José Nápoles, The shape of butter

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L’importance accordée par le landerneau pugilistique aux 50 ans du premier Ali vs Frazier dit bien sa nostalgie du temps où un gala de boxe pouvait figer l’Amérique entière, et ses secousses sismiques atteindre le moindre recoin de la planète. Le boxing buisness a depuis accompli la gageure de vendre toujours plus de pay per views tout en intéressant de moins en moins l’individu lambda. Si ce 8 mars 1971 fut bien la date d’un « combat du siècle » qui méritait l’appellation, il reflète aussi, rétrospectivement, une époque où l’église se dressait fièrement au milieu du village de l’escrime de poings : ce marigot-là était certes dense de magouilles en tout genre, elle font partie du grand barnum pugilistique depuis sa création, mais enfin on comptait moins d’une cinquantaine de champions du monde en activité – c’est grosso modo le nombre actuel de titres attribués par la seule WBA – et ceux qui arboraient les ceintures en question étaient bien les meilleurs boxeurs du lot.

Froncement de sourcils côté welters

Chez les lourds, le régent Frazier était donc devenu roi légitime en terrassant Ali. Non sans renoncer à son paquet de clopes quotidien, Niccolino Locche enfumait copieusement ceux qui convoitaient sa ceinture WBA des super-légers. Carlos Monzon avait conquis la couronne de champion unifié des moyens aux dépens de Nino Benvenuti à l’issue d’un duel d’anthologie. En mi-lourds, Bob Foster cassait des gueules de challengers WBA-WBC avec une régularité de métronome à long balancier. Et là où un despote n’écrasait pas la concurrence de ses gants plus minces qu’aujourd’hui, on sentait poindre une relève de prestige : un certain Roberto Duran fonçait vers une chance mondiale en légers, le Brésilien Eder Jofre poursuivait un patient comeback qui le verrait triompher en plumes, et son successeur mexicain chez les coqs Ruben Olivares récupérerait son dû moins d’un mois après Ali vs Frazier… Au moins « El Puas » – Le Pou – Olivares avait-il temporairement cédé son sceptre à un dur de dur, son compatriote Chucho Castillo.

Dans ce tableau d’exception, la mythique catégorie des welters avait de quoi susciter un froncement de sourcils : son champion unifié Billy Backus n’avait pas tout à fait le pedigree d’un grand. Celui qui remporta sept de ses dix-neuf premiers combats professionnels était certes le neveu d’un certain Carmen Basilio, adversaire de Sugar Ray Robinson sacré en welters puis en moyens, fameux pour protéger ses poings avec sa tête – imaginez qu’en comparaison des siens les combats d’un Erik Morales font figure d’aimables parties d’échecs. Après trois revers consécutifs aux points, Backus était allé jusqu’à raccrocher les gants à l’âge de 22 ans. Il fut bien avisé de reprendre sa carrière une trentaine de mois plus tard par pure nécessité financière : l’honnête palmarès qu’il se forgea dans la foulée lui permit d’atteindre la 10eme place mondiale et d’attirer ainsi l’attention du cador de l’époque, en quête d’un challenger pour une fois pas trop exigeant : le Cubain-devenu-Mexicain José Nápoles, champion unifié des moins de 147 livres.

Beurre fondu et papier crépon

Le public du War Memorial de Syracuse (État de New York) était acquis à la cause de Backus, originaire du bled voisin de Canastota, dont la particularité consistera plus tard à accueillir l’International Boxing Hall of Fame. D’emblée, la différence de gabarit en faveur de l’Américain – pourtant monté des super-légers et réputé plus court d’un centimètre – semblait nette. Le gamin avait beau être appliqué et garder la main droite bien haute, il prenait le jab d’un champion tournant en père tranquille sur son côté fort. Dès le 2eme round, un choc de têtes pas si rare entre droitier et fausse patte blessa Nápoles à l’arcade gauche. Au 3eme, Backus changea d’attitude, trouva des angles ouverts et déclencha la bagarre, pas manchot dans l’exercice. Tandis que sa puissance supérieure se faisait sentir dans des échanges devenus brutaux, deux ou trois autres coups de boule achevèrent de transformer l’affaire en un pugilat sanguinolant. Même si Nápoles répliquait en séries de coups puissants, le mal était fait : l’arbitre choisit de l’arrêter sur blessure en début de quatrième reprise. « C’est la pire coupure que j’aie vue de ma carrière. On pouvait voir son globe occulaire » se justifia-t-il dans la foulée. Pour lui, le saignement fatal était dû à un coup régulier : on accorda donc la victoire à Billy Backus sous les vivats d’une foule en transe.

