Le site (Antoine) /
- Vous qui fûtes gratifiés début septembre de pas moins de trois papiers portant sur des bouquins hautement recommandables (La méfiance du gibier de Stéphane Guyon, Il faut croire au printemps de Marc Villemain et Alias Ali de Frédéric Roux) cliquâtes fort peu, à en croire les statistiques du présent blog. Allons, je refuse de vous croire blasés à ce point.

Il est temps de réveiller la littérature (Antoine) /
- La rentrée littéraire accapare autant qu’attendu nos esprits de lecteurs hexagonaux alors que se déroule outre-Atlantique une bataille qui nous concerne déjà. Après que 10.000 auteurs américains ont signé une lettre ouverte aux magnats de l’intelligence artificielle réclamant de pouvoir approuver, être crédité et percevoir une rémunération lorsque leurs œuvres sont utilisées pour entraîner des IA, quatre écrivains ont attaqué OpenAI en justice le 12 septembre dernier. L’entreprise parente de ChatGPT est accusée d’avoir contrevenu aux droits d’auteur en ne respectant pas ces revendications. Notons que parmi les plaignants figure Michael Chabon, Prix Pulitzer 2001 pour Les extraordinaires aventures de Kavalier et Clay. En quoi la démarche concerne-t-elle les lecteurs ? Disons qu’elle contribuera peut-être à freiner la prolifération de textes « à la manière de » et garantir qu’un humain est bien derrière la page ou l’écran, voire que ce dernier conserve une petite chance de vivre de sa plume. Affaire de principe, peut-être, quand les I.A. écrivent déjà mieux qu’un paquet d’auteurs publiés. Toujours est-il que d’autres écrivains de renom ont emboîté le pas à Michal Chabon et porté plainte à leur tour, tels John Grisham, Jonathan Franzen, Michael Connelly et Jodi Picoult. George R.R. Martin également, lui qui voit fleurir sur la toile des suites et prequels de sa saga A song of Ice and Fire, dont fut inspirée la série Game of Thrones, écrits à l’aide de GhatGPT. Espérons que la menace le motive à (enfin) finir les deux tomes attendus depuis 2011… je dis ça, c’est pour un copain.
- L’avènement de Skynet en littérature ne doit certes pas nous empêcher de savourer nos polémiques franco-françaises, à commencer par la révélation des 10 romans préférés des libraires indépendants. Un panel de 470 libraires travaillant dans 270 établissements et autodésignés Défricheurs de la rentrée littéraire a ainsi désigné la dizaine de bouquins en question… tous écrits par des hommes, ce qui peut étonner, déplaire, ou les deux à la fois. Précisions utiles : d’abord, le mode de scrutin reste non divulgué. Ensuite, l’édition 2022 dudit scrutin avait distingué les œuvres de 7 femmes parmi les 10 de la liste. Sur la base de ce dernier rappel, il semblerait que la sélection exclusivement XY de cette année soit l’expression d’un choix fondé sur des critères littéraires plutôt que des visées phallocratiques. Reste que d’aucuns s’émeuvent du résultat et s’y estiment fondés en 2023. Après quoi l’on s’interrogera sur le sens profond d’une obligation de diversité en matière de distinctions littéraires. Aucune femme, donc, parmi les 10 auteurs cités, mais une sélection par ailleurs très diverse si l’on considère les éditeurs concernés, petits et grands (L’Iconoclaste, Minuit, Le Tripode, Philippe Rey, Grasset, l’Olivier, P.O.L, Agullo, Le Sous-sol, La Manufacture de Livres) et un mélange intéressant de vendeurs confirmés (Sorj Chalandon, Jean-Baptiste Andréa, Sylvain Prudhomme) et de talents émergents (Dimitri Rouchon-Borie, Yann Lespoux). La présence de 8 auteurs français paraît dénoter une nette préférence tricolore, tandis que la nationalité américaine des 2 autres appellerait presque à déplorer un certain manque de curiosité dans le domaine étranger. Bref, équilibrée à certains points de vue, cette liste ne l’est pas à d’autres… sans même s’engager sur le terrain épineux des couleurs de peaux. Les quotas essentialistes ont-ils leur place dans la désignation d’une liste de « livres préférés des libraires » ? D’autres quotas reflétant la diversité de la production littéraire y auraient-ils plus leur place ? M’est avis que le débat ne se tarira pas de sitôt.

