Le site /
- C’était annoncé : le papier sur l’étrange et stimulante soirée passée en compagnie de mes copains fous furieux des Beatles est en ligne et aura même attiré deux ou trois clics. Vous m’intriguez.
- L’estimé camarade Guillaume est de retour cette semaine, après quoi l’on considèrera comme à Twickenham que l’essai est transformé. De blog confidentiel, 130 livres a désormais passé la vitesse supérieure pour devenir un site confidentiel écrit à quatre mains. Le ciel est la limite.

Il est grand temps de rallumer la littérature (A.F.) /
- « Le groupe vit bien » : les conclusions d’un rapport d’experts de la santé psychologique au travail sur la situation de Plon ont été rendues publiques par Médiapart et elles sont passablement salées. On parle de « salariés en souffrance, risques de harcèlement moral et comportements inappropriés » de la directrice récemment promue Lise Boëll. Rendons justice à cette dernière : la maison d’édition était auparavant scindée en deux équipes distinctes et celle dont Mme Boëll n’avait pas la charge connaissait elle aussi son lot de difficultés managériales. « Qu’en as-tu à cirer, toi qui ne parles jamais des bouquins édités chez eux ? » demanderont les lecteurs réguliers du présent site. Et bien ce n’est pas tout à fait vrai, puisque j’ai parlé ici de l’épisode 68 de la saga SAS intitulé La madone de Stockholm et qu’il y eut un avant et un après sa lecture pour le préadolescent que je fus. On comprendra donc aisément que le devenir de Plon m’importe au plus haut point.
- Mercato : Frédéric Beigbeder sortira le mois prochain ses Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé chez Albin Michel plutôt que sous label Grasset, l’éditeur historique de l’auteur d’Un roman français. Son attaché de presse assure qu’il s’agit d’un « one-shot », le phénix de Guéthary n’en étant pas à sa première infidélité passagère. On notera qu’après Frank Bouysse ou Patrick Besson, la politique de recrutement d’Albin Michel évoque de plus en plus celle du Paris Saint-Germain. Quant aux Beigbedolâtres, qu’ils soient rassurés : tout porte à croire que ce nouvel opus, soit-il de marque différente, parlera toujours bien de Frédéric Beigbeder.

- À l’instar de Beigbeder, Éric Neuhoff n’occupera pas le fauteuil de Jean-Loup Dabadie à l’Académie Française, faute d’avoir recueilli la majorité des suffrages chez les 27 Immortels toujours en vie. Je fais une assez bonne imitation d’Éric Neuhoff riant de ses propres blagues au Masque et la Plume ; pour le reste, je manque d’un avis très étayé sur la question.
- D’après l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication, en 2018 les écrivaines avaient en moyenne des revenus inférieurs de 14% à ceux de leurs homologues masculins. L’écart est donc bien moindre que tous métiers confondus. Veinardes (aïe, pas sur la tête). Les autrices sont plus nombreuses que les écrivains à obtenir une aide publique (55% des enveloppes) mais celles-ci sont inférieures en valeur de 15%. Comme partout ailleurs, l’évolution est lente. Je ne suis pas tout à fait tombé de ma chaise.
