Top 10 / n°7 : Sam Langford ou Little Big Man (Partie 1)

En 2012, 4 fédérations sont reconnues comme majeures par les amateurs du noble art : par ordre chronologique d’apparition, la WBA, la WBC, l’IBF et la WBO. D’autres organismes accordent des titres mondiaux moins réputés, et l’on épargnera leur liste au lecteur désireux de s’y retrouver ne serait-ce que vaguement. 4 fédérations, donc, qui octroient des titres dans 17 catégories de poids, des poids pailles ou « minimumweights » (plus récente catégorie crée en 1987 pour les moins de 105 livres ou 47,6 kg) aux poids lourds (2e ancienne catégorie la plus ancienne après les moyens et créée en 1885, qui concerne aujourd’hui les 200 livres ou 90,72 kg et plus).

En supposant qu’aucun titre ne soit unifié entre au moins 2 organismes, les fédérations majeures peuvent donc reconnaître jusqu’à 68 champions du monde de boxe anglaise, et plus encore si l’on compte des champions désignés par intérim en cas d’indisponibilité du tenant, voire les « super-champions » ou autres « diamond champions » reconnus quand bien même la même catégorie peut déjà disposer d’un simple « champion »… Dans ce formidable sac de noeuds qu’est devenue la boxe anglaise, une chose a le mérite d’être claire : un boxeur qui vaut un titre mondial finit souvent par l’obtenir, à son poids naturel, un peu plus haut voire un peu plus bas si les perspectives lui sont bouchées à force de magouilles ou parce que la place est prise par plus fort que lui. Le corollaire de cette forme de justice est qu’ils sont nombreux, ceux qui gagnent une ou plusieurs ceintures sans guère plus de talent qu’un honnête combattant de début de meeting d’il y a quelques décennies.

Qu’un type chanceux puisse devenir aujourd’hui champion du monde de boxe en ayant cassé la figure d’une ribambelle de chauffeurs de taxi, il ne faut pas être un initié de la chose pugilistique pour le savoir. Que des hommes de grande valeur aient pu par le passé échouer dans la conquête d’un titre unique dans une des 8 seules catégories reconnues, il est aussi assez facile de l’imaginer*.

Charley Burley (1917-1992), moyen puis mi-lourd des années 40 à la technique parfaite, n’eut jamais droit à une chance mondiale malgré (ou à cause de, vu qu’il faisait apparemment peur à Ray Robinson lui-même) des victoires contre les futurs challengers et champions Fritzie Zivic, Hollman Williams et Archie Moore.

Voici un fameux montage analysant ses grandes qualités pugilistiques :

Jimmy Bivins (1919-2012), jamais récompensé non plus d’une chance mondiale après avoir battu Charley Burley en welters, puis gagné et perdu au plus haut niveau en mi-lourds dans des séries face à Archie Moore, Ezzard Charles et Joey Maxim, alla même jusqu’à affronter les grands lourds Joe Louis et Jersey Joe Walcott… en battant au total au moins une fois 8 des 11 champions du monde qu’il affronta.

Ici, son cinquième et dernier combat (perdu) contre la légende Archie Moore :

Packey McFarland (1888-1936) finit sa carrière de léger en ayant perdu sur décision un seul de ses 112 combats, et compta des succès sur les grands Jack Britton et Freddie Welsh… mais n’eut qu’une opportunité de combattre pour la ceinture mondiale des légers attribuée en Angleterre, pour un nul contre Freddie Welsh dont voici quelques images :

Billy Graham (1922-1992) n’a jamais été mis KO en 126 combats pro, et il fut établi que son étonnante défaite aux points contre le légendaire champion welter Kid Gavilan pour leur 3e confrontation – titre en jeu – fut le fait d’une saine pression mise sur au moins l’un des juges par le parrain Frankie Carbo…

Des images de ce combat :

Lew Tendler (1898-1970), un des meilleurs gauchers de l’histoire de ce sport, quitta les légers une fois écoeuré par l’immense Benny Leonard pour tomber sur le grand Mickey Walker en welters…

Un résumé de sa confrontation de 1923 avec Benny Leonard :

L’un des derniers spécimens de très bon boxeur sans couronne est probablement Oba Carr, un welter des années 90 dont les 3 chances mondiales l’opposèrent à Felix Trinidad (qu’il envoya au tapis), Ike Quartey (par décision) et Oscar De La Hoya. Pas verni.

La fin de son combat face à Quartey :

Ce que l’on sait moins, c’est qu’un homme considéré quasi-unanimement comme l’un des 10 plus grands boxeurs de tous les temps n’a jamais disputé de championnat du monde. Il s’agit du canadien d’origine Sam Langford, qui boxa de 1902 à 1926, des poids légers aux poids lourds, de 135 à 185 livres. Son surnom le plus courant était le « Boston tar baby », littéralement le « bébé de goudron de Boston », ce qui laisse entendre la pesanteur de la ségrégation en vigueur en ce temps-là.

