Le site (Antoine) /
- La routine, quoi.

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /
- Repère culturel intangible, le numéro de décembre-janvier du magazine Lire consacré aux 100 meilleurs livres de 2023 est disponible en kiosque. Souvent finaliste et et fort peu récompensé par les prix d’automne, L’enragé de Sorj Chalandon y est sacré livre de l’année, ce qui fait ma joie : j’ai voté pour lui, entre autres parce que l’auteur m’est sympathique depuis que j’ai levé le coude en sa compagnie à la remise d’un autre prix. Je l’y avais appelé « Albin » sans qu’il s’en formalise, preuve que ladite sympathie est méritée (NB : l’anecdote est authentique et risque de ne faire sourire que ceux qui se rappellent Giscard président). Dans le reste du numéro m’ont été confiées les chroniques des œuvres d’écrivains morts cette année (Le passager de Cormac McCarthy et Le royaume enchanté de Russell Banks, à paraître en janvier), ou qui échappèrent de peu à la Faucheuse (La cité de la victoire de Salman Rushdie). On souhaitera un destin moins funeste à mon contemporain Joseph D’Anvers, dont j’ai aussi revisité le fort réussi Un garçon ordinaire. Ah, et puis côté beaux livres les amateurs de rock n’roll trouveront quelques mots sur Mixing up de medicine, consacré aux archives inédites de Bob Dylan, et un Metallica : la totale dont on se demande bien qui a suggéré sa recension à la rédaction.

- Ce n’est pas tout à fait un coup de tonnerre : le prix Centrale Canine 2023 en catégorie littéraire est attribué à Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour.
- Ligne 1 du métro parisien. Loden, cravate et costume bleu, un quadra bien tassé lit debout, aussi droit que la barre à laquelle il s’agrippe. Le livre en question est une édition anglaise du premier tome des aventures d’Harry Potter. Dire qu’il captive son lecteur serait un euphémisme. Le décalage entre l’allure austère du cadre à lunettes et l’histoire d’ados magiciens est rigolo, presque touchant ; je suis à ça de lui sourire la prochaine fois qu’il lèvera les yeux. Et puis je retrouve ma lucidité et lui rappelle sèchement en sortant de la rame que J.K. Rowling est une odieuse transphobe.
- Censure aux États-Unis : la résistance s’organise. L’éditeur Penguin Random House s’est associé à des auteurs et un collectif citoyen pour porter plainte contre la loi SF 496 de l’état d’Iowa qui bannit des établissements scolaires les livres comportant « des descriptions ou des représentations visuelles d’actes sexuels », plutôt que de laisser les équipes pédagogiques arbitrer au cas par cas. Le vice-président de Penguin Random House n’a pas nié que l’initiative de défendre le droit à la lecture était motivée par la protection de ses intérêts économiques en plus de celle de certaines convictions citoyennes. Comme quoi le grand capital sert parfois des causes nobles. Qu’on ne fasse pas les malins par chez nous : cette année aura tout de même vu le Ministre de l’Intérieur interdire aux mineurs la vente du roman pour ados Bien trop petit de Manu Causse — multipliant ainsi ses ventes par plus de dix — et un lycée privé breton retirer de sa bibliothèque le Triste tigre de Neige Sinno. Vigilance.
- Cette censure de Triste Tigre est d’autant plus regrettable que les lecteurs de 15 à 20 ans l’ont particulièrement apprécié : c’est ce que nous apprend une analyse par le Actualitté.com des données sur son lectorat mises à disposition par le site Babelio. Parmi les 3000 lecteurs de Triste tigre qui lui ont attribué 4,14 sur 5 en moyenne, les 15-20 ans et les 20-25 ans sont ceux qui lui mirent la note la plus élevée en comparaison de leurs habitudes de notation. On apprend aussi dans l’article que son lecteur moyen du panel est âgé de 45 ans, que l’écart d’appréciation entre hommes et femmes est mince, ces dernières l’ayant plus lu et apprécié, et que le pouvoir de prescription des différents événements ayant accompagné sa publication est le suivant (si l’on en juge par l’impact immédiat sur le nombre de lecteurs enregistrés sur Babelio ayant lu le livre ou l’ayant inscrit sur leur wishlist) : Prix Fémina, passage à la Grande Librairie, Goncourt des lycéens et Prix Le Monde. Autre fait remarquable, les lecteurs de Triste tigre ont des goûts variés, s’intéressant à l’ensemble de la rentrée littéraire sans privilégier un type de livre en particulier. Voilà qui a de quoi rassurer : les lecteurs de Babelio sont très pour l’éclectisme.
