Punchlines du 24 mars 2024

Le site (Antoine) /

Mon anniversaire est en décembre. Pensez-y !

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /

  • Pour une fois que je vais à une rencontre en librairie dont j’ai bien lu le bouquin concerné, l’affaire mérite d’être relatée. C’était le 13 mars dernier à la librairie l’Instant, pour la sortie du troisième roman d’Agathe Ruga intitulé Rendez-vous à la Porte dorée. Le choix tactique consistant à dédicacer le livre tout en abreuvant les présents d’entrée de jeu donna un côté jovial aux questions-réponses qui s’ensuivent. Il faut saluer le choix de l’hôtesse de taper dans le plus haut-de-gamme que le combo mythique « cubi de Côtes de Gascogne tiède + pain surprise Picard mal décongelé », ce qui justifia en soi le déplacement jusqu’à la fin du monde connu autrement appelée « métro Boucicaut » ; on s’est ainsi rempli de Bourgogne et champagne très buvables avant d’entendre Agathe assumer, souriant comme à son habitude et brillamment enveloppée tel un très avenant rocher au praliné, de creuser encore un sillon autofictionnel qui a pour elle valeur de thérapie. Et pourquoi pas ? J’avais dit deux mots du bouquin sur Insta, suscitant à l’occasion une manière de perplexité jusque chez l’autrice elle-même : était-ce une égratignure ou une approbation ? J’ai beau revendiquer mon droit à la nuance et fuir l’expression « coup de coeur » aussi sûrement que la bise au bureau, j’ai beau adhérer au principe qu’une critique doive bien expliquer de quoi il est question plutôt que livrer un ressenti, j’ai beau goûter les efforts qu’on fait parfois pour me déchiffrer et ricaner plus souvent que répondre à l’inévitable « Mais t’as aimé, ou pas ? », je vais consentir ici à fournir de rares précisions complémentaires : oui, quand je dis qu’Agathe Ruga parvient à « rendre romanesque un couple de dentistes provinciaux », c’est po-si-tif. Houlala oui.
Ivres, ils écoutent tous sagement l’autrice.
  • D’après le site Actualitté, le très performant algorithme de recommandation de lectures mis au point par Babelio est maintenant accessible sur le site Place des libraires en vue d’aider la corporation. J’ai commencé par m’en amuser, cela dit quand je repense à certains titres que des lecteurs de chair et de sang réputés me connaître m’ont signalé en ajoutant « ça devrait te plaire, ça », je me dis qu’un algorithme ne tomberait pas nécessairement plus à côté de la plaque.
  • Lentilles vertes et littérature brune : on apprend par un communiqué du Réseau Antifasciste de Haute-Loire qu’une librairie du Puy-en-Velay propose à la vente des ouvrages du négationniste plusieurs fois condamné Vincent Reynouard, admirateur de Robert Faurisson qui promit « 5000€ à quiconque (lui) prouverait que la Shoah n’est pas un bobard de guerre » sur Youtube. Vu du 24 mars, 2024 tient ses promesses.
  • Livres Hebdo rapporte l’initiative sans doute salvatrice de l’Association allemande des bibliothèques de retirer plus de 15000 ouvrages de ses rayons depuis début mars… car ils sont soupçonnés de contenir de l’arsenic. Imagine-t-on plan marketing plus parfait pour une vidéo de l’Heure Magique, autre publication estimable à laquelle contribue mon estimé camarade Guillaume, consacrée au Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud ? Elle sera en ligne sur Youtube ce mercredi à 17h.
  • Consécration : les Punchlines sont citées dans M, le magazine du Monde, dans un papier consacré aux « fans éplorés » de Nicolas Mathieu. Le sujet passionne très au-delà du raisonnable, qu’on soit ou non choqué par la révélation de sa proximité avec Charlotte Casiraghi, c’est dire si le présent blog vit son quart d’heure warholien. Bon, l’autrice dudit papier mentionne aussi qu’elle est ma cousine, n’excluons pas que ça ait joué.
