Alias Ali, Frédéric Roux

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Muhammad Ali prenait la lumière comme personne. Il était grand, magnifique, gracieux, et travaillait dans un cube éblouissant – l’expression est de Nabokov – dessiné par des projecteurs et dont l’image était diffusée sur une infinité d’écrans. Il attirait comme autant de phalènes les regards de ceux qui brûlaient de le voir perdre ou triompher. Fans, détracteurs, partenaires, concurrents, camarades, adversaires, proches, épouses, maîtresses, spécialistes, journalistes, politiciens, bienfaiteurs, exploiteurs, une époque entière s’est exprimée sur Ali ; chacun était convaincu d’avoir saisi l’essence du personnage, projetait sur lui ses propres fantasmes, et tout le monde se contredisait. Lui-même s’est tant exprimé que sa parole, avant de s’éteindre, s’était largement dépréciée, enfin pour peu qu’on y cherchât un sens profond. Paradoxe sur pieds, le personnage est aussi difficile à cerner pour ses biographes qu’il était une cible élusive pour ses confrères au temps de sa splendeur : ce sentiment prévalait une fois refermé Ali : une vie, signé par Jonathan Eig, et il est d’autant plus marquant à la lecture d’Alias Ali.

Le façonnage de voix françaises très authentiques

Revendiqué Afro-américain jusqu’au bout des ongles, l’ex-Cassius Clay avait pour arrière grand-père un immigré irlandais marié à une Noire libre, et du sang anglais. Il dit pis que pendre des « diables blonds aux yeux bleus » mais respecta beaucoup les 11 industriels blancs du Kentucky qui financèrent ses débuts professionnels, ainsi que son entraîneur italo-américain Angelo Dundee ou le commentateur sportif enamouré Howard Cosell. Le fameux Louisville Sponsoring Group des 11 l’envisagea peu ou prou comme un cheval de course mais son contrat s’avéra très moderne et protecteur pour l’époque. Ali fut habile à l’extrême dans sa communication, en particulier la guerre psychologique qu’il livrait avant ses combats, tout en ayant obtenu 80 aux tests de QI du lycée. Il pouvait se montrer ingérable ou formidablement accommodant. D’ado timide avec les filles qu’on crut un temps homosexuel, il devint un Don Juan compulsif ; martelant ses principes religieux, il cocufia frénétiquement ses épouses. Lui qui fut un cossard absolu à l’école adopta une ascèse d’athlète professionnel dès ses 12 ans. Ali souffrit d’injustices, comme au temps de sa suspension pour avoir refusé d’être conscrit, mais fut aussi un enfant chéri du système, obtenant un baccalauréat à valeur de cadeau Bonux et des décisions généreuses sur le ring. Pugilistiquement parlant, le papillon devint peu à peu sac de frappe et le styliste au jab brillant montrait des carences techniques surprenantes à ce niveau. La liste est interminable…

À la deuxième reprise, le talent a parlé. Banks ressemblait à un type qui chasse les abeilles à grands coups de pelle… et rien ne fatigue davantage que de rater sa cible. Jab ! Jab ! Jab ! Les coups du poète piquaient comme les abeilles. Entre la troisième et la quatrième, le docteur Schiff est monté examiner Banks pour voir s’il était en état de continuer le combat, à la quatrième, l’arbitre a mis un terme à son martyre.

A. J. LIEBLING (journaliste)

(…)

Il se fout un peu trop de la gueule du monde ! J’ai une droite parfaite pour lui caresser les côtes. Quelquefois, on a tendance à croire qu’il écrit aussi bien qu’Ezra Pound, mais il ignore tout de la ponctuation.

ARCHIE MOORE (champion du monde des mi-lourds, 16e adversaire d’Ali)

(…)

Cassius Clay ? C’est l’apparition la plus sympathique depuis celle du Père Noël.