- Ah oui, tiens : j’ai lu L’Iris blanc, dernier tome des aventures d’Astérix signé Fabcaro et Didier Conrad qui eût pu résoudre la faim dans le monde si l’on en avait rendu comestibles les exemplaires vendus. Verdict : plutôt amusant, sans atteindre l’excellence de l’ère Goscinny-Uderzo, et très respectueux de la formule d’origine… peut-être trop. Le retour de Lagaffe de Delaf l’a dépassé la semaine dernière au palmarès Edistat pour sa première semaine de commercialisation. La bédé française de 2023 a un je-ne-sais-quoi d’Hollywood depuis sa fixette sur les super-héros du siècle dernier.
Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /
- Parlons cinéma, reparlons …. IA. Et oui, sur 130 livres.com, toutes les occasions sont bonnes pour remettre une pièce dans le soulèvement des machines. Cette semaine, c’est du côté des studios Amazon que le grand remplacement a (peut-être) grignoté un peu de terrain. Saint Joel Silver, le producteur millésimé qui a jalonné le Hollywood fin XXème siècle de balises insurpassables (L’Arme Fatale, Predator, Die Hard, Matrix… Qui dit mieux), se serait fait viré de la maison Jeff Bezos avec pertes et fracas. Il laisse ainsi sans chaperon un Mark Wahlberg aux premiers stades de développement, et le remake de Road House dans sa dernière ligne droite avant diffusion. Officiellement ? Des problèmes de comportement, notamment des faits de violences verbale rapportées par deux employées féminines du studio. Officieusement ? Selon deux insiders proches de Silver, la direction d’Amazon n’aurait pas apprécié que le producteur pousse une gueulante dont il a le secret lorsque la plateforme a suggéré de recourir à l’IA pour terminer le tournage de Road House, arrêté à quelques jours de la fin des prises de vues par la grève des acteurs. « Not on my watch !! »
- Vrai ou faux, on ne sait pas. Et on évitera de céder trop facilement au biais cognitif clignotant en faveur de the man against the machine, l’architecte de nos glorieuses 80/90’s vs les conspirateurs de leurs années 2020. Mais en vérité : les deux sont également possibles, et peut-être même survenus en même temps. Le mogul doit aussi sa légende à un caractère réputé volcanique, et fut un temps où ses coups de gueules alimentaient régulièrement les potins du Hollywood inside (il a même eu droit à son AKA par fiction interposée dans True Romance de Tony Scott). Silver n’a ni l’habitude de garder ses opinions pour lui, et encore moins celle de protéger la susceptibilité de ses interlocuteurs en les formulant. Dans une culture d’entreprise qu’on imagine aussi gouvernée par la novlangue managériale en mode « garde pour toi ce que tu ne peux pas dire avec le sourire », il devait y avoir un petit problème de méthode, et une étiquette de masculin toxique qui vociférait en ligne droite du point A au point B à la déconstruction passive/agressive de sa hiérarchie. Et tout ça le cubain au bec. On aimerait vraiment être une petite souris parfois.

- Mais aussi un souci de fond. Car Silver est l’un des derniers représentants d’une lignée en voie d’extinction : celui d’un maverick qui rue dans les brancards pour faire les choses à sa façon parce que ça marche. Une principauté autonome qui ne rend des comptes que financiers aux majors qui lui confient les clés de la baraque, et créée les tendances parce qu’il ne les suit pas. Bref, un autodidacte qui n’est pas là pour stationner dans la vitrine des prises guerres des GAFAM et un VRAI passionné de cinéma. Bien sûr, on romantise notre rapport affectif à un homme dont le dernier hit remonte quand même aux Sherlock Holmes (soit 10 ans). À voir si le remake de Road House par Doug Liman, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle de feu Patrick Swayze, qu’il a accompagné jusqu’au bout, fera office de testament que l’on espère aussi flamboyant que possible d’un homme, d’un style, et d’une façon de faire. Aux dernières nouvelles, Liman et Gyllenhaal auraient fait le forcing pour dégager une sortie en salles au film, boostés par les excellents résultats des projections tests. Jusqu’à organiser une projection sur le yacht de Jeff Bezos himself, qui n’a pas contredit la décision de son studio d’une diffusion exclusivement streaming. L’addition après la sédition ?