José Nápoles eut alors le douteux privilège d’inaugurer le palmarès d’une distinction créée en 1970 par le magazine The Ring, celle d’Upset of the year ou « surprise de l’année ». Le plus parfait styliste de sa génération cédait ainsi la couronne des welters à un bagarreur aussi méritant que dénué de grâce. Au-delà du vilain symbole, cette défaite emblématique mit en lumière d’un coup les quelques faiblesses de celui qu’on appelait « Mantequilla » pour sa technique d’une fluidité si parfaite qu’elle évoquait celle du beurre fondu. Sybarite revendiqué, Nápoles n’était pas le plus assidu à la salle, à plus forte raison lorsqu’il préparait un combat a priori simple à négocier pour un champion de son rang. Sept mois plus tard, le scénario comme l’impression visuelle de la revanche à Los Angeles – donc en terrain plus hospitalier pour un Mexicain d’adoption – laissent entendre que l’ex-champion était autrement plus motivé. Nápoles prit l’initiative des échanges et boxa très tôt pour faire mal, convainquant le docteur d’arrêter un Backus brave mais tuméfié, deux fois mis à terre au 8eme round. Une victoire tout en contrôle acquise malgré une nouvelle coupure sur coup de boule dès l’entame, heureusement maîtrisée par son cutman de luxe Angelo Dundee. Non seulement Mantequilla était doté d’un châssis plutôt étroit pour sa catégorie mais sa peau avait la consistance du papier crépon. Ce dernier point s’avérait d’autant moins anodin que Nápoles boxait garde basse, fondant la défense de sa bouille ronde et moustachue sur des esquives et la maîtrise de la distance qu’autorisait son jeu de jambes. Pas une science exacte, même pour l’un des plus brillants boxeurs de tous les temps à son poids.

Tontons boxeurs, Maman puncheuse

En 2021, Cuba produit toujours cigares, langoustes, dérivés de canne à sucre et docteurs en médecine dont le monde entier raffole. Cas particuliers, la musique et les pugilistes : la première a tristement dégénéré en reggaeton tandis que les seconds, s’ils brillent encore en amateurs, se voient interdire toute carrière professionnelle – seuls les exilés, tels Joel Casamayor ou Guillermo Rigondeaux, peuvent tenter leur chance. Il n’était pas encore question de prohibition en 1940, lorsque José Angel Nápoles naquit dans un bidonville de Santiago de Cuba. Notons dès maintenant que la date de naissance exacte de Mantequilla donne matière à débat, comme celle de quantité de ses compatriotes : à l’approche de la revanche accordée à Hedgemon Lewis, Sports Illustrated lui attribuerait « 34 ans, bientôt 40 ». En se fiant à sa date de naissance officielle, c’est dans sa dix-neuvieme année que Nápoles passa professionnel. Il avait beaucoup appris, tout gamin, en ralliant la Havane en autostop pour observer les meilleurs boxeurs du pays à l’entraînement, puis ses trois oncles s’étaient chargés de bien garnir son carnet de bal : il disputa 114 combats officiels en amateurs, n’en perdant qu’un seul, et l’on estime leur total véritable à 475. Malgré son excellence sur le ring, il reçut de ses exigeants tontons pléthore de coups de ceinturon ; selon ses dires, aucun des trois n’était cependant aussi coriace que sa mère, en furie dès qu’elle avait vent du nombre astonomique de ses bagarres.

Entre 1958 et la fin de la dictature de Batista, José Nápoles enregistra 20 succès sur ses 21 sorties professionnelles, entre poids plumes et poids légers, souvent face à des adversaires nettement plus expérimentés. Tel cet Angel Robinson Garcia, défait deux fois par décision, qui deviendra un journeyman de légende de 130 à 147 livres doublé d’un poids lourd de la bamboche : pour subvenir à sa passion, le bougre boxerait 237 fois dans 19 pays répartis sur 4 continents, arrêté 3 fois seulement avant la limite – dont une sur disqualification -, et parmi les 16 champions du monde qu’il affronterait un jeune Roberto Duran ne serait pas à la fête. Avant que Fidel Castro n’autorise son retour au pays, il passerait six mois dans une geôle italienne et vivrait comme clochard à Paris – on digresse, mais le spécimen le mérite absolument. Nápoles, lui, avait le destin d’une tête d’affiche plutôt que d’un vagabond ; encore lui fallut-il faire ses preuves à la dure, une fois exilé, dans un autre pays où l’on révère le noble art tout en embrassant une philosophie pugilistique bien distincte de celle de Cuba : le Mexique.