SONNY LISTON (champion du monde des lourds, 20e et 21e adversaire d’Ali)

L’originalité du travail de Frédéric Roux n’est pas d’avoir mis au jour de telles contradictions, elle consiste plutôt à avoir retracé son histoire en assemblant les points de vue des (nombreux) observateurs les mieux renseignés sur la question : leurs voix se succèdent de paragraphe en paragraphe pour constituer une imposante biographie chorale. L’originalité du procédé, sa parfaite adéquation avec son sujet et la fascination intacte pour celui qui décèderait 3 ans plus tard valut à l’auteur le prix France Culture – Télérama 2013. On se réjouira de savoir la littérature pugilistique francophone (parfois) récompensée. Alias Ali, donc, relève de la polyphonie. Seul l’intéressé ne s’y exprime pas directement. Il convient de faire confiance à l’auteur en ce qui concerne la fiabilité de ses sources, les 18 pages de bibliographie annexées à sa somme sur la boxe intitulée Mille et une reprises et disponible en ligne l’attestent, et de saluer le travail de traduction et de réécriture qui aura consisté à façonner des voix françaises authentiques pour ce monceau d’intervenants d’une extrême diversité. Tout sonne juste, de l’accent traînant du rival d’Ali Joe Frazier au bégaiement du photographe attitré Howard Bingham.

Des dossiers épineux instruits à charge et à décharge

Le premier à s’exprimer est un certain Lloyd Hefner, qui justifie avec un aplomb certain d’entamer le récit à Louisville (Kentucky) en 1942, plus précisément le 17 janvier à 6h35, soit l’instant précis de la naissance de Cassius Marcellus Clay Jr. « Moi, je commence par le commencement » affirme-t-il, fustigeant dans la foulée les « flash-backs téléphonés » des « diplômés d’ateliers d’écriture ». La narration d’Alias Ali sera chronologique, et basta. Le fameux Hefner interviendra plusieurs fois au milieu des autres témoignages pour resituer un détail, préciser le hors-champ et dire quel sera le destin ce ceux qui disparaissent de la vie du Greatest. On ne trahira pas ici son identité sans empêcher personne de s’en douter un peu. Après avoir ainsi débuté par le début, Alias Ali déroule l’histoire de cet enfant de la classe moyenne noire né dans une Amérique ségréguée, fils aîné d’un peintre spécialisé dans les enseignes commerciales, gagnant autour de « 25$ et un poulet » par jour dont il dépensait une part incompressible dans la bagatelle et la boisson, et d’une domestique pieuse et aimante, très avenants tous les deux.

Norton lui a cassé la mâchoire au deuxième. Juste à l’endroit où il lui manquait une dent. Ali pouvait sentir sa mâchoire bouger, je l’ai senti aussi. En tant que médecin, j’aurais dû dire : « On arrête ! Perdre sur blessure n’est pas honteux, on fait la revanche dans six mois et on n’en parle plus ! » mais Norton était un type qu’Ali devait battre les deux doigts dans le nez… et ce n’était pas le moment de perdre devant un type qu’il aurait dû battre les deux doigts dans le nez. Sans compter qu’Ali boxait dans une ambiance où tout se mélangeait… les Musulmans, le Vietnam, les droits civiques. Ce n’était pas juste un combat au cours duquel un médecin blanc peut décider qu’il faut arrêter contre la volonté de son boxeur.

FERDIE PACHECO (médecin d’Ali)

C’était un combat d’un symbolisme terrible. Ken Norton était un ancien marine qui boxait contre un « déserteur » à San Diego, une base navale, tandis que les ouvriers du bâtiment défilaient dans les rues pour soutenir la politique d’escalade de la guerre au Vietnam du gouvernement, et Nixon venait d’être réélu.

HOWARD COSELL (commentateur sportif d’ABC)

(…)

Dans une certaine mesure, son exil a été la meilleure chose qui ait pu arriver à Muhammad Ali. Non pas en termes techniques, sur ce plan son retour a été une tragédie, mais en termes économiques et financiers, cela s’est soldé par un succès inimaginable. Ali ne rapportait plus d’argent, le public ne l’aimait pas, pire encore, il s’était lassé de ce qu’il était devenu. L’exil a retourné toutes ces données, il est redevenu l’outsider qu’il n’était plus, il s’est transformé en symbole pour tout un tas de gens qui ne s’étaient jamais intéressés à la boxe. La tournée des campus s’est révélée l’équivalent d’une tournée pré-électorale. Tout le monde savait que s’il avait été le dixième mondial on ne lui aurait pas retiré sa licence. Pour toutes ces raisons, il a été davantage payé pour son combat de rentrée qu’il ne l’avait jamais été auparavant.