Autant le dire tout de suite, le fait d’être noir n’aidait pas beaucoup, à cette époque, à obtenir une chance mondiale. Un titre de « champion de couleur » fut la seule distinction à être attribuée aux « non-blancs » jusqu’en 1908, et la victoire du « Galveston Giant » Jack Johnson sur Tommy Burns, qui vit un noir être couronné champion du monde des lourds. Les challengers choisis pendant 7 ans pour tenter de battre Johnson furent tous des blancs, tant il était important pour l’oligarchie en place de laver l’affront, et tant il était difficile à un noir de réunir la somme nécessaire à défier le champion. En 1910, on fit même sortir de sa retraite le formidable athlète invaincu Jim Jeffries pour rétablir la suprématie blanche, lui qui refusa une chance à Johnson alors qu’il détenait le titre quelques années plus tôt, et qui déclara fort élégamment qu’il était hors de question qu’il reparte chez sans avoir repris le titre à ce « nègre ». Entreprise dans laquelle il échoua, contraint à l’abandon à l’appel de la 15e reprise… Pour la petite histoire, Johnson finit par céder en 1915 par KO au 26e round contre le colossal Jess Willard, le géant de Pottawatomie, future victime de l’illustre Jack Dempsey. Mais on reparlera plus tard de Jack Johnson ; revenons-donc à Sam Langford.

“Sam Langford est le plus dur des fils de pute qui aient jamais vécu.” – Jack Johnson

On l’a dit, Langford avait ceci de remarquable qu’il combattit des poids légers aux poids lourds, avec probablement un net avantage de puissance quand il battit en 1903 le légendaire champion du monde des légers Joe Gans à 140 livres contre 135. La performance n’en reste pas moins remarquable pour un jeune homme de 20 ans opposé à une superstar aux 117 victoires en pros. A vrai dire, Langford avait la taille d’un poids léger, à savoir 1m69 à 1m71 selon les sources, comme Roberto Duran, avec toutefois une envergure impressionnante d’1m84, un atout non négligeable dans ce sport. Autre différence avec un Duran, Langford fut capable de prendre plus de 20 kilos de pur muscle pour aller défier les big men de son époque dans la catégorie reine. Autant dire que Sam Langford avait à cette époque la morphologie d’un cube. S’il boxait à notre époque, il aurait combattu des poids légers aux mi-lourds, voire aux lourds-légers.

« Langford avait tous les attributs d’un grand boxeur, la vitesse, le punch, une étonnante faculté d’esquive, la capacité à encaisser, et une endurance illimitée. » – R. Stockton

Pour rester sur la comparaison avec Manos de Piedra, jamais Sam Langford ne refusa un adversaire, et c’est bien la qualité irréelle de son opposition, combinée à une petite taille rarement avantageuse et à un poids souvent inférieur à celui de ses adversaires pendant presque 25 ans, qui impose le respect à tous les experts de la boxe. En 1903, la victoire sur Joe Gans est sa première sur un adversaire de renom. L’année suivante, après avoir massacré l’ancien challenger de Joe Gans, George McFadden, Langford affronte une autre légende en la personne de « Barbados » Joe Walcott, champion du monde des welters couramment considéré comme l’un des 10 meilleurs de l’histoire de la catégorie. S’il est impossible de savoir clairement si le titre était bien en jeu, les comptes-rendus infirment le verdict du match nul en expliquant à quel point Langford domina en précision et fit mettre un genou à terre à son prestigieux adversaire.

“Je parierais qu’il mettrait KO Joe Louis, Jack Dempsey et Rocky Marciano. Quand il n’était pas diminué, c’était une merveille, sur le ring.” – Frank Erne

En 1905, Langford oscille entre welters et moyens. Il affronte 3 fois l’ancien challenger de Joe Walcott « Young » Peter Jackson pour 2 victoires et 1 nul (le « vieux » Peter Jackson fut un autre champion noir qui n’eut jamais la chance mondiale qu’il méritait), et perd par abandon sa première confrontation face à Joe Jeanette. Jeanette sera l’un des nombreux hommes qu’il affontera à de multiples reprises, faute de pouvoir disposer de suffisamment d’adversaires assez courageux pour risquer une dérouillée face à un noir. Il accompagnera plus tard Langford au Boxing Hall of Fame. 1905 voit aussi Sam Langford boucler une série d’une victoire, 2 nuls et une défaite contre Dave Holly, ancien challenger de Joe Gans et de « Barbados » Joe Walcott (NB : j’ai l’air de faire le malin en rappelant sans cesse le « Barbados », mais Joe Walcott eut un homonyme célèbre nommé « Jersey » Joe Walcott, champion du monde des lourds avant Marciano et que ce dernier honora d’un des plus beaux KOs de l’histoire de ce sport).