Téléphonez-moi

Sans trop vouloir verser dans les stéréotypes, le Cubain boxe en esthète ondulant quand le Mexicain considère qu’un beau geste est celui qui permet d’emboutir une mâchoire. Il a fallu à José Nápoles se faire une place là où tant d’autres envisageaient la boxe comme leur unique espoir, littéralement accros aux coups pris en pleine poire ou dans les bas morceaux, et très au fait de ce qu’était la faim. De Mexico à Tijuana, peu de cadeaux seraient faits à l’étranger à la peau sombre, dans le choix des adversaires ou le pointage des juges locaux. Après sa coupure forcée d’un an, Nápoles combatit à 10 reprises lors de ses 12 premiers mois dans son pays d’accueil ; il fut donné deux fois perdant contre un second rôle nommé Tony Lopez et surtout Alfredo Urbina, l’un des meilleurs légers du Mexique classé mondialement, auteur d’un des deux seuls KOs enregistrés face à un certain Angel Robinson Garcia. Lors de revanches contre Mantequilla, victimes de punitions expéditives, l’un comme l’autre auraient l’occasion de goûter ses progrès rapides et sa rancune tenace. Des années plus tard, en 1966, ce serait aussi le cas du vétéran américain LC Morgan, infligeant au Cubain son premier arrêt sur coupure mais incapable de tenir deux rounds lors de leur confrontation suivante.

De 1962 à 1968, José Nápoles se forgea ainsi une solide réputation de terreur des rings mexicains. L’ex plume se vit peu à peu contraint à monter en poids pour trouver de nouveaux adversaires disposés à l’affronter. Des légers, où la légende portoricaine Carlos Ortiz montra peu d’empressement à répondre à ses sollicitations, il passa aux moins de 140 livres, dont il défit un futur et un ex champions du monde : le puncheur vénezuélien Carlos Hernandez – battu chez lui à Caracas – et l’Américain Eddie Perkins. Classé numéro deux mondial dès 1964, son téléphone ne s’emballa pas pour autant. Puis Mantequilla s’établit en poids welters sans que son efficacité en semble entamée, ce qui suscita enfin l’intérêt des promoteurs américains. Dont celui de l’Angeleno d’origine grecque George Parnassus, argentier supposé de la création de la WBC et principal exploitant du tout nouveau Forum d’Inglewood, habitué à faire combattre en Californie les stars mexicaines de l’époque. Difficile en effet de continuer à ignorer la sensation qu’était devenue José Nápoles auprès du connaisseur public mexicain : Mantequilla s’employait à dézinguer ses adversaires avec l’agressivité si prisée localement, sans rien renier de ses bases de technicien cubain.

Le faucon qui attrape toutes les poules

Il tournait à petits pas sur un tempo constant pour s’ouvrir des angles, balançant son poids d’une jambe sur l’autre, faisait jaillir son jab en appui avant et l’enchaînait selon l’humeur sur un second – parfois un troisième – ou un crochet gauche voire un uppercut droit d’école. Si la cible tardait à réagir, une grêle tout en élégance s’abattait sur elle, très différente des enchaînements mécaniques répétés mille fois à l’entraînement par les bagarreurs vitaminés du sud du Rio Grande. Chacun des combos soyeux de José Nápoles semblait le fruit d’une improvisation – le jazz offensif d’un Pernell Whitaker, la fausse garde en moins, le risque et la méchanceté en plus, alors que son coup d’oeil en faisait aussi un contreur électrisant. Le Mexique, donc, s’était épris de Mantequilla, aussi élégant sur le ring qu’en dehors dans ses costumes sur mesure de dandy des tropiques, sautant sans façons sur la plateforme des tramways de Mexico entouré de nuées de gamins extatiques, apprécié des dames autant que des amateurs de noble art, lui qui se décrivait en riant comme « le faucon qui attrape toutes les poules » . Dans Sports Illustrated, Tex Maule écrivit qu’il aimait « contempler l’aube à la fin de ses journées, et pas à leur début ».

Après deux sorties au Forum d’Inglewood pour se faire connaître à Los Angeles, le 18 avril 1969, José Nápoles y défia le champion unifié des welters, l’Américain Curtis Cokes, convaincu d’accepter le duel par Parnassus et 80000 dollars – un fameux paquet pour l’époque. 29 ans – au moins – et 63 combats professionnels, voilà ce qu’avait dû attendre Mantequilla pour obtenir une première chance mondiale, la faute aux chocottes planétaires qu’il inspirait. À peine plus expériementé, l’échassier texan Cokes régnait depuis trois ans et pouvait se targuer de cinq défenses de titre ayant suscité fort peu de débats. Fait remarquable, cet excellent contreur réputé pour sa parfaite condition physique et son exigence à l’entraînement avait triomphé de deux challengers français, le Bisontin Jean Josselin et le Martiniquais François Pavilla. Le futur pensionnaire du Hall of Fame avait surtout impressionné, à vrai dire, lors de sa revanche en demi-finale mondiale contre un autre exilé cubain, Luis « El Feo » Rodriguez, managé par le même homme que Nápoles – Carlos « Cuco » Conde – et dont Angelo Dundee mettrait le talent sur le même plan que ceux de ses autres poulains Ray Leonard, Willie Pastrano ou Muhammad Ali… On dira que le voisinage n’est pas tout à fait déshonorant. En tant qu’Américain, Cokes était réputé combattre à domicile en Californie, mais au premier coup de gong contre Mantequilla la salle comble de 18000 places résonnait des chants des fans mexicains venus par bus entiers affrétés par George Parnassus.

