Punchlines du 30 octobre 2022

Le site /

  • Toujours pas de nouveau papier, ce qui peut susciter quelque impatience, voire de l’agacement j’en conviens. Mais figurez-vous qu’il y a bien pire : le schéma ci-dessous démontre implacablement que le couloir menant à l’appartement 5A au 129 W 81st St. (Upper West Side, NYC, NY), occupé par Jerry dans Seinfeld, ne peut PAS être droit. Oui, au fond de moi aussi, quelque chose est mort en l’apprenant. Épargnez-moi donc vos simagrées.

Les auteurs /

  • Tout lecteur attentif du présent site aura noté que je me suis ramassé dans mon premier pronostic du Goncourt, attendu que Le coeur ne cède pas de Grégoire Bouillier est absent de la liste des quatre finalistes. 900 pages, c’était peut-être un peu beaucoup, mais Bouiller pourrait toujours se consoler avec le Fémina. Histoire d’être enterré avec panache, tel le viking partant sur son bouclier, je vais m’obstiner à prédire Flammarion plutôt que Gallimard, peu importe que Giuliano Da Empoli et son Mage du Kremlin fassent figure de favoris – l’écrivain helvético-italien vient certes de remporter le Grand Prix de l’Académie Française, rejoignant ainsi son compatriote Joël Dicker dans un palmarès ô combien élitiste, mais Jonathan Littell l’a bien cumulé avec le Goncourt en 2006. Je laisse donc une pièce sur Brigitte Giraud pour Vivre vite, qui recueille son lot d’avis enthousiastes et dignes de foi et ne fait pas 900 pages.
  • Il est des noms dont on mesure l’importance à la quantité des hommages posthumes et l’apparente sincérité des émotions exprimées. Ainsi, l’historien Maurice Olender, disparu à Bruxelles le 27 octobre dernier. Celui qui passa le diplôme de cliveur de diamants à 17 ans accumula ensuite les distinctions universitaires comme archéologue et anthropologue, fonda aux Éditions du Seuil la prestigieuse Librairie du XXe (puis du XXIe) siècle au sein de laquelle cohabitent Claude Lévi-Strauss, Georges Pérec et Sylviane Agacinski, et prit une part active dans le débat intellectuel de son temps en battant en brèche l’instrumentalisation de la préhistoire indo-européenne par l’extrême droite. Il a également appelé à voter François Hollande en 2012, ce qui nous fait au moins un point commun.
  • Quoi de plus logique que le deuxième invité d’une chaîne Youtube au titre aussi férocement progressiste que « Les Inactuels » soit le blogueur Juan Asensio ? Ce lecteur impitoyable et érudit y explique la genèse de son site Stalker, sur lequel j’ai pioché plus d’une lumineuse idée de lecture. À l’unisson de ses jeunes hôtes, il creuse son leitmotiv, un irrésistible appauvrissement de la langue française qui restreindrait le champ de nos libertés, fustigeant les « écrinains » de notre époque et déplorant la déshérence de la critique littéraire. Ce faisant, il égratigne ses cibles favorites (Spoiler : Despentes, Houellebecq, Coulon, Busnel et Trapenard), avec certes moins de fiel qu’à l’écrit. Au mois argumente-t-il son « c’était mieux avant », faute de quoi la rengaine pourrait lasser. Car la dent dure d’Asensio n’est pas une fin en soi : il répète inlassablement que le rôle de la littérature consiste à mettre l’Homme face à plus grand et plus haut que lui ou le forcer à contempler l’abîme à ses pieds, ce qu’elle échouerait désormais à proposer. Après quoi il revient sur ses auteurs fétiches, ceux qui y parvinrent à force de style, d’élans métaphysiques ou d’intelligence fulgurante, Søren Kierkegaard, Paul Gadenne ou Thomas de Quincey, voire les papes de la science fiction qui furent les premières amours de lecteur de ce fils d’une vendeuse et d’un ouvrier. On compatit à son dépit ostensible lorsqu’il peine à se rappeler le nom de Robert Penn Warren. Si Juan Asensio tient manifestement en haute estime le travail de Juan Asensio, il n’est pas tout à fait dénué de raisons de le faire. Et il parle bien, le bougre.

Les puncheurs /

  • On connaît l’identité du téléspectateur que le combat de la nuit dernière entre Vasyl Lomachenko et Jamaine Ortiz au Madison Square Garden aura le plus réjoui : il s’agit du champion incontesté des poids légers Devin Haney. Car si une défense de ses 4 ceintures contre « Hi-tech » serait sûrement l’option la plus lucrative offerte à l’Américain, elle semble aussi dans ses cordes sportivement parlant. À 34 ans et après 10 mois de coupure, dont un temps certain passé en Ukraine, Lomachenko a dû sérieusement s’employer pour remporter une décision sur son ex-sparring partner, justement surnommé « The Technician ». Si Ortiz n’a guère de punch, il a profité de l’habituelle lenteur au démarrage du triple champion du monde pour empiler les points dans les premières reprises. Face à lui, le vétéran ukrainien peinait à passer la seconde, marqué très tôt à la pommette droite. Il a fallu que Lomachenko s’emploie en seconde partie de combat pour emporter une décision logique, quand bien même le 117-111 en sa faveur étonnera les pointeurs rigoureux. Contre Haney, son déficit de gabarit serait criant et l’on imagine le patron des 135 livres tirer le maximum de son avantage d’allonge et s’accrocher très facilement pour empêcher son aîné d’enchaîner de près. Toutes préférences personnelles prises par ailleurs, j’en ferais un clair favori du combat.
  • Victoire sur Saul « Canelo » Alvarez oblige, on parle beaucoup du combat de Dmitry Bivol samedi prochain, où il sera opposé au Mexicain Gilberto « Zurdo » Ramirez. Au risque de me planter royalement je vois Bivol remporter une décision sans trop de frayeurs. Moins commentée, la confrontation entre le précoce champion cubain WBA des super moyens David Morrell et Aidos Yerbossynuly promet au moins autant. Le gaucher Morrell n’a que 7 combats professionnels au compteur mais combine technique, vitesse et punch dans une boxe pleine d’instinct. Face à lui, le Kazakh évoque une sorte de Gennady Golovkin junior, boxant très en ligne, en avançant, derrière un jab efficace après lequel il aime distribuer les combos. Le vainqueur de ce duel d’invaincus pourrait brouiller les cartes dans une division où l’on attend que les David Benavidez, Demetrius Andrade voire Jermall Charlo daignent enfin s’affronter pour mériter un prochain superfight contre Canelo.
  • Top Rank prépare une prometteuse confrontation de poids plumes mexicains pour le 3 février prochain : le champion WBO Emmanuel Navarrete affronterait l’ex titulaire du titre WBC des 130 livres Oscar Valdez dans un lieu à déterminer. Navarrete est une machine au débit de mitrailleuse lourde et à l’allonge impressionnante que beaucoup voient favori face au « petit » Valdez, réputé inconstant ; reste que ce dernier sait se hisser au niveau de son adversaire et châtier en contre quiconque avance sur lui, en particulier s’il s’agit d’un compatriote donné favori – ce n’est pas Miguel Berchelt qui me contredira. Ce combat-là sent très fort le TNT. Mes frères et soeurs : réjouissons-nous.
  • Ah, oui : hier soir à Glendale (Californie), un Youtubeur de renom a obtenu un sixième succès en autant de combats professionnels face à une ancienne gloire du MMA âgée de 47 ans. Merci de votre attention.

4 commentaires sur “Punchlines du 30 octobre 2022

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