Le site (Antoine) /
- On se la colle le week-end prochain : pas de Punchlines prévues le 8 décembre, dans leur intérêt.

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /
- L’Académie Française a rejeté par 13 voix contre 6 la proposition de Jean-Christophe Rufin d’accueillir parmi les Immortels Boualem Sansal, placé en détention par le régime au pouvoir à Alger le 16 novembre dernier, ce qui eût conféré à ce dernier un rang protocolaire à même de renforcer sa protection – ainsi que nous le rappelait le toujours bien informé Vincent Crouzet sur les réseaux sociaux. Il eût été tellement dommage de découvrir en 2024 aux « quarante croulants du Quai Conti », ainsi que les désignait Pierre Desproges, un semblant d’utilité. La consternation passée, le combat continue : on n’enferme pas nos écrivains.

- Comme à l’accoutumée, les lycéens ont clos la saison des récompenses littéraires en attribuant leur Prix Goncourt à Sandrine Colette, déjà finaliste du Goncourt tout court, pour son Madelaine avant l’aube (J-C Lattès). On aurait aimé entendre bisquer les réacs de SOS Education à l’origine de la campagne contre Le Club des enfants perdus de Rebecca Ligheri si cette dernière avait été récompensée, mais enfin nos chères têtes boutonneuses font généralement preuve d’un certain discernement à l’heure de désigner leur lauréat, donc on se réjouira pour la gagnante de cette année.
- Les 2000 adolescents participant au Goncourt des lycéens lisent des romans, l’affaire est entendue, mais enfin la première place du Youtubeur Inès Benazzouz alias Inoxtag au palmarès des meilleurs ventes de livre en France semble confirmer que leurs contemporains apprécient les mangas. Il devance le dernier tome de Lucky Luke, le Goncourt des grands de Kamel Daoud et l’autobiographie de Jordan Bardella. Rachida Dati souhaite étendre le Pass Culture au spectacle vivant. On comprend que les professionnels du livre s’en alarment.
- Rubrique « austérité » : d’après le site ActuaLitté, la répercussion sur le Centre National du Livre du sérieux coup de frein sur les dépenses publiques ne devrait pas dépasser 450000€ dans le projet de loi finances qui sera voté – ou pas – pour l’année 2025. Il s’agit certes d’un rabotage plus conséquent que ce qui serait globalement imposé à la Culture, en l’occurrence composer avec un budget stable (et donc subir les seuls effets de l’inflation), mais enfin passer de 28,9 à 28,45 millions d’euros semblerait raisonnable au directeur du CNL Pascal Perrault, pour qui l’économie sera « répartie de telle sorte à être relativement indolore pour les professionnels de la chaîne du livre ». Dont acte. Reste un point à soulever dans les discussions budgétaires qui précédèrent : Philippe Ballard, député auteur d’un rapport sur la mission Médias, livre et industries culturelles au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, s’est opposé à une telle baisse. Ledit Ballard fut élu dans l’Oise sous les couleurs du Rassemblement National, ce qui infirme l’idée d’un parti lepéniste ennemi des belles lettres et traduit peut-être une opération de séduction, sinon de normalisation des rapports à l’égard du secteur du livre. Très à droite, nombreux sont ceux qui théorisent aujourd’hui la conquête du pouvoir via l’hégémonie culturelle, peu importe que l’inventeur du concept Antonio Gramsci eût vraisemblablement peu goûté la ligne du RN. Gardons bien en tête que la politique éditoriale du groupe Hachette n’est que l’une des facettes d’une stratégie plus globale.
- Stratégie globale, suite : les salariés de Bayard se sont mobilisés cette semaine, à l’inauguration du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse puis devant le siège du groupe à Montrouge, contre deux décisions du nouveau président du directoire François Morinière. La première concerne la participation de Bayard à un consortium d’investisseurs dans lequel on retrouve Vincent Bolloré. Ledit consortium a racheté l’Ecole Supérieure de Journalisme, et l’on s’émeut du côté des représentants du personnel de Bayard de cette alliance entre cathos humanistes et conservateurs. La seconde a trait à l’embauche d’Alban du Rostu à la direction de la stratégie et du développement du groupe. Le site ActuaLitté rappelle qu’il fut directeur général du Fonds du bien commun, organisation philanthropique du business angel catholique et libertarien Pierre-Édouard Stérin. « O, D, I, L… Lido ? » L’affaire semble certes cousue de fil blanc. Conscients des inquiétudes, François Morinière et le DG de Bayard Dominique Greiner ont signé une tribune dans La Croix pour réaffirmer l’indépendance du groupe. Si l’on se gardera autant que possible des procès d’intention, il reste que le coup de barre est bien à tribord.
