Punchlines du 22 février 2020

Le site /

  • Ceux ont suivi peuvent se réjouir : enfin un nouveau papier cette semaine, consacré à Monsieur Ouine de Georges Bernanos. Sa rédaction – comme la lecture dudit roman – ne fut pas la moins éprouvante de la courte histoire de ce blog. Amis masochistes branchés littérature, ne loupez surtout pas ce bouquin.
  • Nouvel élan dispensable de narcissisme en ligne : le compte Instagram @130_livres a dépassé les 1000 abonnés. C’est évidemment formidable, même si je ne sais pas bien dire pourquoi.

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Les auteurs /

  • À l’occasion d’une discussion sur The Irishman de Martin Scorcese, je m’aperçus avec étonnement n’avoir fait qu’une vague allusion dans ces pages à l’un de mes romans préférés : American Tabloid, de James Ellroy, où il est aussi question du leader syndical Jimmy Hoffa. L’oeuvre mérite que l’on s’y attarde un peu plus. On parle ici d’un délire historico-mégalomane d’une ampleur inédite, la réécriture d’un pan entier de l’Histoire des  États-Unis – de 1958 à 1963 -, riche en événements traumatiques et mystérieux, dont Ellroy donne à visiter l’arrière-cuisine nauséabonde. Chacun à sa manière, ses trois protagonistes multiplient les allégences contradictoires et participent à des complots et machinations toujours plus complexes pour le compte de grandes figures des pouvoirs politique, judiciaire et mafieux de l’époque, dont le propos d’American Tabloid est de montrer les similitudes et la collusion. Maître-chanteur indépendant à ses heures, Pete Bondurant est un gros bras du milliardaire dément Howard Hughes et de Jimmy Hoffa, Ward J. Littell un gratte-papier du FBI spécialisé dans la délinquance en col blanc, anticommuniste fanatique, et Kemper Boyd un agent spécial de la même maison aux manières de star de cinéma, avide d’argent et de reconnaissance.

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  • Puisque leurs donneurs d’ordres s’avèrent identiques, de J. Edgar Hoover au parrain de la Nouvelle Orléans Carlos Marcello en passant par la CIA et les gros bonnets anticastristes exilés à Miami, les trajectoires des trois hommes se croisent en permanence, tour à tour adversaires et alliés de circonstance. Aussi largué qu’émerveillé, on assiste à l’empilement abracadabrantesque de rebondissements toujours plus tordus et sanglants. Louper un ou deux épisodes conduit immanquablement à revenir en arrière une ou deux fois, avant d’accepter de se laisser porter par le chaos inextricable concocté par un Ellroy qui s’amuse comme un gamin. Il l’a dit et répété : pour écrire 800 pages, ses plans en font à peine 200 de moins. Peu importe, au fond, qu’il soit seul à vraiment s’y retrouver, puisque la dévoration d’American Tabloid procure dans tous les cas une réjouissante satiété. Une ironie cinglante suinte en permanence de la plume sèche du « Dog ». Chaque nouveau coup de Jarnac est accueilli avec ravissement. On s’amuse sans lassitude à voir les personnages historiques se mêler aux créatures de l’auteur, et révéler leurs facettes les plus obscures. Mieux encore, la satisfaction de découvrir les explications très personnelles de James Ellroy  – toujours cohérent dans sa folie – des grands mystères de la période l’emporte sur l’envie d’en connaître la stricte vérité historique. Qu’est devenu Jimmy Hoffa ? JFK fut-il vraiment l’amant de Marilyn Monroe ? Par qui et comment fut-il assassiné ? Pourquoi Jack Ruby tira-t-il sur Lee Harvey Oswald ?
  • Les chanceux qui n’ont toujours pas lu American Tabloid peuvent se préparer à un sacré tour de montagnes russes ; ils seront d’autant plus gâtés qu’il ne s’agit que du premier volet – certes le plus réussi – d’un triptyque politico-judiciaire englobant les années Johnson (American Death Trip) et Nixon (American Underworld), dont certains personnages sont récurrents, mais peu verront l’issue…