- Bob Iger contre-attaque. Comme prévu, le bilan annuel de Disney tire la langue : 900 millions de pertes, un seul film rentable (Les Gardiens de la Galaxie 3) dans le catalogue des produits à 200 millions… La douille fumante à travers les gencives, Bob a décidé de faire parler la poudre: tout ça, c’est la faute à Marvel, Kevin Feige, Bob Chapek (son prédécesseur) et sa poche trouée Disney. Trop de contenus trop chers, pas assez de concentration sur l’exécution. On aura du mal à contredire le CEO à 35 M par an sur le diagnostic. Le traitement par contre fait tiquer. The Marvels et sa gamelle de l’espace au box-office ? Pas assez de cadres du studio présents sur le plateau (parce que Covid)… Plus d’ingérence dans le royaume de l’ingérence : à défaut d’idées, on a au moins des certitudes chez Disney.
- Autre déclaration intéressante de Machine Gun Bob : les films ne devront plus faire prévaloir le message sur le divertissement. On a du louper le passage de Ken Loach dans la maison aux grandes oreilles, mais le Iger se lit entre les lignes: le Wokistan et ses conneries, c’est fini. Car depuis plusieurs années, Disney est perçu (à tort et à raison) comme le bastion de cette idéologie-qui-n-existe-pas-parce-qu-il-y-a-qu-a-droite-qu-ils-sont-mechants. Or, dans l’Amérique post Trump, ça signifie se couper de l’électorat historique de Disney et son patrimoine pourtant conservateur de longue date. Ça sent la purge stalinienne sous smoothies et en col blanc.
- Le support physique, c’est mieux que bien, c’est la vie. C’est pas seulement Christopher Nolan et Guillermo Del Toro qui le disent, mais Sony qui vous fait les poches. PlayStation a annoncé cette semaine à ses utilisateurs que les droits d’un certain nombre de films présents dans leur catalogue arrivaient à expiration. Donc, que ceux et celles qui avaient sortis un billet par prélèvement CB pour posséder ledit film via Cloud seraient tout simplement lésés. Bref, pour Noël, offrez (vous) des Blu Rays ! Ce qui me permet d’en placer une pour Atome Cinéma, formidable émission radio sur l’actualité du cinoche à la maison qui vous guidera dans les rayons de la FNAC. Et je dis pas ça parce que sont des bros, ni parce que j’y interviens, mais parce que c’est vrai.

- Chose promise, chose due : j’ai vu le Napoléon de Ridley Scott, je vais vous en toucher deux mots. C’est nul. OK, ça fait trois.
- Antoine me tire les oreilles pour en dire plus. OK : c’est nul ET mesquin. Comme un Twittos qui flingue les statues et leur support en 280 signes allongés sur 2h30. À votre aise. (Note d’Antoine : Merci.)
Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /
- Le très phallocratique choix éditorial de la semaine passée fut de couvrir la nuit de boxe à Las Vegas alors que le combat à l’enjeu sportif le plus significatif avait eu lieu quelques heures auparavant à la 3Arena de Dublin. Voici donc pour réparer cette lacune : Katie Taylor a pris sa revanche sur l’Anglaise Chantelle Cameron, coupable d’avoir gâché la fête sur le même ring en mai dernier. À 37 ans, la légende irlandaise récupéra ainsi le titre incontesté des super légers, en même temps qu’elle claquait le beignet de ceux qui l’enterrèrent prématurément. C’est en imposant la supériorité de son jab que Cameron, dotée d’un appréciable avantage d’allonge, avait infligé sa première défaite chez les professionnelles à la double championne du monde incontestée et médaillée d’or aux JO de Londres. Elle semblait bien partie pour réitérer son exploit au premier round, lorsqu’un direct du gauche envoya la challenger au tapis, un knockdown converti en simple glissade par la grâce d’un arbitrage maison. Autre cas de favoritisme à relever, une certaine mansuétude pour Taylor lorsqu’elle multiplia les accrochages plus tard dans le combat, en notant toutefois que Cameron ne se privait guère de gestes illicites dans le clinch. Mais la vraie clé du combat fut dans la bonne lecture que fit la championne locale du jab adverse : elle avait cette fois travaillé le dossier et put dominer les échanges à mi-distance, Cameron se faisant systématiquement cueillir par sa droite en tentant d’initier les hostilités. Chez les filles comme chez les messieurs, qui sait s’ajuster le mieux l’emporte presque à chaque fois, et cette revanche très divertissante n’y fit pas exception. Heureuse comme une papesse d’avoir récupéré ses quatre ceintures des moins de 140 livres, Katie Taylor évoque désormais une trilogie qui se conclurait à Croke Park (82000 places). Après nous avoir offert en 2022 face à Amanda Serrano un prétendant légitime au titre de combat de l’année, hommes et femmes confondus, Taylor continuerait ainsi à écrire l’histoire de la boxe féminine. On est prié d’applaudir la taulière.

