Punchines du 12 juin 2022

Le site /

  • L’article posté cette semaine n’aura pas affolé les compteurs, à croire que son thème en aura rebuté certains. Ce n’est certes pas faire justice au Nécrophile de Gabrielle Wittkop, l’une de mes plus grandes gifles littéraires de mémoire récente. Pour peu que vous pensiez amour déraisonnable et obsessions érotiques plutôt que vous imaginer au lit avec un cadavre, vous verrez combien nous avons tous plus en commun avec le protagoniste Lucien qu’il n’y paraît…
  • Mystère de la vague de clics en provenance d’Android, suite et possible fin : Les stats des visiteurs du papier sur les 30 albums de métal à retenir – en particulier les clics consécutifs de ceux qui ont choisi d’aller écouter des extraits sur Youtube grâce aux liens à disposition – me portent à croire que le site est bien mis en avant par le moteur de recherche de la version jeunes de WordPress. Étrange et appréciable à la fois.
  • Parmi les recherches en ligne ayant abouti sur 130livres.com cette année, ma préférée est « borss coba taysone ». En espérant que son auteur ait ici trouvé satisfaction.
borss coba taysone

Les auteurs /

  • Heureux hasard et bienveillance d’autrui m’auront permis d’obtenir une invitation de dernière minute à la remise du 14e Prix Orange du Livre dans le cadre huppé de la Maison des polytechniciens. Toutes moulures élégantes et lustres monumentaux prix par ailleurs, on soulignera le côté punk qu’il y eut à rassembler deux cent amis des belles lettres dans un fameux bastion de matheux. Le président du jury Jean-Christophe Rufin sut apporter une touche de décontraction à l’événement, si intimidant que pût être son décor, rappelant par ailleurs combien la mixité des membres du jury (auteurs, libraires et lecteurs) rendait ce prix-là plus appréciable qu’un Goncourt. On le croira ou non, mais le monsieur peut justifier d’une certaine expérience en la matière. Chaque finaliste fut présenté en une minute par un panel de jurés témoignant de ladite mixité, parmi lesquels Constance Joly, lauréate 2021 pour Over the Rainbow. Laurine Roux, récompensée cette année avec L’autre moitié du monde, se fendit d’un discours parfait, sans fausse note ni oubli, auquel celui du vainqueur du prix BD lecteurs.com Jim Bishop offrit un touchant contrepoint improvisé. Du cocktail qui s’ensuivit, j’aimerais rapporter pléthore de mots d’esprit fulgurants et de scoops fracassants. La responsabilité de cette honteuse panne de mémoire incombe en premier lieu à la qualité du champagne servi, d’un niveau égal à celui du thon en tataki. Je me rappelle malgré tout le moment où je fus gratifié d’un chaleureux « Bonsoir, Julien ! », ainsi qu’une brève et enrichissante conversation sur l’art délicat du zizicoptère avec l’auteur d’un prometteur roman de la rentrée à venir. Consternant, soit.
Présentatrice, lauréate, président et lustre monumental (France, 2022)
  • Archives du Magazine Littéraire : l’un de mes tout premiers papiers portant sur L’âne mort de Chawki Amari
    • Dans une cité alanguie où fonctionnaires, citoyens ordinaires et profiteurs de tout poil s’épient pour tuer le temps, faire disparaître un âne mort relève de la gageure. Trois Algérois à la jeunesse qui s’effiloche le découvrent à leurs dépens, alors qu’ils tentaient une combine de plus pour enfin devenir riches. Ils doivent donc extraire la carcasse du baudet du chaos immuable de la capitale à l’aide d’un antique break bleu, en état de marche une heure sur deux. Leur périple incertain les conduit jusqu’aux montagnes arides de Kabylie.
    • Regorgeant de bons mots sur les travers de la société algérienne, l’entame brillante de ce troisième roman d’un journaliste local, fameux pour ses caricatures, évoque une satire politique découpée comme un film à sketches. Mais le propos prend de la hauteur à mesure que l’équipée s’élève vers les monts Djudjura, et y croise des figures aux routines tout aussi déroutantes que celles de leurs pendants de la plaine. Tels le libraire Izouzen, qui assassine ses épouses successives, son voisin Achour, physicien servile auquel il commande des livres parfaits, ou Slim, braconnier qui provoque des éboulements par jeu.
    • Tandis que se fissure l’amitié amoureuse unissant Tissam, Lyès, et Mounir, Chawki Amari convoque Isaac Newton, classiques algériens, Milan Kundera et astrophysiciens américains pour explorer avec mélancolie et sens de l’absurde la pesanteur infinie, consubstantielle à la culture locale, qui s’exerce sur chacun d’eux et les contraint au statu quo. Leur lucidité résignée nous enseigne combien le pays tout entier, également partagé entre espérance et résistance à tout changement, n’est pas près de se délester de son âne mort.

