Punchlines du 1er Octobre 2023

Le site (Antoine) /

  • Pas de nouveau papier cette semaine mais une annonce : la participation de l’intégralité de la rédaction (soit Guillaume et moi-même) à une vidéo revenant sur l’un des bides les plus brillants du cinéma au siècle dernier, l’indispensable Strange Days de Kathryn Bigelow. On fut pour l’occasion accompagnés de l’éminent Fouad Boudar, complice de Guillaume sur la chaîne Youtube L’Heure Magique, et de l’ami cinéphile Matthieu Blomme dont la propre chaîne porte le nom. Si vous avez vu le film, vous n’êtes pas prêts. Si vous ne l’avez pas vu, vous n’êtes pas prêts ET serez sauvagement divulgâchés. Profitez donc de l’occasion pour découvrir ce bijou mésestimé, à la fois dystopie cyberpunk, brûlot social, film noir et triangle amoureux poignant.
L’Heure Magique, c’est aussi le plaisir des yeux.

Il est temps de rallumer la littérature (Antoine) /

  • Vous semblez apprécier le présent rendez-vous hebdomadaire et gratuit avec la littérature ? En voici un autre, mensuel, qui pourrait bien vous intéresser : Incipit est une newsletter crée par Léonard Desbrières, déjà lisible (entre autres) dans Lire Magazine Littéraire. Il ambitionne par ce nouveau média de « mettre en lumière les jeunes plumes qui bousculent les codes de la littérature française ». Le principe est simple : publier des interviews croisées desdites nouvelles figures des lettres hexagonales avec soit un mentor revendiqué, soit une figure « hors du sérail littéraire » pour un dialogue des plus originaux. Déjà disponibles, des entretiens avec Alice Géraud (autrice de Sambre) et l’éminent Philippe Jaenada (« La figure du tueur en série n’est pas intéressante, c’est trop fou, trop monstrueux, je préfère un crime unique qui soudainement traverse plusieurs vies, les fracasse »), ainsi qu’avec Juliette Oury (Dès que sa bouche fut pleine) et la cheffe Manon Fleury. Les interviews seront complétées de portraits et listes de lecture. Gardez-donc un œil sur cet Incipit-là.
  • En 2023, 89% des Français affirment lire au moins un livre par an et 60% de ces lecteurs se déclarent « exclusifs papier », 26% combinant les formats papier et numérique. L’année précédente, les déséquilibres mondiaux provoqués par l’invasion de l’Ukraine avaient provoqué une hausse du cours du papier de 40 à 90% selon les références. Autant dire que les enjeux écologiques et économiques lié au cycle de vie des livres méritent réflexion. C’est en partant de ce constat que l’Association pour l’écologie du livre a lancé son journal, intitulé Le papier déchaîné. Comme on l’imagine, sa version physique est produite de manière aussi responsable que possible. Portraits croisés, regards de professionnels du livre, infographies, fictions, bandes dessinées, éditos, brèves et poèmes, l’ensemble est joliment mis en page et hautement informatif – qu’on lève un poil le pied sur les formules inclusives rendrait l’initiative plus attachante encore.
Un nouveau canard bien de son temps.
  • Prix Goncourt 1993 pour Le rocher de Tanios, Amin Maalouf remplace la regrettée Hélène Carrère d’Encausse au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française, élu par 24 voix contre 8 face à Jean-Christophe Rufin. Mon absence d’avis sur cette nouvelle est tout à fait remarquable.
  • On s’inquiète suffisamment du rôle néfaste des IA dans la chaîne du livre pour saluer les cas où leur utilisation fait (apparemment) avancer le schmilblick. Ainsi, la fondation qui gère le Projet Gutenberg, mettant à disposition sur internet 70.000 textes tombés dans le domaine public dont des centaines de références françaises, s’est associée à Microsoft et au Massachussetts Institute of Technology (M.I.T.) pour l’élaboration de versions audio. Enregistrer un livre entier prend désormais 30 secondes au lieu de plusieurs jours de travail, et un « système générateur d’émotions » permet même d’y mettre les justes intonations. Le perfectionnement des outils de conversion permettrait à quiconque enregistre 5 secondes de sa parole de devenir le narrateur d’un texte entier. Après quoi on imagine que les lecteurs et comédiens qui enregistrent les livres audio voient d’un mauvais oeil une telle avancée vu le vide juridique actuel en la matière… Voilà, on avait failli trouver un cas où l’utilisation des IA faisait (apparemment) avancer le schmilblick.
  • Alors que la Commission européenne examine le dossier du rachat d’Éditis par la holding du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, la direction du groupe d’édition français joue la montre pour mettre en œuvre un accord salarial conclu l’an passé, arguant du fait qu’elle serait temporairement sous tutelle. Les syndicats contestent ces allégations et menacent de débrayer le 17 octobre prochain, date de la sortie du 17e opus de Marc Lévy intitulé La Symphonie des monstres. Lâchez rien, les gars.
  • Pour déménager ses stocks du 36 au 41 de la même rue dans un nouvel espace dédié aux jeux de société, Manga, BD et Imaginaire, le site Actualitté nous apprend que la librairie Totem de Schiltigheim a fait appel à ses habitués pour former une chaîne humaine pendant une heure puis boire un coup. Une initiative qui n’a rigoureusement rien d’antipathique.
  • Une réunion tenue mardi dernier entre préfet de Paris, Mairie et représentants des bouquinistes parisiens n’aura pas donné satisfaction à ces derniers, qui refusent de déménager leurs stocks des bords de Seine pour la cérémonie d’ouverture des J.O. et proposent des solutions alternatives. Le Ministère de la Culture a botté en touche, arguant de la compétence des acteurs locaux. 143.000 pétitionnaires, ainsi que quantité d’écrivains signataires de tribunes et lettres ouvertes, soutiennent les bouquinistes. Ce feuilleton-là va durer. Lâchez rien, les gars.

Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /

  • Parlons cinéma parlons… Ben ouais, vous savez. On va quand même pas parler d’autres choses que de la fin de la grève des scénaristes U.S après vous en avoir fait la notice sur une base quasi-hebdomadaire depuis 5 mois.
  • Donc, scénaristes vs majors, clap de fin. Le marathon du week-end de négociations entre la WGA (Writers Guild of America) et l’AMPTP a débouché sur un accord de 3 ans donnant, du moins à première vue, satisfaction à la plupart des revendications des grévistes.
  • D’abord l’augmentation substantielle des fameux revenus résiduels, donc les sous que touche un scénariste sur les rediffusions, achats blu-ray, et maintenant la diffusion en streaming. Un pourcentage qui devrait augmenter de 46% à 76%, basé sur la popularité du programme à l’étranger. Autre victoire : les bonus mastocs que devraient obtenir les scénaristes après la diffusion de l’œuvre, si tant est qu’il soit vu par les 20% d’abonnés américains de la dite plateforme dans les 90 jours qui suivent sa diffusion.
  • Point intéressant : l’accord contraint les plateformes à mettre fin à l’opacité qui entourait leurs chiffres d’audiences, qui seront désormais communiqués à la WGA pour calculer la rémunération de ses membres concernés. Le Far West du streaming commence à se faire rattraper par l’état de droit, et il était temps. C’est connu, la loi de la jungle ne profite qu’aux animaux les plus puissants et féroces. Dans la chaine alimentaire des plateformes, le scénariste rémunéré au forfait pour travailler sous la cadence de travail infernale générée par la demande ininterrompue de contenus ressemble à un humain dans Jurassic Park : un mammifère de petit gabarit qui n’est plus protégé par l’évolution. L’accord acte aussi l’obligation bientôt conventionnée pour les studios, dans le cas d’une série, d’embaucher une « writer’s room » proportionnelle au nombre d’épisodes et à la taille du show, histoire d’en finir avec des charges de travail décrites comme ubuesques. Mais il laisse la possibilité controversée aux showrunners qui le souhaitent comme Tyler Sheridan (Yellowstone) d’écrire leur série seuls s’ils le souhaitent.
  • Car oui, c’est le revers de la médaille : les Américains étant particulièrement réputés pour leur maladie procédurière, il y a de fortes chances que les espaces de création soient de plus en plus bordurés par les contraintes de conventions collectives. État de nature vs état social, Droits vs Loi, cowboys vs citadins, people vs Washington, fédéralisme vs libertarisme : le grand dilemme yankee n’a jamais cessé de slalomer entre les extrêmes depuis la Frontière. « Au fond, plus les choses changent, plus elles restent les mêmes ».
  • Le meilleur pour la fin (parce qu’on n’allait quand même pas sauter le sujet) : une protection contre l’usage d’une IA, qui ne pourra être considérée comme matériau source d’un projet, ni utilisée pour écrire ou réécrire un travail littéraire. Les scénaristes sont les seuls à disposer du droit d’employer l’IA pour leurs travaux sous réserves que les studios aient donné leur accord. C’est presque trop beau pour être vrai, donc on serait presque tenté de chercher le loup. Peut-être dans le bail de trois ans qui a été donné à cet accord : passé ce délai, il est possible que les parties chercheront à retourner à la table des négociations. Les studios notamment, si la recherche a suffisamment avancé pour d’ici là pour poser un ultimatum aux scénaristes.
  • Parce qu’on ne l’a pas assez dit, (y compris en ces pages, mea culpa), mais les studios ne font pas ce qu’ils veulent. Derrière eux, il y a des actionnaires, et les bailleurs de fonds de Wall Street qui font la pluie et le beau temps et exigent désormais des résultats nets, et non plus des projections sur le nombre d’abonnés. Ce qui signifie donc que les tensions que traversent actuellement l’économie (notamment la hausse des taux d’intérêts) rejaillit très directement sur les Netflix and co, qui se sont lancés dans une cure d’austérité salariale qui a fait les gros titres cet été. Si on ajoute à cela un été U.S catastrophique pour les grosses franchises ciné, et la condamnation à la stagnation qui s’est abattu sur les plates-formes soumises à de plus en plus de concurrence effectivement, comme le disait Bob Iger, notre mascotte CEO de Disney, « c’était bien le plus mauvais moment » pour lancer la grève. Il faut parfois savoir se mettre dans le camp d’en face. C’est important de se rappeler que tout le monde a ses raisons.