  • L’origine des larmes, dernier roman du Toulousain et lauréat du Goncourt 2019 Jean-Paul Dubois, est 4e des ventes de livres en France pour sa première semaine de commercialisation. N’excluons pas le fait qu’un écrivain supplante Joël Dicker en première place du classement.
  • La Suède, pays des Krisprolls et du death metal mélodique, compte une autre spécificité culturelle remarquable : une bibliothèque sise à Norrköping dédiée aux phénomènes paranormaux et nommée Archives for the Unexplained (AFU), la plus fascinante dans sa catégorie si l’on se fie aux spécialistes interrogés par Le Figaro. Si l’on ajoute qu’elle est installée dans un sous-sol de 4 kilomètres, on voit d’ici le scénario d’un épisode d’X-Files particulièrement réussi.
  • Lors de la remise du Prix Akutagawa, équivalent japonais du Goncourt, on a entendu de la jeune lauréate Rie Kudan (33 ans) que 5% environ du contenu de son texte primé consistaient en une reprise littérale de ChatGPT. Bah, Houellebecq a bien copié/collé des passages de Wikipédia dans La Carte et le Territoire, et c’était en 2010.

Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /

  • R(e)parlons cinéma, parlons des Oscars. La vitrine de ce qui reste du prestige du cinéma américain décernait ses trophées il y a deux semaines, et une fois n’est plus coutume, « The Winner took it all« . Oppenheimer, puisque c’est lui, a bouclé la boucle de sa hype de néo-classique en écrans majuscules, avec pas moins de 7 récompenses. Et pas des moindres : film, réalisateur, acteur, second rôle masculin, photo, montage et musique. Les catégories premiums et les départements artistiques les plus essentiels, on appelle ça un triomphe qui ne laisse que des miettes à la figu et leurs yeux pour pleurer aux concurrents les plus legits.
Me, The Best.
  • Scorsese repart bredouille, et Apple peut s’asseoir sur les récompenses escomptées avec Killers of the Flower Moon pour s’asseoir dans le cercle VIP de l’industrie. On ne mélange pas les torchons et les serviettes : le cinéma c’est au cinéma que ça se passe, pas ailleurs et sûrement pas sur une plate-forme de streaming. Le temps où l’académie récompensait Coda, remake de La Famille Bélier, de la statuette du meilleur film appartient décidément à une période de confinement révolu. En privant Killers of The Flower Moon de certaines de ses récompenses toutes désignées (Emma Stone meilleure actrice plutôt que Lily Gladstone, vraiment ??!!), les Oscars claquent la porte au nez des nouveaux bailleurs de fonds du cinéma U.S. Car en dépit des qualités que l’on pourra trouver ou pas à Oppenheimer (2/3 ballon d’or, 1/3 pieds de plomb pour ma part), il ne fait aucun doute que le lobbying acharné de Christopher Nolan pour l’expérience salles a pesé plus que son poids en pellicule 70 MM dans la balance. Les plateformes sont donc une nouvelle fois dûment remises à leur place de nouveaux riches par la vieille noblesse académique du cinéma U.S. Le vieux-monde qui prend sa revanche sur son grand remplacement surannoncé : la lumière s’est rallumée, le public est de retour, merci d’être passé, au revoir. Jusqu’à la prochaine crise ?
  • Pour le reste, ce fut une soirée comme les autres, que votre humble serviteur n’a pas eu le courage de suivre autrement que par compte-rendu et highlights interposés. Jimmy Kimmel a tiré sur les ambulances en visant les roues de secours, Ryan Gosling a fait le bonheur de YouTube avec sa prestation musicale, Justine Triet a ramassé son oscar attendu pour Anatomie d’une chute, Chris Rock n’était pas là pour faire des blagues sur les boules à Z au féminin, et Will Smith pas convié à exercer son transfert de poids sur la joue du présentateur indélicat. Bref, tout le monde est content, personne n’est vexé, et les moutons sont bien gardés. Tout va bien.
