Punchlines du 13 avril 2025

Le site (Antoine) /

  • La rubrique aurait plus de sens si l’actualité du site ne se résumait pas aux Punchlines ? C’est pas faux. Voici donc une vidéo digne d’intérêt pour compenser :

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /

  • L’éditeur parisien de tes amis avec qui tu déjeunes donne le ton : « Pour l’ouverture, hier soir, on s’est retrouvés en cercle avec des confrères, après un blanc un type a dit ‘c’est quand même la merde’ et tout le monde a approuvé. Bon, au moins il y avait assez de champagne. » Bien que ta pratique de la profession aide à relativiser – les mecs osaient à peine un « moui, c’pas mal » pendant la bombance de l’après-COVID -, les témoignages paraissent se recouper. Mais enfin il fait un soleil rare pour un 11 avril, le Salon/Festival du livre de Paris revient au Grand Palais après un exil prolongé au bout du Champ de Mars, tout porte donc à l’enthousiasme quand bien même la conjonction des deux promet qu’on cuira sous la verrière. D’ailleurs la file d’attente des amoureux de la littérature dépourvus de coupe-file s’étire jusqu’à une bonne heure, de quoi apprécier ton accréditation de petit pigiste. L’entrée est majestueuse, la vue d’ensemble en jette et tu imagines illico la quantité de photos réglées sur « grand angle » qui orneront dès ce soir ce qui reste de Bookstagram en 2025. « On est dominés par la Romance » lâche le même copain, référence au symbolisme puissant des galeries supérieures surplombant les stands de littérature blanche, largement occupées par des palettes de titres au look de boîtes à bonbons et les jeunes lectrices qui les dévorent à l’infini. En bas, si l’on se presse moins aux dédicaces, la foule reste dense – et diverse, c’est le jour des scolaires, donc des jeunes se mélangent aux vieux – et l’on peut toujours se faire plaisir à contempler les étals des maisons qu’on lit trop peu, Verdier et autres Belles Lettres, sans plus commettre l’erreur des achats de salon compulsifs qui composent les strates inférieures de toute bonne pile à lire.
Avouez que ça gouache.
  • Le copain te présente une attachée de presse que tu fréquentas par email, passée comme de juste par une douzaine de maisons au gré des mercatos. Elle tente un « ah, oui, vous aimez la SF » avant de s’apercevoir qu’elle te prend pour un de tes collègues. Lui en tenir rigueur serait crétin. La trentenaire enchaîne sur un compte-rendu de sa soirée d’ouverture, passée à discuter « de 30 secondes en 30 secondes avec plein de gens qui regardent par-dessus ton crâne s’ils aperçoivent qui que ce soit de plus intéressant ». Ta compassion est assurée. On n’est pas si loin de l’industrie du pneumatique ou des plats cuisinés en barquette. Un étrange peloton d’artistes de rue en costume de carnaval fend la foule pour un happening au bas des escaliers monumentaux que les finalistes du tournoi olympique d’escrime descendaient voici quelques mois, non loin du stand en forme d’étoile dédié au Maroc, l’invité d’honneur de la présente édition. Pour un pire ratio agrément / branchitude en 2025, il eût fallu tenter une flashmob. Au son encombrant de la troupe toute de noir vêtue, tu poursuis ton tour des stands, avisant un sosie de Marguerite Duras – peut-être Douglas Kennedy – en signature puis Amélie Nothomb dans le même exercice, sans doute en train de rappeler à Gersande de la Haute-Vienne qu’elles se sont vues à Brive en 2012 et pas en 2013. Un éditeur des territoires dont tu goûtes particulièrement la collection a rassemblé de quoi se payer un coin de table sur un stand régional, sorte de présence « de témoignage » évoquant les récentes candidatures socialistes à la présidentielle. Il confirme la pénibilité des happenings musicaux comme la morosité de la conjoncture. Sur ce dernier point, les remontées des libraires sur l’état de leur panier moyen sont implacables : les 50 balles d’antan sont bien révolus, et tout ce qui ne s’intitule pas La femme de ménage subit désormais la concurrence directe du gaz, de l’électricité et du pain en tranches dans le budget de nos contribuables.
OKLM chez les pros.