JIM JACOBS (réalisateur et scénariste)

En variant sans cesse les points de vue, Frédéric Roux instruit chaque dossier épineux à charge et à décharge. Les deux combats contre Sonny Liston étaient-ils truqués en sa faveur ? Ali était-il un objecteur de conscience sincère ou voulait-il avant tout éviter le service militaire ? À quel round Ken Norton lui a-t-il vraiment fracturé la mâchoire lors de leur première confrontation ? Le manager débutant Herbert Muhammad a-t-il géré ses intérêts au mieux, ou bien s’est-il, comme tant de ses confrères, comporté en sangsue ? Ali a-t-il désiré ses multiples combats de trop, ou bien les lui a-t-on imposés ? Le lecteur est jugé suffisamment adulte pour se forger des convictions, et c’est tant mieux. Ajoutons que l’ordre dans lequel se répondent les différents témoignages s’avère souvent savoureux, appuyant ou relativisant certaines affirmations. Ainsi :

J’ai commencé la boxe à trente-cinq ans… mon manager m’a appelé pour me dire que j’avais un combat contre Cassius Clay. Willie « Shorty » Gulatt, le type qu’il devait rencontrer, avait déclaré forfait. Il m’a dit que c’était un poids lourd, j’lui ai dit qu’aux dernières nouvelles j’étais poids moyen, il a dit que c’était pas le problème, qu’il allait s’arranger et que c’était bien payé. À la pesée, il a appuyé sur le plateau de la balance avec son pied… je devais bien peser vingt kilos de moins que Clay.

JIM « SWEET » ROBINSON (4e adversaire d’Ali)

Pour ses premiers combats, j’ai essayé de pas aller trop vite, de bien choisir ses adversaires.

ANGELO DUNDEE (entraîneur d’Ali)

Ou bien :

Je hais les Blancs ! Ce sont des démons ! Je les hais !

Je leur souris même pas, je les hais !

RAHAMAN ALI (ex-Rudolph, frère d’Ali)

Son frère Rudolph a tout de suite été plus enthousiaste que lui.

JEREMIAH SHABAZZ (dignitaire de la Nation of Islam)

Voire surtout :

Muhammad Ali était l’athlète le plus difficile à convaincre de poser pour ma série d’athlètes. J’ai demandé à Victor Bockris de nous aider. Victor Bockris est un jeune écrivain qui n’écrit que sur trois personnes : William S. Burroughs, Muhammad Ali et moi. Un de ses meilleurs textes avait été publié par Screw Magazine. J’aimais le titre : « À qui Andy Warhol vous fait-il le plus penser ? À Muhammad Ali ! »

ANDY WARHOL (Andy Warhol)

Comparé à moi, ce type et ses boîtes de soupe sait rien faire du tout.

CASSIUS MARCELLUS CLAY SR (père d’Ali)

Quatre longs monologues marquent autant de démarcations entre les grandes périodes de la carrière du champion. D’abord Sonny Liston, déchu par Ali, lucide donc fataliste, prototype du « méchant » Noir qui ne s’attendit jamais à aucun cadeau dans un boxing business dont il savait tout de la corruption. Puis Sonji Roi, la jeune femme émancipée, première épouse d’Ali qui voulait vivre librement avec lui et voyait clair dans le jeu des religieux qui le manipulaient – Alias Ali lui est dédié. Bundini Brown, ensuite, présenté à Ali après 7 ans auprès de Sugar Ray Robinson pour devenir son homme de coin, prête-plume et fou du roi attitré. Et enfin Lonnie, celle qui le rencontra toute gamine puis accompagna jusqu’au bout comme quatrième épouse un Ali assagi par la maladie. Le romancier perce derrière ces portraits à la fois psychologisants et très étayés par les faits. À propos de faits, le lecteur aura son compte de détails rarement évoqués par ailleurs.