  • De fait, il faudra attendre de voir comment les acteurs négocieront leur bail de leur côté (ce qui, selon toute vraisemblance, ne devrait plus tarder), mais en l’état et même s’il ne faut pas surestimer la victoire des scénaristes, cet accord signifie quelque chose dans le contexte actuel. Car il n’y a pas que les cigales qui se mettent en grève, les fourmis tapent aussi du poing sur la table du grand capital. Il y a un mois, la menace d’un arrêt des opérations massif a mis les dirigeants d’UPS au tapis, et les a conduits à accorder une substantifique revalorisation salariale à leurs employés. Là, les 170 000 salariés du secteur automobile américain attendent la fin imminente de leur convention collective pour passer à l’action. Ça commence à parler de convergence des luttes ici et là. Ne jamais oublier qu’un travailleur de l’industrie du spectacle est un prolétaire comme un autre, avec le même ennemi que tout le monde :
Si je vous dis que I’m not dangerous !!
  • Petit détour par les salles obscures pour vous causer du dernier Besson. Intitulé Dogman, le film suit un marginal joué par l’excellent Caleb Landry Jones qui vit avec les chiens et se travestit à ses heures perdues pour cautériser les plaies de son enfance malheureuse. On s’était pris à fantasmer ce que Luc la main chaude était capable de pondre de déviant sur un sujet aussi délicat, même avec le pompage évident du Joker de Todd Philips en ligne de mire. On voulait du sale, du transgressif malgré soi, de la confession intime salace sur l’oreiller du grand écran des sales petites habitudes de son instigateur, du travelo qui hystérise sa détresse non-genrée en courte focale avec deux dragons fumants dans les mains, du scandaleux indécent et non autorisé comme son instigateur nous y avait habitué quand tout le monde trouvait ça mignon (revoir Léon, et trouver des circonstances atténuantes à Gabriel Matzneff parce que « c’est-la société-qui-comprend-pas »). Autrement dit, on espérait que Besson assume son côté borderline avec un personnage encore plus barré que lui, et produise un truc qui aurait au moins eu le mérite de sortir des clous à l’heure de pointe. Las, on n’est plus en 1995, et Besson le chien fou fait aujourd’hui du cinéma de labrador fatigué et castré par la surexposition de ses « affaires ». Dogman parle beaucoup (beaucoup) de lui, fait une lip sync battle sur Édith Piaf, se réveille vite fait pour mordre les couilles d’un thug latino par mâchoires canines interposées, recommence à parler de lui et lit Shakespeare à ses chiens. Pas vraiment de quoi en faire tout un plat donc, on a vu des épisodes de Confessions Intimes plus improbables que ça.  C’est plat, lisse comme un cul de bébé sous photoshop, inoffensif comme un bichon qui n’aboie même plus, et chiant comme un plateau télé de Sophie Davant. Besson fait TOUT pour rendre son personnage sympathique et immédiatement accessible pour Papy Raymond et tata Gisèle, dans des entretiens en cellule aussi in-carné qu’un remake du Silence des Agneaux par Aymeric Cayron. Au fond, Besson fait ce qu’il a toujours fait : il se justifie, pour rentrer au forceps dans la normalité de M. et Mme Tout le monde. Au moins avant le faisait-il avec panache. Là en termes de cinéma, ça tire quand même la langue comme un retraité qui attend son verre d’eau chez Orpéa. Dogman ? Un film de chien de moquette, même pas assez embarrassant pour réussir à se travestir de temps à autre en chien de la casse.
« Nooooon, rien de rieeeeen… »

