Punchlines du 10 décembre 2023

Le site (Antoine) /

  • Figurez-vous que j’aurai sans doute du temps à consacrer au compte-rendu du Hellfest 2023 la semaine prochaine. Moi aussi, ça m’étonne.
  • D’ici à en disposer de la version complète, vous avez sous les yeux une nouvelle édition copieuse des Punchlines de 130livres.com. Alors hein, bon.
Un dimanche après-midi comme les autres chez 130livres.com

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /

  • Livres Hebdo met cette semaine un coup de projecteur sur l’autrice algérienne Sarah Rivens, un nom rarement cité sur les blogs de boomers. Âgée de 23 ans, cette star de la dark romance a commencé par écrire quantité d’histoires inachevées avant de s’inscrire sur la plateforme Wattpad, réseau social où l’on partage des textes de toute sorte, et où les bestsellers se publient chapitre après chapitre en suscitant pléthore de commentaires en direct. Hachette Livres a rondement repéré le succès en ligne du premier tome de sa série Captive au temps du Covid, largement dopé par TikTok, et lui proposa un contrat d’édition. Un pari mieux que gagnant avec des traductions en 10 langues et 700000 exemplaires papier vendus, en intégrant d’ores et déjà des éditions augmentées et collector des épisodes 1 et 2. Je n’ai strictement rien compris au pitch très sombre de l’actuelle trilogie, tout juste puis-je préciser qu’elle n’a rien d’une bluette : d’après Wikipédia, il y est question de réseaux criminels, d’amours toxiques et d’une certaine érotisation des violences faites aux femmes. Pas de quoi rebuter le lectorat algérien — elle y est l’autrice locale la plus lue de l’Histoire, même si l’importateur des versions papier est toujours pas homologué — ou son pendant français, puisque le tome 2 de Captive a détrôné les mémoires du Prince Harry en tête des ventes tous genres confondus début 2023. On s’étonnera donc d’apprendre que Sarah Rivens, qui affirme ne plus lire depuis plusieurs années, occupe toujours son emploi de gérante administrative d’une salle de sport algéroise. C’était notre rubrique « J’en lis pas, mais ça existe ».
« Je vends autant que Houellebecq, lol. »
  • Non, Guillaume, la rubrique cinoche n’a pas le monopole des sujets sensibles : le site Actualitté nous apprend que Fayard a retiré de la vente le 7 novembre dernier un ouvrage polémique intitulé Le nettoyage ethnique de la Palestine et signé par l’historien israélien Ilan Pappé. Un libraire du Ve arrondissement de Paris s’en est aperçu en tentant de commander de nouveaux exemplaires — Edisat confirme que depuis le 7 octobre les Français manifestent un regain d’intérêt bien compréhensible pour les livres traitant de l’histoire du Proche Orient, dont celui dont il est question. La communication de Fayard explique que son contrat d’édition était caduc depuis février 2022 et que l’arrêt de sa commercialisation en est la conséquence. Reste que le timing retenu, 21 mois après, est assez troublant. Il ne s’agit pas ici de se prononcer sur le contenu dudit bouquin, dont la thèse principale et controversée est que l’exode palestinien de 1948 fut un but de la guerre plutôt qu’une de ses conséquences. Ce qui importe est le choix éditorial sous-jacent. Actualitté rappelle qu’en 2008, date de la publication de l’essai d’Ilan Pappé, la maison Fayard alors dirigée par Claude Durand mettait un point d’honneur à publier « Serge Klarsfeld et Renaud Camus » dans un souci de pluralisme. On sait le questionnement qu’a suscité le récent rachat d’Hachette par Vivendi sur le respect à venir de la diversité éditoriale du groupe. Disons que cet événement ne rend pas plus optimiste à propos de l’ère Bolloré chez le troisième acteur mondial de l’édition.