Cokes en déstock

Mantequilla Nápoles fut de ces champions qui firent la jonction entre noir et blanc et couleur. Sur les images monochromes de ce combat contre Cokes, on le vit d’emblée très mobile et actif, concentré comme jamais sur l’objectif d’une vie et sûr de qualités physiques alors à leur zénith. Il enchaîna les feintes et les séquences pleines d’intensité, léger sur ses appuis, encore loin de la boxe à l’économie qui lui vaudrait un règne long. Cokes, même dépassé, n’avait rien d’un sac de frappe : il trouva durement son challenger dès la deuxième reprise, et son long jab profita de la garde basse adverse. Il fut cependant surclassé lors d’un combat de haut niveau, d’une propreté remarquable. Le champion baissa pavillon dignement, à l’appel du 14eme round d’un affrontement perdu depuis longtemps et dont le vainqueur déclarera avoir veillé à garder Cokes loin des cordes, soucieux de ne pas le laisser s’y reposer ou amorcer ses contres caractéristiques. Lors de la revanche, tenue à peine deux mois plus tard dans une arène de Mexico, les mêmes causes produisirent des effets similaires : l’Américain, un chouïa plus entreprenant dans le costume du challenger, subit les assauts rythmés et inspirés de Nápoles jusqu’à abandonner au terme de la 10eme reprise. Sur les 23 rounds cumulés des deux combats, au mieux peut-on lui en attribuer deux ou trois avec certitude. Un constat abrupt qui lui valut la réflexion suivante à propos de son double vainqueur : « C’est un très bon boxeur – pour sûr, putain de meilleur que Curtis Cokes. »

Lorsque Mantequilla devint champion du monde, le président mexicain Gustavo Díaz Ordaz lui proposa de choisir sa récompense dans une liste de cadeaux de prix. Lui qui avait demandé que l’on joue l’hymne mexicain plutôt que le cubain avant son premier championnat répondit qu’il leur préfererait à tous l’octroi de la nationalité mexicaine ; les formalités furent accomplies dans les vingt-quatre heures. Pour la presse de son pays d’adoption qui le surnommait El Cubano, il devint El Cubano Mexicano. Un tel choix ne serait pas sans conséquences : contrairement à d’autres sportifs exilés, le champion ne serait jamais autorisé à regagner sa terre d’origine, ni à revoir sa mère et ses frères – voire le fils cubain que d’aucuns lui attribuèrent. Il vivrait intimement, succès après succès, l’usure d’une solitude profonde, sans pouvoir faire profiter les siens du moindre peso gagné sur le ring. C’est donc en Mexicain à part entière que Nápoles revint au Forum d’Inglewood en octobre 1969 pour y affronter Emile Griffith, l’un des plus authentiques tauliers de la décennie finissante. Star du Madison Square Garden, Griffith avait détenu le titre mondial en welters et moyens, vainqueur à 147 livres d’une trilogie – dramatique – contre le Cubain Benny Paret et d’une autre contre Luis « El Feo » Rodriguez, avant de défaire à 160 le redouté champion nigérian Dick Tiger et de perdre cette fois un triptyque de légende face au champion italien Nino Benvenuti. Une technique encyclopédique, l’expérience cumulée de dix champions du monde et les qualités athlétiques d’un hybride de décathlonien et de danseur étoile.

Fighter of the year

Griffith connaissait trop bien la boxe et les décisions serrées pour croire en un cadeau des juges dans l’antre de Mantequilla. Il prit d’entrée l’initiative, garde haute derrière un jab tranchant, Nápoles adoptant la posture du contreur. Sur les – mauvaises – images d’époque, observer le déplacement scientifique de leurs quatre pieds relève déjà de la friandise. La vivacité des ripostes du champion s’imposa peu à peu sur l’activité du challenger, jusqu’au splendide uppercut droit administré au 3eme round qui fit tomber Griffith à genoux. L’emprise du Mexicain sur le combat désormais avérée, le mérite de son rival fut de poursuivre son effort avec autant d’application, accélérant même dans les derniers rounds. Emile Griffith ne contesta pas plus que les juges la supériorité de Mantequilla ; il lui resterait à offrir, quelques années plus tard, une digne réplique en deux actes à l’ogre des moyens Carlos Monzon. Nápoles vs Griffith n’est pas le combat le plus fameux de son temps, peut-être la retransmission cradingue est-elle en cause ou fut-il un rien trop civilisé pour marquer pleinement les esprits. Il reste toutefois un régal pour les défricheurs de pépites oubliées qui goûtent la vraie bonne escrime de poings. Deux succès sur Cokes et un sur Griffith : son année 1969 stratosphérique valut à Mantequilla Nápoles le titre de Boxeur de l’année pour les références The Ring et Boxing Illustrated.

