Les coups de coeur de la Page 189, Printemps 2021

Sise au même numéro de la rue du faubourg Saint-Antoine (75011), la Page 189 est une librairie offrant plusieurs caractéristiques remarquables : elle occupe le rez-de-chaussée d’un antique petit immeuble du faubourg auquel elle doit ses poutres apparentes et son sacré cachet, on n’y accepte pas les chiens, la faute au chartreux languide qui s’étend sur les présentoirs avec volupté, elle propose encore aujourd’hui un répertoire client à l’ancienne constitué de centaines de fiches bristol quadrillées, et c’est ma librairie de quartier, où j’ai découvert plus d’une pépite.

Voici les conseils de lecture avisés de son équipe pour ce nouvel épisode de pseudo-confinement. Même si rien ne vaut une visite à un commerce essentiel, forcément.


Efface toute trace, François Vallejo, Viviane Hamy

  • 4eme de couverture :

« Vous m’avez sollicité comme expert renommé dans mon domaine, exigeant de moi la plus extrême discrétion. Des incidents récents, distants dans l’espace, vous inquiètent et justifient que vous ayez recours à mes services. Vous attendez de moi que je contribue à préserver votre sécurité. Les conclusions suivront. »

Face aux violents décès de trois amateurs d’art fortunés à Hong Kong, New York et Paris, un groupe de collectionneurs surnommé le « consortium de l’angoisse », charge un expert d’élucider ces incidents étranges. Sa mission ? Rassembler l’ensemble des faits connus et mener sa propre enquête. Le temps presse car de nouveaux accidents surviennent.

Une piste se dégage. Les victimes auraient fait l’acquisition d’œuvres subversives signées « jv ». L’artiste, un Orson Welles mâtiné d’un Bansky, obsédé par le détournement, est introuvable. Jusqu’au jour où il décide de joindre l’expert…

Provocation ? Bluff ? Falsification ? Serial artiste doublé d’un serial killer ?

Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? Que signifie être artiste au sein de nos sociétés capitalistes et dématérialisées ? François Vallejo avec Efface toute trace embarque son lecteur au cœur d’une enquête palpitante où les apparences sont autant de trompe l’œil s’éclairant les uns les autres. Talentueux et féroce.

  • L’avis de la Page 189 :

Un expert en art contemporain est mandaté par un groupe de collectionneurs pour faire la lumière sur la mort violente de trois hommes riches et puissants en France, aux USA et à Hong Kong.

Non, ce n’est pas un polar, mais une réflexion teintée d’ironie sur l’art contemporain, son business et ses dérives.

Une structure sophistiquée au service d’une intrigue palpitante, ce roman confirme que F.Vallejo est décidément un auteur à part.

La Chose en soi, Adam Roberts, Denoël

  • 4eme de couverture :

1986. Charles Gardner et Roy Curtius sont isolés sur une base en Antarctique. Ils participent au programme de recherche d’éventuels signaux en provenance d’une intelligence extraterrestre. Si Charles est pragmatique et expansif, Roy est taciturne et, surtout, obsédé par la lecture de la Critique de la raison pure.
Leur cohabitation forcée va virer à l’inimitié à cause d’une lettre : une de celles que Charles a reçues et qu’il a accepté de vendre, sans l’avoir lue, à Roy qui ne reçoit jamais de courrier. La tension est à son comble lorsque celui-ci prétend avoir résolu le paradoxe de Fermi grâce aux textes de Kant. Serait-il devenu fou ? Représente-t-il un danger, alors qu’une tempête éclate à l’extérieur et qu’aucun secours n’est envisageable avant plusieurs jours ? La vision récente du film The Thing, de John Carpenter, n’est pas pour rassurer Charles…

À la fois roman d’aventures drolatique et tour de force littéraire érudit, La Chose en soi nous emporte dans un voyage effréné à travers le temps et confirme l’immense talent d’Adam Roberts.

  • L’avis de la Page 189 :

Adam Roberts, en digne héritier de Philip K. Dick, s’interroge sur le sens de la réalité en faisant se téléscoper des spéculations philosophiques autour de la pensée de Kant et l’anticipation technologique liée au voyage temporel.

Un excellent roman à la densité stupéfiante où l’auteur jongle avec les styles littéraires avec beaucoup d’humour et d’ingéniosité. EXIGEANT et FASCINANT !!

