Quelques jours avant le premier anniversaire de la disparition de Ron Lyle à 70 ans, retour sur un grand moment de poésie pugilistique avec son incroyable combat de janvier 1976 contre George Foreman.
Foreman n’a pas combattu depuis octobre 1974 et sa première défaite en carrière concédée face à Ali à Kinshasa dans les circonstances que l’on sait. Pour se remettre en selle, le choix est très risqué, puisque Ron Lyle est un client. Il a la particularité d’avoir entamé sa carrière professionnelle à 30 ans, après un long séjour en prison où l’on imagine que peu de codétenus lui cherchaient des noises.
Il faut imaginer un poids lourd à la technique frustre mais efficace, qui faisait 2000 pompes par jour, doté d’une enclume dans le gant droit qui le place régulièrement dans les top 10 à 20 des plus grands puncheurs de l’histoire des lourds. Il fait partie de cette flopée d’excellents boxeurs de la catégorie qui constellèrent les années 70, et rendent d’autant plus remarquable l’hégémonie d’un Muhammad Ali. On peut dire sans trop s’avancer qu’il aurait détenu une ceinture mondiale s’il avait boxé à bien des autres époques. Au faîte de sa courte carrière pro, Ron Lyle a inscrit à son palmarès 11 rounds de muerte perdus contre Ali alors qu’il menait aux points, deux défaites serrées contre Jimmy Young (qui envoya Foreman à sa première retraite) et une contre le robuste Jerry Quarry, ainsi que des succès sur les solides Oscar Bonavena, Earnie Shavers, Jimmy Ellis et Scott LeDoux. Plus le mythique combat contre Foreman.
Il met en scène un Big George assez emprunté, rouillé par l’inactivité et par le doute, et qui se retrouve face à un Caterpillar. 4 rounds et demi de brutalité dont les deux protagonistes, chacun doté de la puissance de feu d’un croiseur, oublient opportunément toute velléité défensive. Ce qui donne une espèce de Hagler vs Hearns dont les protagonistes auraient mangé de la soupe. Bref, ça ressemble à ça :
Les rounds 4 et 5 font passer l’introduction de Saving private Ryan pour un film d’Eric Rohmer.
C’est un peu comme manger un triple burger avec beaucoup de bacon et d’oignons frits. Too much, mais vraiment bon. Combat de l’année 1976 pour The Ring Magazine.
Bonus : le combat entre Ron Lyle et Earnie Shavers, peut-être le plus gros frappeur jamais vu dans la catégorie. C’était en tout cas l’avis de Ron Lyle, bien placé pour faire une comparaison pertinente avec George Foreman.