- On espère moins clivantes d’autres controverses du milieu des belles lettres : ainsi, la publication par Médiapart d’un cliché de Gabriel Matzneff devisant avec Antoine Gallimard lors d’une réception à la mémoire de Philippe Sollers, organisé dans les jardins de la maison G., aura a priori suscité peu d’approbation et moins d’enthousiasme encore. Laisser entrer Matzneff (il paraît qu’il n’avait pas de bristol), tailler une bavette avec lui et croire que l’initiative passera crème en 2023… rien ne va, là-dedans. Quedchi. Nada.
- Il ne semble guère plus inspiré de ripoliner par l’écriture des agissements hautement condamnables sur lesquels les historiens ont tranché depuis belle lurette. Tel semble hélas être le cas de Julie Héraclès, autrice de Vous ne connaissez rien de moi, Prix 2023 du premier roman au festival Le livre sur la place. Il y est question de Simone Touseau, la « tondue de Chartres » immortalisée par Robert Capa portant son nourrisson sous les huées d’une foule hilare. La quatrième de couverture évoque « une femme libre (…) au tempérament incandescent », revendiquant le « trésor » d’avoir connu l’amour bien qu’on la traite désormais « comme une chienne ». Je me targue d’appartenir à une catégorie de Français pas si rare, à en croire quantité de discussions sur le sujet : ceux qui condamnent sans réserve les humiliations publiques infligées aux collaboratrices d’alcôves pour le simple fait de s’être envoyé l’occupant. Nulle foule ne sortit grandie de ces tontes et crachats, quelles que fussent les réserves qu’on pouvait nourrir sur le très peu patriotique opportunisme du radada. Bien des résistants de fin 44 auraient été plus avisés d’observer mieux leur propre gueule devant la glace. Passons. Ce qu’on reprocha au premier chef à Simone Touseau n’avait pas grand-chose à voir avec le goût des grands blonds portant feldgrau. Un petit-fils de déporté rappela en effet, dès le 13 septembre dernier, qu’elle « fut une nazie notoire, collaboratrice virulente, idéologiquement structurée, membre du PPF de Jacques Doriot » ; on imagine l’émotion d’Arnaud Hée à la découverte du bouquin, considérant que son grand-père dut précisément à cette Madame Touseau – ici rebaptisée Simone Grivise – et ses proches d’avoir visité Manthausen. Les êtres humains qu’on sait avoir souffert d’être incompris ou accusés à tort sont assez nombreux pour qu’on leur réserve les efforts de réhabilitation par l’écriture.
- Assez de polémiques, rigolons un peu : pour une fois que François Bégaudeau lève le pied sur les cours de morale progressiste, les Inrocks n’aiment pas son dernier bouquin (L’amour) tandis que Le Figaro en fait l’éloge. Lollilol.
- À propos de Figaro, Frédéric Beigbeder a apprécié Vie et mort de Vernon Sullivan de Dimitri Kantcheloff, et il n’a pas signé le seul papier enthousiaste : en témoigne entre autres le numéro de rentrée de Lire Magazine Littéraire (*clin d’œil appuyé*). La trop brève existence de Boris Vian y est narrée en centrant le propos sur une imposture littéraire qui rapporta beaucoup et coûta plus encore, la publication du sulfureux J’irai cracher sur vos tombes. Si relire Vian trente à trente-cinq ans plus tard me décevrait probablement, le personnage lui-même reste fascinant et l’hommage rendu sonne juste du début à la fin. Notons que le jury du Renaudot l’a inclus à sa première liste en catégorie « Essais ». Roman biographique ou biographie romancée, le doute est permis ; sur la valeur du bouquin, il l’est moins.