  • Les bouquinistes des quais de Paris font l’actualité depuis qu’ils contestent le projet de déménagement de leurs stands avant la cérémonie d’ouverture des JO 2024. La faucheuse ne les ménage pas non plus : on a appris cette semaine la disparition d’une de leurs figures les plus éminentes, Tai-Luc, (un peu) connu comme guitariste et leader de la formation punk La Souris Déglinguée (ou LSD). Ce groupe culte de touche-à-tout au style indéfinissable, Tai-Luc l’avait fondé au Lycée Hoche de Versailles, pas tout à fait un fief de la contre-culture hexagonale. Le Figaro rappelle que depuis 1996 il était devenu, en parallèle de sa carrière musicale, « enseignant au département Asie du Sud-Est et Pacifique à l’Institut des langues orientales (Inalco), chargé du cours de diachronie et synchronie taï-kadaï et d’initiation au tham-pali du Laos ». Pfiou. Ce tropisme asiatique né de sa double culture franco-vietnamienne se retrouvait apparemment dans le choix de bouquins qu’il proposait à hauteur du 2 quai de Gesvres depuis 2018, date à laquelle il avait rangé sa guitare. Asthmatique sévère, il manifestait encore dans le froid le 17 novembre dernier, en opposition à l’opération test de montage et démontage de trois boîtes à livres du quai de la Tournelle. On redoute désormais l’inscription de sa corporation sur la liste des espèces protégées.
  • Dérobés à Rouen en 1998, trois traités de médecine de très grande valeur ont été rendus à leur musée d’origine : De humani corporis fabrica libri septem (1543) et Anatomes totius (1564), de l’anatomiste André Vésale, estimés à 1,5 million et 850.000 €, et des Œuvres du maître barbier-chirurgien Ambroise Paré, qui remontent à 1575 et valent près de 40.000 €. Un employé du CHU de Grenoble les avait retrouvés au pied d’une benne à ordures en 2011 avant de les rapporter chez lui. Faites bien gaffe à ce que vous balancez.
  • Sinon, cette semaine, plein d’auteurs ont encore remporté plein de prix.

Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /

  • Parlons cinéma, reparlons… de Gaza ! C’est (bientôt) Noël, c’est cadeau, plaisir d’offrir et joie de recevoir, pas d’économies sur les sujets fédérateurs qui mettent tout le monde d’accord. L’actrice anglaise Olivia Coleman (é) a signé aux côtés de 1300 artistes une lettre accusant les institutions culturelles occidentales de « réprimer, réduire au silence et stigmatiser les voix et perspectives palestiniennes ». Ceci deux semaines après que l’actrice Melissa Barrero se soit fait éjecter de la production de Scream VI pour avoir formulé son soutien aux Palestiniens sur Twitter. On l’avait prédit en relayant la nouvelle ici-même : le meilleur reste à venir, et l’actualité nous prends au pied de la lettre. On n’en tire strictement aucune gloire, ni satisfaction. Et on se gardera bien de poser plus que le doigt de pied sur la piste rouge vif pratiquée sur la pointe des skis par Dominique de Villepin depuis quelques semaines.
  • Le monde du spectacle a souvent été un terreau fertile au partage plus ou moins utile de ses opinions plus ou moins éclairées. Mais à notre connaissance, les affaires sont (le plus souvent) les affaires depuis la fin du maccarthysme : quoi qu’il y arrive, the show must go on. Si même le contrat social des saltimbanques s’éteint, on n’est pas sorti.
  • Même Denzel Washington ne met plus tout le monde d’accord. L’acteur va incarner le général Hannibal Barca sous la caméra d’Antoine Fuqua pour Netflix. On le sait depuis Equalizer 3, Denzel c’est LE cinéma même quand il ne fait rien. Alors, en train de marcher sur Rome à dos d’éléphant avec une armée de 90 000 fantassins derrière lui et son Pygmalion de réalisateur aux manettes, la seule question qui devrait nous préoccuper, c’est : pourquoi mais POURQUOI on va devoir regarder ça chez nous et pas en salles. Sauf en Tunisie, où la presse locale s’en donne à cœur joie depuis l’annonce en accusant la production d’afrocentrisme et de falsification des faits historiques. La raison ? Hannibal avait la peau brune-claire, et Denzel serait donc trop… noir pour représenter le personnage à l’écran. Vivement une IA de dépigmentation de la peau pour remettre l’église au milieu du village. À savoir : Denzel. Sur un éléphant. Qui marche. Sur Rome. Point.