- Je vous parle d’un temps pas si lointain où la division des poids légers s’annonçait comme la plus divertissante de toutes, et pour longtemps. Jugez plutôt : réunir à moins de 135 livres des clients comme Vasyl Lomachenko, Gervonta Davis, Teofimo Lopez, Devin Haney et bientôt Shakur Stevenson faisait rêver l’amoureux du noble art à un nouvel âge d’or. Les si cruels dieux de la boxe en rigolent encore. Récapitulons : pendant que Davis menait une lucrative carrière parallèle en évitant les autres avec soin, superfight contre la star d’Instagram Ryan Garcia à la clé, Stevenson endort les téléspectateurs à force de tours de ring à vélo dès qu’un adversaire présente un vague danger, Lomachenko s’est fait surprendre par Lopez, qui s’est marché sur le papayou-lélé contre l’inattendu George Kambosos, qu’Haney a pu cueillir sans éclat avant d’arracher une décision aussi serrée qu’une victoire des Boks en Coupe du Monde à un Lomachenko riquiqui en comparaison, puis de déguerpir fissa chez les super légers. Ta-daaa. En allant défier le champion WBC des 140 livres Regis Prograis, Haney cessera certes de s’assassiner pour faire la limite des légers, mais il affrontera surtout un adversaire qu’il juge moins menaçant pour le si précieux « 0 » de sa colonne « défaites ». « Rougarou » cogne dur et encaisse lourd, sa palette offensive est des plus étendues, mais pour en faire usage il devra courir après Haney comme le Coyote s’éreinte derrière Bip-Bip… du moins est-ce vraisemblablement le calcul qu’aura fait l’entourage du « Dream » Haney. On l’a rappelé ici la semaine dernière : la boxe n’a rien de moral, c’est même à ça qu’on la reconnaît. Reste qu’un Jorge Linares vieillissant avait montré le peu de goût d’Haney pour les caresses de puncheurs brusques et appuyées, et que Prograis aura 36 minutes pour en mettre une bonne. Réponse dans la nuit du 9 décembre. Si les dieux de la boxe sont toujours aussi joueurs, on peut rigoler.
- On a parlé de Ryan Garcia : le garçon reste un peu boxeur, et après en avoir vertement décousu sur ses réseaux sociaux chéris avec Golden Boy Promotions, Oscar de la Hoya et Bernard Hopkins en tête, il faisait son retour sur le ring hier soir au Toyota Center de Houston. Le public texan lui semblait majoritairement hostile, encourageant le barbu Oscar Duarte Jurado. Sorte de version simpliste du Canelo Alvarez bulldozer à 168 livres dans un corps de super léger, le Mexicain ne s’était pas privé d’en rajouter sur le supposé manque de gonades de son joli adversaire du soir. Il apportait surtout un CV présentable — 26-1 avec quantité de succès par KO contre une opposition qu’on dira « méconnue » — et un risque limité pour une remise en selle de KingRy efficace à défaut d’être douce. Duarte a bien joué son rôle de pressure fighter, avançant sur Garcia pour le bombarder au corps jusqu’aux frontières des zones homologuées. Reconnaissons à l’Américain qu’il aura adopté la bonne attitude durant l’essentiel du combat, s’appliquant à tourner et travailler à distance en misant sur son net avantage de vitesse. Derrick James, son entraîneur depuis mai dernier, n’y est sans doute pas pour rien, même si Garcia garde la plupart du temps le menton aussi offert que le croupion d’une star du X et que son ersatz de Philly shell en défense de près laisse pensif — les enfants, ce que Mayweather était le seul à accomplir avec facilité… n’essayez pas ça chez vous. Contre Duarte, le KingRy version 140 livres (ou plutôt 143, le fait d’un catchweight négocié en dernière minute laissant entendre que le bougre peinait à faire son nouveau poids) a pu dérouler sa boxe sans être trop inquiété. On l’a vu moins brillant — son atroce sortie d’avril 2022 contre Emmanuel Tagoe hante toujours les mémoires — et ce succès par KO au 8e round sur une méchante série de près promet un prochain pas-si-superfight entre victimes de Gervonta Davis contre le joyeux trépané Rolly Romero, immédiatement ciblé en interview d’après-combat. Les conférences de presse devraient valoir leur pesant de nougat. Le combat, sans doute moins.