Le cinéma est mort, la preuve : il bouge encore (Guillaume) /
- Parlons cinéma, parlons grève. Ça tombe bien, une fois n’est pas coutume, les (potentielles) bonnes nouvelles sont de rigueur. D’après les retours d’insiders rendus publics par la totalité des médias US, la journée de vendredi fut le théâtre de plusieurs jours de négociations intensives entre la WGA et la SAG-AFTRA, soit respectivement le syndicat des scénaristes US et le syndicat des studios. Pourquoi c’est important ? Parce que cette fois ce ne sont pas des avocats surfacturant leurs temps de présence dans les bouchons de Los Angeles qui ont fait face aux représentants de la WGA, mais les patrons de studios en personne. Donna Langley (Universal), Ted Sarandos (Netflix), David Zaslav (Warner), et notre chouchou Bob Iger (Disney) sont descendus de leur montagne pour affronter les doléances Tiers-État de la création avec « leur meilleure et dernière offre ». Gageons que ce n’est ni la meilleure, ni la dernière.
- Mais que les grosses têtes des majors mouillent leur propre chemise dans des conversations à bâtons rompus avec les grévistes qu’ils pensaient écraser du pouce il y a quelques mois montrent que le vent pourrait être en train de tourner. Plus haut qu’au sommet et à l’ombre des spotlights, il doit y avoir gens pas contents et des actionnaires qui perdent de l’argent. Car on le rappelle, tout est à l’arrêt depuis que la guerre a été déclaré il y a plusieurs mois maintenant. Entre les tournages interrompus et les sorties repoussées, Hollywood commence à ressembler à une fête foraine sans forains : personne pour faire tourner le manège, mais faut y’a quand même l’électricité à gérer. On y pense pas nous, les saltimbanques et leurs supporters, mais gérer un studio c’est plus qu’un métier : un sacerdoce. Soulagé par un très gros pourboire annuel certes, mais l’argent ne fait pas le bonheur. Il y a que ceux qui en ont pas qui le savent pas.
- Grève toujours, la grande Emma Thompson, en (grand) esprit. L’actrice a récemment déclaré qu’une grève des scénaristes et des acteurs, ça veut pas dire la même chose qu’une grève de mineurs ou de médecins pour la plupart des gens. Autrement dit : les cigales n’ont pas assez de raisons de se plaindre pour que les fourmis les plaignent. Cruel, mais vrai : la culture, le divertissement sont des loisirs pour le commun des bipèdes, qui ne comprennent pas comment ça peut-être un travail pour d’autres. Qu’ils viennent essayer de survivre sur le tournage d’un Michael Bay pendant une journée Napalm, et on reparlera. Ou de passer une matinée dominicale à écrire quelques lignes pour 130 livres.com. Ah, on m’informe que le maître des lieux sort son martinet.
- Grève toujours, le grand Sean Penn, jamais loin du cul de la bouteille. L’acteur, sur le point de sortir son documentaire qu’on imagine absolument pas hagiographique sur Volodymyr Zelenskyy, s’est exprimé sur la question des studios qui compteraient utiliser les scans des acteurs pour se passer des acteurs : « Vous voulez mes scans, mes données vocales et tout le reste. OK. Voici ce que je pense être juste : je veux ceux de votre fille, pour en créer une réplique virtuelle et inviter mes amis à faire ce que nous voulons dans une fête virtuelle. » Hum. Pas hyper sûr de goûter la comparaison, même si on comprend la nuance dans la bouche de l’écorché vif le plus recousu de tout Hollywood : prendre l’image de quelqu’un sans son consentement, c’est violer son âme. Tiré par les cheveux et fragile en termes de #Metoo compatibilité, mais pourquoi pas. Après tout, certaines tribus refusaient de se faire prendre en photo par l’appareil de l’homme blanc, car elles estimaient que l’appareil leur volait leur âme, justement. Et au fond, ce que la peur de l’IA nous dit, c’est qu’ils étaient peut-être dans le vrai. Il est temps de réapprendre à faire du feu avec des cailloux.