  • Tu lui souhaites bonne chance et poursuis ton périple, traversant une zone dédiée à l’enfance passablement clairsemée : personne pour tester les audiolivres en libre service, ni sous la tente bleue visiblement appelée « Maison des histoires ». Peut-être est-ce justement parce que trop de messieurs solitaires dans ton style viennent regarder ce qu’il s’y passe. Retour à la littérature (très) blanche, pour constater que le groupe Hachette occupe une rangée à l’ombre. Sur le stand Fayard, Sonia Mabrouk conserve un maquillage télévisuel en diable. Signe de la violence du débat public contemporain, il paraît qu’on est venu leur jeter des ours en peluche. Tiens, ta publication de petit pigiste a son stand dédié, et tu en profites pour y faire un brin de causette. Pour un rescapé de la presse papier, le titre ne se porte pas si mal : il faut dire que les lecteurs, à l’opposé des accros à Netflix ou Spotify, sont ontologiquement attachés aux supports non numériques, ce qui rend la niche pas si inconfortable. Voire, vous enregistrez de nouveaux abonnés. C’est pure folie. Comme te l’explique un collègue, un festival est une épreuve physique avant tout : lui-même a breveté le principe du sommeil à l’heure du dîner pour réapparaître frais comme la rosée à la soirée du Macumba Night. Astucieux. Cédric Sire lui fait la bise en passant. Tu auras de bonnes chances de croiser son costume noir et sa crinière de jais à ton concert de metal satanique prévu le soir même à l’Olympia. Il ne déparerait pas autour du stand « Addictasy – quand la romance se fait sombre », cerné par de jeunes goths.
La Culture s’invite partout, même au Festival du Livre de Paris.
  • Une amie directrice de salon du livre s’est accordé un thé à la menthe à la buvette du haut, située à l’aplomb du nécessaire studio provisoire de Radio France. Apparemment, c’est au tour de François-Régis Gaudry d’enregistrer l’émission culinaire du dimanche matin, seule de la grille d’Inter à n’avoir jamais accueilli Xavier Dolan. L’amie en question n’est même pas flippée à un gros mois de son événement, preuve qu’il subsiste des îlots de quiétude littéraire en nos régions. Vous entamez un tour de la galerie. Isolée du tumulte, une expo est consacrée à l’adaptation des livres à l’écran. Suit un Espace Mer ; alors que tu déplores le peu d’anecdotes rigolotes à rapporter, un jeune type massacre du Leo Ferré à la guitare folk devant un parterre de festivaliers venus prendre le frais dans un décor de méduses en papier mâché. Voilà qui fera l’affaire, ça et la poignée de posters consacrés au manga maritime One Piece, louable effort d’attirer de chères têtes blondes dont l’échec patent s’explique peut-être par le fait que l’élément le plus mis en valeur est une citation de la ministre Agnès Pannier-Runacher. Autant faire fun.
Le même, vu d’en haut.
  • Un autre espace au calme est dédié au « B2B », il accueil des échanges feutrés et de luxueux stands chinois ou dubaïotes sur lesquels on ne se presse guère. L’acoustique du Grand Palais étonne lorsque le volume remonte d’un coup à peine franchie sa porte ouverte. Vous atteignez l’emplacement d’Hugo Publishing et sa file d’attente aussi fournie que celle de l’entrée du Festival. Les deux garçons perdus dans ce gynécée se sont peut-être égarés à la recherche de l’espace bière et football. Y succède une rangée de « petites et jeunes maisons d’édition », a priori pas menacées par le Goncourt, dont ta favorite s’avèrera R.J.T.P. pour « Réfléchir n’a Jamais Tué Personne », apparemment aux antipodes idéologiques de Fayard période Boëll. À propos de progressisme revendiqué, le repaire des danseur.ice.s aperçus lors du happening en contrebas est apparemment une salle « conçue comme une revue vivante » et baptisée Cabaret Extra!. Sur la scène dédiée, l’heure est au tarot littéraire. Par voie de conséquence, il est temps que tu quittes les lieux, non sans avoir croisé une jeune organisatrice en T-shirt « Médiateur » – mazette, à croire que d’aucuns se mettent dessus pour un accès privilégié à Marc Levy – puis un groupe de collégiens enthousiastes et (parce que ?) coiffés de la houppette de Titeuf. Les temps sont durs, mais demeurent festifs.

Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /

  • Parlons cinéma, parlons de… droits de douanes, comme à peu près tout le monde cette semaine, n’importe où et pour n’importe quoi. Un résumé express pour celles et ceux qui s’emploient à faire la sourde oreille aux conversations près de la machine à café : c’est la GUERRE, commerciale s’entends. Depuis que Donald Trump a entrepris de remodeler les règles de l’économie mondiale sans rien demander à personne d’autre qu’à Donald Trump, le monde est sens dessus dessous et personne n’est épargné. Même pas Hollywood, particulièrement exposé par le une-deux engagé par le mec de The Apprentice avec la Chine depuis une semaine. Bilan à l’heure où on écrit ces lignes : 145% pour la bannière étoilée, 125% pour l’Empire du milieu, bref AMERICA FIRST motherfucker… Sauf les Iphones et les ordinateurs, dispensés de service depuis deux jours pour cause de pieds plats (et surement un peu de parents très fortunés).
  • Bref, Hollywood dans tout ça, ben c’est la tourista à même le slip kangourou. Comme vous n’êtes peut-être pas sans le savoir, la Chine représente encore un marché important pour l’économie des studios américains et leurs productions à gros budgets. Car cela fait bien longtemps maintenant que le territoire US n’est plus une terre de cocagne pour les blockbusters en dépassement de budget, qui dépendent largement de l’exploitation internationale pour présenter des bilans comptables convenables. Dont la Chine forcément, ses 1,5 milliards d’habitants, son parc de salles gigantesque, et sa culture de grande Toile pour le coup bien plus vivace que celle du rival yankee.
Ready to rumble.
  • Alors oui, y a les quotas, la préférence du public et du gouvernement pour la production locale, et une récupération moindre qu’ailleurs sur les tickets de cinéma mais bon. Ça met un peu plus qu’une noisette de beurre dans la casserole d’épinards à 200 millions de pesos sans les coûts marketing. S’il y a bien UN domaine dans lequel les États-Unis peuvent afficher une balance commerciale excédentaire avec la Chine, c’est celui du cinéma, mais Donnie ne peut pas penser à tout. Notamment aux mesures de représailles du gouvernement de Xi Jinping, qui a déjà annoncé son intention de réduire « modérément » le nombre de blockbusters ricains dans leurs salles.
  • Pas vraiment une bonne nouvelle, surtout à l’heure où le box-office U.S tire sévèrement la langue depuis plusieurs mois, et où se profilent plusieurs sorties estivales qui ne pourront pas se passer comme ça des quelques dollars de plus de l’Empire du Milieu. Et au-delà de l’exemple chinois, on peut se demander si l’impact de la politique trumpienne sur le soft-power U.S ne risque pas d’avoir des répercussions qui dépasseront les frontières du Géant qui ne sommeille plus vraiment.
  • Comme on l’a dit plus haut mais à de rares exceptions près, le cinéma américain ne fait plus recettes sur le seul territoire américain. Et Hollywood a d’autant plus besoin d’un étranger convaincu d’avoir besoin de lui que ses moyens de coercitions ne sont plus. Finie, la galaxie pas si lointaine où un Disney encore woke et tout en domination Marvelienne et Starwarsienne tentait d’imposer des quotas de séances aux exploitations européennes dans des termes très… Trumpiens finalement. Mais aujourd’hui, les blockbusters ont perdu de leur pouvoir d’attraction, l’économie des salles obscures est devenue une valeur très aléatoire, et le cinéma asiatique – notamment indien et coréen- se fraye un chemin dans les consciences depuis les platesformes.
  • Autrement dit, le cinéma américain, c’est (peut-être) plus ce que c’était. Comme l’Amérique finalement, bien décidée à tordre le poignet du sens de l’Histoire qui ne tourne plus en sa faveur.