- Les auditeurs du Masque et la Plume n’ont apparemment pas goûté le traitement réservé par la nouvelle équipe de chroniqueurs littéraires rassemblés autour de l’indéboulonnable Arnaud Viviant au Rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy, pourtant deux fois primé cet automne par le jury du Fémina (faut dire qu’il est beau gosse) et l’Académie Française (…). Hervé Le Corre non plus, d’ailleurs, qui s’est fâché tout rouge contre cette « Méchanceté gratuite, incarnation de la bêtise à front de taureau » – Viviant avait certes sentencieusement affirmé « C’est une merde » de son Prendre les loups pour ces chiens, sorti en 2017. Que retenir de cette floppée d’indignations ? Qu’un peu de vie ne fait justement pas de mal à la version post-Garcin du Masque. Le dézinguage du dernier Ellroy entendu ce matin pourrait confirmer la tendance. Élève en progrès, continuez.
- Quelle ne fut pas la surprise d’Agnès Barthelet, adjointe de conservation à la bibliothèque municipale de Besançon, de découvrir une liasse de lettres olé-olé attribuées dans la foulée par les experts compétents à Gustave Courbet et sa maîtresse Mathilde Carly de Svazzema. Si on avait attribué à l’auteur de L’Origine du monde, en tant que délégué aux Beaux-Arts de la Commune de Paris, la décision d’abattre la Colonne Vendôme quelques mois auparavant – la restauration du monument aura lieu à ses frais -, le contenu desdites lettres prouve qu’en cette année 1872 sa colonne à lui allait fort bien, merci, tant il y confirme sa réputation de barbu bouffeur de c… vous l’avez. J’en profite pour vous (re)recommander la lecture de Saturation de Thael Boost, roman qui invoque le fantôme de Gustave Courbet pour retracer un amour défunt.
Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /
- Parlons cinéma, parlons de l’ambulance qui n’est plus qu’un impact de balles ambulant. Les lecteurs réguliers de cette rubrique l’ont peut-être deviné, oui nous allons parler de Ridley Scott, et de Gladiator II.
- Le concert de louanges qui a précédé sa sortie en salles aux U.S nous avait mis le doute, et votre humble serviteur était même préparé à dégainer son mea culpa de circonstances. Après tout, la grande Toile ne porte rarement aussi bien son nom que lorsqu’elle devient le théâtre de la renaissance des cathédrales malmenées par le temps. Mais ça c’était avant. Après visionnage, on ne peut en conclure qu’une chose : le cinéma intéresse encore moins Ridley Scott que celles et ceux dont le métier est d’en regarder pour en parler.
- Ce n’est même pas qu’il n’y a rien à sauver dans Gladiator II, il n’y a plus rien à dire tout court. Sur le film, et sur un réalisateur qui ne fait même plus semblant de ne pas avoir lâché la rampe. Quoiqu’il en dise dans ses interviews débordantes d’autosatisfaction, Ridley Scott ne cherche plus à faire quoique ce soit, mais à être. Être ce monument qui refait le cinéma et réécrit l’histoire à chacune de ses sorties. Être cet absolu qui impose SA vérité sur celle du spectateur et lui refuse la liberté de disposer de ce qu’il voit. Être cette figure démiurgique qui revisite ses œuvres les plus célèbres pour parler à leur place et enchainer son discours d’aujourd’hui à ses images d’hier.
- Il ne reste plus rien de l’empire, sinon le souvenir de ce qui fut tapi dans ses ruines. Un peu comme dans Gladiator II justement : Rome est morte depuis longtemps déjà, mais Rome refuse de mourir, sans réaliser qu’il n’y a déjà plus rien à enterrer.

- En cela, le film a au moins le mérite de proposer un miroir exhaustif du cinéma actuel de Ridley Scott, lui aussi réduit à organiser des jeux du Cirque pour haranguer la foule. Car Gladiator II n’est que ça : une scène triste qui camoufle le moins avec le plus.