- Mais parlons salles obscures quelques pour… ne rien en dire. Pas eu le temps de faire une toile cette semaine, mais au rayon rattrapage à domicile, on ne saurait que trop vous conseiller de jeter un œil au catalogue d’Amazon et plus particulièrement sur Désigné Coupable, de Kevin McDonald, avec Tahar Rahim et Jodie Foster. L’histoire est vraie : celle de Mohamedou Ould Slahi, emprisonné sans charges et sans autres formes de procès pendant 14 ans à Guantanamo. 90% du temps, quand Hollywood s’attaque à un sujet dit brulant, c’est pour sortir la lance à incendies de vertu indignée et de bons sentiments, et éteindre tout ce qui pourraitinciter le spectateur à passer autre chose qu’un accord à l’amiable entre sa conscience et le système qu’il-est-méchant-mais-qu’on-est-pas-si-mal-dedans. Désigné Coupable appartient aux 10% restant. Kevin McDonald utilise son sixième sens de cinéma pour réveiller ceux du public, anesthésié par l’habitude du flux d’images interposé entre lui et une réalité qui n’arrive qu’aux autres et ne devrait arriver pour personne. Film de procès, drame psychologique, et même film d’horreur dans sa dernière partie à la limite du soutenable, Désigné Coupable alterne les genres et les formats pour confronter deux mondes qui ne se comprennent pas. Celui de Jodie Foster, son avocate, qui vit dans le confort et la stabilité d’un cinémascope progressivement submergé par ses états d’âmes. Et celui de Tahar Rahim, le détenu, séquestré dans un format vertical qui déforme le réel tel qu’on est accoutumé à le reconnaitre. « On ne vit pas dans le même monde » : cette phrase, Kevin McDonald en fait une réalité vécue et ressentie à l’image. Désigné Coupable fait partie de ces films importants que l’on se doit d’avoir vu. Non pas en vertu de leur sujet, mais parce que l’expérience nous rappelle ce que le cinéma est capable de faire : rendre l’insupportable DE NOUVEAU insupportable, nettoyer nos yeux du filtres Instagram sur les choses, nous déshabituer à ne rien faire et rien penser, réveiller les âmes, synchroniser les consciences, libérer les chakras, craquer le logiciel bref : nous réapprendre à dire NON. On peut, et on doit faire mieux. Parce qu’on est humain.

Ce qui reste de la boxe anglaise (Antoine) /
- Littéralement plein les yeux : voilà ce que le main event de la soirée d’hier à la Wembley Arena offrit à son public, avec environ 260 kg de barbaque en mouvement sur le ring. On parle bien sûr de la revanche accordée par Zhang Zhilei à Joe Joyce pour le titre WBO par intérim de la catégorie reine, dont les protagonistes se présentèrent au plus lourd de leur carrière. En avril dernier, Joyce avait opté pour une silhouette émaciée sans que cette (relative) légèreté lui serve à grand-chose : figé dans l’axe comme dans les phares d’un semi-remorque, il avait encaissé des dizaines de gauches adverses avant que son œil droit prenne des allures de faux filet saignant. Il fut assez paradoxal de le voir faire d’entrée le choix de la mobilité bien que lesté de 25 livres supplémentaires : il laissait à Zhang le centre du ring, tournant prudemment sur sa droite et donnant un jab peu appuyé à la tête et au corps. Sans doute souhaitait-il survivre cette fois à la première moitié des 12 rounds prévus et profiter par la suite du très petit réservoir d’essence du colosse chinois. Las, la tactique fonctionna un round et demi à peine : dès que Zhang le toucha d’une première gauche, l’Anglais accepta la bagarre, opposant son propre lance-pierres au fusil de précision adverse. Trop heureux de l’aubaine, Zhang l’attendrit à mi-distance autant qu’il put jusqu’à la fin du deuxième round. Le suivant serait le dernier : plus tout à fait lucide, Joyce encaissait à nouveau, son menton légendaire semblant soudain bien friable. « Big Bang » Zhang en profita pour montrer qu’il avait fait ses devoirs : dès que Joyce réessaya de fuir sa gauche létale, un choix des plus prévisibles au regard du premier combat, il l’envoya cette fois au corps avant de déclencher un formidable crochet du droit sans doute bossé pour l’occasion. Notons au passage l’étonnante vitesse de bras d’un boxeur pesé à 287 livres 1/4… toujours est-il que ledit crochet atterrit en plein menton et occasionna un knockdown rappelant le dynamitage d’un immeuble haut. Si Joyce se remit d’aplomb au prix d’un effort de titan, l’arbitre arrêta sagement le massacre. Les mentons ébréchés ne se réparent pas : « The Juggernaut » parle déjà d’accorder une revanche à Daniel Dubois et l’on imagine cette fois la droite de ce dernier faire autrement plus de dégâts qu’en novembre 2020. Quant à Zhang, il mérite plus que jamais une chance mondiale face à Olexandr Usyk ou Tyson Fury, qui devraient alors jouer sur son cardio de quadragénaire et le pousser à l’infarctus dans les les dernières reprises plutôt que risquer la bagarre de saloon d’entrée de jeu.