Les puncheurs /

  • Déjà abordée ici, la nouvelle confrontation entre Deontay Wilder et Tyson Fury pour la couronne WBC des poids lourds, samedi soir au MGM Grand, est bien sûr l’événement pugilistique majeur de ce début d’année. Sensiblement égales, les cotes des bookmakers pour un succès de Wilder par KO ou une décision remportée par Fury reflètent le degré d’incertitude entourant le superfight. Peu de questions se posent côté Wilder, qui a montré depuis la première manche que son style éprouvé reste terriblement efficace, et qu’il ne bougera pas : de la première seconde au dernier coup de round, attendre une pause dans l’axe à portée de droite. Pour Fury, à supposer que l’on ne prête guère d’ attention à ses rodomontades de pré-combat (il semble en effet peu probable qu’il se risque à tenter la bagarre contre un tel obusier), on s’interroge surtout sur la qualité de sa cicatrisation après la coupure béante infligée par le coriace Otto Wallin en septembre, et plus généralement sur sa condition physique à venir. Sera-t-il en mesure de rester mobile 12 rounds durant, tout en se montrant plus actif qu’en décembre 2018, histoire d’éviter de concéder trop de reprises sur les cartes ? De son état de forme dépendra en bonne partie l’issue de ce combat, contre un adversaire aussi dangereux et prévisible que Wilder. À cet égard, le fait qu’il pèse 16 livres de plus qu’avant le premier combat n’est pas très bon signe…

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  • Toujours chez les lourds, une nouvelle rumeur opposerait les dernières victimes de Deontay Wilder et Anthony Joshua dans un duel en forme de quitte ou double au plus haut niveau : le Cubain Luis Ortiz contre l’Américano-Mexicain Andy Ruiz Jr. Une excellente nouvelle, doublée d’une intrigante opposition de styles. Ortiz a l’allonge, le déplacement et la technique pour virer en tête à la mi-combat, et le solide menton de Ruiz devrait l’empêcher d’avoir abrégé les débats à ce stade. Pour le gaucher quadragénaire, c’est là que le défi devrait se corser. À supposer que Ruiz ait retenu la leçon de la revanche perdue contre Anthony Joshua, il se présentera probablement en meilleure forme physique, et capable de mieux se déplacer. Dès lors, les vieilles jambes d’Ortiz, ainsi qu’une résistance entamée par le second KO subi des mains de Wilder, le rendraient vulnérable aux redoutables enchaînements de près de l’ancien triple champion du monde des lourds. Mon pronostic : un succès par KO d’un Andy Ruiz mené aux points dans les derniers rounds d’un très bon combat.
  • On l’a dit et répété ici : la boxe est un business, et les affaires prendront toujours le pas sur le strict intérêt sportif du matchmaking. À cet égard, la dernière interview du promoteur Bob Arum, inaltérable patron de l’écurie Top Rank, fait l’effet d’une bombe : sa société serait à vendre. Selon l’identité du ou des repreneurs – a priori pour une somme rondelette – on pourrait voir plus d’affiches opposant les meilleurs boxeurs sous contrat avec Top Rank à des adversaires concourant sous d’autres bannières. Des stars de premier plan comme Vasyl Lomachenko ou Shawn Crawford, largement reconnus par les spécialistes mais pâtissant jsuqu’à aujourd’hui de la stratégie risquophobe du vieux Bob, pourraient ainsi enfin affronter le gratin de leurs catégories respectives. Lomachenko contre Teofimo Lopez ou Gervonta Davis, Crawford opposé à Errol Spence Jr., Shawn Porter ou Manny Pacquiao… Avouez que tout cela aurait de la gueule. On croise les doigts.

2 commentaires sur “Punchlines du 22 février 2020

  1. Chapeau bas ! Tyson Fury a déjoué les pronostics en adoptant précisément la tactique annoncée – ce qu’honnêtement je ne croyais guère possible… Avancer sur le Bronze Bomber sans lui laisser le temps de s’organiser suppose une paire de cojones en tungstène. Utilisant à merveille son avantage de taille et de poids pour fatiguer Wilder dans les accrochages – ce qui lui vaudra un discutable point de pénalité -, il fut capable de marquer une belle droite de près dès le 3eme round, qu’un mouvement de la tête de Wilder fit atterrir derrière son oreille. En plus du knockdown, il y a gros à parier que l’Américain y laissa un tympan, blessure rédhibitoire à ce niveau, le laissant en complet déséquilibre. Son mérite fut de tenir 4 rounds de plus d’une terrible punition jusqu’à ce que son coin décide d’arrêter les frais. Fury fut égal à lui-même dans l’attitude, allant jusqu’à lécher le sang coulant de l’oreille de Wilder… Dérangeante, l’image va rester. Il mérite surtout le plus grand respect pour sa démonstration de ce soir : un choix tactique très juste, et le courage de le mettre en oeuvre. Pour Wilder, il s’agira de se remettre d’une première défaite en carrière à ce point traumatisante. Le Gipsy king, lui, peut rêver d’une unification des 4 couronnes mondiales majeures face à Anthony Joshua, dans un combat qui devrait faire exploser tous les records à Wembley…

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