Son challenger officel se nommait désormais Ernie Lopez, rare spécimen d’Indien rouquin – d’où son surnom « Indian Red » – et frère aîné de Danny « Little Red », puncheur d’exception et futur champion chez les plumes. Le style de chien de la casse d’Ernie Lopez, bagarreur infatigable, lui valait une réelle popularité auprès des fans américains. Il dut notamment son accession au sommet des classements mondiaux à un succès dans la trilogie l’opposant au prometteur styliste Hedgemon Lewis. Hélas pour Indian Red, le champion qu’il affronta était à son meilleur, concentré sur son affaire, et le crochet gauche fulgurant en fin d’enchaînement qui l’expédia à terre dès le 1er round marqua le début d’un chemin de croix. Dissuadé d’avancer sur Nápoles à la hussarde, il fut contraint à tenter de piger le truc, le timing diabolique d’un adversaire toujours mobile, fût-ce imperceptiblement. En résultèrent quantité de coups dans le vide, la morsure répétée d’un jab punissant le moindre écart, la série pleine de vice déclenchée à l’improviste qui le renvoya au tapis à la 9eme reprise et la cruauté d’un arrêt au 15eme et dernier round, dans la foulée d’un baroud d’honneur réprimé avec une froide autorité.

Parfum de gnôle à l’entraînement

Le roi Mantequilla avait ainsi surclassé son prédécesseur, repoussé le défi d’un géant de son temps et littéralement joué avec son principal challenger. On comprend après coup le répit qu’il put chercher auprès d’un adversaire limité sur le papier, la confiance exacerbée, les fêtes irracontables puis l’accident industriel nommé Billy Backus. Personne ne joue à la boxe, surtout lorsqu’on a l’épiderme délicat. Après avoir récupéré son bien contre l’homme de Canastota, Nápoles se maintint en condition lors de trois combats sans titre en jeu pour autant de succès, dont un sur Jean Josselin, l’ancien challenger mondial de Curtis Cokes, KO au 5eme round sur un court crochet gauche. Puis Mantequilla accepta une defense de titre contre Hedgemon Lewis, le rival d’Ernie Lopez, lors d’une soirée au Forum d’Inglewood proposant aussi un combat du champion mexicain des coqs Ruben Olivares. Partenaire d’entraînement d’El Puas Olivares pour l’occasion, un certain Rick Farris livra un passionnant témoignage sur les habitudes d’entrainement de José Nápoles. Il ressort de ses propos – malgré tout teintés d’admiration – que le champion ne venait guère à la salle que pour mettre les gants, qu’il n’hésitait pas à dérouiller sévèrement ses sparring partners, qu’il se comportait volontiers en caïd de cour d’école vis-à-vis des présents et qu’il pouvait tout à fait sentir la gnôle en plein camp d’entraînement.

Il est ainsi vraisemembable que la première confrontation avec Hedgemon Lewis soit à classer parmi les combats de Mantequilla préparés par-dessus la jambe, d’où son inhabituelle âpreté. L’Américain longiligne, résolu à combattre à distance, tourna autour du champion en donnant un jab piquant et précis, tandis que Nápoles marquait en coups puissants, notamment en crochets du gauche, une fois parvenu à sa proximité. Appliquée avec rigueur, la tactique de Lewis lui permit de faire bonne figure au prix de quantité d’accrochages. Se faire ainsi toréer sans parvenir à encorner son challenger pour de bon ne dut pas être du goût du champion, quand bien même il parvint à convaincre les trois juges dans sa posture de chasseur de gibier à bras longs, deux d’entre eux ne lui octroyant qu’une avance minime. On peut imaginer qu’un léger surcroît de vitesse et de mobilité lui auraient garanti un succès plus large. Tentant lui aussi une approche précautionneuse mais boxeur d’un moindre calibre qu’Hedgemon Lewis, le puncheur Anglais Ralph Charles fit ensuite les frais de la condition physique retrouvée du champion pour sa première défense de titre en Europe. Face à un Mantequilla agressif et inspiré, le ring dut lui sembler desespérément étroit. Le flegme avec lequel Nápoles absorba les rares coups nets de Charles montre que le bougre avait le menton solide à défaut d’une peau coriace, et la combinaison féroce qui clôtura les débats au 7eme round fut un modèle de ses estocades.