- Lundi dernier, la soirée de Tokyo avait mis à l’honneur des gabarits autrement moins imposants mais des boxeurs pas moins talentueux, à commencer par une bonne peignée entre les super mouche Anthony Olascuaga et Giemel Magiamo. C’était à peine le 7e combat de l’Américain Olascuaga chez les pros et le moins qu’on puisse dire est que le môme ne se cache pas : après avoir donné une belle réplique au champion du monde unifié des mi-mouche Kenshiro Teraji, il affrontait un puncheur aux 23 KOs en 28 succès deux catégories plus haut. Dominé en précision par Magramo dans les premiers rounds, « Princesa » Olascuaga trouva peu à peu la juste carburation et abrégea les débats d’une droite aussi parfaite qu’inattendue au 8e round. Même en divulgâchant son résultat, ce combat-là vaut largement un visionnage sur Youtube. Prodige du pieds-poings, Tenshin Nasukawa était jusque-là connu du public de la boxe anglaise pour son exhibition disputée face au retraité Floyd Mayweather Jr. Le gamin gaucher se met définitivement au noble art et le moins que l’on puisse dire est que le potentiel est là : entre deux clowneries dispensables, il a fait admirer sa vitesse de bras, son aisance en contre et une belle qualité de travail au corps contre un Mexicain courageux mais limité. Pas mal pour un deuxième combat. À revoir, donc, lorsqu’il aura appris à bouger la tête et éviter de croiser les pieds en se déplaçant. Le co-main event mettait aux prises le champion WBO des super mouche Junto Nakatani et le Mexicain Argi Cortes, challenger malheureux mais méritant de Juan Francisco Estrada. Autant Cortes fit douter « El Gallo » Estrada, autant Nakatani le domina 10 à 12 rounds durant, usant efficacement de son tentaculaire jab de gaucher. Le Japonais inscrivit deux knockdowns au corps au 5e round et aurait probablement abrégé les débats sans la dureté au mal du Mexicain et la belle droite qui l’invita à la prudence au round suivant. Si la garde de Nakatani laisse des ouvertures aux contreurs rapides et précis, son allonge, sa technique et son punch en font un candidat sérieux à l’unification des ceintures… si les autres champions Juan Francisco Estrada, Kazuto Ioka et Daniel Martinez osent venir s’y frotter. Dans le cas contraire on devrait vite le voir monter chez les coqs, où son châssis sera plus que suffisant. Combat vedette de la soirée, le duel entre Kenshiro Teraji et le vétéran sud-africain Hekkie Budler pour les ceintures WBA et WBC des 108 livres tint ses promesses. Budler, ancien champion en paille et mi-mouche, était venu pour gagner, et sa technique très complète gêna longtemps Teraji dans un combat de haut niveau pugilistique où il s’appliquait à varier les distances et les déplacements. Son talon d’Achille fut son manque de punch, lui-même souffrant de l’accumulation des dommages infligés par le Japonais alors que ses propres coups n’avaient aucun effet durable. Il baissa pavillon sans démériter sur une succession de séries des deux mains au 9e round. Kenshiro Teraji est une machine, doublée d’un prétendant légitime au top 10 actuel toutes catégories confondues, et il a d’ores et déjà marqué l’histoire des moins de 108 livres. Une bien belle soirée en somme.
- Séquence « aigreur » : oui, Richadson Hitchins a bien jonglé 12 rounds durant un José Zepeda réduit à l’impuissance, hier soir à Orlando, mais prendre aussi peu de risques devrait être puni par la convention de Genève : le téléspectateur ne mérite pas une maltraitance pareille. Retenons en sous-carte le succès aux points de Conor Benn contre le modeste Rodolfo Orozco, dont on saluera l’audacieuse coupe mulet. L’Anglais semble cogner un peu moins fort depuis son contrôle positif au clomifène. Étonnant, non ?