En 1906, Langford se venge par décision de Joe Jeanette, bat de nouveau « Young » Peter Jackson, et affronte le grand Jack Johnson, qui n’est encore que « colored » Word Champion. Langford rend 30 livres et 20 cm à Johnson, et selon les sources les plus fiables il est battu nettement par décision. Malgré les demandes répétées de Sam Langford, Johnson ne le réaffrontera jamais, y compris comme challenger après avoir gagné le titre des lourds ; on suppose que la perspective d’affronter un Langford plus lourd de 15 à 20 kg ne le tentait pas plus que cela, bien que d’autres témoignages avancent l’incapacité de Langford à réunir les fonds indispensables à l’organisation d’un championnat du monde. Un biographe de Sam Langford explique qu’il traqua Jack Johnson comme le Capitaine Achab voguait après Moby Dick. L’image explique bien le caractère aussi acharné que vain de la démarche de Sam Langford. Fin 1906, il enregistre une défaite et une autre victoire contre « Young » Peter Jackson.

“Langford, avec ses épaules massives et ses longs bras, était un danger pour n’importe qui. Même s’il n’était qu’un poids moyen naturel il donnait le change et de sacrées punitions à beaucoup de poids lourds » – Gilbert Odd

L’année 1907 voit entre autres un nouveau nul contre Jeanette et une nouvelle victoire aux points sur Jackson. 1908, 2 nuls contre Jeanette et une victoire contre Sandy Ferguson – qui donna 4 dures répliques à Jack Johnson – avant d’exécuter au 1er round « Fireman » Jim Flynn, futur challenger malheureux de Jack Johnson et vainqueur de Jack Dempsey sans titre en jeu. 1909, 2 victoires sur « Klondike », alias « l’Hercule noir », un autre ancien adversaire de Jack Johnson, et un succès de prestige contre l’ancien champion du monde des welters « Dixie Kid », futur vainqueur de Georges Carpentier et autre pensionnaire du Hall of Fame, contre qui Sam Langford enregistra au total 2 victoires, un nul et une défaite. Il bat aussi Larry Temple, un poids moyen tombeur de « Barbados » Joe Walcott et futur adversaire de Dixie Kid et de « Philadelphia » Jack O’Brien.

Langford détient à l’époque le tire de « colored » heaviweight title depuis que Jack Johnson a refusé de le réaffronter. L’année 1910 est particulièrement glorieuse pour Langford, qui bat de nouveau « Dixie Kid » par KO, reboxe 2 fois « Fireman » Jim Flynn pour un nul et une victoire, et affronte une nouvelle star en la personne de Stanley Ketchel. L’ « assassin du Michigan », ancien champion des moyens et largement considéré comme l’un des 10 à 15 meilleurs boxeurs dans l’histoire de cette catégorie. Ketchel, caractérisé par un style rustique et un punch terrible, a échoué dans sa tentative d’égaler l’anglais Bob Fitzsimmons en y ajoutant un titre des lourds (Roy Jones ne parviendra à l’égaler que près d’un siècle plus tard). Bien qu’ayant perdu contre Jack Johnson, son punch en fait un adversaire redoutable, et Langford le domine par décision serrée. Il finit l’année invaincu en 12 combats avec une nouvelle victoire sur Joe Jeanette par décision.

“Langford était le plus grand combattant qui ait jamais vécu. Sam aurait été champion si Johnson lui avait donné sa chance. Et Johnson le savait mieux que personne. Bon sang ! Comme ce gamin savait cogner. Personne ne frappait aussi bien. Bon, peut être Joe Louis, mais n’oublions pas qu’il pesait 195 livres quand Sam en faisait 160.” – Joe Jeannette

En 1911, le même Jeanette perd 2 nouvelles fois contre Sam Langford, qui ajoute à son tableau de chasse une nouvelle victime de prestige, « Philadelphia » Jack O’Brien. Ce dernier a poussé 2 ans plus tôt Jack Johnson au match nul, et s’il est plus léger que Langford il reste un puncheur efficace et dur au mal, qui ne peut malgré tout éviter le KO à la 5e. 1911 est aussi pour Langford l’année des 2 premières confrontations contre un autre grand poids lourd noir du même style que Jeanette (c’est à dire jamais de chance mondiale, mais tout de même une place au Boxing Hall of Fame), Sam McVea, qu’il rencontrera 15 fois au total. Langford entame cette série par un nul et une défaite, mais bat 4 fois dont 3 par KO le même McVea l’année suivante. 1913, match nul contre McVea, victoire et nul contre Jeanette (les journaux rapportent que Langford était complètement hors de forme sur le 2e match), et un nouvel adversaire en la personne de Gunboat Smith, autre grand nom de l’époque qui n’aura pas de chance mondiale et emporte face à Langford une décision que les journaux qualifient de « surprenante ».

