Gros combat ce samedi avec une unification des titres WBO et WBA en super coqs au Radio City Hall de New York.
A ma gauche, Le « Filipino Flash » Nonito Donaire, le deuxième boxeur le plus populaire des Philippines, considéré comme l’un des 10 meilleurs pros toutes catégories confondues et désigné boxeur de l’année 2012. Une défaite en pros pour 32 combats, dont quelques bien jolis KOs. Le crochet gauche est l’arme favorite de Donaire, qui est plutôt un contreur et qui a un punch très solide. Il se montre parfois un peu attentiste et n’aime pas avancer.
A ma droite, le gaucher cubain Guillero Rigondeaux, alias « Le chacal ». Passé tard en pros, Rigondeaux est une légende de la boxe amateurs : 2 titres mondiaux, 2 ors olympiques, et la bagatelle de 400 victoires pour 12 défaites. Il a gagné ses 11 premiers combats pros, en faisant étalage d’une classe et d’une technique assez folles, un timing de muerte et de splendides combinaisons. Secoué sur une ou deux gauches contre Marroquin et Cordoba, la question est de savoir s’il peut survivre à 12 rounds contre un frappeur comme Donaire, qui est l’homme idéal pour le tester.
Ajoutez à cela pas mal de petites chamailleries pendant la promotion du combat, pour arriver à cet impressionnant face-à-face lors de la dernière conférence de presse :
C’est le plus gros test de la carrière de ces deux hommes. On imagine qu’ils éviteront tout risque inconsidéré, ce qui peut certainement donner un combat très tactique, mais les choses peuvent aussi s’accélérer brutalement sur la moindre ouverture, tant le cubain et le philippin savent les exploiter. Donaire a un léger avantage d’allonge, et l’on peut penser que Rigondeaux devra venir le chercher.
J’ai toujours tendance à préférer le pro le plus expérimenté des deux. Je dirais Donaire par décision, après qu’il aura subi 2 à 4 rounds, puis éprouvé Rigondeaux et marqué des points en l’envoyant une ou deux fois au tapis.
Mon pronostic :
20% Donaire KO, 40% Donaire décision, 30% Rigondeaux décision, 10% Rigondeaux KO.
Le résultat :
Formidable démonstration de Rigondeaux, qui emporte au moins 10 rounds pour une décision unanime archiméritée. Son éventail infini de déplacements, sa vitesse de bras, son timing et sa qualité de contre ont éteint un Donaire emprunté et finalement très peu actif, faute d’une technique de pieds suffisante pour couper la route du Chacal. On peut regretter le relatif manque d’engagement d’un Rigondeaux en contrôle complet en milieu de combat.
Le Philippin eut une belle réaction d’orgueil au début du 10e en passant enfin son crochet du gauche breveté, infligeant ainsi à Rigondeaux son 2e knockdown en carrière. On doit saluer l’incroyable rapidité de récupération du Chacal quand on sait ce qu’un tel coup a fait a bien des adversaires de Donaire : il reprit sa danse instantanément, et blessa même Donaire à l’oeil droit dans le 12e round.
118-110 à mon pointage, carton plein pour Rigondeaux à l’exception du 10e perdu sur knockdown, et le 2e à égalité. Le juge qui a scoré ce combat 114-113 devrait sans doute s’acheter des lunettes ou un chien.