- #Bookstagram, ainsi qu’on nomme la communauté des instagrammeurs, n’est pas qu’un monde ouaté plein de jolies photos de livres mis en scène dans des cocons pleins de bougies parfumées, chats mous, cactus en pot et tasses de thé fumant. Je passe sur les rivalités et médisances sous cape consubstantielles à tout groupe humain, elles ont d’ailleurs leur charme. Le problème, le vrai, est plutôt sa contamination par le pire du débat public contemporain. (Très) à ma droite, on trouve de la passionaria antivax qui appela à pendre des fonctionnaires de Bruxelles et trouve qu’on parle vraiment beaucoup trop de la Shoah. À l’autre bout du spectre fleurissent d’aimables exercices de sensitivity reading qui décortiquent les « extraits problématiques » d’auteurs hommes, bourgeois et blancs. Je crois que je leur préfère les innombrables « J’ai très bien aimé, c’est vraiment un coup de coeur. »
Le MMA va bien, merci pour lui (G.M.) /
- Comme il fallait s’y attendre, la défaite de Cyril Gane contre Jon Jones a réveillé les vocations de tous les coachs, athlètes et autres spécialistes de la stratégie octogonale en 280 signes. Autant dire qu’il est hors de questions de compromettre la réputation de cette noble maison qu’est 130livres.com en rejoignant le concert des Jean-Michel MMA qui joue à guichets pas du tout fermés sur les réseaux depuis une semaine. On se permettra néanmoins de sourciller sur la communication de Fernand Lopez, lead-coach et manager très médiatique du MMA Factory, l’équipe avec laquelle Bon Gamin est allé deux fois aux portes du titre mondial. Son interview post combat avec le média La Sueur, avec lequel il anime un podcast hebdomadaire, constitue un cas d’école de ce gigantesque psychodrame collectif auquel se livre Internet à chaque fois qu’une personnalité publique se sent obligée de se justifier devant de parfaits inconnus appelés « Followers ». Lopez auditionne comme s’il répondait des comptes de campagne de Sarkozy devant une commission d’enquête parlementaire : en réclamant l’indulgence pleinière. Compliqué de tendre la joue en demandant au(x) bourreau(x) de ne pas frapper trop fort, comme de servir de sparring-partner dans un combat de championnat du monde. Sans prétendre avoir éventé le secret des dieux, il y a peut-être un problème de méthode de ce côté-là.

- Tony Yoka a (encore) perdu. Mais je laisse le maitre de maison en parler mieux que moi.
Le cinéma est mort, la preuve : il respire encore (G.M.) /
- Parlons de choses plus réjouissantes : le grand-cinéma de retour en pole position sur le tapis … blanc (!) des oscars. Ça devenait compliqué d’associer l’un et l’autre ces dernières années, tant l’académie semblait se soucier davantage de brosser l’air du temps dans le sens du poil que de célébrer l’excellence de l’industrie. Mais cette année, force est de constater que le karma s’est chargé de remettre l’église au milieu du village. The Fabelmans, Top Gun: Maverick, Tàr, Everything, Everywhere all at once…. Le jury pourra difficilement se tromper avec la guest-list de contenders la plus rutilante depuis un bail. On croise donc les doigts très fort pour que cette édition signe la fin d’une époque bien trouble pour le cinéma de grand-écran, entre streaming, confinement et postures d’une production U.S historiquement tiraillée entre le réflexe de courir derrière les envies du public et le devoir de précéder ses besoins. Les Oscars 2023 ouvriront l’agenda des gens honnêtes, ou ne sera pas.
- À propos d’Oscars, petit détour par Chris Rock, bouc-émissaire de la cérémonie précédente et de cette nouvelle société spectacle qui a sacrifié ses manières sur l’autel de la catharsis de masse. Bonne nouvelle : Rock ne s’est pas remis de la gifle infamante que lui a assené Wild Smith l’an passé, et il le fait savoir dans son nouveau spectacle, disponible sur Netflix. Selective Outrage ne restera pas comme un grand cru dans l’histoire du stand-up, ni même dans la carrière du comédien. Mais ça reste suffisamment tenu pour ne pas (trop) ressembler au prétexte qu’il est à ses dix dernières minutes, lapidation verbale d’anthologie sur le couple Smith et ses pérégrinations outrancièrement médiatisées. L’exercice du stand-up est par essence un cas pratique délicat pour l’inévitable » Faut-il distinguer l’homme de l’artiste ? ». Chris Rock lui n’en a plus rien à foutre : la différence il l’a faite l’année dernière en encaissant » comme Manny Pacquiao« , un affront qui lui a coûté on imagine les tourments sur sa masculinité qu’aucun hashtag ne pourra jamais déconstruire. Il nous fait témoin et bourreau de sa vengeance ? Oui, et grand bien lui fasse. Payback time, bitch.