Les puncheurs /

  • Ceux qui avaient suivi leur affrontement de 2019 n’auraient manqué pour rien au monde, légalement ou non, la revanche entre Naoya Inoue et Nonito Donaire de mardi dernier, quand bien même l’horaire était peu commode et peu misaient sur un succès du vétéran philippin. Malgré ses 39 ans, Donaire parut d’entrée léger sur ses appuis, volant l’initiative à Inoue en enchaînant les attaques et retraits. Il fut le premier à toucher sérieusement. Las, si Inoue est connu pour aimer marcher sur ses adversaires – après quoi le choix osé de Donaire était compréhensible sur le papier –, le « Monstre » n’est pas manchot lorsqu’il s’agit de contrer. Un court crochet gauche suivi d’une droite à la tempe scellèrent le résultat un peu avant la conclusion du premier round. Si Donaire parvint à se relever, son expression parlait d’elle-même : comme il le confirma en conférence de presse, jamais en plus 20 ans de carrière le « Philippino Flash » n’avait été ébranlé de la sorte. Aussi Inoue n’éprouva-t-il guère de difficulté à clore les débats dès la reprise suivante. Le Japonais, désormais titulaire des titres WBA, WBC et IBF des poids coqs, atteint grâce à cette nouvelle démonstration la première place du classement pound-for-pound de Ring Magazine. On peut débattre de l’opportunité de le classer devant Olexandr Usyk, pas de l’impression formidable qu’il dégage sur un ring.
Au suivant…
  • Étrange événement au Jaï Alaï de Miami sous l’égide du nonagénaire Don King : devant à peine 500 spectateurs, le jeune Britannique Daniel Dubois s’est emparé du titre WBA carton des lourds en aplatissant en 4 rounds l’Américain Trevor Bryan. Si Bryan avait beaucoup parlé, guère élogieux pour son jeune adversaire, le style lent et un rien stéréotypé de Dubois couplé à sa puissance respectable en vinrent facilement à bout.
  • Le poids moyen de l’écurie Golden Boy Jaime Munguia a peiné quatre rounds avant de faire baisser pavillon au peu coté rouquin anglais Jimmy Kelly . On l’attend désormais contre des boxeurs à électrocardiogramme non plat, de préférence en s’étant un peu entraîné contre des stylistes.
  • On murmure que (comme attendu par beaucoup) Tyson Fury sortirait déjà de sa retraite pour négocier une juteuse unification des titres de la catégorie reine contre le vainqueur d’Usyk vs Joshua 2…
  • Soirée mitigée pour Puerto Rico au Madison Square Garden ce samedi, la veille de la parade annuelle des Newyorkais originaires de l’île sur la 5eme avenue. Le prospect puncheur Edgar Berlanga n’a pas vraiment rassuré après le knockdown concédé à Steve Rolls : il a peiné face à un autre vétéran, Alexis Angulo, n’obtenant qu’une décision étrangement large tout en montrant ses difficultés à construire sa boxe, surtout en étant contraint à reculer, voire carrément réduit à mordre son adversaire dans un accrochage… Il est ce que les Américains désignent comme « disaster waiting to happen ». À la même affiche, le coq Carlos Caraballo et le super léger à large bouche Josué Vargas ont perdu tous les deux des combats destinés à les faire briller. Les fans de boxe portoricaine dont je suis pourront se rassurer en se rappelant que le prometteur super welter Xander Zayas était absent pour cause de Covid.
  • On ne joue pas à la boxe, épisode 15673 : le boxeur sudafricain Simiso Buthelezi, pourtant auteur d’un knockdown au 10e round face à son compatriote Siphesile Mntungawa, avait été arrêté dans la foulée après s’être mis inexplicablement à boxer un adversaire invisible. Des images qui firent le tour du monde des amoureux du noble art, suscitant un « effroi amusé » propre à ce sport paradoxal. Il s’avère que l’homme de 24 ans était bien atteint au cerveau puisqu’il a succombé à ses blessures deux jours plus tard. Rendons lui un plus bel hommage que les commentateurs d’ESPN hier soir au Garden, hilares à l’antenne à propos de l’épisode tout en ignorant visiblement son dénouement…

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