Punchlines du 13 novembre 2022

Le site /

• Non seulement vous eûtes droit à un nouveau papier cette semaine, mais il concerne qui plus est un sujet qui me tenait à coeur : c’est le récit in extenso du combat du 3 décembre 1982 ayant opposé le Portoricain Wilfredo Gomez au mexicain Lupe Pintor, où je tente d’expliquer pourquoi il importe autant à mes yeux.

Les auteurs /

• Match dans le match des prix littéraires d’automne, Monica Sabolo, Yves Ravey, Grégoire Bouillier et Emma Becker se disputent désormais le titre de l’auteur bredouille le plus souvent nommé dans les listes les plus prestigieuses. La menace d’un Goncourt des lycéens pèse toujours sur les trois premiers nommés. Réponse le 24 novembre.

• Il n’a pas encore la renommée de celui des lycéens, mais le lancement du Goncourt des détenus mérite une mention. Y participent des personnes détenues dans une trentaine de centres pénitentiaires ; elles seront appelées à choisir un lauréat parmi les 15 titres nommés dans la première liste du Goncourt tout court et le choix sera révélé le 15 décembre prochain au Centre national du livre. L’initiative est à saluer.
• Alors que les jurys renommés ont presque tous livrés leur choix, je tiens à signaler que j’aurai une fois de plus réalisé une année parfaite en n’ayant lu aucun lauréat avant qu’il soit sacré. Oui, c’est beaucoup d’efforts.
• En pleine COP 28, il n’est pas inopportun de citer une tentative d’application des principes de l’économie circulaire au monde du livre : le bouquiniste Ammareal a fédéré un réseau de 50 libraires partenaires indépendantes invitant leurs clients à rapporter leurs livres en très bon état. Ceux-ci sont repris en l’échange d’un bon d’achat chez Ammareal pour des livres d’occasion. Vu de 2022, voilà qui ne sonne pas beaucoup plus farfelu que le pilon.
• Puisque l’époque est à la distribution de distinctions dans le monde du livre, une certaine Florence Pan mérite à nul doute le titre de Femme de la semaine. Il s’agit de la juge signataire du mémorandum de 80 pages émis par le tribunal de district du District of Columbia enterrant le projet de rachat de l’éditeur Simon & Schuster par Penguin Random House (propriété du groupe Bertlesmann) qui eût littéralement crée un monstre dans le secteur de l’édition outre-Atlantique. Notons l’élégance de la dame citant John Steinbeck en introduction, en espérant que certains principes ici pris en compte restent en vigueur par chez nous. Voici une tentative de traduction de l’introduction du jugement :

Comme l’a dit John Steinbeck : « Je suppose qu’il n’y a jamais assez de livres ». Il voulait apparemment le dire au sens figuré, commentant la faculté des livres à éduquer, enrichir et explorer. Mais aujourd’hui son affirmation sonne aussi juste du point de vue économique : la marché du livre aux États-Unis représentait plus de 11,5 milliards de dollars en 2019 et a continué à croître. Les gens veulent lire. Et les éditeurs ont les immenses pouvoir et responsabilité de décider quels livres – donc quelles idées et histoires – seront mis à la disposition du grand public.

Les puncheurs /

• Jamais à court d’initiatives discutables, la WBC a officiellement modifié le résultat du championnat du monde des super plumes disputé le 28 juin 1991 à Las Vegas entre le Ghanéen Azumah Nelson et son challenger australien Jeff Fenech. Le match nul attribué par décision partagée avait à l’époque surpris les observateurs tant le champion baissa le pied en seconde partie de combat – il dit un peu plus tard qu’il soignait une malaria. Trois remarques s’imposent ici. D’abord, Nelson remit les pendules à l’heure 9 mois plus tard à Melbourne en s’imposant par KO lors du combat revanche. Ensuite, c’est une décision unilatérale de la WBC, ce qui signifie que le résultat officiel ne change pas pour les autres instances du noble art… la boxe a-t-elle vraiment besoin de palmarès différents selon la source ? Enfin, souhaitons bon courage à la maison Sulaiman pour gérer un tsunami de demandes de plus ou moins bonne foi visant à corriger ses tablettes, attendu que les décisions controversées ne sont pas exactement un phénomène rare en boxe. M’est avis qu’on va rigoler.
• À propos de décisions controversées, le champion linéal des super légers (il a renoncé à ses ceintures WBA et WBC et n’est donc plus incontesté) Josh Taylor accordera sa revanche à Jake Caterall le 4 février prochain après son surprenant succès de début 2022. Taylor serait bien avisé de mieux gérer sa préparation cette fois-ci – on se rappelle son aspect cadavérique à force de déshydratation à la pesée du premier combat. Et l’on espère surtout un combat moins dégueulasse suivre.
• Coup de chapeau à un vaincu, l’Anglais Denzel Bentley, défait par le Kazakh Janibek Alimkhanuly pour le titre WBO des moyens. Une écrasante majorité de fans voyaient Bentley en victime expiatoire tant Alimkhanuly est présenté comme le nouveau croquemitaine de la division – le Tricolore Hassan N’Dam peut en témoigner. Le fait est que le gaucher est venu pour jouer sa chance, atteignant la fin du 12e round et accélérant même à la mi-combat au point de quelque peu contrarier son adversaire. Alimkhanuly bénéficie d’un gabarit et d’une puissance de mi-lourd mais sa boxe très efficace sur un ou deux coups présente des failles exploitables. Félicitations au diesel Bentley, défait par décision unanime (118-110, 2×116-112) de les avoir en partie exploitées.

• On ne joue pas à la boxe, épisode 7392 : autre compatriote de Gennady Golovkin, Aidos Yerbossynuly a été plongé dans un coma artificiel suite au KO subi la semaine dernière face au Cubain David Morrell. Il est toujours facile de chercher des coupables après coup, sachant qu’aucune précaution prise pour préserver les boxeurs ne réduira jamais à néant le risque d’un accident. Si l’arbitre comme les hommes de coin auraient pu arrêter les frais avant le fatidique 12e round, il faut souligner que Yerbossynuly aura joué sa chance jusqu’au bout, loin de se restreindre au rôle de sac de frappe. L’expression « trop brave pour son propre bien » vient ici à l’esprit. En l’absence de réponse toute faite à la question épineuse des responsabilités, pensées amicales à lui et à ses proches.