“Quand Sam vous touchait au corps, vous vous retourniez presque en pensant voir son gant dépasser de votre dos. Quand il vous touchait au menton, vous ne pensiez plus à rien avant d’avoir été ramené à la vie. Quand il m’a mis KO à la Nouvelle Orleans, j’ai cru qu’on m’avait tué. » – Harry Wills

Sam Langford combat 17 fois en 1914. Il perd cette fois-ci contre Joe Jeanette, se venge de Gunboat Smith par KO, et entame une nouvelle série contre l’un des poids lourds les plus sous-côtés de l’histoire de la boxe, la « Panthère noire » Harry Wills. Wills est un gabarit du style de Jack Johnson (pas loin de 20 cm et 30 livres de plus que Langford, donc), lourd naturel qui vit le gouverneur de l’état de New-York annuler quelques années plus tard la seule chance mondiale qu’il ait obtenue de sa carrière, contre rien moins que Jack Dempsey, par crainte de troubles à l’ordre public. Il battra de nombreuses fois Langford, pour un bilan final de 6 victoires officielles, 12 victoires attribuées par les journalistes sportifs et 2 nuls pour seulement 2 défaites. Ce qui doit malgré tout être tempéré par l’âge déjà avancé de Sam Langford à leur première confrontation, à savoir 31 ans, ainsi que par la maladie de gravité croissante qui frappe l’un de ses yeux. Langford sort vainqueur malgré tout de leur deuxième combat après une défaite aux points.

1915 est une année plus difficile pour lui : il perd contre Jeanette, enregistre 2 nuls et une défaite contre McVea, et perd contre Harry Wills. Il combat 15 fois en 1916, et concède ses 3 défaites de l’année face à l’inévitable Harry Wills, 3 no-contest dont 2 face à McVea, et des victoires obtenues notamment face à Jeff Clark (autre homme de valeur qu’il combattit plus de 10 fois), Jeanette et McVea.

“Qui est le plus grand poids lourd que j’aie jamais vu ? Facile. Sam Langford, et personne n’a jamais été proche de son meilleur niveau. Pourquoi ? Parce que le vieux Sam savait tout faire. Il pouvait frapper de n’importe où et cognait très dur. C’était un maître boxeur, difficile à toucher, mais si vous y parveniez c’était comme essayer de laisser une trace sur le marbre du Madison Square Garden. Il vous vidait de votre énergie, puis vous flanquait une rouste. Il m’a dévasté. J’étais fini après mon dernier combat contre Langford à Boston. » – “Gunboat” Smith

Rebelote en 1917 : une année globalement positive à l’exception des 2 défaites et 1 nul contre l’implacable Harry Wills, et d’une défaite contre un infortuné et talentueux boxeur noir de plus (Fred Fulton), où Langford affronte et bat un Hall of Famer supplémentaire en la personne de Kid Norfolk, qui s’illustrera plus tard dans une série contre le (très) grand champion de moyens Harry Greb. Ne parlons plus des victoires face à Joe Jeanette. Début 1918, Sam Langford en est à 107 victoires, 14 défaites et 22 nuls contre une opposition dont on a vu la valeur, et des signes d’érosion apparaissent : Wills le met 2 fois KO, il ne bat qu’une fois (pour 2 nuls et 1 défaite) Jeff Clark, perd de nouveau contre Fred Fulton, et bat pour la dernière fois Battling Jim Johnson, autre compagnon d’infortune des Wills, Langford et autres Jeanette. Les comptes-rendus mentionnant un Langford hors de condition se font plus fréquents, ce qui peut aussi s’expliquer par le nombre de ses combats. En 1919, il enregistre un nul et deux défaites contre … Wills, rebat Jeff Clark, et finit sur un bilan de 7 victoires, 2 nuls et 3 défaites.

“Le plus grand cogneur de tous, c’était Sam Langford, point final.” – Harry Wills

A suivre…

* : Il faut malgré tout mettre un bémol à l’apparente simplicité des titres mondiaux d’antan. Avant la création de la WBA, plus ancienne fédération attributaire des titres de champion du monde d’aujourd’hui, ont accordé des ceintures mondiales professionnelles, bien souvent en simultané, les organismes suivants : la National Boxing Association (l’ancêtre de la WBA) had champions, l’American Boxing Association, le National Sporting Club, l’International Boxing Union, la New York State Athletic Commission, le British Boxing Board of Control, la California State Athletic Commission… jusqu’à la triste distinction de champions du monde « blancs » et « de couleur » jusqu’au début du XXeme siècle.

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