- Pour finir sur une note : « Les licornes existent, j’en ai vu une sans la corne« , citons et célébrons Tom Cruise, de plus en plus proche de sa partition la plus juvénile (Legend) à mesure qu’il se rapproche davantage de son enterrement que de sa première communion. Honoré du David O’Selznick Achievment Award aux Producters Guild of America, Tommy s’est appuyée sur une philosophie sud-africaine pour nous sortir un discours beau à en chialer. « I am because you are » : le sauveur adoubé par ses pairs de l’expérience salles avec l’EXCEPTIONNEL Top Gun: Maverick n’en finit décidément pas de faire bouger sa ligne de vie. La mue de l’éternel enfant-roi imprimant son « tout pour lui-même » sur le grand-écran du cinoche U.S en dénominateur universel des chakras de l’inconscient collectif à 24/i secondes représente bien plus qu’un appel d’air pour l’industrie des movies theaters. C’est une véritable leçon de vie qui nous appelle toutes et tous à garder l’esprit ouvert : les héros ne correspondent pas forcément à nos attentes, mais à nos besoins. « Il y a du bon en ce monde, monsieur Frodon « : la preuve par Tom Cruise, le monsieur Incredible de la production yankee devenu égérie du tout est possible à l’échelle planétaire. On prend les paris ici : Mission Impossible 7 confirmera cet été ce que Top Gun: Maverick nous a rappelé en mai dernier. À savoir que Tom Cruise est une légende qui fait du bien à la réalité de tout le monde, et Christopher McQuarrie la meilleure chose qui lui (nous) soit arrivée.

Ce qui reste de la boxe anglaise (A.F.) /
- L’été 2021, j’eus droit à des réactions peu amènes après avoir affirmé sur Youtube que Tony Yoka finirait bien par perdre un combat. Maintenant qu’il a fait deux fois mieux, j’essaierai d’éviter le genre de crise de je-vous-l-avais-bien-disme aigu qui m’horripilent chez autrui. C’est d’autant plus souhaitable qu’il ne fallait pas vraiment de boule de cristal pour lui trouver quelques défauts chez les professionnels. Le fait est que ces défauts-là ne semblent pas se résorber au fil des combats, bien au contraire. Hier soir au Zénith, la différence avec Carlos Takam était flagrante : Yoka s’engage peu dans ses frappes et ne réagit pas très bien aux coups puissants. Il pratique l’escrime de poings dans une catégorie où les autres travaillent à démolir méthodiquement leur prochain. Restant en face de son adversaire sans lui envoyer de quoi le faire réfléchir, il devient une cible. Lorsque Takam a quelque chose à craindre, il sait tourner et esquiver ; son agressivité d’hier dit tout du peu de respect que lui inspirait l’arsenal offensif de Yoka. Pour notre champion olympique de Rio, c’est l’heure des choix : sans évoquer sa vie hors du ring – je n’ai pas d’avis sur les rumeurs –, l’entre-deux stylistique dans lequel il erre depuis Bakole n’a aucun sens tactique. Soit il travaille à être intouchable, soit il soulève de la fonte et pose ses appuis, faute de quoi il restera Bambi dans les phares d’un Hummer. À cet égard, l’apport de Virgil Hunter est plus que jamais discutable. Le contrat avec Canal+ a apporté à Yoka une sécurité financière que justifiaient ses états de service en amateur. Qu’a-t-il vraiment à gagner en prolongeant sa carrière chez les pros ? Croit-il toujours pouvoir remporter un titre mondial ? J’adorerais le voir me fermer la bouche – au sens figuré, hein… – et surtout avoir la certitude qu’il se donne des moyens à la hauteur de ses ambitions. Quant à Carlos Takam, dont la condition physique est plus impressionnante que ne l’était la mienne à 42 piges, on peut se réjouir qu’il ait sans doute gagné hier un joli chèque de plus dans les mois qui viennent. La France n’a pas de champion chez les lourds mais tient dans la catégorie un modèle de gatekeeper méritant.