En noir et blanc, ça passe ?
  • On n’a presque pas envie d’en vouloir à Bob Iger pour ses 35 millions annuels : diriger Disney, c’est manger un sandwich à la merde matin-midi-soir, sans oublier la tartine du goûter. Cette semaine, c’est Mel Gibson, plutôt abonné aux direct-to-plateforme vite fait vite vite vu et encore plus vite oublié ces dernières années, qui en rajoute une couche. L’acteur vient de se retirer d’une production Disney en stade de développement bien avancé. La raison ? Rien d’autre que le wokisme de sa co-star Robert de Niro, que Mad Mel aurait jugé « creepy ». On savait la susceptibilité politique de Raging Bob tatillonne depuis qu’il a déclaré vouloir « punch Trump in the face ». Mais pas au point de s’aliéner Gibson jusqu’a le conduire à se retirer d’un choc des titans d’acting hébergé par une major et donc susceptible de le remettre en selle. À moins que ce ne soit lui qui nous fait une sédition de droite avec l’empire du progressisme qui coûte pas cher et ne s’engage pas au-delà d’un tweet ? Réponse dans (on espère) pas trop longtemps avec la suite tant attendue et redoutée de sa Passion du Christ.
  • On termine sur une note positive, et chez Disney parce qu’on est pas aigri. Après avoir supposé que l’avenir du cinéma se jouerait en streaming avec Disney + pendant le Covid, la maison de Tonton Walt rétropédale à 180°C. Au mois de janvier, ce ne sera pas moins que Soul, Luca et Alerte Rouge ! qui trouveront une deuxième vie dans les salles obscures- au moins américaines- après une première sortie sur la plate-forme. Au moins le bilan financier catastrophique de l’année cinéma écoulée n’a pas découragé Bob Iger dans sa stratégie de revirement face à la volonté de son prédécesseur pour détourner l’intégralité des affaires de Disney sur son catalogue. Même si on se doute qu’il y a avant tout dans ces (re)sorties une manœuvre de publicité pour Disney +. À l’instar d’Apple, dont les échecs commerciaux de Killer of the flower Moon et Napoleon ont avant tout finalité d’enrichir le nombre d’abonnés susceptibles de vouloir découvrir les films sur Apple +. Dans le monde d’après, le cinéma au cinéma n’est plus un principe, mais un produit d’appel.
  • Le bon mélodrame, c’est un peu comme le Coca : tout le monde veut en boire et tout le monde voudrait en faire, mais sa formule est tenue à l’écart des simples mortels. Manifestement, Katell Quillévéré est entrée dans le secret des Dieux avec Le temps d’aimer, une vraie saga romanesque à faire pleurer Margot…. Qui ne ressemble absolument pas aux sagas romanesques qui font pleurer Margot. La brillante (dans tous les sens du terme) Anaïs Demoustier y incarne une femme enceinte d’un officier allemand bannie de son village à la libération. Elle survit avec l’enfant qu’elle n’arrive pas à aimer dans une chambre de bonne et avec un boulot de serveuse quand elle rencontre un jeune héritier, lui aussi tiraillé par le genre de secret qui ne se raconte pas dans la France des années 50.
  • La réalisatrice fait du neuf avec du vieux et du moderne avec le pantalon-nombril de Jacques Chirac, laisse les non-dits et le hors champ à l’intelligence du spectateur et montre plein cadre ces envies brulantes et honteuses que le cinéma et la France des 30 Glorieuses ne voulait voir. Un exercice d’équilibriste délicat mais parfaitement maintenu entre la pudeur classique des grands sentiments et la frontalité de passions qui bouillent et débordent du cadre. On se souviendra de ce raccord séquentiel démentiel, qui balaye plusieurs années de vie dans le plan-séquence fiévreux et rock que Baz Lurhman n’a jamais réussi à faire.
