Punchlines du 23 octobre 2022

Le site /

Le seul vague alibi que je puisse invoquer pour justifier la remarquable absence de nouveaux contenus publiés sur ce site est la préparation du numéro décembre-janvier de Lire Magazine Littéraire consacré aux 100 livres de l’année. C’est maigre.

Et encore, je ne joue même pas de musique

Les auteurs /

  • Stefan Zweig, c’était les livres roses de la Bibliothèque Cosmopolite de Stock qui racontaient à la première personne des souvenirs traumatiques du siècle dernier au siècle dernier. C’était aussi l’occasion de parler littérature avec des filles à peu de frais : d’abord, elles étaient nombreuses autour de moi à aimer l’auteur autrichien, et puis Le joueur d’échecs ou La confusion des sentiments étaient des textes courts que je pouvais piquer à ma grande sœur et lire en un après-midi. Ces livres-là avaient un charme suranné, décors et costumes d’époque obligent, mais aussi une façon très moderne d’aborder frontalement les démons hantant une certaine bourgeoisie – dont je commençais à m’apercevoir qu’ils proliféraient sous les couches de vernis mat ou brillant. Stefan Zweig, c’est désormais la promesse de l’adaptation brève d’un texte convaincant pour l’adulte que je suis, aimant les bouquins mais fréquentant peu les théâtres, la faute à une flemme revendiquée autant qu’à la crainte d’y finir perclus de courbatures, le destin funeste de quiconque excède le mètre soixante-quinze. Autant dire que Lettre d’une inconnue montée au Studio Champs Élysées relevait de l’aubaine à l’heure de choisir une pièce jouée en octobre 2022. Si l’on connaît Ophélia Kolb pour son rôle de vérificatrice des impôts et compagne de Camille Cottin dans la série Dix pour cent, elle évolue ici aux antipodes du registre comique ; nul amant dans le placard, porte qui claque ou imbroglio désopilant dans cette lettre-là. La grippe qui vient d’emporter l’enfant de la trentenaire seule en scène pourrait bien lui être fatale, aussi se décide-t-elle à écrire enfin à l’homme qu’elle aime en secret depuis ses treize ans. L’écrivain séduisant, avide de badinage inconséquent, s’installa alors sur le même palier viennois que la narratrice et sa mère ; toute une vie d’adoration silencieuse s’ensuivit, dont le drame absolu s’avéra plutôt l’absence de reconnaissance que de rencontres à proprement parler. En dire plus serait trahir le texte. Que ceux qui ne l’ont pas lu ou écouté sachent juste ceci : il scinde le public en deux factions, ceux qui y discernent les ravages incontrôlables d’un amour absolu et ceux pour qui c’est la psychose qui emporte tout. J’avoue appartenir à la seconde, et le mérite en revient à l’actrice, douloureuse de vraisemblance dans son interprétation et parfaitement effrayante à mes yeux. Un spectacle à voir, et c’est un ignorant revendiqué des choses du théâtre qui vous le dit.
  • Selon son agent, Salman Rushdie a perdu l’usage d’un œil et d’une main. Il faut absolument qu’il écrive encore. Voilà.

Les puncheurs /

  • Les négociations de Errol Spence Jr. vs Terence Crawford sont en passe de devenir plus navrantes encore que celles de Mayweather vs Pacquiao, la barre étant placée très haut. Alors qu’on croyait l’affaire dans le sac, on apprend que Terrence Crawford, tout en affirmant toujours vouloir régler le compte de son rival pour le titre incontesté des poids welters l’an prochain, a signé pour défendre sa ceinture WBO dans son fief d’Omaha (Nebraska) contre le Russe David Avanesyan… soit un champion d’Europe de niveau honnête, vainqueur du fantôme de Shane Mosley et battu par Lamont Peterson et Ejidijus Kavaliauskas lorsqu’il s’est agi de se faire une place dans l’élite mondiale de la catégorie. Autant dire qu’on se paye allègrement nos tronches. Côté Spence, le choix de l’adversaire devrait au moins garantir un semblant d’intérêt à sa prochaine sortie, qu’il s’agisse du vétéran Keith Thurman (tombeur du freluquet Mario Barrios en début d’année), du prospect Eimantas Stanionis (sur la lancée d’une victoire convaincante sur Radzhab Butaev) ou de celui qui nous délivrera peut-être des années Spence – Crawford, le jeune épouvantail Jaron Ennis.
  • Moins utile encore que Crawford vs Avanesyan, on apprend la signature de Tyson Fury vs Dereck Chisora III pour le 3 décembre prochain au Tottenham Hotspur stadium. Plutôt qu’affronter Olexandr Usyk pour le titre incontesté des lourds, voire propose une alléchante « Battle of Britain » contre Anthony Joshua, le « Gypsy King » Fury préfère remonter sur le ring – après avoir annoncé une 47eme retraite sportive – contre « Del Boy » Chisora, 12 défaites sous la toise dont déjà deux contre lui… Le suspense pugilistique est à son comble. Vivement Deontay Wilder vs Robert Helenius II !
Le monde entier retient son souffle…
  • La boxe peut aussi proposer des affiches plus ou moins alléchantes, certes, mais dont le sens purement sportif est indéniable. Ainsi le combat annoncé entre le Japonais Naoya « The Monster » Inoue et l’Anglais Paul « Bonne chance mon gars » Butler le 13 décembre prochain à Tokyo. Le vainqueur deviendra champion incontesté des poids coqs. Quelle est la probabilité que Butler, frappeur moyen et limité techniquement, inflige un premier revers en carrière à Inoue ? On dira qu’elle est encore inférieure à celle de voir Terrence Crawford finir par accepter d’affronter Errol Spence.
  • On ne bouclera ces Punchlines sans (un peu) parler boxe : le Mexicain Mauricio Lara, à qui l’on doit l’une des plus belles surprises de l’an passé lorsqu’il mit KO Josh Warrington à la Wembley Arena, a repris sa quête d’une ceinture mondiale chez les plumes en terminant le Colombien José Sanmartin au 3e round. Deux remarques s’imposent ici : d’une part le champion WBA Emanuel Navarrete avait eu besoin de 12 reprises pour venir à bout du même Sanmartin, certes âgé à l’époque de moins de 40 ans, et d’autre part le combat d’hier s’est fini sans la moindre effusion de sang, une rareté chez l’aimable destructeur de poche « Bronco » Lara.

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