Jusqu’à la garde, Xavier Legrand

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Un père demande la garde alternée de son fils de 11 ans. L’enfant, sa mère et sa soeur s’y opposent. Faute de preuves de la dangerosité du monsieur, une juge accepte. On le sent vite, de manière diffuse : il y a peu de chances que ça se passe bien.

L’histoire est dépouillée jusqu’à l’os, sans dialogues verbeux ni précisions inutiles sur le passé. Les acteurs épatent par leur justesse. La marmoréenne Léa Drucker, qui crève de peur mais s’est blindée. Mais crève de peur. Le môme Thomas Gioria, bouffé par la culpabilité d’être un tel enjeu de pouvoir. La grande soeur Mathilde Auveneux, qui incarne l’espoir malgré la difficulté de la reconstruction. Des seconds rôles présents et intenses, les grands-parents, la tante, jusqu’à la voisine de palier et le flic du 17. Et puis lui. La bête. L’oeil vide, l’air buté, d’abord presque touchant dans son obstination. Mais sans cesse plus effrayant à mesure que se révèle sa vraie névrose. En rendant humain un bourreau ordinaire, Denis Ménochet en fait un rôle majeur.

La caméra rend son grand corps proprement écrasant. Chaque plan livre le point de vue limpide de l’une de ses victimes : pour elles, il est gigantesque. On est oppressé, dans le bureau de la juge, les recoins d’un vieil appartement de ZUP, et l’habitacle de la camionnette du père. Cet habitacle est un enfer absolu. La simple alerte qui enjoint à boucler sa ceinture use les nerfs dès qu’elle résonne. L’occasion de souligner l’incroyable travail réalisé sur le son, sans presque aucune musique. Comme la mise en scène, il relève du tour de force.

Un premier film sidérant et nécessaire, d’une actualité brûlante, et qui liquéfie la tripe.

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