  • À quelques scories et dos d’ânes près, Le temps d’aimer est donc un grand mélo qui emprunte toutes les voies de traverse pour arriver à ses fins. Comme son héroïne finalement, marginale ostracisée qui réussit à grandir et s’élever dans un monde qui ne voulait pas d’elle. Sans arme, ni haine, ni violence, mais avec amour. Il est temps.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • La moitié du visage coloriée par les gauches adverses, les yeux écarquillés par la surprise d’avoir encore perdu, le regard égaré dans le vague, Tony Yoka écoute Fabrice Tiozzo lui parler comme à un enfant. Pour lui dire des évidences, l’ex-champion du monde en mi-lourds et lourds-légers donne dans l’anaphore. « Tu comprends, Tony… », répète-t-il d’une voix douce avant chaque argument. Oui, lui-même avait pointé le combat en sa faveur, mais sa marge était inexistante. Non, un jab erratique ne suffisait pas pour prendre les rounds où Ryad Merhy décidait de travailler plutôt que ménager sa caisse de cruiserweight en surpoids. Oui, l’arbitrage à la maison fait partie du jeu, mais il fallait quand même avoir assez donné pour en profiter. Non, rester dans l’axe sans savoir user de son formidable avantage d’allonge en attaque ou en défense n’avait aucune chance d’impressionner les juges. J’avais dit avant le combat, avec la pointe de cruauté dont les sportifs de canapé se montrent si souvent capables, qu’à ce stade toute nouvelle sortie de Tony Yoka serait gagnant-gagnant : une victoire satisferait le chauvin en moi tandis qu’une défaite apporterait son lot de ricanements savoureux. Dans l’enceinte surdimensionnée du court Philippe Chatrier, après un documentaire forçant la belle histoire éculée d’une rédemption puis une sous-carte bien pauvrette — mention malgré tout à l’effort moins gracieux que généreux de Dylan Colin et Gaetan NTambwe pour le titre hexagonal des 175 livres —, le champion olympique de Rio aura fait mentir mon pronostic de la pire des façons : il m’a simplement fait beaucoup, beaucoup de peine.
Nous non plus, Tony, on ne comprend pas tout…
  • Mais parlons plutôt boxe, comme dirait Guillaume, et parlons donc d’une des performances les plus marquantes de cette année pugilistique. Une fois de plus en 2023, après Naoya Inoue et Terence Crawford, il s’est agi d’un récital de soliste plutôt que d’un duo enfiévré. Sur le ring du Chase Center de San Francisco, l’ancien champion unifié des poids légers Devin Haney a ravi hier soir la ceinture WBC des moins de 140 livres à son compatriote américain Regis Prograis au terme d’un pur shutout, 12 rounds remportés en intégralité. Une démonstration plutôt qu’un carnage, tant « The Dream » Haney combat en boxeur plutôt qu’en guerrier. La principale inconnue de cette équation-là résidait dans sa faculté à encaisser le bras arrière redouté de la fausse patte « Rougarou », et Haney résolut le problème en escamotant purement et simplement la gauche adverse, tournant côté jab. La sûreté de ses déplacements et de ses pivots lui valut aussi d’éviter l’écrasante majorité des directs du droit d’un Prograis au visage marqué dès la deuxième reprise. Tel un Floyd Mayweather en version welter, The Dream ne s’est certes pas contenté d’enfourcher sa bicyclette, tant s’en faut : derrière un jab autoritaire d’une régularité métronomique, il a su envoyer les combinaisons opportunes et tabler sur un timing et une vitesse supérieurs pour surprendre Rougarou. Une droite donnée en première intention au 3e round envoya ainsi Prograis au tapis, ce dernier hochant la tête une fois relevé en hommage à son tourmenteur et réfléchissant désormais à deux fois avant de s’approcher. Il n’était pas question que de technique sur ce knockdown inattendu. Même si Haney ne sera jamais réputé pour son punch, on l’imagine plus puissant en super