Un rude gars de la Savoie

Le prochain championnat victorieux de Mantequilla aux dépens de l’Américain Adolph Pruitt, déjà sa victime plus de six ans auparavant, eut ceci de remarquable qu’il se tint au Mexique, à Monterrey. Pour le reste, Pruitt tenta maladroitement d’imposer l’épreuve de force à plus fort que lui. Saoulé de crochets gauche et arrêté au 2eme round, on dit qu’il quitta le ring plus léger d’une dent. Il avait pourtant remporté deux victoires par décision contre Hedgemon Lewis et Ernie Lopez. Ce dernier fut d’ailleurs le challenger suivant de Nápoles, obtenant une nouvelle chance d’en faire rabattre au champion trois ans plus tard, plus mûr de douze combats – dont les deux seuls revers furent des décisions concédées à Emile Griffith. Le second Nápoles vs Lopez s’avéra un drame personnel, l’histoire d’un challenger inférieur mais préparé comme jamais, appliqué à ne pas commettre d’erreur fatale, se sachant proche du jackpot encaissé par Billy Backus suite à une coupure nette infligée très tôt au champion… et foudroyé au 7eme round par deux crochets gauches brutaux suivis d’un uppercut droit de titan. Dégouttant de sang, Mantequilla se savait vulnérable, et ne laissa aucun arbitre ou docteur décider à nouveau de son destin.

Pour Indian Red, cette défaite obsédante marqua autant la fin d’un rêve que le début d’une dégringolade, trois autres KOs pour sceller sa carrière, un divorce mal digéré puis une vie de vagabond, disparu en 1992 et retrouvé douze ans plus tard dans un refuge pour sans-abris texans. Ses retrouvailles avec ses quatre enfants et vingt-trois petits-enfants régalèrent les télés locales. Quant à José Nápoles, en éparpillant Ernie Lopez, il avait préservé plus que la gloire du champion : les 125000 dollars promis pour sa prochaine défense prévue en juin 1973 dans l’inattendu Palais des sports de Grenoble, face au Français Roger Menetrey. Rude gaillard que ce Savoyard devenu champion d’Europe en cabossant Ralph Charles, vainqueur des Angel Robinson Garcia et Jean Josselin cités plus haut comme de l’ancien champion du monde super-léger Sandro Loppopolo ; à défaut d’épater par sa technique, il tapait dur. Encore lui fallait-il trouver franchement sa cible, ce que le malheureux échoua à accomplir plus d’une fois en quinze rounds contre Mantequilla, gobant avec voracité les seaux de pralines que lui envoyait le Mexicain pour sa peine. Si Menetrey ne gagna qu’une reprise – au pointage d’un seul des trois juges, qui pis est -, son étonnante dureté au mal fut saluée par son vainqueur.

En challenger à La Défense

Le Nápoles on tour se poursuivit jusqu’à Toronto, lieu de son affrontement avec Clyde Gray. Puncheur convenable classé numéro deux mondial, le Canadien arborait peu de scalps remarquables hormis ceux de l’ombre de Manuel Gonzalez, vainqueur d’Emile Griffith un à deux siècles plus tôt, et de Marcel Cerdan Jr. De de son combat contre Mantequilla introduit par Muhammad Ali lui-même, on peut retenir sa spectaculaire coupe afro et le très léger embonpoint du champion, sa circonspection face à l’agressivité de Mantequilla comme sa capacité à en tirer quelque profit en contre, et l’enchaînement conclu par les deux crochets pris en un clin d’oeil au corps puis à la face qui le firent tomber au 5eme round. À l’issue des 15 reprises, Nápoles remporta finalement une décision nette en dépit d’une condition physique perfectible. Les filaments argentés affleurant à ses tempes auraient pu trahir un peu plus que l’âge du Christ en ce mois de septembre 1973 ; sans doute commença-t-on dans l’entourage de Mantequilla à envisager les manières les plus lucratives à court terme d’exploiter l’aura du meilleur poids welter du monde, un statut flatteur mais forcément précaire. Peut-être Nápoles lui-même, au-delà des montagnes de dollars qu’il aimait à flamber dans les hippodromes, aspirait-il à une grandeur encore supérieure, de celles qui propulsent un boxeur dans l’Histoire d’un pays. Voire de deux.

C’est ainsi que Mantequilla accepta un défi fou, co-organisé par un certain Alain Delon, grand ami du champion du monde unifié des poids moyens : affronter Carlos Monzon sous un chapiteau dressé sur l’esplanade de La Défense. De deux ans le cadet supposé de Mantequilla, l’Argentin efflanqué surnommé « Escopeta » – Le Fusil – bénéficiait déjà à 160 livres d’un avantage conséquent de taille et d’allonge sur la concurrence. Autant dire qu’un poids léger surgonflé comme Nápoles partait ainsi à l’assaut d’un géant, devant tout un parterre de 11000 représentants de la bonne société parisienne encanaillés dans un coin de proche banlieue alors largement considéré comme une « zone » – Claude Sarraute en signa le compte-rendu pour Le Monde. Pour vous représenter le retentissement de l’événement, imaginez Errol Spence Jr. défier Canelo Alvarez à Paris dans une France toujours férue de noble art. Au premier coup d’oeil, il parut évident que le champion welter n’avait pas seulement pris du muscle pour être pesé à 153 livres. Mais deux rounds durant, la magie de Mantequilla sembla opérer en dépit du contraste visuel saisissant, alors que le Mexicain réduisait la distance pour placer jabs et combinaisons de près. Monzon, impassible, étudiait son assaillant et réglait la mire en contre.