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /

  • Hier soir, l’essentiel des projecteurs de la planète boxe n’étaient certes pas braqués sur la Wembley Arena, mais la performance du champion IBF des lourds-légers Jai Opetaia mérite une mention. Opposé au colossal boxeur local Jordan Thompson, dont la technique pugilistique évoque un automate assez peu sophistiqué, le gaucher australien a fait admirer la rare qualité de ses déplacements incessants chez un homme d’un tel gabarit, ainsi que la fluidité de ses enchaînements des deux mains. Inconnu au moment de créer la surprise face à Mairis Briedis en juillet 2022, Opetaia a confirmé qu’il était bien l’un des patrons de la catégorie, voire le meilleur du moment, en arrêtant au 4e round un Thompson surclassé dans tous les domaines. Il n’a que 28 ans, et on lui donne de sérieuses chances d’unifier les titres mondiaux des moins de 200 livres si l’alignement des étoiles le permet.
Comment étêter un séquoia – figure 1
  • On l’aura compris, l’attention des amoureux du noble art était focalisée sur la T-Mobile Arena de Las Vegas pour l’une des cartes les plus copieusement garnies de l’année 2023. À commencer par un duel de jeunes talents de moins de 160 livres dégageant de puissants effluves de poudre à canon : le prospect Américain invaincu Elijah Garcia affrontait le Mexicain José Armando Resendiz, apparu sur les radars en disposant de Jarrett Hurd en mars dernier. Dans une catégorie des moyens sinistrée, il faut aimer Elijah Garcia. Le gamin de 20 ans dégage sur le ring une sérénité telle qu’on se demande s’il s’est bien réveillé de sa sieste. À chaque coup de gong, il sourit jusqu’aux oreilles, montrant combien il a apprécié les 3 dernières minutes de chamailleries. Et surtout, son bagage technique va en s’étoffant : comme c’était prévisible, Resendiz tourna sur sa droite de gaucher pour éviter son arme la plus redoutable, ce à quoi Garcia répliqua en s’appliquant à pivoter efficacement sur le pied avant pour garder sa cible dans la ligne de mire et l’assaisonner d’enchaînements courts. Si « Toro » Resendiz a éprouvé la puissance de feu adverse dès la reprise initiale, vacillant quelques secondes sur une gauche de forain, le coup de semonce ne l’a pas dissuadé d’être aussi actif qu’à son habitude, plaçant des droites en quantité. Las, au fil des rounds, la différence de puissance devint patente, et l’on se demandait combien de temps il retarderait l’inéluctable. La conclusion vint d’un droite-gauche au corps suivi d’un violent crochet du bras avant occasionnant un knockdown. L’arbitre Tony Weeks jugea Resendiz apte à repartir, mais le stoppa sagement quelques secondes plus tard. On l’a dit, Garcia progresse et n’est pas avare de ses efforts, puisque c’était son troisième combat de l’année il compte désormais 16 succès professionnels dont 13 par KO. Reste à voir comment tiendra son épiderme face à de gros frappeurs, alors que son visage finit marqué après 8 reprises de franche castagne. Garcia vs Resendiz mérite la distinction de « combat de la soirée ».
  • Le combat suivant fut moins réjouissant qu’attristant, tant le crépuscule de Yordenis Ugas fit peine à contempler. Pas gâté par le boxing business, le Cubain dut attendre son heure pour remporter un titre mondial en août 2021 face au vétéran Manny Pacquiao, expédié à la retraite pour l’occasion. Des lauriers dont il profita peu, corrigé en 10 rounds par Errol Spence 9 mois plus tard. Il affrontait hier soir un adversaire de moindre calibre pour la ceinture WBC par intérim des welters. Ugas, à son apogée, aurait sans doute disposé d’un Mario Barrios au punch limité à 147 livres. Les pralines de Spence, un an et demi d’inactivité et autant de bougies d’anniversaire qu’Olivier Giroud auront largement érodé « 54 Milagros », surclassé 12 rounds durant par un Barrios appliqué à donner son jab et tourner comme un métronome. L’oeil droit vite gonflé, envoyé au tapis dès le 2e round, Ugas s’obstina à chercher un coup dur qui ne vint jamais – ou qui plutôt n’éprouva guère l’Américain les quelques fois que la droite plongeante trouva sa cible. Il finit le combat défiguré par un « Azteca » guère puissant et pénalisé d’un point à la 12e reprise alors que cracher son protège-dents était le dernier recours qu’il envisagea pour survivre jusqu’à l’ultime coup de gong. Souhaitons désormais au médaillé de bronze des J.O. de Pékin de s’éviter un second combat de trop.
