Punchlines du 6 novembre 2022

Le site /

  • Même moi je n’y croyais plus : un nouveau papier est paru cette semaine sur le site, la recension du très beau troisième roman de Julie Estève intitulé Presque le silence. Je vous fiche mon billet qu’il remettra à l’étrier le pied de ceux qui n’ont pas fini un bouquin depuis des lustres. En tout cas il m’aura remis, moi, à mon clavier.
Adrian, j’ai écrit !

Les auteurs /

  • Ah, Brétigny sur Orge… Sa base aéronautique militaire, son conseil municipal où siégea Benoît Hamon et désormais son méga entrepôt Amazon dédié à l’impression à la demande. On savait l’entreprise de Jeff Bezos en pointe sur l’auto-édition (en plus de son poids toujours plus important dans les ventes de livres neufs ou d’occasion), on la découvre désormais capable de proposer ses services d’imprimeur à d’authentiques éditeurs. Imprimer à la demande permet d’éviter stocks et pilonnages d’invendus, puisque la fabrication ne concerne plus que des exemplaires déjà vendus. Sur le coût économique véritable et l’impact écologique de la pratique, il y a débat. Croyez bien que j’adorerais avoir un avis éclairé sur la question ; je me contente pour l’heure d’observer avec étonnement le grignotage de la chaîne de valeur du livre par une entreprise pour laquelle ce produit représente littéralement des clopinettes.
  • Frédéric Beigbeder et Benoît Duteurtre ne succèderont pas à Jean-Loup Dabadie au fauteuil 19 de l’Académie Française. D’aucuns s’en réjouissent : ni le lauréat du Renaudot 2009 ni celui du Médicis 2001 ne viendront profaner la noble confrérie des protecteurs de notre langue qui peut s’enorgueillir d’avoir accueilli dans ses rangs Xavier Darcos et Valéry Giscard d’Estaing. Il se pourrait que les deux candidatures aux profils assez similaires se soient cannibalisées, comme disent les gens de marketing. Toujours est-il que ce double échec en fait oublier un dix-septième, celui d’Eduardo Pisani. Celui qui fut la coqueluche des Enfants de la télé pour le clip ahurissant de Je t’aime le lundi rêve d’être recalé autant de fois qu’Émile Zola (banané à vingt-cinq reprises). Crois en tes rêves, champion.
130livres.com est #TeamEduardo
  • L’Histoire retiendra que je me suis loupé sur Grégoire Bouillier pour le Goncourt 2022 mais que j’avais vu juste avec Flammarion : Gallimard partagera bien un peu de son festin de fin d’année à base de Céline et Ernaux avec sa maison sœur. Félicitations à Brigitte Giraud. À moi aussi, après tout puisque ma fiabilité de pronostiqueur une fois connus les quatre derniers prétendants au chèque de 10 euros n’est plus à démontrer. Il suffit que je n’aie lu aucun de leurs livres. Côté Renaudot, suffisamment de belles âmes ont froncé un sourcil à l’évocation du lauréat Simon Liberati pour me donner envie de lire Performance. Merci pour lui.
  • Seule une tombe à fleurir me lie désormais à la commune où je passai mes années de lycéen puis de préparationnaire, ce qui me convient tout à fait. Dès la sortie de la gare, la vilaine place à l’architecture giscardo-pompidolienne (NB : les deux allusions à VGE de cette semaine ne relèvent d’aucune espèce de préméditation) n’éveille pas que de bons souvenirs, à plus forte raison un 2 novembre au matin. Face à moi, sous les arcades sans grâce, les immuables et tristes fleuriste, boulanger et traiteur chinois. Depuis cinq mois, toutefois, une librairie éclaire la morne enfilade. Ça sent le neuf, la vitrine est travaillée, quelques meubles chinés se mêlent agréablement au décor coloré d’inspiration moderne. Apparemment, les propriétaires du cinéma voisin ont repris le fonds de commerce et Le roi Lire sert aussi de lieu de rencontres lorsqu’acteurs et réalisateurs y sont invités. J’ai assez vécu à Marly-le-Roi pour voir les commerces de proximité y péricliter doucettement. En 1989, il n’y avait déjà plus l’ombre d’une librairie où se rendre à pied depuis chez moi ; tout juste la maison de la presse de la grand rue permettait-elle aux bonnes gens du coin d’acheter le dernier Jean d’Ormesson (les jeunes ont leur pudeur : je poussais plus loin mes balades pour acquérir mes magazines de charme dans le confortable anonymat d’un Shopi). Fictions, essais, mangas, romans graphiques, littérature enfants et ados : le parti-pris généraliste de la petite librairie flambant neuve ne permettra certes pas d’y trouver en rayon des références pointues, mais enfin elle fait parfaitement son office en ce qui concerne les lectures de première nécessité. Il se murmure d’ailleurs qu’on va retaper les arcades moches. Bref, de quoi égayer un peu les 2 novembre à venir.
« Le roi Lire ». Vous l’avez ?