La bonne cuisine du placard

Dès la 3eme reprise, Escopeta décida de moins reculer, travaillant derrière un jab télescopique parfois doublé. La différence de puissance entre les deux hommes s’imposa à tous les présents, à commencer par Mantequilla, pourtant toujours vaillant. Lors du 4eme round, on ferrailla au centre du ring ; si les débats restaient disputés, Monzon donnait par moments l’impression de boxer son petit frère. Au 5eme, il avança sur son rival, la droite donnée derrière le jab en cross ou uppercut trouvant de mieux en mieux sa cible ; la fin de reprise s’avéra franchement pénible pour Nápoles. Souvent sujet à déformation contre des poids welters, le visage de Mantequilla portait déjà de fameux impacts – plus sûrement qu’un usage illégal du pouce dénoncé par le camp Nápoles, l’oeil droit tuméfié du Mexicain reflétait la puissance et la précision d’un Monzon au sommet de son art. Le 6eme round fut une copie carbone du précédent. Sans aucun espoir d’infléchir les débats, l’abandon d’un Mantequilla les yeux dans le vague à l’appel du 7eme n’eut rien d’infâmant, bien que de nombreux amateurs en fauteuil le lui aient reproché. Mieux, en évitant une punition devenue inexorable, José Nápoles préservait l’essentiel : l’opportunité de rétablir pour un temps son autorité souveraine sur la catégorie des welters.

En commençant par sa vieille connaissance Hedgemon Lewis, vainqueur de ses 11 combats depuis leur première confrontation – dont deux succès par décision sur Billy Backus – et fort du souvenir des difficultés qu’il avait alors su lui poser. Pour cette revanche à Mexico, les observateurs attendaient un duel des plus indécis. Ils eurent droit à l’expression quintessencielle de l’orgueil blessé d’un champion, couteau entre les dents dès les premières secondes, habile dans sa gestion de la distance, vainqueur de tous les rounds sur les cartes des trois juges lorsque l’arbitre arrêta les frais à la 9eme reprise. Pour beaucoup, la démonstration précise et implacable d’un Nápoles à l’arrière-train plus opulent que naguère vida son challenger au jab toujours vaillant de tout espoir de lui succéder un jour. Mantequilla s’autorisa une défense plus tranquille sur le papier en décembre 1974 face au rustique Argentin Horacio Saldano, dépassé d’entrée et constant dans cet effort jusqu’au KO concédé au 3eme round. De quoi aborder avec confiance la confrontation avec le prochain challenger, l’Américano-Mexicain Armando Muniz, bagarreur de devoir au palmarès moyen, mais dont on pouvait saluer l’efficace cuisine du placard : il avait fort bien accomodé les restes laissés par le champion, triomphant de Pruitt, Lopez et Lewis après leurs ultimes revers contre Nápoles.

Braquage à Acapulco

Pugilistiquement parlant, Muniz n’avait rien d’un Mantequilla, mais il aborda le combat dans des dispositions seyant à son profil particulier : il voulait simplement foutre en l’air la star vieillissante. Pour ce faire le compatriote de Nápoles mena à bien une tactique pas si fréquente chez ses adversaires : avancer sur lui à pas mesurés, sans se jeter inconsidérément, pour le priver d’une maîtrise de la distance si importante dans l’installation de sa boxe, envoyer assez de droites au corps pour fatiguer son homme, mettre à profit une force physique supérieure en le repoussant vers les cordes et le besogner de près lorsqu’il y serait acculé. L’air ranci des tranchées obscures n’était guère l’élément naturel d’un pugiliste gracieux comme Mantequilla, et l’affaire se corsa encore pour lui à compter du 3eme round, lorsqu’il fut de nouveau trahi par ses arcades sourcilières en dentelle. S’agissait-il d’un coup de tête du challenger ? Les images en disent peu, et l’arbitre ne tança Muniz à ce propos qu’au round suivant. Lors de ses passages répétés dans la lessiveuse adverse, Nápoles ne sombrait pas, marquait en crochets courts et uppercuts, mais se voyait imposer les termes du combat. L’affaire front contre front, à l’esthétique toute mexicaine, fut arrêtée au 12eme round. Stupeur : si le visage concassé de Mantequilla avait dicté ce choix et qu’un seul juge sur trois penchait en sa faveur, il fut pourtant déclaré vainqueur par la grâce d’un numéro de contorsion réglementaire digne des plus grandes heures de la WBC façon Sulaimán Sr. – le roué José en prendrait d’ailleurs la présidence à la fin de cette année 1975.