Ce qu’était – et n’était pas – la Nation of Islam

Angelo Dundee rencontra Ali dès sa carrière chez les amateurs ; il accompagnait Willie Pastrano qui boxait à Louisville, et vit le gamin mettre dans le vent la vedette des mi-lourds pendant un unique round de sparring. En 1960, à Rome, un jeune Clay à la faconde déjà affirmée se comporta en « maire du village olympique », tomba amoureux – comme tant d’autres – de la sprinteuse Wilma Rudolph, et perdit probablement la demi finale que lui attribuèrent pourtant les cinq juges face à l’Australien Madigan. Archie Moore a tenté de le coacher mais Ali n’écoutait aucune de ses consignes : il voulait Sugar Ray Robinson qui, lui, refusa l’offre. Pour briller devant les micros, le futur Greatest s’inspira du catcheur Gorgeous George et de ses manières outrancières. Il reçut l’adoubement précoce de la légende Jack Dempsey (« Je me fous de savoir s’il sait boxer ou pas, avec lui la boxe revit »). Le jeune paon envoyait des œillades à Liz Taylor assise en bord de ring quand Henry Cooper l’envoya sur les fesses d’un crochet gauche breveté. Il parcourut 1000 kilomètres en bus pour aller provoquer Liston devant chez lui à Denver, l’obligeant à se terrer derrière ses volets. Elvis Presley et Ali partagèrent une certaine estime mutuelle au-delà de leur statut commun de star planétaire. En plus de la belle contre Frazier, Manille accueillit un affrontement guère moins violent entre la deuxième épouse Belinda et la maîtresse Veronica Porsché (qui finira par lui succéder). Ici encore la liste n’est pas exhaustive.

Que Muhammad Ali ait été un métis rend tout cela plus complexe mais, en Amérique, qui demande à quelqu’un d’être cohérent ? Après tout, Elijah Muhammad était visiblement mulâtre et Malcolm X était roux avec des taches de rousseur et des yeux gris-vert. Trois des plus féroces partisans de la pureté raciale noire étaient métis. C’est ça, l’Amérique !

STANLEY CROUCH (journaliste)

Ali a le complexe du martyr, il est devenu membre de la Nation de l’Islam pour cela. Non pas parce qu’il souffrait du racisme (il en a souffert bien moins que beaucoup d’autres), mais parce qu’il voulait subir avec ses frères les souffrances de ses frères. Avec sa conscience diffuse de l’oppression, sa solidarité envers les plus démunis et le vague sentiment d’avoir une mission à accomplir, sa conversion était le condensé du risque le plus pur et le plus théâtral qu’il lui était possible de prendre. Comme Malcolm X à la fin de sa vie, il était du côté de la sincérité plutôt que de celui de la sagesse et de la vérité.

GERALD EARLY (essayiste)

En plus d’empiler les pépites, Frédéric Roux creuse des sujets qu’on lui sait chers (comme ce sera le cas dans Mille et une reprises), en particulier le distinguo essentiel entre Islam orthodoxe et Nation of Islam, la véritable secte ségrégationniste dont la doctrine mêlait Coran, Bible et science-fiction que rallia le jeune Cassius Clay. Entreprise prospère visant pour l’essentiel à assurer le confort de son très hédoniste leader Elijah Muhammad, elle fut carrément sponsorisée par un Ku Klux Klan ravi de voir des Noirs militer aux aussi pour la séparation des ethnies. Les témoignages choisis rappellent les motifs de l’éloignement progressif entre Elijah Muhammad et Malcolm X, ce dernier remettant en cause la gestion du mouvement et sa posture extrémiste pour promouvoir négociation et compromis politique. Appelé à choisir entre son père et son frère au sein de l’institution, Ali suivit le premier et contribua à l’isolement du second… donc à une vulnérabilité déterminante dans son élimination. Alias Ali rappelle à sa décharge que le boxeur, devenu une figure emblématique de la Nation of Islam après son titre de champion du monde, était à la fois sous emprise et terrifié par ses chaperons tout de noir vêtus.