  • Et si vous me demandez vraiment mon avis (si si, je vous entend) pour conclure billet un tantinet décousu, je dirais que tout ce cirque finalement, ça ressemble quand même à la crise de nerfs de ouins-ouins trop gros et trop gâtés qui n’acceptent pas de ne plus occuper la pole-position.
  • America First peut-être, mais America First no more.
  • America toujours : Minecraft le film est sorti, et les cinémas n’en peuvent déjà plus. Pas seulement eu égard à la qualité somme toutes relative du film (pas vu, mais simplement jaugé avec un jugement de valeur complètement assumé), mais parce qu’il rend les gens débiles un peu plus débiles. Un Easter Egg – comme on dit chez les djeuns- provoque l’hystérie du public, qui se met à balancer les seaux XXXXL de popcorn corn au beurre de cacahouètes partout dans la salle à l’apparition d’un truc qui s’appelle le « chicken jockey ». Chez ceux qui s’y adonnent, on vend ça comme un acte de « liberté » régressive et spontané contre les normes et la bienséance. D’ici, ça ressemble plutôt à un « je peux, j’ai envie, donc je le fais » qui chie sur la gueule du petit personnel mal payé pour nettoyer derrière. L’Amérique d’aujourd’hui quoi.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • Que penser de Jaron « Boots » Ennis ? Un prodige injouable à 147 livres, ou bien, tel le lauréat du concours de pipi le plus loin de sa classe de 6eme à 18 ans, un type bénéficiant d’une concurrence limitée ? Difficile d’affirmer que sa victoire d’hier soir à Atlantic City sur Eimantas Stanionis ait mit un terme au débat, quand bien même le natif de Philadelphie ajoute désormais la ceinture décernée par The Ring aux titres IBF et WBA de sa catégorie. Si un vague scepticisme demeure, c’est que Stanionis n’aura pas renvoyé une impression formidable. On l’avait connu âpre bagarreur derrière un jab de gala pour emporter la décision partagée sur Radzhab Butaev qui fit de lui le premier champion du monde lithuanien de l’Histoire il y a 3 ans. Force est de reconnaître que la version du désormais trentenaire aperçue hier sur le ring du Boardwalk Hall s’est avérée moins convaincante, certes face à une opposition d’un calibre supérieur. On le sait depuis la grosse tête administrée à Sergey Lipinets un soir d’avril 2021 : Ennis a tous les coups de la boxe en plus d’un physique imposant pour un welter, et le laisser évoluer dans son registre préférentiel de boxeur-puncheur constitue une fameuse prise de risque.
Ce fut aussi une belle opposition de shorts.
  • Or c’est peu dire que Stanionis se sera montré docile, campant dans la zone de tir sans imposer de véritable pression – un unique combat en 3 ans peut rouiller les moteurs les plus performants – et incapable de marquer nettement avec régularité en contre ou en première intention. Faute de volume, timing ou mouvement susceptibles de le contrarier, Ennis s’est régalé à décliner sa palette offensive très complète au corps et à la face – ses uppercuts sont douloureux à regarder -, en droitier comme en gaucher, le tout en s’autorisant des esquives de grande classe. Les rares fois où il fut touché sans l’avoir anticipé, surtout en crochet gauche, le venin manquait pour l’éprouver vraiment. Bref, agile sur ses appuis, un Boots en vitesse de croisière disséqua avec méthode un adversaire aux pieds plats paraissant bien ordinaire jusqu’à le faire saigner du nez en abondance, reculer après un rare moment de révolte au 5e round, poser un genou au 6e après un vigoureux malaxage des côtes flottantes à deux mains, et finalement abandonner faute du moindre espoir restant à l’appel du 7e. Vu d’avril 2025, Jaron Ennis mérite manifestement le titre officieux de meilleur poids welter du monde, et il ne s’agit pas de le lui contester. Encore faudrait-il lui trouver mieux que des collégiens à défier au concours de pipi le plus loin.

Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /

  • Parlons MMA, parlons de l’UFC 314, qui a mis quelques compteurs à jour. Hier soir, les vieux lions devaient rugir pour marquer leur territoire face aux jeunes loups désireux de confirmer leur hype et de planter leurs canines acérées dans le Top du Top de leurs catés respectives.
  • On démarre avec un clash featherweight entre le Brésilien Jean Silva et l’Américain Bryce Mitchell. Le premier, iconoclaste membre des Fighting Nerds, a le vent dans le dos depuis son arrivée à l’UFC en 2024 et les quatre victoires par finition – en un an et demi ! – qui ont suivi. Le second s’est fait davantage connaitre pour ses opinions de Taliban de la Bible Belt et ses sorties de routes conspirationnistes par réseau social interposé,  que par son activité de gatekeeper besogneux de la caté. L’avant-combat était aussi bouillant que peut l’être une rencontre du 3ème Type entre deux espèces antagonistes, avec un Silva promettant à Mitchell de l’assommer jusqu’à lui faire comprendre que la Terre est ronde (oui, ce que la Bible ne dit pas, Bryce n’y croit pas).
  • Le résultat ? Un combat complètement unidimensionnel, dans lequel Mitchell ne verra jamais la lumière divine éclairer un début de chemin vers la victoire.
Lunettes dispos dans toutes les bonnes boutiques.
  • Sa principale arme – le grappling – annihilée par la défense de Silva, il ne restait à Mitchell qu’un pieds-poings limité, rapidement lu et décrypté par son adversaire, qui interceptait tous les side-kicks de son adversaire après 3 minutes dans la cage. Le Brésilien joue avec Mitchell comme un chat torture une souris en désespoir de trou dans lequel se réfugier, le provoque, déroule son arsenal debout pour les highlights, et met fin au supplice avec un étranglement au début du second round. Épuisé nerveusement et physiquement, Mitchell tape avec les yeux exorbités d’un rescapé du Jugement Dernier. Quand à Silva, il vient de monter plusieurs marches d’un seul vers un futur title shot. A star is born, à coup sur.
  • There is really something about Paddy. Et c’est quelqu’un d’absolument pas acquis à la cause du natif de Liverpool qui l’écrit.
  • De Paddy Pimblett, je ne reconnaissais qu’un plan com’ suffisamment bien huilé pour passer devant plus méritants que lui sur le plan sportif. Un pur produit d’une époque qui n’a plus honte de faire le grand écart savoir se vendre et savoir faire ce qu’on vend. Les performances en demi-teinte de Pimblett dans la cage, y compris sa victoire par décision contre un Tony Ferguson qui avait passé l’étape du combat de trop depuis longtemps, me confortait dans cette position. Sa confrontation avec Michael Chandler, vétéran pas encore vieux, devait remettre les pendules à l’heure à la hype à sa place.
  • Mais bon, There is really something about Paddy.
  • Dès son entrée, on le sent. La star, l’aura, ce petit quelque chose en plus qui différencie les très bons de ceux qui sont capables de gagner une foule à leur cause en territoire étranger. Chandler a eu beau faire son entrée habituelle avec le drapeau américain sur les épaules, la messe était dite avant le son de la cloche : le Kaseya Center de Miami n’en avait que pour le « Baddy »… Qui n’a fait qu’une bouchée de son adversaire du soir.
Boston Tea Party, la revanche
  • Habitué à combler la distance contre plus grands que lui, Chandler n’a jamais réussi à mettre son explosivité proverbiale à contribution, comme si son châssis de Diable de Tasmanie commençait à accuser le poids des ans. S’obstinant à attaquer en ligne malgré les conseils de son coin, Chandler se heurtait immanquablement aux contres bien préparés de Pimblett, tout en uppercut et en crochet. Debout, le verdict est sans appel, et au sol le délibéré tourne en la défaveur de l’Américain, qui réussit certes à mettre la main sur l’Anglais, mais sans jamais réussir à sécuriser de position dominante. Pimblett prendra d’ailleurs Chandler à son propre jeu au troisième round, avec une amenée au sol suivie d’un ground and pound sauvage précipitant l’intervention de l’arbitre. Le Baddy décroche facilement la victoire la plus probante de sa carrière, et gagne enfin la street credibility qui lui faisait défaut. Même si d’aucuns argueront surement que Pimblett a encore pris avantage sur un vétéran fatigué, et que les lacunes de sa garde en anglaise ne pardonneront pas contre le top 5 de la caté. Peut-être oui, c’est vrai. On verra. Mais pour le moment, on veut bien s’asseoir 5 minutes pour profiter du show.
  • Enfin, le main-event opposait Alexander Volkanovski à Diego Lopes pour la ceinture featherweight laissée vacante par Ilia Topuria. Pour Volkanovski, le rodéo était potentiellement le dernier. Après tout, l’ancien taulier de la caté avait tout fait, tout gagné. Nettoyé la division contre les tueurs en série de la génération précédente. Gagné les trois combats d’une trilogie pour l’éternité contre Max Holloway. Passé à ça de détrôner Islam Makhachev dans la catégorie du dessus. Quoiqu’il arrive, « Volk » avait déjà son nom inscrit dans le ciment du Hall of Fame. Et ce ne sont pas ses deux KO subis contre Topuria et Makhachev (combat revanche pris en short notice, rappelons-le) qui devaient y changer quoique ce soit. Par contre un combat poussif contre Lopes, nouvelle star de la caté et mullet à faire fuir un fan de tuning hollandais des années 80 (oui je sais, le tuning n’était pas une mode des années 80, c’était pour l’image) aurait probablement poussé l’Australien vers la sortie du combat de trop.
  • Mais Volk a déroulé. Tranquillement, sûrement et avec métier, il a rappelé sa marque de fabrique : gérer sa distance comme s’il n’était pas sous-dimensionné par rapport à ses adversaires. Contre un Lopes qui lui rendait pourtant plusieurs têtes, Alexander le Grand a boxé comme s’il avait l’avantage des centimètres : en ligne, en jab, tout en déplacement pour ne jamais rester dans l’axe d’un Lopes contraint de provoquer l’action. Celui-ci tombait dans le piège qui s’offre parfois aux plus grands de taille : se vouter pour se rapetisser, et ne jamais réussir à profiter de son avantage d’allonge. À la décharge du Mexicain, la stratégie implacablement appliquée de Volkanovski a plus que fait son œuvre pour provoquer ce désalignement. Malgré les éclats d’agressivité de Lopes, l’Aussie remporte une victoire par décision logique et récupère sa ceinture à 36 ans passés. Age is really just a number, même si Volk n’a finalement fait « que » dérouler du lui-même. Contre un Jean Silva bien affuté, un peu plus de réinvention ne serait peut-être pas superflu.

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