquelles peinent à surnager des individus d’intelligence incertaine, qu’il s’agisse de richards qui se surestiment ou de péquenots qui jouent la chance de leur vie. Son style est celui du vieux briscard qui s’est enfin trouvé et écrit comme ça lui chante, à base d’oralité, de vieil argot de titi parisien et de clins d’oeil appuyés à son lecteur. Omniprésente, la critique sociale a l’élégance de ne prendre le pas ni sur l’histoire, ni sur l’humour. Et ça passe, preuve que le monsieur sait parfaitement ce qu’il fait. À ma gauche, Bonus, l’histoire d’une grosse légume véreuse qui rêve de mettre les voiles pour un lointain paradis fiscal, mais affole quantité d’opportunistes prompts à s’improviser kidnappeurs ou arnaqueurs de haut vol pour arracher leur part du gâteau. À ma droite, Kif, les péripéties que traverse un type à peu près équilibré bombardé gérant de boîte de nuit au pays du FN bronzé, des émirs dépravés en villégiature, des islamistes prosélytes et des petits truands ambitieux. Deux parfaits page-turners de transat où la terre entière finit rhabillée pour des saisons moins clémentes. Ennemis acharnés du premier degré, découvrez enfin votre allié le plus sûr.
Les puncheurs
- Nous autres seniors pouvons bien exulter : la nuit dernière, au MGM Grand de Las Vegas, Manny Pacquiao a vengé Roger Federer. Le philippin de 40 ans a battu l’américain Keith Thurman par décision partagée, pour le titre WBA « super » des poids welters. On avait pris l’habitude de voir « Pacman » vieillir mal, après le KO retentissant subi des mains de Juan Manuel Marquez, l’exhibition sans joie contre Floyd Mayweather, et le risible combat de catch perdu en Australie contre Jeff Horn. C’était oublier à quel point Pacquiao est l’un des plus formidables talents jamais vus sur un ring, pour peu qu’il soit à 100%. Son adversaire du soir était certes diminué par une longue absence des rings pour cause de blessure, dont on avait vu les effets lors de sa besogneuse rentrée de janvier dernier contre le journeyman californien Josesito Lopez. Mais Thurman demeurait un boxeur invaincu de 30 ans, doté d’un avantage appréciable de taille et d’allonge. « One time » fit le choix tactique discutable d’avancer sur Manny en lançant force coups de boutoir imprécis, là où laisser venir « Pacman » et travailler en jab eût semblé plus rationnel. Mais le Philippin mérite jusqu’à la dernière goutte les compliments qui pleuvent sur lui depuis ce matin. Dès la fin du premier round, il sut cueillir Thurman d’un enchaînement jab – gauche au corps – crochet droit à la face qui l’expédia, plus supris que blessé, le cul par terre. La première moitié du combat resta sous l’emprise d’un Pacquiao plus tranchant, qui coupa même son adversaire au 5e round. La cible axiale que lui offrait Thurman était pain bénit. L’Américain eut le mérite d’équilibrer les débats à la mi-combat, marquant de solides droites que sut encaisser Pacquiao, et sur lesquelles il ne sut pas vraiment capitaliser. Pacman l’éprouva de nouveau durement à la 10e reprise, et la décision, bien que serrée, est amplement méritée. Pour Pacquiao, hélas, on peut imaginer que cette superbe victoire ne constituera toujours pas le beau point d’orgue que mérite sa carrière, mais qu’il continuera à se frotter à la concurrence jusqu’à ce que s’ensuive une nouvelle défaite. Laquelle devrait être brutale s’il s’approche d’Errol Spence Jr ou de Terrence Crawford. D’ici-là, qu’il soit permis de s’en cogner : l’ancêtre vient bien de frapper un très grand coup.
- La,victoire de Manny pontue une belle soirée de boxe, qui vit aussi, outre la difficile victoire du lourd anglais Dilian Whyte sur le Colombien Oscar Rivas, le Français Michel Soro s’emparer enfin d’une ceinture mondiale, le titre WBA régulier des super-welters… aux dépens de la doublure du remplaçant de l’adversaire initialement prévu, qui fit face avec courage à défaut de talent. Réjouissons-nous donc de ce succès, tout en attendant la suite face à Cédric Vitu – qui monta défier le nouveau champion sur le ring – ou contre l’expérimenté technicien cubain Erislandy Lara, challenger officiel de Soro. Au programme de la même soirée, le colosse de Saint-Maur Kevin Lele Sadjo impressionna par son intense activité et sa puissance pour venir à bout du coriace Argentin Walter Gabriel Saqueira. Après ce joli KO au corps, le mi-lourd français devrait obtenir une chance contre un bon boxeur de la catégorie.