Punchlines du 5 novembre 2023

Le site (Antoine) /

  • Teasing : non, le prochain papier n’est pas le compte-rendu du Hellfest 2023, mais son objet est plus extrême encore. Les habitués reconnaîtront une figure familière de 130livres.com dans l’extrait qui suit :

Tout enfant qui vient de naître est un lièvre écorché, écarlate, gluant, veiné de bleu, marbré de plaques livides, pus sous la peau fine et tendue, membrane obscène qui semble retenir des déchets de boucherie. La question théologique est vaine comme une statue de sel. L’âme arrive lentement et s’en va de même, souvent bien avant la mort. Celle d’un chien de trois mois est plus présente que celle d’un homme nouveau-né.

« You’ve got to see THE BABY ! » Ceux qui savent, savent.
  • Et puis un salut amical à Guillaume Méral, jusqu’au cou cette semaine dans l’Arras Film Festival et libéré à ce titre de ses engagement dominicaux dans le présent bulletin. Gageons qu’il aura de quoi livrer une sacrée rubrique cinoche la prochaine fois !

Il est temps de réveiller la littérature (Antoine) /

  • On évoquait la semaine passée la parution des mémoires de Britney Spears intitulées La femme en moi. Sur un marché écrabouillé par Astérix il paraît même que le dernier opus signé Fabcaro n’est pas mauvais l’interprète de Toxic et Baby One More Time déboule d’entrée en tête du classement des essais, dont elle éjecte Thomas Pesquet, et au quatrième rang toutes catégories confondues. Elle est aussi numéro 1 en non-fiction au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Australie, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Suède, etc. Britney tease même un tome II pour 2024. Les amoureux des belles lettres mondialisées retiennent leur souffle.
  • Quelqu’un peut-il me dire pourquoi Augustin Trapenard tient absolument à porter une cravate sur le plateau de La Grande Librairie ? Son absence de cheveux le distingue bien assez de François Dessange-Busnel.
    • BREAKING : l’intéressé m’a répondu sur Tweeter. Il prend le point, c’est indiscutable.
On annonce Romain Gary et Joseph Kessel mercredi prochain.
  • C’est fait : l’acquisition d’Éditis par le groupe CMI du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est approuvée par Bruxelles. On respire : le fleuron de l’édition française quitte le grand méchant Bolloré pour rejoindre le propriétaire de la Fnac, soit le premier libraire de France. De quoi être rassuré. Le premier défi sera sans doute de redynamiser l’activité d’Interforum, la filiale d’Éditis en charge de la distribution, aujourd’hui en plein marasme économique.
  • Rubrique « il était temps », suite : Fayard annonce la parution de l’Envol, d’Aurélie Valognes, en édition collector. Bientôt les fêtes, pensez-y.
  • Caroline Gutmann, responsable du pôle Fiction aux Éditions du Seuil, a déclaré au site Actualitté qu’Édouard Louis souhaitait décaler la sortie de son prochain livre intitulé L’Effondrement de janvier à avril 2024. « Cet ouvrage lui tient tellement à cœur : il s’était déjà montré soucieux de chaque mot ». Saluons l’infinie conscience professionnelle des auteurs phares de la littérature française.
  • Toujours sur Actualitté, on apprend que l’institut de sondages YouGov a interrogé pas loin de 30.000 Américains sur leur comportement d’acheteurs de livres. 85% des personnes interrogées déclarent posséder au moins un livre physique (et 6% ne sont « pas sûrs » de la quantité en leur possession, ce qui peut concerner pas mal de lecteurs compulsifs). L’étude nous apprend par ailleurs que la quantité de bouquins détenus est directement fonction de l’âge et des niveaux de revenus et d’éducation, ce qui n’étonnera guère. Les Américains qui possèdent le moins de livres sont plus enclins à les ranger par taille, par ordre alphabétique (en fonction du titre) ou à n’appliquer aucun critère de classement. Inversement, ceux qui ont plus de 100 bouquins sont plus susceptibles de les classer par sujet ou par auteur. Les jeunes adultes ont plus tendance que les autres à trier leur bibliothèque par couleur et cette tendance décroît avec l’âge. On notera que le critère « éditeur » est noyé dans les 9% d’« autres systèmes » chez les possesseurs de 100 livres et plus. C’est ma façon à moi de les trier hors (nombreuses) situations dérogatoires. Merci de votre attention.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • Il n’y avait pas foule hier soir au Casino de Monte Carlo pour suivre la soirée organisée par Eddie Hearn et le programme avait malgré tout de quoi retenir l’attention. Le Gallois Joe Cordina, champion IBF des 130 livres, est tombé sur un os en la personne de l’Américain Edward Vazquez. L’absence de punch et le palmarès guère ronflant de ce dernier inclinaient à imaginer une soirée paisible pour Cordina, mais ce dernier se retrouva longtemps forcé à boxer sur le pied arrière et incapable de placer sa droite. Le Texan Vazquez cassait la distance à volonté pour placer régulièrement un joli crochet gauche, avant que Cordina reprenne le large en seconde partie de combat. On sait le public de la boxe prompt à crier au vol, et la décision majoritaire finalement accordée au champion