Les rendez-vous de la clairière, Robert Penn Warren

Une femme mélancolique passe ses journées au chevet d’un mari impotent, dans une bicoque qui tombe en ruines. Son voisin et amour de jeunesse lui dispute le gibier qui passe sur ses terres. Un procureur arriviste, ami d’enfance du mari, lui fait discrètement l’aumône. Un immigré italien, beau garçon fuyant un passé trouble, profite de son hospitalité moyennant l’entretien de la maison, et rencontre une jeune métisse qui vit avec sa mère aux confins du domaine. Quand le drame sera survenu, un avocat commis d’office – et aimable loser – fera tout pour empêcher un verdict qui siérait parfaitement aux habitants de ce patelin rural du Tenessee.

Ceux qui ont suivi auront noté que Robert Penn Warren était mon dernier coup de foudre littéraire en date. Moins ambitieux que Tous les hommes du roi, moins philosophique que La grande forêt, Les rendez-vous de la clairière ne creuse pas non plus aussi profondément dans l’Histoire du sud des Etats-Unis que les deux précédents. Mais il est plus libre – voire plus osé – dans sa langue, car écrit sensiblement plus tard, et aussi riche que Tous les hommes du roi dans le développement psychologique de ses personnages principaux : l’intrigue travaillée y est tout autant prétexte à la dissection des âmes complexes d’individus échouant souvent à échapper à leur destin.

C’est pessimiste ? Oui, mais qu’est-ce que ça gouache. L’intelligence de la construction du récit, la beauté de la langue, la fluidité de l’articulation des différents points de vue et la puissance littéraire de l’ensemble épatent toujours autant. Même parmi ceux que l’on chérit, rares sont les auteurs que l’on quitte à chaque fois en pensant, à peu de choses près : « Wahou ». Lisez donc ce monsieur.

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