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On est au Nouveau Mexique, en 1904, et la famille Plugford est sur le pied de guerre.
Elle est sur le pied de guerre parce que leurs grandes filles Dolores et Yvette sont séquestrées de l’autre côté de la frontière par un proxénète espagnol beau, raffiné et sociopathe, dans les entrailles d’une pyramide aztèque où elles subissent les derniers outrages.
Elle est sur le pied de guerre, et son patriarche John Lawrence, montagne de chair consumée de chagrin et fermier au lourd passé de desperado, a monté une équipe de choc. Elle comprend son fils intègre et son autre crétin de fils, un affranchi débrouillard et distingué, un redoutable pisteur indien, un dandy objecteur de conscience préposé au renseignement et un impitoyable enfant de putain, tireur d’élite et associé de ses années de pillage. Sans même évoquer l’intrigant contenu d’un coffre qui soupire et gémit.
Elle est sur le pied de guerre, ce qui signifie concrètement que beaucoup d’hommes, de femmes et d’animaux vont souffrir ou mourrir, de cent manières toujours plus brutales, cruelles et inventives, parfois franchement écoeurantes et parfois baroques à souhait. Les Plugford et leurs alliés ne seront certes pas plus épargnés que leurs ennemis.
Elle est sur le pied de guerre, et l’auteur des Spectres de la terre brisée, le scénariste S. Craig Zahler, a fait de son épopée un western brut de fonderie à déguster brûlant comme un Tarantino, un Leone ou un Peckinpah. Le genre d’histoire dont on connaît par coeur tous les codes, mais dont la violence insensée, l’humour désespéré et la profonde mélancolie tapent pile quand on se remet de l’impact précédent.
Elle est sur le pied de guerre, et quand tout sera consommé, une fois la dernière page tournée et la poussière retombée, on se surprendra à entendre un générique de fin.