- Les rumeurs les plus récentes enverraient Gervonta Davis, définitivement affranchi des préoccupations mesquines que sont les ceintures mondiales et les combats qui auraient du sens, affronter Keith Thurman au catchweight de 145 livres. Avantage : Gervonta n’aurait pas spécialement à se préoccuper de faire le poids et pourrait venir directement du club de strip-tease à l’arena. Inconvénient : Thurman fit plutôt bonne figure pour son retour à la compétition face à Mario Barrios en février 2022. Bah, l’affaire commence à dater, et l’on imagine mal Leonard Ellerbe engager l’avenir de combattant à 0 défaites de son poulain « Tank » Davis sans garanties solides que Thurman se consacre désormais au macramé ou s’avère affaibli par une leucémie foudroyante. Trève de plaisanteries, ce n’est hélas pas dans les 6 mois que l’on verra Gervonta disputer un combat significatif chez les légers, une catégorie jadis si prometteuse.
- Rumeurs toujours : d’après le promoteur Rick Glaser, la chaîne câblée américaine Showtime devrait suivre HBO et se retirer du boxing business, au moins en ce qui concerne les événements hors pay per view. Deux ou trois trolls parmi les fans de MMA claironnent (une fois de plus) que la boxe est morte tandis que les aficionados du noble art s’interrogent plutôt sur les grandes manœuvres à venir tout en essuyant une petite larme en repensant à l’ère désormais révolue de HBO vs Showtime… on était jeunes, on était fous.
Le MMA va bien, merci pour lui (Guillaume) /
- Parlons MMA, parlons de …. Cédric Doumbé, troll émérite et kickboxing Goat, qui effectuera ses grands débuts au PFL Paris la semaine prochaine contre Fernand Lop… Pardon, Jordan Zébo. Toujours à l’avant-garde de l’autopromotion, Doumbé ne pouvait trouver mieux pour inaugurer son run dans la ligue américaine que d’affronter à domicile et par procuration le très médiatique coach de la MMA Factory. Sur le plan du storytelling, c’est un bonheur: le conflit larvé qui oppose et expose les deux hommes sur la Toile depuis plusieurs mois représente une machine à buzz savamment entretenue, surtout par « The Best ». Sur le plan sportif, c’est LE test que l’ancien champion du Glory n’a pas le droit de planter, contre un adversaire plus jeune, physiquement hors-norme, et surtout lutteur échevelé habitué à casser le dos de ses adversaires en les projetant sur le sol. Autant dire que Doumbé va avoir l’occasion de mettre sa défense de lutte à l’épreuve, et nul doute que l’expertise de la Hatch Academy à ce sujet lui sera ô combien précieuse. Toujours est-il que pour Lopez comme pour Doumbé, c’est tout ou rien: le vainqueur prend tout, et le perdant aura droit au deuxième effet Kiss Cool des hyènes d’Internet sitôt les lumières du Zénith éteintes. Bref, c’est tendu Natacha.

- Benoit Saint Denis n’a décidément pas de temps à perdre. A peine remis de sa guerre d’annihilation à l’UFC Paris que God of War a déjà programmé de remettre le couvert à l’UFC 295 le 15 novembre . Le nom de l’heureux élu ? Matt Frevola, 14eme de la catégorie de son état, et autre berzeker niveau nucléaire. Clairement pas un défi stylistique donc pour Saint-Denis, désormais bien identifié par l’UFC comme machine à banger sanglant prompt à sacrifier sa vieillesse sur l’autel du spectacle. Contre un camarade d’usine fabriqué dans le même moule, Benoît pourrait la jouer tactique sous l’influence de son coach Daniel Woirin, et miser sur sa lutte pour terminer plus rapidement un adversaire plus à l’aise sur ses pieds que sur son dos. Mais on peut aussi mettre une pièce sur la probabilité de voir le nimois déchaîner ses enfers contre ceux de son adversaire. Pour prouver par KO que les siens sont les plus violents de tous.