légers qu’à 135 livres : son gabarit impressionnait déjà en comparaison de celui de Rougarou et l’on imagine combien il dut souffrir pour respecter son ancienne limite de poids. Son daron et mentor Bill affirme déjà que l’objectif final est de concourir chez les welters. Je l’ai dit et répété ici : le mélange d’hyper rationalité et d’opportunisme du camp Haney a tendance à me les briser, tandis que le personnage du Dream m’agace comme pas permis. Reste que les démonstrations comme celle d’hier soir ne méritent rien d’autre d’un coup de chapeau, et basta. Pour désigner le boxeur de l’année 2023, on attendra tout de même le 26 décembre prochain et la possible unification des 4 titres majeurs à 122 livres par un Naoya Inoue qui découvrait la catégorie en juillet dernier. Il n’y aura guère que lui pour priver Devin Haney de la distinction. Notons en sous-carte l’impressionnante victoire du prodige cubain Andy Cruz sur le vétéran mexicain des légers Jovanni Straffon, submergé en moins de 3 rounds, et la punition infligée en 6 reprises par l’invaincu super léger australien Liam Paro (dont on murmure qu’il infligea un KO à Shakur Stevenson en sparring) à un Montana Love connu jusque-là pour son amour du catch — il balança intentionnellement hors du ring l’infortuné Steve Spark en novembre 2022.
  • On boxait aussi en Floride hier soir, plus précisément à Pembroke Pines. C’est au moment où l’on commençait à se dire que l’espoir portoricain des super welters Xander Zayas était meilleur boxeur que finisseur qu’il gratifia l’Espagnol Jorge Fortea d’un second knockdown au corps, fatal celui-là, piquant le foie d’un crochet gauche au cinquième round après avoir touché sous le plexus du même coup au premier. La pépite de Top Rank a affirmé dans la foulée vouloir affronter l’ancien champion du monde Patrick Teixera, delesté de son titre WBO en août 2021 par Brian Castano. Le puncheur brésilien semble un cran au-dessus des adversaires précédents de Zayas tout en restant un objectif raisonnable, preuve que le môme boricua garde la tête plus solidement vissée sur les épaules que pas mal de ses compatriotes. Si le combat vedette de la soirée semblait taillé sur mesure pour l’une des stars émergentes du catalogue de Bob Arum (92 ans cette semaine), il s’est transformé en candidat crédible aux titres de combat et surprise de l’année 2023. Champion WBO après un succès probant sur le Japonais Satochi Shimizu en juillet, Robeisy Ramirez s’est heurté à un autre poids plume surdimensionné en la personne du Mexicain invaincu Rafael Espinoza. Le gaucher cubain commença par peiner à imposer sa technique fluide et imprévisible, sorte de jazz à base de combos ciselés et coups puissants à contretemps. Il expédia pourtant au tapis un Espinosa en déséquilibre d’un splendide crochet droit au 5e round et empocha les quelques suivants, d’une rare intensité. Hélas pour Ramirez, le Mexicain est aussi endurant qu’interminable — 1m 85 pour 57,2kg… — et il enclencha une marche avant décomplexée une fois le Cubain fatigué à partir de la 9e reprise. Sorte de Tony Margarito encore amaigri, Espinoza balance sans relâche des enchaînements au corps et à la face qui usent plutôt qu’ils ne foudroient. C’est bien d’épuisement que Ramirez finit par tomber au 12e round, achevant de donner l’avantage au Mexicain pour deux des trois juges. Une revanche semble inévitable et l’on se demande déjà comment Ramirez pourra gérer pareil phénomène physique dans la durée, à moins peut-être de tenter d’abréger les débats… et surtout d’insister au corps, ce qu’il s’abstint curieusement de faire contre un adversaire aussi fin. Saluons la performance inattendue d’un Espinoza méconnu jusque-là… tout en regrettant un peu qu’un aussi beau technicien que Robeisy Ramirez ait été détrôné par un weight bully caractérisé.