- Moins de spectacle dans des morceaux de bravoure beaucoup trop gros pour ce qu’ils ont à offrir (le combat avec les babouins numériques, le duel maritime dans l’enceinte du Colisée : même pas honte). Moins de Rome, de décors, de souffle et d’ampleur pour 300 millions de dollars manifestement pas dépensés en production value. Moins d’images qui prennent le scope, de cadres bien finis, de lumière travaillée, bref de cinéma pour un réalisateur qui a manifestement perdu son œil dans le laboratoire de postproduction – quoiqu’à ce niveau-là, il faudrait plutôt parler de nettoyage de scène de crimes, à en croire le retour d’expérience de son chef opérateur John Mathieson. Par respect, on ne mentionnera pas les prestations des acteurs, qui n’ont manifestement pas eu plus d’une prise pour faire autre chose que de l’approximatif : Paul Mescal en pilier de bar qui s’aiguise les phalanges à la fermeture du pub, Denzel Washington en scène ouverte de vocalises théâtrales, le duo d’empereurs en Beavis et Butthead égarés sur le mauvais plateau (normal me direz-vous, c’est Beavis et Butthead).
- Bref, il n’y a rien dans Gladiator II qui donne envie de parler de cinéma, et pour cause : il n’y en a plus à l’écran, et on évite de parler de cordes dans la maison d’un pendu. Le pire dans tout ça ? C’était évitable. Gladiator II n’est même pas un mauvais film qui ne pouvait pas devenir autre chose, mais condamné par les (mauvais) choix de ses instigateurs. Une œuvre de profanateurs de sépultures.
- Au rayon « Tout ça pour ça », The Substance se dégage une place de choix sur la rangée des têtes de listes. Juste à côté d’Émilia Pérez, et autres lauréats cannois surgonflés par la hype du festival « du cinéma au cinéma » qui porte parfois (souvent) bien mal son nom. Car The Substance est un film-tract, ni plus ni moins, qui surfe sur l’air du temps post Me-Too pour asséner des vérités avec lesquelles personne (ou si peu) – du moins dans le public visé et déjà acquis à la cause de toutes façons – n’est plus en désaccord depuis les années 90. Époque au sein de laquelle le film semble être figé dans un étrange effet d’uchronie ou d’anachronie, selon les goûts.
- Un peu comme le Barbie de Greta Gerwig finalement, avec lequel le film partage plus d’un point commun, entre un récit qui subordonne ses personnages à un essentialisme de comptoir ; du genre qui récite scolairement son abécédaire de genre pour la caution cinéphile; et un univers aux règles mal définies qui fait sauter la suspension d’incrédulité au bout de 20 minutes. « Vous ne faites qu’un avec votre double » qu’on nous dit, pourtant Demi Moore et Margaret Qualley vivent leur vie séparément, sans partage d’expérience ni de souvenirs aucunes. Donc à quoi bon continuer un processus aussi douloureux, si ce n’est pour égrener du body horror d’arrière-garde qui se soucie encore moins de la cohérence que le bourgeois venu s’encanailler de sensations fortes ?

« C’était mieux avant. »
- Cette question, comme d’autres, The Substance n’y répondra jamais. Comme tout film portant un message, ce qui est dit prévaut sur comment c’est dit, et comme Coralie Fargeat remplace les mots par les images pour dire la même chose pendant 2h20, difficile de se tromper. En gros : dans une societay male gazée par des dinosaures cisgenres fascistes blancs et de droite cadrés en fish-eye, même les femmes qui ne font pas leur âge n’ont pas le droit à la sororité avec leur soi-même de 30 ans. It’s a man man’s world, and karma is a bitch.
- Pourtant, The Substance n’est pas paradoxalement pas conçu comme une œuvre didactique mais une expérience audiovisuelle à part entière, du « vrai » cinéma très soucieux de ne pas être considéré autrement. Mais comme tous les films qui confondent mise en scène et fétichisme, la réalisatrice passe le moindre effet au Stabilo pour être sûr que rien ne nous échappe. Le moindre bruit d’une clé insérée dans la serrure est traité par l’ingé son des concerts de Rammstein pour faire cracher les enceintes. On dirait du Darren uber Aronofsky : à ce niveau-là ce n’est plus du cinéma, mais du conditionnement pavlovien. The Substance est un film qui répond à l’injonction par l’injonction : chaque chose veut dire quelque chose, RÉAGISSEZ BON SANG. Comme un livre d’images et de sons qui s’exprime en onomatopées sur 300 pages, notes de bas pages incluses. Ça peut faire mal à la tête.
- Enfin, pour enfoncer le clou une bonne fois pour toutes dans le crime de lèse-majesté, l’auteur de ces lignes est allé trainer son humeur de pisse-froid du côté des plates-formes. Mais si, vous savez : la mort du cinéma qui compte et se consomme comme un cul de pétard à 3 heures du mat’. Je sais, n’étant pas le dernier à tirer à balles réelles sur le bouc émissaire des salles obscures qui font rien que faire tout bien, j’éviterais de faire trop de bruit en retournant ma veste. Mais si vous voulez vous faire plaisir en ce moment, c’est Netflix et Amazon que ça se passe, avec GTMax (sur le N rouge) et Tigres et Hyènes (sur le A de Jeff Bezos), deux heist movie à la française comme on aimerait en faire l’expérience sur grand écran. Pourquoi d’ailleurs ? Pourquoi deux long-métrages incarnés, bien joués, bien foutus, qui veillent scrupuleusement à tenir leurs promesses sans emprisonner leurs envies de cinéma dans leur concept de départ, pourquoi donc POURQUOI ces films-là ne trouvent plus preneurs sur la grande Toile ?!