Le gibier, Nicolas Lebel, Éditions du Masque

  • 4eme de couverture :

Trente ans après la chute de l’apartheid, les Furies, déesses du châtiment, viennent à Paris initier leur danse macabre. Qui sont-elles venues venger ?
La journée du commissaire Paul Starski commence assez mal : son épouse demande le divorce, son chien adoré est mourant et une prise d’otages l’attend dans un appartement parisien. L’âme morose, il se rend sur place avec sa coéquipière, la glaciale et pragmatique Yvonne Chen, et découvre les corps d’un flic à la dérive et d’un homme d’affaires sud-africain. Tous les indices accusent Chloé de Talense, une brillante biologiste. Starski n’ose y croire : Chloé était son grand amour de jeunesse. Afin de prouver son innocence, le commissaire prend l’enquête à bras le corps – et certainement trop à coeur –, tandis que les meurtres se multiplient. Car l’étau se resserre autour de la biologiste qui semble être le gibier d’une chasse à courre sanglante lancée à travers la capitale. Starski prend peu à peu conscience que rien n’arrêtera les tueurs. Pire, qu’à fureter au-delà des évidences, il vient peut-être lui-même d’entrer dans la Danse des Furies…

  • L’avis de la Page 189 :

Deux cadavres : un flic parti en vrille et un homme d’affaires sud-africain. Le principal suspect est l’amour de jeunesse du commissaite Starski (avec un i). Elle se retrouve à être à la fois la suspecte et la cible d’une chasse à courre sans répit.

Une intrigue ciselée avec précision et toujours ce trait d’humour qui le caractérise, Nicolas Lebel est au sommet de son art.

Les enfants sont rois, Delphine de Vigan, Gallimard

  • 4eme de couverture :

« La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s’étonna de l’autorité qui émanait d’une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l’obscurité. “ On dirait une enfant ”, pensa la première, “elle ressemble à une poupée”, songea la seconde.
Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire. »

À travers l’histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s’expose et se vend, jusqu’au bonheur familial.

  • L’avis de la Page 189 :

Mélanie rêve de célébrité, d’être touchée par la gloire, reconnue dans la rue, comme Loana et son sacre via le Loft – une grande source d’inspiration… Elle se lance alors mais manque de chance : sa performance ne répond pas aux attentes du public. Il lui faudra attendre quelques années pour voir son rêve enfin réalisé et avec lui la démocratisation par les réseaux sociaux comme Youtube, Facebook, Instagram…

La consécration est à portée de clic ! Grâce à son énergie, son talent et (surtout) ses enfants, elle va enfin être la star de sa propre vie… Jusqu’à ce que cette dernière la rattrape et lui enlève sa princpale source de reconnaissance : Kimy, 6 ans, star n°1 de son show !

Et aussi…

Heurs et malheurs du sous-majordome Minor, Patrick DeWitt, Babel

D’un conte initiatique à la Dickens, on passe dans une fantaisie absurde façon Monty Python.

Un roman aussi drôle que cruel qu’adoreraient les frères Coen.

Anne de Green Gables, Lucy Maud Montgomery, Monsieur Toussaint Louverture

Très beau roman ! Anne est une orpheline pleine d’espoir et prête à toutes les folies pour faire de sa vie le plus beau des romans.

Une ode à l’imagination. La fièvre de son héroine vous suivra longtemps !

Les Vilaines, Camila Sosa Villada, Métailié

Dans ce premier roman Camilia Sosa Villada nous raconte le quotidien sombre et flamboyant d’un groupe de femmes trans en Argentine. Une autofiction pleine de magie et d’émotion. Admirable ! La claque littérire de cette rentrée…

Ne me cherche pas demain, Adrian McKinty, Actes Sud

Adrian McKinty est un auteur à découvrir. Troisième opus des aventures de son flic catholique en Irlande du Nord (pas simple !)

Un super scénario, de l’action et de l’humour – Parfait !

Le choix du chômage, Benoît Collombat et Damien Cuvilier, Futuropolis

Enquête très dense, très documentée et extrêmement intéressante, qui montre pourquoi et comment les politiues français ont laissé l’économie et la finance dominer la société. Par le journaliste à l’origine de la BD Cher pays de notre enfance.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s