  • Ah si quand même : Jonathan Glazer, lauréat de l’oscar du meilleur film étranger pour son terrifiant La Zone d’intérêt, a déclaré sur la scène du Chinese Theater ne pas vouloir que sa judéité soit utilisée comme prétexte au massacre de civils dans l’actuel conflit israelo-palestinien. De l’art de mettre les pieds dans le plat à l’écran, et derrière le micro.
  • Au rayon « Le cinéma n’aime pas les plateformes« , un petit mot en plus pour Apple, la firme qui n’a pas l’habitude qu’on lui dise non, et encore moins qu’on lui claque la porte au nez comme vient de le faire le public des salles obscures. Dans la course au soft power, la boîte de Tim Cook pensait sans doute frapper un grand coup avec les sorties quasiment coup sur coup de Napoléon, Killers of the Flower Moon, et Argylle. Trois films, trois très gros budgets, et trois énormes bides sans retours sur investissements, tant en termes financiers qu’académiques. Le cinéma est un monde cruel, surtout pour les roturiers persuadés qu’il suffit de dépenser sans compter pour peser dans le game. Ce ne sont ni les premiers, ni les derniers : avant Apple et dans des circonstances bien différentes, la défunte Cannon, Millénium Films ou plus récemment Netflix se sont cassé les dents à vouloir jouer dans la cour du « grand cinéma » en se payant les plus gros noms que l’argent puisse acheter, mais sans les codes ni le savoir-faire pour investir autrement qu’à perte. Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes.
  • Un peu de violence absolument pas gratuite pour terminer, et un déconseil absolu. Le remake de Road House est sorti jeudi matin à 8h00 CET sur Amazon Prime. Comme les quelques lecteurs réguliers de cette rubrique le savent, il s’agissait d’un événement majuscule pour votre serviteur amoureux des muscles qui se cognent. Le litron de café posé à côté de la tartine beurrée au demi-sel, salon plongé dans un noir de salle obscure, monde extérieur prié de patienter dans la salle d’attente : le moment était incroyable, comme une matinée des années 90 devant le club Dorothée.
  • Et puis, le film.
  • Soyons clairs : le Road House de Doug Liman n’est pas nul. « Nul », c’est une échelle de valeur qui appartient à l’ancien monde, pas à la disruption globalisée de 2024 et ses tacos cordon bleu/viande hachée sauce crème fraîche au Nutella. « Nul », ça pourrait éventuellement valoir pour un film qui aurait eu la décence de nous épargner l’interminable feuilleton de sa gestation, dûment relayé en ces pages. « Nul », ça serait une marque de compassion acceptable si le réalisateur n’avait pas joué avec un aplomb sidérant la carte du cinéma contre le streaming, l’art contre le commerce de données, le beau contre le laid.
« Viens, on se casse pour la Saint Patrick »
  • « Nul », c’est un truc de vieux.
  • La langue doit s’adapter, le catalogue de signes a besoin d’une mise à jour. Il n’y a pas encore un monde dans lequel ce truc-là pourrait trouver son équivalent sémantique. Ce n’est pas seulement désagréable : c’est humiliant, presque avilissant. Comme d’aller bouffer à la gamelle à contenu avec les autres palais de doberman qui ne font plus la différence entre le rose et le marron. Dans cette affaire, tout le monde est coupable, et Doug Liman en premier lieu. À 58 ans, le réalisateur filme comme s’il en avait 18, et joue aux Legos avec ses money shots assemblés sans la moindre cohérence éditoriale. Du large, puis du très très court, puis du moyen de loin puis de près, du flou puis du net, puis du numérique dans le live action : peu importe d’où ça vient et comment ça marche, tant que c’est du jamais-vu et du jamais-fait. De la mise en scène O’Tacos, au sens propre, qui fourre la farce avec le cul de la dinde pour le simple plaisir de voir ce que ça donne. Pas d’équivalent à ça, si ce n’est des réminiscences du duo infernal Mark Neveldine/ Brian Taylor, un temps hypé pour leur Hyper-Tension, qui avaient au moins le mérite d’assumer le côté punk de leur petite entreprise qui a vite connu la crise.