- On boxait aussi à Marseille hier soir, sous l’égide de Y12 Boxing, lors d’une réunion au Palais des Sports où les vedettes tricolores furent essentiellement opposées à des faire-valoir, la faute à une cascade de forfaits. L’espoir d’Aubervilliers Bakary Samaké aura mis une minute à vaporiser l’anecdotique Jairo Moran ; on s’intéressera plus à sa confrontation de février prochain contre son compatriote Ahmed El Mousaoui. Fidèle à ses habitudes, Bilel Jkitou a fait sobre en entrant sur le ring phocéen après avoir jailli d’un taxi blanc aux côtés de Sami Naceri. Las, son adversaire vénézuélien Michel Marcano a tenu une reprise avant d’arguer d’une crampe à la jambe pour abandonner. Moins de de deux mois après sa première défaite chez les pros, Milan Prat a fait des rounds et c’était bien là l’essentiel, dominant aux points un Alfonso Blanco tellement appliqué à lancer sa droite comme un marteau de concours qu’il se propulsa lui-même hors des 16 cordes. On a vu de la jolie boxe en ligne de la part du prospect lourd-léger cubain Lenar Perez, dominant le Tchèque grassouillet Vladimir Reznicek sur un arrêt un poil anticipé, sans pouvoir vraiment y distinguer le potentiel d’un champion du monde. Le principal espoir tricolore pour 2024 Sofiane Oumiha s’est colleté avec un client pas simple, le Mexicain José Angel Napoles, qui contrairement à son glorieux homonyme et l’essentiel de ses compatriotes n’est guère porté sur l’offensive ; le Toulousain a dû lui livrer un duel d’escrimeurs 10 rounds durant, essentiellement à base de jabs et de retraits, remporté par décision unanime. Enfin, il faut rendre hommage à l’Argentin Abraham Buonarrigo, remplaçant au pied levé du vétéran italien Giovanni De Carolis pour affronter un Kevin Lele Sadjo tanké et dévastateur comme jamais. Avant de baisser pavillon au 4e round sur un second knockdown infligé via un crochet gauche, cet étonnant sosie de John Bernthal avait boxé pour gagner, obligeant le Cristolien à s’employer. Respect à lui. Quant à Lele Sadjo, on rêve plus que jamais de le voir affronter son compatriote Christian Mbilli pour un duel au parfum enivrant de poudre à canon.

- Michael Conlan a tout : des batteries inépuisables, une technique complète qui lui valut d’être médaillé olympique, une bonne bouille d’ado canaille à 32 ans passés et une légion de fans dans sa ville de Belfast. Tout, sauf un menton. On s’est passé le mot depuis ses deux revers en autant de chances mondiales en plume contre Leigh Wood et Luis Alberto Lopez. Délesté l’an passé de son titre EBU par l’inoxydable Espagnol Kiko Martinez, l’Anglais Jordan « The Thrill » Gill n’est pas spécialement réputé comme puncheur et il ne partait pas favori hier soir sur le terrain de « Mick » Conlan, mais sa tactique était limpide : chercher à faire mal plutôt qu’à gagner des rounds en choisissant soigneusement ses moments pour accélérer. Auteur d’un knockdown au 2e round sur une méchante gauche plongeante, Gill subit ensuite les changements de garde inspirés et l’activité de Conlan avant de retrouver l’ouverture au 7e. L’arbitre arrêta Conlan, trop tôt peut-être au goût de certains, mais il est désormais bien trop clair pour la planète boxe que le Nord-Irlandais a tout, sauf un menton.
Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /
- Parlons MMA, malgré un focus aléatoire sur l’actualité (sorry guys). Ce week-end marquait les plus gros chiffres jamais enregistrés par l’UFC sur une fight Night diffusée sur ESPN. La vétérane Miesha Tate a broyé au sol son opposante Julia Avila, malgré un pied-poings aussi préhistorique que celui de l’époque Ronda Rousey. Tate n’a aucune probablement aucune chance avec une telle carence contre les ténors féminins (Note d’Antoine : sopranes ?) de la ligue, mais son expertise en grappling peut lui suffire contre des bleues qui ont oublié leur chaînes anti-neige avant de sortir sous le blizzard.
- Beneil Dariush est le nouveau Jacare Souza: pas assez marketable pour se frayer un chemin jusqu’au title shot quand il éclatait tout le monde, et maintenant promis à un destin de gatekeeper jusqu’à ce qu’il en ait marre. Après Charles Oliveira il y a quelques mois, c’est Arman Tsarikyan, 8ème de la catégorie, qui l’a envoyé sur l’oreiller au premier round avec un semi-superman punch du bras arrière et en équilibre sur le genou qu’il venait de lui envoyer sur la mâchoire. Quelques secondes de ground and pound pour terminer le boulot et faire intervenir l’arbitre, l’affaire était dans le sac.

- Toujours en lightweight, Jalin Turner a fait parler son anglaise contre le vétéran Bobby Green. Précision, timing, coup d’oeil: quelqu’un à surveiller.