- À propos de me fermer la bouche, Tim Tszyu peut s’en targuer depuis la nuit dernière. La façon dont il a démantelé Tony Harrison au Stade Olympique de Sydney force le respect. Je pensais que le technicien Harrison mettrait en échec un Tszyu mal dégrossi, au lieu de quoi l’Australien s’est montré patient et méticuleux, travaillant au corps, évitant de se jeter la première fois qu’il secoua l’Américain au 3e round et décryptant efficacement le timing du jab adverse pour le contrer à volonté. S’il n’a pas la puissance sur un coup de son daron Kostya, Tim peut se vanter d’avoir progressé et de faire vivre un terrible défi physique à ses adversaires au fil des rounds. Assez pour mettre en danger le patron des super welters Jermell Charlo ? Disons que depuis hier le combat est bien plus alléchant sur le papier. Harrison, lui, s’il peut se vanter d’être le seul vainqueur en carrière de Charlo, a manifestement entamé son déclin.

- Tyson Fury et Olexandr Usyk ont annoncé s’être mis d’accord sur la date du 29 avril pour s’affronter à Wembley titre incontesté des lourds en jeu. Titulaire de 3 des 4 titres majeurs, l’Ukrainien aura dû accepter une bourse de challenger obligatoire, à peine 30% des revenus du combat. C’est dire combien le bougre est motivé. D’un côté Fury se présente toujours bien préparé sur le ring quand l’enjeu est important ; de l’autre, Usyk a pour habitude de s’imposer sur terrain adverse et parier contre lui est un choix risqué. Cette affiche-là est très, très importante pour le noble art.
- Les places de la T-Mobile Arena de Las Vegas pour le combat à venir entre Gervonta Davis et Ryan Garcia, convenu une livre au-dessus de la limite des légers, se sont arrachées en un rien de temps. Je m’en fous quand même un tout petit peu.
- Plus intéressant sur le papier, Devin Haney devrait défendre son titre incontesté des légers contre le vétéran Ukrainien Vasyl Lomachenko le 20 mai à prochain Las Vegas. Reste que « Hi-tech » Lomachenko ne rajeunit pas et demeure petit pour la catégorie. Inversement, le châssis de Haney a impressionné lors de ses deux succès sur George Kambosos. J’ai bien peur qu’on assiste à un festival de jabs de l’Américain, qui s’empressera de contraindre son challenger à un inégal combat de lutte gréco-romaine à chaque fois qu’il tentera d’enchaîner à sa distance. Dieu sait pourtant si j’aimerais me tromper…
- Il y a 20 ans ce mois-ci, un championnat du monde franco-français embrasait le Palais des sports de Marseille : Bruno Girard vs Medhi Sahnoune, un passage de témoin qui s’avèrera éphémère, mais formidable d’intensité sur le moment. On en a parlé chez le Cap’tain Crochet avec Monsieur Christian Delcourt et l’ami phocéen Go Boxing News :
Bien le bonjour,
très bon billet, que dire sur Yoka qui n’ait pas déjà été dit? Espérons pour lui qu’il ait encore quelques combats à nous offrir.
Mention pour la vidéo chez le Captain, je suis trop jeune pour avoir bien connu cette époque, le voyage en valait le coup.
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Merci ! Combien de temps TY restera-t-il un sujet, telle est la question… Girard-Sahnoune est un très bon souvenir de génération X 🙂
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Je pense qu’il le restera un moment, résultat du battage médiatique dont il a fait l’objet.
Je me doute que ce fut un bon souvenir, mais je suis de la génération Y 🙂
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Comme quoi tout n’est pas si désespéré pour le Noble Art, de belles affiches arrivent.
(J’aime ton sens de la formule, Antoine)
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On est d’accord ! (Et merci 🙂 )
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