- Peut-être que la réponse est dans l’intitulé justement : parce qu’ils se contentent de ça. Sans faire perdre son temps au spectateur en lui imposant l’écriture de leur légende (Gladiator II) ou la (non)démonstration de leur intelligence conceptuelle (The Substance). Olivier Schneider (premier film avec GTMax), et Jérémie Guez (Tigres et Hyènes, son 4ème depuis 2018, sans compter les séries TV et les livres !) ne font pas de films comme prétexte à la mise en scène de leur surmoi, mais par goût du travail bien fait. Métamorphosé en théâtre d’événements majuscules par la force des choses, le cinéma n’a peut-être plus la place ni la patience de singulariser les films qui aspirent à être « bon » avant de devenir grand, si le temps le permet. Et le temps, il m’en manque justement pour développer sur des films qui méritent plus que ces quelques lignes. Juste : sans attribuer de carton rouge ou même jaune à l’un ou l’autre sur l’un des deux points, disons que GTmax l’emporte d’une courte-tête sur le plan du spectacle. Sur celui de l’interprétation et l’écriture, on pencherait plutôt pour Tigres et Hyènes. Ça, c’est si vous devez faire un choix, mais l’idéal est de regarder les deux, à la suite de préférence. Un vrai bon double-programme de cinéma comme on les aime.
Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /
- Certains boxeurs sont trop petits pour boxer à 112 livres. L’assertion peut faire sourire au temps des « petits » poids lourds deux fois plus copieux, mais il s’agit bel et bien d’un problème fondamental pour l’Anglais Sunny Edwards, ex-champion du monde IBF des poids mouche opposé hier soir à son compatriote Galal Yafai pour le titre WBC par intérim de la catégorie. Quand la salle est acquise à votre adversaire – en l’occurrence la Resorts World Arena de Birmingham -, que vous accusez un fameux déficit d’allonge du fait d’une envergure de bébé tyrannosaure mesurée à 1m52, que votre adversaire vous connaît parfaitement depuis d’innombrables heures de sparring et se donne les moyens de vous rentrer dans la gueule 3 minutes par round mais qu’il fait ça à peu près proprement, médaille d’or olympique oblige, et que le punch d’anémique qui vous rapporta royalement 4 KOs en 21 succès chez les professionnels ne vaut à vos – jolis – contres aucune espèce de pouvoir dissuasif… même à votre aise d’un point de vue technique en appui arrière, vous êtes foutu, purement et simplement, quel que soit votre état d’esprit sur le ring. En l’occurrence il y avait aussi à redire sur ce plan-là, tant Edwards, le regard dans le vague à chaque minute de repos, évoquait une sorte de Poil de Carotte dérouillé dans un coin sombre de la cour de récré. Il concéda très tôt à son entraîneur franc du collier n’avoir strictement aucune envie d’être là. Qu’il annonce sa retraite sportive dans la foulée du très logique arrêt de l’arbitre au 6e round n’aura étonné personne. Certains lui prédisent déjà un retour sur les rings après une pause salvatrice, après tout le schtroumpf de Croydon n’a guère que 28 ans, mais un certain pessimisme devrait prévaloir s’il s’agit de se colleter d’autres spécimens physiques du niveau de Galal Yafai à 112 livres. Avec sa démonstration d’hier, ce dernier confirme ses chances de se constituer le plus beau palmarès pugilistique de sa fratrie – quand bien même Kal fut champion WBA des super mouche et Gamal titré par l’EBU chez les super coq. Rien que ça.