sortant fait beaucoup jaser en ligne. Reste que la recette pour le mettre en difficulté est désormais bien connue, en tout cas sa cote n’aura guère monté au regard des autres cadors des super plume, Emmanuel Navarrete, O’Shaquie Foster et Leigh Wood en tête. Également à l’affiche, le Français Souleymane Cissokho a remporté une seconde victoire chez les welters en dominant par décision le Mexicain Isaias Lucero. Surpris d’entrée par un crochet gauche, le capitaine de la Team Solide à Rio répliqua d’un joli knockdown au 2e round sur une parfaite droite à la mâchoire. Le reste du combat consista en un exercice réussi de contrôle des échanges à mi-distance face à un pressure fighter volontaire jusqu’au bout. Eddie Hearn promet à Cissokho de grands noms pour 2024 ; on pourra cependant rester un tantinet circonspect quant à ses chances décrocher une ceinture mondiale. Toujours élégant, le natif de Dakar récite une boxe très européenne, souvent monocorde et dénuée de surprises. Vivement qu’il me ferme la bouche. En tout cas dominer un Mexicain méconnu n’est jamais une complète sinécure, comme nous l’a rappelé le désormais ex-champion IBF des mi-mouche Sivenathi Nontshinga. Dès la 2e reprise, il fut soufflé comme une bougie par un certain Adrian Curiel, jusque-là auteur de 4 modestes KOs sur ses 22 succès en professionnels. Sa droite de l’enfer donnée en première intention à la pointe du menton est un candidat légitime au titre de KO de l’année.
Cordina vs Vazquez II ? On prend.
  • L’Arménien Norair Mikaeljan n’aura pas trainé en route lui non plus hier soir au Jai Alai de Miami. On se rappelait sa très discutable défaite aux points face au redoutable Mairis Briedis en novembre 2018. Opposé à Ilunga Makabu, vétéran jamais commode à chatouiller, Mikaeljan n’aura cette fois pas laissé aux juges le soin de trancher pour empocher le titre WBC vacant des lourds-légers. Dès le 2e round, une droite doublée envoyait une première fois le Congolais au tapis. Makabu reprenait sa marche en avant dès la reprise suivante pour finir cueilli par un enchaînement très pur de 6 coups au but, le laissant visiblement confus une fois remis sur pied, l’arbitre n’ayant d’autre choix que d’arrêter les frais. On assiste ces derniers mois à un grand rebattage de cartes chez les moins de 200 livres, l’avènement de Mikaeljan s’ajoutant à ceux de Jai Opetaia et Chris Billam-Smith. Champion WBA depuis 2019, le Français Arsen Goulamirian fait désormais figure de dinosaure… en espérant le revoir boxer un jour prochain, peut-être le 9 décembre prochain à Roland Garros en sous-carte de Tony Yoka vs Ryad Merhy.
  • Petit cocorico et salut amical à l’Ardennais Yoni Valverde Jr, sacré champion IBO Youth des super plume samedi soir à Charleville Mézières devant une Arène comble pour l’occasion. Il a disposé par décision du puncheur mexicain Luis Ronaldo Ruelas et demeure invaincu en 12 combats professionnels.
  • Bide colossal en ventes à la séance sur le marché américain, Tyson Fury vs Francis Ngannou n’en finit pourtant pas de faire réagir les fans du monde entier fait rarissime, j’en ai même entendu parler dans la rue. Alors que le combat d’unification Fury vs Usyk n’est plus d’actualité pour cette fin d’année, les Saoudiens espèreraient battre le fer Ngannou tant qu’il est chaud en l’opposant le 23 décembre prochain à Zhang Zhilei ou Joseph Parker, deux prétendants à un titre mondial à l’état de forme satisfaisant. Si Ngannou a prouvé de façon éclatante qu’il savait déjouer les pronostics, il a désormais abattu ses cartes de pugiliste et sera soigneusement étudié par ses prochains adversaires, à plus forte raison si l’on parle de poids lourds chevronnés. Je lui recommanderais plutôt un Top 20 pour suivre, après quoi le bougre pourra bien s’employer à me faire mentir une nouvelle fois…
  • Rubrique « désespoir et boxe portoricaine » : l’ex-petite merveille des poids légers Félix Verdejo pourra méditer à perpétuité sur les conséquences de ses actes, reconnu coupable avec un complice de meurtre avec préméditation sur la personne de sa petite amie enceinte. Le bougre, qui continue à nier les faits, a gardé des fans : on agita jusqu’au bout des banderoles de soutien devant le palais de justice de San Juan. On pourra légitimement leur recommander de changer d’idole sportive, la plupart d’entre elles n’ayant pas enlevé, drogué et balancé dans une lagune une malheureuse lestée d’un bloc de béton. Vivent les autres champions boricuas.
  • Et puis il eût été indigne de passer ici sous silence la disparition à 83 ans de Burt Young, interprète du plus attachant des beaux-frères dysfonctionnels, l’inoubliable Paulie Pennino de la saga Rocky. Souverainement agaçant à ses heures, Paulie est LE membre de l’entourage de l’Étalon Italien qui aura soutenu chacune de ses décisions, y compris les plus calamiteuses sur le papier. Repose en paix Paulie… et toi aussi, Burt Young, dont on a redécouvert la carrière de boxeur managé par Cus d’Amato et vainqueur de 32 de ses 34 combats professionnels. Respect, et merci pour tout.
« Are you screwing my sister ? » Paulie, quoi.

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