  • Entre les super welters américains et gauchers Jesus Ramos et Erickson Lubin, on attendait un feu d’artifice et un KO spectaculaire, au lieu de quoi il fut question d’un duel éminemment tactique. Fléchissant bien ses longues guiboles, le massif Ramos sembla longtemps maîtriser les débats en imposant son jab, son travail au corps et son efficacité supérieure de près, repoussant régulièrement Lubin dans les cordes. Son erreur fut sans doute de lever le pied, calé en cruise control alors que son adversaire paraissait dénué de solutions ; « The Hammer » Lubin en profita pour chaparder des rounds en seconde partie de combat. Reste que la décision unanime en sa faveur 115-113, 116-112 et un hallucinant 117-111 rappelle combien les voies de la boxe sont impénétrables, pour rester poli. Cette décision-là est la pire vue à ce niveau depuis quelque temps.
  • Qu’a-t-on appris de la tête d’affiche, le superfight vendu par PBC comme un duel alléchant et inédit à l’ère des 4 fédérations majeures entre deux champions du monde incontestés, le souverain des super moyens Saul « Canelo » Alvarez défié par le roi des super welters Jermell « The Truth » Charlo ? Pour faire simple, que le Mexicain a retrouvé son meilleur niveau après une série de sorties décevantes par « meilleur niveau », on parle bien sûr de la version de Canelo régnant à moins de 168 livres. Le virtuose rouquin aux esquives brillantes, contres fulgurants et enchaînements inattendus qu’on contempla chez les moyens de 2017 à 2019 a bel et bien disparu. Reste que, dans un bon jour, il vaut le coup d’oeil, le char d’assaut rouquemoute qui traque ses adversaires apeurés autour du ring, les assaisonne d’un ou deux coups de bûcheron par séquence et encaisse la moindre réplique comme qui rigole. Hier soir, Canelo démarra rondement, donna un jab précis, coupa la route avec détermination et semblait capable d’enchaîner sur 3 ou 4 rounds de plus après l’ultime coup de gong. Il lui suffit de toucher Charlo une paire de fois pour lui faire passer l’envie de prendre le moindre risque inconsidéré le bougre reproduisit même son pilonnage de l’épaule gauche testé avec succès contre Callum Smith pour rendre inoffensif son crochet du bras avant. On sait l’Américain costaud à 154 livres, mais bien qu’il fît un super moyen convaincant le jour de la pesée il n’avait guère qu’un fusil à bouchon à opposer au 44. magnum adverse une fois monté sur le ring. Il faut lui rendre cette justice que le knockdown subi au 7e round sur une droite au front il choisit sagement de poser un genou à terre le libéra quelque peu : il parut moins apathique dans les reprises suivantes et laissa aller ses gants sur quelques enchaînements dénués du venin nécessaire. On peut lui donner la 9e reprise, un butin bien moins copieux que le chèque encaissé pour son Canelo fight. Il sera autrement plus intéressant de le voir affronter des rivaux en super welters, en commençant par Tim Tszyu– à supposer qu’il soit capable de refaire le poids , voire un Terence Crawford en mal de défis consistants à 147 livres. Quant à Canelo, on le sait désormais largement assez en forme pour accepter n’importe quel défi chez PBC lors des deux deux combats qui lui restent dans l’écurie d’Al Haymon. Le vainqueur de David Benavidez vs Demetrius Andrade a de bonnes chances d’être au programme du prochain Cinco de Mayo.
Pire que se faire dérouiller, se faire dérouiller avec des gants mauves.

Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /

  • Cédric Doumbé a dégoupillé deux grenades hier soir au Zénith de Paris pour ses grands débuts au PFL. D’abord, le KO violent et ultra-expéditif infligé à Jordan Zébo, son adversaire du soir, qui a eu la bonne idée d’ouvrir les hostilités avec un high-kick mal assuré. Sur un malentendu, ça peut passer avec quelqu’un d’autres. Mais avec un striker d’élite plusieurs fois champion du Glory comme Doumbé, c’est laisser les clés sur la portière de la Ferrari ET nager dans la mare aux requins avec les hémorroïdes à ciel ouvert. « The Best » saisit la jambe de Zébo et en moins de temps qu’il n’en faut à votre serviteur pour écrire ses lignes, laisse les réflexes du kickboxer prendre le relais avec deux crochets de maçon qui envoient son opposant dormir avant même le début du ground-and-pound. 9 secondes pas plus, même Kylian Mbappé a fait les yeux ronds. Non seulement Doumbé ne parle pas pour ne rien faire, mais il a derrière lui une communauté de fans totalement ralliés à sa cause, qui reprenaient en cœur et avec lui ses slogans avant son entrée en cage. On souhaite bonne récupération à Jordan Zébo, qui avait surement plus à montrer qu’un choix tactique malheureux.
«Nan tranquille, j’ai rien senti, c’est comme à l’entrainement »
  • En revanche, son entraineur Fernand Lopez risque d’avoir plus de mal à s’asseoir dans les jours à venir. Dans la conférence post-combat, Doumbé a crevé l’abcès, et terminé le jeu du chat et de la souris auquel il se livrait avec le head coach du MMA Factory par allusions interposées. On se gardera bien de s’étendre là-dessus, mais soyons clairs : c’est un coup dur (et bas ?) balancé au foie du très médiatique entraineur de Cyril Gane et Nassourdine Imavov. On le disait la semaine dernière : dans cet affrontement par procuration entre Doumbé et Lopez, le vainqueur prend tout, et le vaincu prend tout dans la gueule. Mais on n’imaginait pas nécessairement à ce point-là.
  • Suite à la signature du combat entre Tyson Fury et Oleksandr Usyk pour l’unification des lourds en décembre, Francis Ngannou, l’adversaire du « Gypsy King » dans quelques semaines, a twitté : « Je ne sais pas quelle est la suspension médicale minimum en boxe, mais je ne comprends pas comment Tyson peut combattre en décembre après ce qui va arriver le 28 octobre. ». Taquin, le colosse aux mains forgées dans les flammes du Mordor. Reste qu’on espère que Ngannou aura plus à montrer que ce qu’il a dévoilé dans un récent entrainement public, qui ne donne pas un très bon aperçu de l’adaptation du « peek-a-boo » de Mike Tyson aux Golgoths d’1,93 pour 120 kilos. On attend de voir.

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