  • Mais Liman, c’est juste l’apologie filmique du « Come as you are » informe et sans fond, sans autre cause que lui-même et tant pis pour les autres. Pas mauvais quand il bosse avec des capitaines de navire qui le retiennent de transgresser les lois de la nature pour faire corps avec son animal-totem de la semaine (genre Tom fucking Cruise), Liman est lâché dans le Grand Nulle Part par un Joel Silver qui devait compter ses cigares, et un Jake Gyllenhaal qui prépare la couverture de GQ. Les abdos au steak de cheval ici et le regard ailleurs, l’acteur déambule dans le no film’s land avec une nonchalance coupable et fait une croix sur son capital sympathie déjà sérieusement entamé par ses récentes pérégrinations. L’abondance de faux raccords-lumières vous donnent une idée du sérieux de l’entreprise, rough cut balancé sans considérations ni pour le spectateur, ni pour les 85 millions de dollars dépensés (où ça ???).  Et si vous comptiez sur les scènes de bastons pour préserver un semblant d’espoir, oubliez c’est le pire. Même Conor McGregor semble avoir appris à se battre la semaine dernière là-dedans, ce qui annihile considérablement la plus-value de sa participation à un film qui ressemble à son compte Twitter. À ce niveau-là, on ne parle plus de perte mais de VOL de temps. Il serait temps de mettre sérieusement à l’index les forces qui prétendent en disposer, en toute impunité.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • Il a bien fallu une victoire sur le fil du XV de France sur celui de la Rose pour faire passer la pilule de samedi soir dernier : qu’on envie à l’Anglais ses soirées de boxe aux cartes blindées, pleines d’une ferveur très footballistique dans des enceintes pleines à craquer grandes comme Paris Bercy ! C’était le cas à Birmingham pour un événement de Frank Warren intitulé The Magnificent Seven Rides Again, dont on ressortira quatre résultats significatifs. D’abord, la confirmation du super coq Liam Davies comme prospect de niveau mondial, enfin lorsqu’il pense à lever les mains. Le bougre fait mal en avançant autant qu’en appui arrière, multipliant les combos variés de frappes sèches comme un fouet clouté. Son adversaire Erik Robles n’aura eu aucune chance de faire le coup classique du Mexicain gâcheur de fête en Albion, fumé comme un haddock en quatre grosses minutes. Nettement moins rapide pour conclure comme dans ses déplacements, Joe Joyce faisait son retour après la double rouste subie des grosses patounes de Zhang Zhilei face à l’utilitaire Kash Ali, surtout connu jusque-là pour avoir mordu David Price. Lourd comme jamais et plus robotique encore qu’à l’accoutumée, Joyce n’aura pas rassuré en l’emportant par KO au 10e round, quand bien même rebondir de deux corrections n’est pas chose aisée. Il se murmure que son vainqueur controversé de Rio 2016 Tony Yoka pourrait être le prochain adversaire du « Juggernaut ». Faites gaffe quand même, et laissez d’abord notre « Conquête » engranger une première victoire depuis septembre 2021…
Pauls vs Heaney : voilà aussi pourquoi on dit « boxe anglaise »
  • Le longiligne et tatoué super moyen Zach Parker, victime d’une fracture à la main contre John Ryder en novembre 2022, n’a pas franchement rassuré face à l’Allemand Tyron Zeuge, visitant le tapis au 2e round pour s’imposer finalement aux points. Enfin, le combat vedette tint ses promesses : soutenu par son habituel bataillon de fans bruyants venus en autocar de Stoke-on-Trent, le champion britannique des moyens Nathan Heaney a conservé son titre sur match nul face au champion d’Angleterre Brad Pauls après une fameuse peignée réciproque de 12 rounds. Le moustachu Heaney a pour lui un cœur de hussard, un réservoir inépuisable, une technique propre et une allonge appréciable. Las, il tape comme un plume, et Pauls osa s’approcher sans grande inquiétude passé un démarrage prudent. Il secoua Heaney plus d’une fois et dut à une relative maladresse — en plus d’une certaine fatigue, convenons-en — de ne pas avoir su clore l’affaire, lors d’un formidable 11e round notamment. Les deux combattants finirent en piètre état un combat enthousiasmant, rendant plus qu’alléchante la perspective d’un rematch cet été dans le stade de Stoke City… plus alléchante en tout cas que le Nathan Heaney vs Carlos Adames apparemment en cours de négociation, qui reviendrait peu ou prou à jeter Heaney sous l’un des cars de ses supporters.
