Découverte de vacances : L’homme aux lèvres de saphir, d’Hervé Le Corre, chez Rivages Noir. Un psychopathe s’inspire de l’oeuvre sulfureuse de Lautréamont pour une série de mises en scènes macabres qui terrorisent le Paris de 1870.
L’intrigue poético-policière maîtrisée est la trame d’une brillante reconstitution de la fin du Second Empire, où femmes et ouvriers se serrent les coudes sous le joug d’un ordre phallocratique et bourgeois en décomposition. Par la grâce d’un vrai sens du rythme et d’un étonnant travail sur le vocabulaire et le parler de l’époque, jamais pesant ou artificiel, la peinture humaniste des futurs communards émeut et captive, tandis que la ville grouille, palpite et fascine.
De quoi en réconcilier beaucoup avec le naturalisme, et accessoirement se remémorer l’époque où le peuple habitait Paris. Un grand polar français, et bien plus qu’un livre de genre : le genre de livres qu’on lit trop peu.