Rien de certain, sauf la lumière

Un autre aspect de Muhammad Ali est abordé dans le détail : le pervers tour de passe-passe rhétorique qu’il opéra au détriment de Joe Frazier, l’affublant d’une image d’Oncle Tom au service de l’homme blanc profondément injuste pour celui qui connut la misère des métayers du Sud profond. D’une manière générale, Alias Ali développe largement la dimension polémique d’un Greatest réservant sa cruauté sur et hors du ring à d’autres boxeurs noirs, Frazier en tête, mais aussi un Floyd Patterson vieillissant et coupable de s’être déclaré catholique et patriote, « en croisade » pour lui reprendre la ceinture mondiale, ou un Ernie Terrell dont il s’employa à faire durer le calvaire pour des motifs bien véniels. Frédéric Roux glisse aussi dans la biographie certains récits connexes dont on le sait friand, telle la vie de Sonny Liston évoquée plus haut ou celle de Jerry Quarry, l’Irish-American deux fois défait par Ali, dont on eût cru la famille de whitetrash sortie d’un roman d’Harry Crews.

Quand vous irez voir boxer le vieil Ali, il vous faudra endurer une parodie de mauvaise qualité, supporter un vaudeville insensé et, surtout, faire preuve d’une immense patience. Moyennant quoi, vous le verrez probablement faire quelque chose dont vous vous souviendrez toute votre vie.

BILL LYON (journaliste)

(…)

Ali avait été les années 60 à lui tout seul. Il était le Black Power à lui tout seul, l’opposition à la guerre du Vietnam à lui tout seul. Il avait plus de style que Dylan et il était plus marrant que les Beatles. La gloire avait tué Joplin, Hendrix et Jim Morrison et lui, il faisait du skate-board avec. Il avait été le progrès, le changement, la libération et maintenant il n’était plus rien. Il avait battu Liston grâce à sa vitesse, Cleveland Williams grâce à sa puissance, Foreman grâce à son imagination, Frazier grâce à son courage et Spinks grâce à ses souvenirs, et maintenant il se faisait massacrer sur un parking de casino pour que d’autres types se fassent du fric sur son dos. Il était la défaite de toute une génération. La jeunesse et l’idéalisme étaient bien morts.

JACK NEWFIELD (journaliste)

L’ambition d’Alias Ali n’est certes pas de déboulonner la statue ; là encore la multiplicité des points de vue permet un regard équilibré. Même favorisé par les forces occultes qui tenaient son sport, il avait un talent d’exception et un courage du même tonneau. Même longtemps marionnette d’une secte raciste, il a fait avancer une cause juste, fût-ce par l’incarnation plus que par son propos. Même hautain et mégalomane face aux caméras, il savait se montrer simple et infiniment généreux hors_champ. Pour Frédéric Roux, même si le monologue de Lonnie Ali donne un aperçu de ses vieux jours, il fallait que le commencement de l’histoire soit la naissance de Clay et sa fin l’ultime combat d’Ali, une défaite aux Bahamas un soir de 1981. Les derniers témoignages du livre, en même temps qu’ils dépeignent la triste décrépitude du champion en bout de course, s’interrogent sur son legs. À bien des égards sa carrière marqua une bascule, celle des attitudes lisses aux postures ouvertement politiques chez les stars afro-américaines de la la boxe, ou celle d’un business tenu par la mafia d’antan à un partage du gâteau avec des ruffians noirs de peau. Pour le reste, et jusqu’à la valeur exacte de son palmarès en comparaison des autres géants de son sport, les jugements définitifs sont proscrits. Les francophones pourront se féliciter d’avoir accès à un livre aussi essentiel sur celui qui prenait la lumière comme personne. Alias Ali rend tout à fait indiscutable cette dernière affirmation.

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