  • Alors que la (très) décevante ère Haney-Davis-Lopez-Lomachenko-Stevenson touche à sa fin, il est fort possible que la catégorie des légers se soit trouvé un nouveau shérif, cette fois digne de ce nom : le Mexicain William Zepeda, dont le surnom « La crevette » susciterait pourtant une inquiétude mitigée. Cet étonnant sosie de Robert Lewandowski a marqué les esprits dans la nuit de samedi à dimanche dernier au Cosmopolitan de Las Vegas, roulant sur Maxi Hughes en 4 petits rounds. Le pire, dans l’histoire, est que « Maximus » Hughes a plutôt réussi son tout début de combat, saisissant la moindre occasion de contre pour freiner le bulldozer adverse. Las, Hughes est à peu près complètement dépourvu de punch, tandis que Zepeda tape dur, et beaucoup. La capacité de ce dernier à enchaîner à haute fréquence au corps puis à la face entama vite la résistance de l’Anglais, mal servi par les juges contre George Kambosos en juillet dernier et cette fois très sagement préservé par son coin, tant son attitude après 12 minutes de combat en disait long sur les dommages subis. Comme si sa panoplie ne suffisait pas à inquiété ses rivaux, « El Camarón » Zepeda ajoute une garde de gaucher à sa précision et son énergie folles. Autant dire qu’on ne se bousculera pas spécialement pour l’affronter.
  • L’affaire est connue depuis Jack London : les meilleurs des briscards sont voués à devenir de flatteurs marchepieds. José Zepeda l’a vécu hier soir à la Sheffield Arena, opposé à l’Anglais Dalton Smith. Jadis redouté pour un punch de gaucher à la mesure de ses imposantes gonades, « Chon » Zepeda fut un prédent aussi brave que malheureux à une couronne mondiale en légers ou moins de 140 livres pendant une décennie. Las, peinant à couper à route à son fringuant adversaire et prévisible dans la préparation de son bras arrière, il finit cloué au tapis par une méchante droite sous le plexus qui le priva de son souffle, tel Jeison Rosario contre Jermell Charlo. A-t-il choisi de rester à terre pour s’éviter une méchante dérouillée ? En se rappelant ses guerres passées, dont le pandémonium de 5 rounds et 8 knockdowns contre Ivan Baranchyk en 2020, on aurait mauvaise grâce à le lui reprocher.
Une droite à couper le souffle
  • Au baromètre de la semaine des combats signés dont on se tape, un trio se détache : Devin Haney vs Ryan Garcia — déjà un piètre matchup AVANT qu’on s’aperçoive de l’état dépressif avancé de KingRy — , les débuts en lourds de Lawrence « The Sauce » Okolie face au Polonais Lucasz Rozanski — rien ne rendra la pieuvre étrangleuse Okolie divertissante sur le ring, pas même 10kg de plus —, et le duel de grandes bouches Blair Cobbs vs Adrien Broner, pour lequel on se bornera à espérer un double KO.