Les puncheurs /

  • « Skills pay the bills » : la technique paye les factures. Ainsi les Américains ont-il coutume d’affirmer que la boxe elle-même prévaut sur la vitesse ou la puissance, et Dmitry Bivol en a apporté une nouvelle illustration hier soir à l’Ethiad Arena d’Abu Dhabi. Face à lui, le Mexicain invaincu Gilberto Ramirez dressait son authentique carcasse de lourd-léger – qu’il ait pu boxer aussi longtemps à 168 livres laisse rêveur. Le gaucher « Zurdo » Ramirez avait un plan : profiter de son avantage d’allonge et cueillir le champion WBA à distance avec son jab et son cross télescopiques, sans se lancer dans les bagarres à mi-distance où sa caisse et sa puissance firent souvent merveille. Dans un premier tiers de combat très tactique et serré, la recette parut fonctionner. Ramirez y faisait jeu égal avec un Bivol attentiste, occupé à analyser la distance et les attitudes adverses. Puis, à la manière d’un Floyd Mayweather Jr. en version welter, Bivol se détacha à force de précision, d’anticipation et de contrôle sur le combat. Au pays de la boxe, on appelle ce dernier point le « ring generalship » et le Russe d’origine kirghize y excelle presque autant que l’Américain de Grand Rapids (Michigan). Pour preuve, même en s’accordant une pause au round 10 il sembla malgré tout aux commandes des échanges, mettant Ramirez en échec par ses seuls déplacements vers l’avant. Moins actif et agressif que contre « Canelo » Alvarez, il asséna malgré tout à son massif challenger quelques enchaînements d’une fluidité parfaite lui assurant le gain des reprises serrées. Et les rares fois où il se trouva dos aux cordes, en pleine zone de confort de Zurdo, il conserva un calme olympien et plaça des contres tranchants. Vainqueur de 9 à 10 rounds selon les juges, Bivol n’aura pas fait se lever la foule en livrant une bagarre brutale front contre front. Une fois de plus, il s’est contenté de mieux boxer que le type d’en face – qui affirma sans rire « en avoir fait assez » pour l’emporter… Zurdo peut surtout regretter d’avoir pris aussi peu de risques et d’avoir cru pouvoir battre un Dmitry Bivol à l’escrime de poings. Ce dernier a réaffirmé son souhait d’unifier les ceintures mondiales des mi-lourds. Un duel 100% russe face à l’épouvantail Artur Beterbiev est sans doute ce que la boxe aurait de meilleur à proposer en 2023.
Promo sur le tuto « Réduire la distance »
  • Pour le sang et le drame, mieux valait garder un oeil sur l’Armory de Minneapolis, théâtre du championnat WBA « carton » des 168 livres entre David Morrell vs Aidos Yerbossynuly. Ce n’était que la 8eme sortie professionnelle du Cubain Morrell, et son manque d’expérience se fit sentir vers la mi-combat, lorsqu’il sembla baisser le pied physiquement. Il avait entamé les débats en fanfare, faisant valoir une vitesse et une précision supérieures. Ses gauches en première intention valent leur pesant de langouste, et son travail du bras avant en uppercuts et au corps n’est pas mal non plus. Face à lui, le sobre et besogneux Yerbossynuly mangeait beaucoup mais ne bronchait pas. Une fois dans le dur, Morrell agaça franchement à force de chambrage et d’inutiles effets de manche. Au 12e round, il semblait s’acheminer vers une nette victoire aux points lorsqu’il révéla une autre facette de sa boxe, un instinct de finisseur particulièrement développé. Le menton du Kazakh finit par rompre sur un Nième cross du gauche qui l’envoya au tapis. Remis d’aplomb à grand peine (il concéda un point de pénalité pour accrochages intempestifs), il tomba à nouveau sur une série conclue d’un terrible crochet du droit. Il a apparemment passé la nuit à l’hôpital, après quoi on lui souhaitera un prompt rétablissement. Quant à Morrell, en battant un adversaire de valeur invaincu jusque-là, il a prouvé qu’il mérite considération parmi l’élite des super moyens.
  • Le Cubain a d’ailleurs déclaré vouloir affronter l’ex-champion du monde David Benavidez et un tel duel ferait saliver la planète boxe. Mais l’Américain, dont le combat annoncé face à José Uzcategui en janvier prochain a capoté, la faute au contrôle positif à l’EPO de « Bolivita », serait en négociations pour affronter un Caleb Plant auréolé de l’énorme KO infligé à Anthony Dirrell le mois dernier. Bien qu’arrêté par Canelo Alvarez en novembre 2021, Plant avait impressionné par la qualité de ses déplacements et sa faculté à toucher Canelo de sa droite en contre. On connaît les qualités de Benavidez, son allonge, sa puissance de feu et sa faculté à enchaîner les combos longs. Même s’il ferait un favori logique contre Plant, il devra faire preuve d’une grande discipline à la fois dans sa préparation – entre cocaïne et surpoids, Dieu sait s’il a pu en manquer – et sur le ring, où il lui faudra s’employer à couper la route de son très mobile adversaire – lui-même n’étant pas réputé pour son jeu de jambes. Une affaire à suivre en tout cas : le vainqueur pourrait bien devenir le prochain adversaire d’un Canelo remis de sa blessure au poignet.

4 commentaires sur “Punchlines du 6 novembre 2022

    1. Bonjour Frédéric, est ce que par hasard vous connaissez une librairie à Paris ou Toulouse où je pourrais trouver MILLE ET UNE REPRISES? Lève ton Gauche m’a frappé de son réalisme et m’a fait revivre mes années de combats amateurs. Merci pour ça.
      Thomas

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