Il fut reproché à Muniz d’avoir illégalement rouvert les stigmates du champion, sans que ce dernier eût d’ailleurs à pâtir de son bombardement désespéré des oursins du challenger à la 11eme reprise. Ce que l’assistance comptait d’observateurs neutres sortirent abasourdis du Centro Internacional d’Acapulco. Au moins la revanche d’un tel vol à main armée se vendrait-elle toute seule. Disputée à Mexico quatre mois plus tard, elle vit Nápoles accomplir son dernier coup d’éclat, après qu’il eut sans doute levé le pied sur la bière et la tequila. Mantequilla enregistra par décision sa quinzième victoire en seize championnats du monde au terme d’une empoignade également riche en hémoglobine, la faute aux fermetures éclair ornant désormais sa figure, certes, mais aussi aux blessures qu’il infligea cette fois au challenger. Muniz visita d’ailleurs le tapis à la 8eme reprise sur un crochet gauche, et la volée de jabs mordants qu’il récolta round après round en tentant de reproduire sa tactique du mois de mars limita drastiquement son efficacité. « El hombre » Muniz effleurerait de nouveau un sacre planétaire contre son jeune et télégénique compatriote Carlos Palomino, et tâterait la mitraille d’une jeune pousse nommée Ray Leonard avant de raccrocher les gants.

Dernières flexions avant la quille

Nápoles l’aura précédé en tirant sa révérence fin 1975 à Mexico, la faute à ses « 35 ans, bientôt 41 » ainsi qu’à la rudesse irrévérencieuse d’un cogneur anglais nommé John H. Stracey, fossoyeur d’Ernie Lopez et Roger Menetrey ; sur les fesses au 1er round après un enchaînement breveté, il s’appliqua dans la foulée à rendre son knockdown à Mantequilla – une rareté, peut-être une glissade – comme à donner une dernière fois à son faciès l’aspect d’une belle tranche de foie de veau, jusqu’à l’inexorable arrêt de la 6eme reprise. Nápoles s’était certes battu, sans la grâce qu’on lui avait connu, semblant soudain chaussé de plomb. Sparring-partner du Mexicain pour son combat contre Ralph Charles, Stracey avait fort bien préparé son affaire, usant pour l’essentiel d’un jab lourd comme l’annuaire de Londres. Rarement un boxeur britannique s’était montré aussi efficace comme produit d’export, et ce serait à Wembley qu’il cèderait à Palomino la version WBC du titre des welters ravie à Nápoles (lequel avait abandonné sa ceinture WBA) après une défense victorieuse contre Hedgemon Lewis. Quant à Mantequilla, on ne le verrait jamais plus effectuer sa flexion des genoux rituelle à l’entame d’un round officiel. Son compteur se figea ainsi à quatre-vingt une victoires en professionnels dont 54 acquises par KO, pour 7 défaites dont quatre concédées avant la limite.

La figure de José Nápoles, poids léger naturel devenu l’un des meilleurs welters de l’Histoire, ne déparait pas dans un panorama des années 70 dominé par les hautes statures d’une fabuleuse génération de poids lourds, pour ne rien dire des susmentionnés Foster, Monzon, Jofre ou Olivares. Comme un Marvin Hagler après lui, il résista à la tentation de revenir sur le ring et fut intronisé au Hall of Fame de Canastota en 1990. Mantequilla ne donna pas non plus suite à ses étonnants débuts cinématographiques de 1974, auprès du célèbre catcheur El Santo, dans la mythique série B La Venganza De La Llorona. Les décennies suivantes le virent retourner à un relatif anonymat, peu fréquent chez les vieilles gloires d’un sport aussi populaire au Mexique, possible rançon de ses origines lointaines. Nápoles s’installa à Ciudad Juarez avec sa femme Bertha, sans le sou après des années de débauche. On raconte qu’à sa pire époque, tel le Sugar Ray Robinson des débuts, il dansait les claquettes dans des restaurants avant de faire passer son chapeau. On dit aussi que le milliardaire mexicain Carlos Slim lui aurait fait l’aumône. Plus sûrement, il touchait une petite pension de la WBC. Au Baños Roma gym, il initia au noble art quantité des gamins qui en poussaient la porte. Mantequilla décéda en 2019, à l’âge très théorique de 79 ans, sans que l’on sache précisément laquelle de ses pathologies l’avait emporté sur les autres. La famille du grand champion des plumes Salvador Sanchez assista à ses obsèques, comme il avait été présent à celles de « Chava » en 1982.

Avec Kid Chocolate et Kid Gavilan, on classe habituellement Mantequilla parmi les plus grands boxeurs professionnels jamais nés à Cuba. Je préfère considérer qu’il mérite le très relevé tableau d’honneur côté mexicain, avec Chava Sanchez et une palanquée d’autres géants.

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