Le site /
- Cagnard et libations de circonstance n’ont pas freiné 130 livres, où vous êtes invités à consulter la chronique d’un premier roman envoûtant et courageux, L’imprudence, de Loo Hui Phang, à paraître le 21 août prochain.
- Peu de suggestions suite à l’appel à commentaires de la semaine passée. J’en déduis que les Punchlines sont parfaites dans leur état actuel.
Les auteurs /
- Avec la découverte d’une nouvelle location estivale vient le bonheur indicible d’en explorer la bibliothèque, ou ce qui en fait vaguement office. Aussi loin que remontent mes souvenirs en la matière, je n’ai jamais occupé la retraite en bord de mer d’un bibliophile – ou bien les bibliophiles eux-mêmes s’ingénient à empiler sur les étagères de leur maison de vacances un concentré de littérature bien particulier. Faible en quantité, celui que j’ai pu parcourir avant-hier en prenant possession des lieux hier soir reflète la récence de la propritété, mais il est loin de décevoir au strict plan de la qualité. En fiction comme en essais, je m’estime gâté. On touche la perfection du genre.
- Alors oui, rien de vraiment proustien là-dedans, aucun titre qui me raccrocherait aux trésors parcourus avec curiosité dans mes années d’enfance. Sur la côte Atlantique, la star des meubles en rotin où les propriétaires rangeaient invariablement leurs bouquins de vacances était Gérard de Villiers. Je m’émerverveillais alors de la graphomanie supposée de l’auteur, tant les piles de SAS ou L’exécuteur montaient haut, loin d’imaginer qu’il eût recours à des portes-plume – dont le regretté Philippe Muray, connu dans d’autres registres que celui de l’ultraviolence aux puissants effluves de cul de Brigade Mondaine, dont il écrivit pourtant plus de 100 épisodes sous pseudonyme. Comme je m’émoustillais, vers 12 ou 13 ans, des contenus proposés, riches de dépaysements opportuns à l’heure de la sieste. Des années plus tard, je retrouvai de vieux tomes des aventures de son altesse sérennissime le prince Malko Linge dans le resort mexicain où s’acheva mon voyage de noces. Avec joie, même si le temps des découvertes était passé.
- Les kyrielles d’aventures du commissaire San Antonio, par Frédéric Dard, talonnaient souvent Gérard de Villiers au palmarès des grands classiques de plage. Et puis on tombait toujours sur les titans de la littérature d’aventure de l’époque, Régine Desforges et sa saga historique de la Bicyclette bleue, ou Paul-Loup Sulitzer et ses thrillers économico-voyageurs si prisés des papas en vacances. On trouvait aussi des essais, auxquels j’étais certes moins sensible. Ceux qui louaient alors leurs propriétés de Normandie ou de la Côte Basque semblaient affectionner la verve pro-entreprenariale de François de Closets, ou la rage bileuse d’un Jean Montaldo à l’égard du pouvoir mitterrandien. Sans doute achetaient-ils aussi au poids des polars de poche français ou étrangers – pas une baraque sans sa brassée d’Agatha Christie -, dont les éditions du Masque et leur couverture orange se détachaient au premier regard. Au contact prolongé de l’air marin, leurs pages se gondolaient, se fonçaient peu-à-peu, et exhalaient un parfum humide et douceâtre.
- Là où j’habiterai pour deux semaines, on reste aux prémices d’une vraie bibliothèque de vacances. L’effort patient de sa constitution devra se poursuivre longtemps, au gré des abandons des locataires. Mais la brilante sélection des ouvrages rend optimiste, tandis que la note de style de l’ensemble est déjà très, très élevée, par la grâce d’un heureux choix de bibelots dont je ne résiste pas à l’envie de vous livrer la pièce maîtresse.
- La prochaine chronique portera sur le dernier opus d’un géant du polar américain. Et j’entame aujourd’hui, porté par l’ambiance du mois d’août et le bruit des vagues sous mes fenêtres, un authentique roman d’aventures à l’ancienne signé par un Français, et publié cette année. Voilà qui promet.
Les puncheurs /
- Misère de la scène pugilistique française contemporaine, épisode 3629 : pour meubler ses pages en dépit d’une actualité peu fournie, le quotien sportif de référence nous gratifia vendredi d’une double page consacrée à la boxe. Une initiative à saluer, compte tenu du faible écho médiatique du plus beau des sports chez nous. L’auteur André-Arnaud Fourny y tentait un classement des 10 boxeurs qui comptent le plus dans l’Hexagone, croisant leur palmarès, leur potentiel et leur notoriété. Un choix forcément subjectif, c’est le jeu. Las, au lieu d’applaudir ce choix éditorial, le landerneau de la boxe tricolore exprima surtout son mécontentement, chacun déplorant sur les réseaux sociaux d’avoir été ignoré ou classé trop bas, dans une pure ambiance de cour d’école. Sûrement de quoi donner envie à l’Équipe de renouveler l’expérience… Changez rien, les gars, vraiment.
- Le vétéran mi-lourd québécquois Jean Pascal a défié les pronostics hier soir à Brooklyn en redevenant champion du monde, aux dépens de l’Américain Marcus Browne. Dominé dans les premiers rounds, il a pu compter sur un punch intact (et une étonnante porosité défensive de la part de Browne) pour marquer trois knockdowns, et emporter une décision unanime. Autant on se réjouit pour le sympathique Pascal, autant la promesse de le revoir affronter des adversaires de qualité à 175 livres remplit d’effroi, vu l’accumulation des dures défaites subies depuis 5 ans… Croisons les doigts pour lui, et d’ici-là, chapeau.
- Du nouveau chez les moyens : Saul Alvarez est destitué de son titre IBF, faute d’un accord financier avec son challenger officiel Serguey Derevyanchenko. Il semble en nourrir pas mal de rancune à l’égard de son promoteur GBP. Affaire à suivre, tant le tandem Canelo – Oscar de la Hoya a fait la pluie et le beau temps dans la boxe des années post-Mayweather. L’Ukrainien, lui, devrait affronter Gennady Golovkin pour le titre vacant. De quoi imaginer une unification lors d’une belle à venir entre GGG et Canelo.