L’attaque de la mante religieuse, hier soir sur vos écrans
  • On connaît désormais les boxeurs intronisés l’année prochaine au Hall of Fame de Canastota, et cette promotion a de la gueule à défaut de figurer dans les plus prestigieuses. Entre ici, Ricky Hatton, le lad gouailleur de Manchester en col bleu qui s’improvisa taulier des super légers après des années à détenir un titre en chocolat. Le combat contre Kostya Tszyu est l’un des plus intenses émotionnellement de ce jeune siècle. Entre ici, Diego Corrales, toi que tes démons finirent par emporter après avoir donné plus que tout sur les rings, et dont le nom sera associé à tout jamais au 10 round de la première confrontation contre José Luis Castillo. Entre ici, Michael Moorer, pour la gloire immortelle du Kronk Gym et parce que ta gauche en allongea des dizaines, dont Bert Cooper un soir inoubliable de 1992. Entre ici, Ivan Calderon, titan boricua des catégories inférieures dix-sept fois victorieux en défenses de titres mondiaux. Ces quatre-là ont joué sur le registre de l’émotion et laissé des souvenirs précieux. Merci à eux.

Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /

  • Parlons de MMA, parlons d’Anthony Smith, opposé à Khalil Roundtree jr pour le main event light heavyweight de l’UFC 233. Smith fait partie des besogneux qui ont assuré l’intendance de la catégorie, littéralement dans les ronces pendant 3 ans après le départ de Jon Jones de son trône undisputed. Visage de la division par défaut, « Lionheart » a assuré le boulot bon gré mal gré, sans briller mais sans plier, maintenu un bilan plus qu’honorable face à des clients sérieux. Mais à 35 ans et avec un roaster renouvelé en face de lui, il est peut-être temps de se replier sur ses activités annexes. C’est en tous cas ce que suggère son combat Khalil Roundtree jr, gros physique de power-puncher explosif contre lequel il n’a jamais réussi à profiter de son avantage d’allonge, malgré sa réussite ponctuelle en jab dans le premier round. Avançant en espérant étouffer son adversaire, Smith lui laissait le temps de trouver sa distance et placer ses contres de mammouth. La première fois, il ne doit sa survie qu’à l’attentisme dénué de killer instinct de Roundtree. La seconde, l’enchainement uppercut-crochet ne lui laisse aucune échappatoire, le golgoth s’avance vers lui juste assez vite pour laisser à l’arbitre de préserver le capital neurologique du vaincu de la soirée. Pas une défaite humiliante, mais peut-être un signal d’alarme.
  • Quelques mots sur le PFL et sur… Cédric Doumbé, très présents par médias et réseaux interposés depuis sa sortie expéditive contre Jordan Zébo. Depuis, les spéculations vont bon train concernant le futur adversaire du « Best », pas le dernier pour nourrir le buzz. Mais là, l’excitation vient de monter de quelques crans. Présent au PFL Dublin ce week-end, Doumbé y a croisé Michael « Venom » Page, ancien champion du Bellator récemment racheté par… Le PFL. Et oui, les étoiles s’alignent, tout est lié, Doumbé entre dans la cage et invite son probable futur opposant à l’y rejoindre, bref : ça promet du spectacle dedans et en dehors. Page est un kickboxer d’exception, au style peu orthodoxe, dont les KO font le bonheur des highlights, et réputé pour son manque d’esprit sportif absolu à l’égard de ses adversaires. Autant dire que Doumbé s’est trouvé un client à sa hauteur, sportivement et extrasportivement, qui ne viendra pas le chercher en lutte mais en pieds-poings. Pour le PFL, il s’agit de l’affiche qui lui permettrait de se hisser au niveau de ses ambitions voir de remplir un stade, en Angleterre ou en France.
En toute simplicité

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