  • Le Français Christian Mbilli a signé chez Top Rank, tout en demeurant sous contrat avec Eye of The Tiger Management. Son exposition outre-Atlantique et ses chances de disputer un championnat du monde devraient s’en voir améliorées, quand bien même les moins de 168 livres de haut niveau ne se bousculent pas dans l’écurie de Bob Arum. On espère simplement que cette signature ne réduira pas les chances d’aboutir à un Mbilli vs Kevin Lele Sadjo dont rêve le public tricolore.
  • J’ai dit plus haut qu’on pouvait envier les soirées anglaises ; si le constat se discute peu, il ne signifie pas pour autant que les promoteurs tricolores se tournent les puces. Ainsi, l’écurie des Celtic Fighters de David Musset nous gratifiera le 12 avril prochain d’une troisième réunion au Zénith de Nantes — 9000 places tout de même. Le combat vedette sera un duel d’invaincus entre « L’enfant de Penhoet » David Papot, styliste gaucher dont ce sera la première sortie chez les welters, et l’Espagnol Jon Miguez, qui sort d’un match nul contre le champion d’Europe de la catégorie Jordi Weiss. Également à l’affiche, le « Joker » Loïc Tajan et Voldy Toutin, jeune frère de Louis aperçu en sous-carte de Yoka vs Mehry. Souhaitons-leur de faire carton plein.

Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /

  • Parlons MMA, reparlons de l’UFC 299, entièrement circonscris au Dustin Poirier vs Benoit Saint-Denis lors de la précédente édition des Punchlines. Ce soir-là se tenait également le main event opposant le champion des bantamweights « Sugar » Sean O’Malley à Marlon « Chito » Vera pour le titre de la catégorie. Perdant par blessure lors d’une première confrontation quelques années auparavant, O’Malley avait à cœur de rectifier les comptes face à un adversaire qui ne possède ni son allonge, ni sa technicité, ni son coup d’œil, ni son jeu de jambes, ni sa hype, ni…. Bref.
  • En guise de title shot, il fallait plutôt parler d’offrande sacrificielle, et la physionomie des deux belligérants était à l’avenant. O’Malley brillait comme un chevalier du Zodiaque, cheveux arc-en-ciel prêt à embrocher sa proie sous le regard de l’empereur, tandis que Vera ressemblait à un esclave hirsute interdit de savon, spécifiquement sorti de sa cage pour mourir ce soir. Et c’est peu dire que le gibier de potence a ramassé. Cinq rounds de cinq minutes durant, Vera a encaissé plein pot les missiles lancés avec une précision balistique par O’Malley, qui a dégainé son pléthorique arsenal pieds-poings sans jamais réussir à venir à bout d’un adversaire ayant manifestement débranché ses terminaisons nerveuses. Peu concerné par les problématiques de commotion cérébrale, Marlon Vera a laissé plusieurs années d’espérance de vie en bonne santé derrière lui ce soir-là, tout ça pour pousser le champion dans ses retranchements physiques. Car à force de taper sur une piñata qui refusait de tomber, O’Malley arrivait à la fin du dernier exsangue, au corps-à-corps avec un adversaire qui lui rendait coup pour coup et lui assena un crochet au foie inouï dans les 5 dernières secondes. O’Malley emporte une victoire logique, mais termine le combat sur les fesses, et regarde Vera parader le buste droit dans la cage tandis qu’il essaie tant bien que mal de récupérer son souffle.
« Tombe, mais TOMBE PUTAIN ! »
  • Il n’y a que les sports de combats pour nous confronter à ce genre de spectacle où des anomalies physiques et médicales se conjuguent à ce que la condition humaine recèle de plus barbare et de plus noble à la fois. Où la licence sportive frôle la non-assistance à personne en danger, où des points de vie sont sacrifiés pour la beauté du geste.  Dans plusieurs années, Marlon Vera se souviendra de ce combat, et se demandera probablement si tout ça valait le coup. On espère de tout cœur que sa réponse soit la même que la nôtre. « Oui ».

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