- On disait la semaine passée que Souleymane Cissokho vs David Papot ferait un digne prétendant au titre officieux de meilleure opposition franco-française du moment – disons ex aequo avec un hypothétique Christian Mbilli vs Kévin Lele-Sadjo chez les super moyens. Ce dernier devait justement boxer ce 7 décembre en sous-carte d’une demi-finale WBC opposant le capitaine de la Team Solide de Rio au vétéran lithuanien Ejidijus Kavaliauskas à Malago (Guinée Equatoriale). Las, le Français s’est apparemment abîmé un métacarpe en sparring, justifiant un report du combat. Cela fait maintenant plus d’un an et un succès aux points sur Isaias Lucero que Cissokho n’a pas boxé, et l’on peut estimer qu’un peu trop de rouille aux entournures rendra le défi Kavaliauskas un tantinet risqué : « The Mean Machine » fait florès de toute opportunité de contre et son punch est sur le papier supérieur à ce qu’a pu expérimenter Cissokho en professionnels – et le peu abrasif Kieron Conway l’a flanqué par terre d’un uppercut en mai 2021. Affaire à suivre, de fait, en n’omettant pas de rappeler qu’à 33 ans il n’est plus temps de traîner en chemin.
- Turki « L’argent n’a pas d’odeur, mais en avait-il sous Don King ? » Al-Sheikh, démiurge officiel du pugilisme contemporain, a lancé les grandes manœuvres pour la Riyadh Session de février prochain. Il y serait question d’un championnat IBF des lourds opposant l’Anglais Daniel Dubois, récent vainqueur d’Anthony Joshua sur un KO tonitruant à Wembley, au Néozélandais Joseph Parker. L’affiche est excitante en diable, ce qui ne manquerait pas d’étonner quiconque aurait relâché son attention depuis 2022 : on s’interrogeait sur « Dynamite Dubois » après sa défaite un chouïa polémique contre Olexandr Usyk, quant à Parker son tabassage en règle des (grosses) mains de Joe Joyce avait semblé sonner le glas de ses ambitions au plus haut niveau. Trois succès impressionnants avant la limite pour le premier – Jarrell Miller, Filip Hrgovic et donc Anthony Joshua – et deux décisions pas forcément attendues mais méritées contre Deontay Wilder puis Zhang Zhilei pour le second en ont fait deux têtes d’affiche légitimes à défaut d’être les poids lourds les plus bankable du moment – en quête désespérée du super banco, Dubois aurait même tenté d’approcher Jake Paul… Si la confrontation venait à se confirmer, on mettrait bien une pièce sur l’Anglais, dont la marche avant résolue changerait Parker du jeu de jambes de faon apeuré de Wilder ou des vastes panards coulés dans du béton de Zhang. Reste que le Kiwi sait déjouer les pronostics.
- Le co-main event de la soirée ne serait autre que la revanche du combat le plus attendu de 2024, la victoire par décision obtenue sur le fil par Artur Beterbiev sur Dmitry Bivol pour le titre incontesté des mi-lourds le mois dernier à Riyad. A 40 ans le 21 janvier, Beterbiev aura-t-il conservé sa forme étincelante d’octobre ? Bivol sera-t-il repassé au tableau noir pour ajuster efficacement son plan de vol face à l’ogre tchétchéno-canadien ? Difficile de tordre le nez face à un tel classique en devenir. La sous-carte devrait être l’occasion de voir un chouchou de Turki Al-Sheikh monter en pression après une série d’adversaires à sa main : on pense bien sur à l’Anglais Hamzah Sheeraz, que son punch et sa morphologie déraisonnable à 160 livres ont flanqué d’une réputation d’abominable croquemitaine. Pour qu’il confirme au plus haut niveau ses états de service européens, on le collerait cette fois dans les pattes du Dominicain Carlos Adames, auteur jusque-là d’une parfaite carrière d’adversaire ni rassurant, ni lucratif et plusieurs fois cocu à la grande loterie du matchmaking. Enfin champion du monde depuis un large succès aux points sur Terrell Gausha en juin dernier, Adames est sans doute jugé accessible par Turki et la management de Sheeraz. Heureusement pour lui, le bougre a l’habitude des contextes défavorables, tant la Kingdom Arena aura pour lui des allures de coupe-gorge ce soir-là.
- On murmure aussi l’hypothèse d’un duel qui déterminerait l’identité de l’adversaire du vainqueur de Dubois vs Parker, Zhang Zhilei contre Agit Kabayel. Zhang s’est relancé après sa défaite contre le Néozélandais en éparpillant le fantôme de Wilder, tandis que Kabayel a gagné le droit d’être considéré avec sérieux après avoir proprement déboulonné les très hypés Arslanbek Makhmudov et Frank Sanchez. Kabayel a-t-il un menton de niveau mondial ? Zhang est-il vulnérable au corps ? On aura sans doute les réponses en février. Le dernier choc annoncé aurait du plomb dans l’aile si l’on en croit les déclarations des intéressés : il se serait agi d’un choc de super welters entre Vergil Ortiz Jr. et un Jaron Ennis en manque d’options rémunératrices à 147 livres. Stay tuned.
